SmartPhoto se positionne comme "le magazine de la photographie et de l'image avec un smartphone". Le même éditeur publie aussi "images. Le magazine de la photographie et des auteurs contemporains".
Lancé en juillet 2012, bimestriel, 68 p., 3,9 € (abonnement 4 numéros, 15 €), le premier numéro compte une huitaine de pages de publicité captive. Annonceurs : opérateur de téléphonie (SFR, Orange), imprimantes (Brother, HP, Samsung), Expos (Salon de la Photo, Dupon les Expos) et SanDisk.
Voici assurément une bonne idée de magazine car le smartphone devient l'équipement courant, banalisé, pour toutes les générations, utilisé pour les loisirs, la pédagogie mais aussi, de plus en plus, pour le travail (enquête, reportage, prise de notes en photographiant un tableau de salle de réunion, etc.). D'où cette innovation lexicale, le "photophone" (d'après le grec, ce qui est quand même plus cool que l'anglais !).
Les photos que l'on prend avec un smartphone, on les imprime rarement, on les montre plutôt sur un support numérique (tablette) ou on les envoie directement sur un site de partage. Le magazine couvre la double vocation du smartphone : outil de célébration et de mémorisation domestiques (phtos de familles, vacances, voyages...), outil de socialisation : de Facebook à Pinterest, de Foursquare à Instagram, le réseau social devient de plus en plus un réseau photographique. Les histoires se racontent en photos et en vidéo. Le magazine Chasseur d'images de novembre consacre un dossierà la "phonéographie" : "Créatif avec un téléphone".
Chaque nouveau modèle, chaque nouvelle version d'0S et d'appli améliore les performances photographiques des appareils étendant les utilisations des photophones. D'où la question, légitime, que pose le rédacteur en chef dans son édito : "Sous-photo ou photo de demain ?". Le smartphone, selon lui, ouvre le monde de la photo de demain, ce qui justifie l'existence de ce nouveau titre.
Encore un magazine de papier qui assure la promotion d'appareils numériques. Comme pour Facebook, etc. la presse magazine remplit son rôle d'éducation à la consommation.
- Artistiques, esthétiques
- Les photos prises par des photographes confirmés avec un photophone sont convaincantes.
- Pratiques, techniques
- Le stockage. Sur ce point, le lecteur reste sur sa faim (rien sur iPhoto, sur Aperture, peu sur iCloud, sur Picasa, Flickr...). Dans les numéros suivants, on attendra des approfondissements et des analyses sur les logiciels et les applis de classement, etc. La question n'est pas triviale, il s'en faut.
- Les filtres, les réglages, les retouches, les applis, les réseaux sociaux (Instagram, Pinterest). Des guides d'utilisation : luminosité et mises au point pour l'iPhone, sur l'élaguage d'une vidéo.
- Des articles sur la vidéo, sur un long métrage tourné avec un smartphone, "Olive", sorti en 2011.
Les pratiques sociales et esthétiques nouvelles qu'engendrent les smartphones invitent à remettre en chantier le classique de la sociologie de la photographie qu'est "Un art moyen. Essai sur les usages sociaux de la photographie (Paris, Editions de Minuit, 1965, 361 p., Index). Ce travail de recherche, dédié à Raymond Aron, fut financé il y a cinquante ans par Kodak : tout un symbole alors que l'entreprise a déposé son bilan cette année. Il y eut le "Kodak Moment" (slogan de la marque), pour désigner un moment mémorable, digne d'être photographié ; il y a désormais le "Smartphone Moment"... La différence entre ces deux "moments" constituerait certainement sans doute une illustration frappante des changements sociaux et culturels qui séparent deux technologies.
Dossier de Chasseur d'images, novembre 2012 |
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