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Trimestriel, 5,95 €, éditions Bayard (avec le site d'histoire, herodote.net et les éditions Milan Nature et Territoires), 116 pages.
L'histoire, l'histoire toujours recommencée... par plus de 700 titres qui lui sont consacrés depuis 5 années (2008-2012, nouveaux titres et hors-série. Source MM). L'histoire est une thématique qui attire bien plus de titres que la cuisine (400) et plus que le sport (450). Cette statistique n'est pas fortuite : comment expliquer ce goût en France pour l'histoire de France ?
Le positionnement de ce titre est la région : "L'histoire ancrée dans son territoire", dit l'édito. Beaucoup de cartes, de photos (tourisme et histoire font bon ménage). Des adresses pour vivre l'histoire en voyage ("Strasbourg pratique", "Nantes pratique", ) : musées, restaurants, guides, circuits, monuments, etc. Beaucoup de dates, fresques, anniversaires pour repérer les événements dans ces "lieux d'histoire".
Peu de publicité (régions, édition). Beaucoup d'auto-promotion pour les titres du groupe Bayard, dont La Croix).
Voici la région qui entre dans l'édition historique, entre la nation et la ville. La région (regere) règne-t-elle sur le coeur des Français ? Ramener l'histoire à ce qui s'est passé près de chez nous, dit encore le sous-titre. Nos racines ? Au sommaire de ce premier numéro, deux régions et une ville : la Bretagne, la Bourgogne et Strasbourg. Strasbourg que l'on découvre ville d'une région d'Europe (Elsass-Lothringen / Alsace -Lorraine), ville capitale, ville carrefour (Strassen-Burg), ville rhénane ("Fille de l'Ill", dit-on, et du Vater Rhein ?). Cartes et plans relief (p. 92-95) illustrent clairement cette position ("le dessous des cartes"). Ville plurilingue aussi où cohabitent l'allemand et le français, l'alsacien et le yiddish mais le thème des langues n'est pas abordé tout comme manque la culture juive alsacienne seulemement évoquée à propos du massacre des Juifs de 1349 : "la plupart sont rassemblés dans leurs cimetières et brûlés vifs" (par qui ?). Rien sur l'incendie de la synagogue en 1940 (par qui ?)...
Comment raconter ensemble l'histoire et ses histoireS (noter le pluriel en majuscule et en rouge dans le titre) ? Pour juxtaposer ces deux approches, Annales et anecdotes, temps long et événement, le magazine multiplie les modalités narratives et les angles de vues : plans, archives, références bibliographiques, interview imaginé (Turgot, ministre des finances de Louis XIV, terriblement actuel), beaucoup de belles images, un récit illustré de l'épopée d'Anne de Bretagne. La Bourgogne et ses vins, photos de paysages et d'objets anciens. Au milieu de tout cela, un peu d'histoire récente semble loin du sujet : l'actualité de l'année 1962, en noir et blanc,"cette année là" (sans Claude François !).
Magazine total qui veut saisir et unir deux tendances pour former son lectorat, le sens du terroir et des territoires, d'une part, le goût de l'explication historique, d'autre part. Ceux qui aiment l'histoire y trouveront leur bonheur et, peut-être, l'envie d'aller approfondir dans des ouvrages plus longs et plus savants. Beau travail éditorial.
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Nietzsche philologue
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Friedrich Nietzsche, *Traité appelé La joute d'Homère et Hésiode*, *Certamen
quod dicitur Homeri et Hesiodi*, E codice florentino, Les Belles Lettres,
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4 commentaires:
Beau travail, certes, mais c'est histoireS et pas HistoireS, car le H majuscule dit que l'on parle de l'Histoire et pas que l'on raconte des histoires aussi intéressantes soient-elles, aussi incitatives à aller approfondir soient-elles. Sinon, c'est que l'on joue (volontairement ou non) sur l'ambiguïté, avec le risque de friser l'imposture. Entre partial et partiel il n'y a qu'une lettre de différence, entre HistoireS et histoireS ... aussi.
Ce magazine a un double aspect particulièrement intéressant. En effet, ce dernier est édité par les éditions Bayard et comporte un nombre conséquent de publicités pour les autres produits de la maison d'édition . De plus de par son contenu il contribue à la promotion des différents territoires.
Entre tourisme et mise en valeur du patrimoine régional, ce type de magazines contribue à la formation d'un écosystème de valeurs contribuant à la mise en valeur des zones géographiques concernées et donc à terme au tissu économique.
Cette stratégie de mise en avant d'un contenu axé sur le local et le régional paraît pertinent au vu des évolutions socio-économiques et des comportements du consommateur en matière de tourisme.
En effet, il s'avère que suite à la crise, et la baisse de la propension à consommer, les français tendent à réduire leur distance de voyage voir à se recentrer sur l'Hexagone. Redécouvrir l'histoire des différents territoires est un bon moyen pour susciter l'envie du tourisme national.
Ce magazine parcourt des belles régions de France pour en rapporter les plus beaux trésor.
Pour nos étrangers, il rapport les informations pratiques, intéressantes, afin de mieux connaître la France.
On pourra retrouver les événements célèbres du passé et les hommes, qui ont façonné les territoires pour en faire ce qu'ils sont aujourd'hui.
Avec des photos, des contenus amusants, il pourra attirer plusieurs lecteurs.
Ce magazine fait échos aux tendances actuelles. La population française si elle n'est pas férue d'histoire, montre toute de même un vif intérêt pour son héritage historique et patrimonial.
En effet, comment expliquer sinon les 20% réguliers de PDA d'un secret d'histoire en prime, de la présence d'une émission historique quotidienne sur Europe 1 ou encore le succès sans appel des journées du patrimoine?
De plus, la tendance à la régionalisation et à la redécouverte des terroirs n'est pas tout à fait nouvelle, en témoignent les films "à caractère régionaux" tel le Fils à Jo ou encore même l'assortiment des supermarchés dont certains comportent même des rayons dédiés aux produits locaux.
Emna a raison, bon nombre de Français se recentrent sur l'hexagone pour leurs vacances mais on peut également penser que redécouvrir son Histoire et particulièrement celle qui a forgé le caractère de sa région, de son lieu de vie aide a trouver des repères, a développer son identité dans un contexte globalisé.
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