Guide pratique de la science participative en astronomie, hors-série de
Ciel & Espace, octobre 2014, 100 p., 7, 5 €, distribué par Presstalis. Disponible aussi en
version numérique.
Ce guide pratique est destiné aux astronomes amateurs. Le rédacteur en chef donne le ton d'emblée : "tous astronomes !" Le premier article titre sur "le grand retour des amateurs" et propose en une double page un tableau du "boom des sciences participatives en astronomie", historique remontant jusqu'à 1973. La participation de nombreux amateurs - la fameuse et mystérieuse "multitude" - à la science astronomique, c'est une des dimensions du
crowdsourcing.
La presse magazine joue un rôle primordial dans l'activité de ceux que l'on appelle "amateurs – professionnels" (
Pro-Ams). Elle leur donne la parole, célèbre et partage leurs inventions, leurs créations et fait valoir leurs exploits les plus modestes. On s'en convaincra en parcourant les titres, nombreux relevant des "
loisirs créatifs", qu'il s'agisse de couture, de crochet, de jardinage, de
tuning ou de cuisine... Et les amateurs ne sont jamais très loin dès lors qu'il s'agit de sport ou de musique.
Grâce à Internet, ces pratiques d'amateurs, autrefois isolées, peuvent communiquer instantanément, partager, coopérer. Elles prennent ainsi une nouvelle dimension ; c'est le cas avec l'astronomie : "la multitude des citoyens de ce monde interconnecté est une ressource pour analyser les millions d'images et de spectres qui sortent des grands téléscopes" affirme le rédacteur en chef, qui va jusqu'à parler à ce propos de "bol d'air démocratique pour l'astronomie". C'est ce qu'illustre de manière convaincante ce hors série dont le sommaire est organisé selon la difficulté des projets à la portée des astronomes amateurs.
Discipline scientifique souvent vulgarisée (
cf. les cours d'astronomie populaire d'Arago, publiés en 4 volumes en 1864 puis
L'astronomie populaire de Camille Flammarion, publié en 1880), elle trouve dans la presse magazine un soutien et un outil de diffusion : "Débuter en astronomie", "Je montre le ciel à mes enfants" (hors-série de
Ciel & Espace), des guides d'achat ("Lunettes et téléscopes"), des conseils pratiques ("photographier le ciel").
D'ailleurs, on retrouve des "images d'amateur" sur le site de
Ciel & Espace qui organise des compétitions d'astrophotographie entre amateurs.
Ce hors-série permet d'observer en œuvre le recours au
crowdsourcing et la contribution des amateurs à la recherche professionnelle. S'agit-il d'une simple association - intéressée - de "grosses têtes" et de "petites mains" ou bien s'agit-il plus largement d'une relation nouvelle des loisirs et de la culture scientifique ? Le cas de
Zooniverse, "portail de projets participatifs", illustre cette discussion sur "l'univers en expansion des sciences participatives". C'est aussi, par exemple, dans cet esprit que les astronomes citoyens peuvent contribuer à l'étude la "pollution lumineuse" (pp. 32-35).
Peut-on imaginer une évolution semblable pour la data, ou encore pour la médecine (
cf. par exemple le site
foldit) ?
Au-delà de l'astronomie, ce hors-série invite également à reconsidérer le statut de la vulgarisation scientifique et de sa relation à la formation scolaire et universitaire : l'étymologie du mot "école" n'est-elle pas le mot grec signifiant aussi "loisir" ! Dans quelles conditions pourrait-on imaginer une reconnaissance des acquis du
crowdsourcing par les institutions éducatives ?
* Ciel & Espace : magazine mensuel, développé dans l'après-guerre, le magazine a donné naissance en 2006 à
Ciel & Espace Radio avec des émissions podcastées et, en 2008, à Ciel & Espace Photos. Abonnement papier + online, tarif étudiant.