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L'idée de télévision connectée a maintenant plusieurs années ; pourtant, c'est loin d'être une idée claire pour le grand public. Selon le P-DG de
BARB, l'organisme de mesure des audiences de la télévision en Grande-Bretagne, la plupart des gens n'y comprennent rien et confondent tout en matière de service et de technologie (cf. "
People confused by connected TV",
The Drum).
Avant, c'était simple : on choisissait un téléviseur, on l'achetait, on le branchait... et voilà !
Avec la télévision connectée, rien ne va si simplement. Déjà, l'expression prête à confusion : connectée à quoi ? Il faut plutôt dire "connectable", ce qui n'arrange rien et met le doigt sur une imprécision de plus.
Le téléviseur d'avant était branché à l'antenne, au câble, relié au décodeur du réseau câblé ou au décodeur connecté à l'antenne satellite. La télévision nouvelle aussi. Mais, en plus, elle est connectable à Internet. Connectée à la prise Internet, au routeur. Routeur connecté au câble qui traverse l'habitation et qui amène la TV. Ou connectée sans fil par le Wifi (via le routeur).
Sur l'écran de la télévision connectée, il y a des applis comme sur le téléphone et les ordinateurs. Mais ce ne sont pas les mêmes, enfin si, mais pas vraiment. Avec la télévision connectée, on peut utiliser une tablette ou un smartphone comme télécommande pour se connecter... A quoi ? A tout : à une chaîne, ou à YouTube ou à Facebook, par exemple... Et la télécommande pointée sur la
set-top box, ça marche pour la catch-up et la VOD ? Est-ce que je dois payer en plus pour la VOD ? Oui, enfin, pas toujours, car il y a aussi de la VOD gratuite, fournie par l'opérateur du câble. Et les émissions des chaînes payantes peuvent être achetées en VOD ? Oui, parfois. Et Apple TV et Google TV ? C'est de la TV connectée... A quoi ? Est-ce qu'il faut s'abonner ?
Les vendeurs s'y perdent, les consommateurs aussi. Quant aux enquêteurs...
Il y aura 1,8 milliard de téléviseurs connectés en 2016, proclame une "étude". Les études parlent par statistiques, qui se propagent d'instituts en clients en communiqués de presse en journalistes en analystes... A l'origine de toute statistique, il y a un enquêteur, souvent modestement payé, qui, seul, a eu le contact avec un informateur qui lui a déclaré ce qu'il savait. Tous ceux qui ont mené des enquêtes sur les équipements auprès des ménages, ceux qui, sur le terrain, lisent et répètent les questions aux enquêtés désorientés, ces enquêteurs savent combien il est difficile de savoir. Surtout par téléphone. Au domicile de l'enquêté, face à face, l'enquêteur peut aller regarder de quoi il retourne. Enfin, il pourrait car, généralement, il n'a pas le temps, il ne veut pas déranger, et, surtout, il ne sait pas lui même, il n'a pas été formé ("briefé") pour interpréter les branchements sibyllins et les connexités entre appareils... Or, tout repose sur ces enquêtes qui calent les quotas des enquêtes futures.
En attendant de disposer d'enquêtes quali, ethnographiques, menées dans les points de vente au moment de l'achat, dans les foyers des clients lors de l'utilisation, la télévision connectée reste "un je ne sais quoi qui n'a de nom dans aucune langue". Objectif de telles enquêtes : comprendre pourquoi, selon certaines enquêtes, 95% de la télévision regardée le serait sur un téléviseur et de manière linéaire. Comme il y a cinquante ans, à l'heureux temps du téléphone fixe et des annuaires, quand il n'y avait que deux chaînes de TV.
N.B. Ne pas confondre :
- Le nombre d'appareils vendus par les constructeurs à la distribution et celui des appareils vendus par la distribution à des particuliers.
- La statistique des apparareils connectables et celle des appareils connectés (de même qu'un appareil HD vendu ne signifie pas que l'on y regarde des émissions en HD) ; l'écart entre les deux, entre le possible et le réalisé, se resserre progressivement et constitue un indicateur pertinent de l'évolution des équipements. Fin 2012, moins de 50% des appareils connectables achetés par les foyer sont connectés à Internet.