lundi 30 mars 2015

TabletTV, télé mobile, gratuite, sans câbles

L'antenne de réception de TabletTV. Source : TabletTV

TabletTV a débuté à l'occasion de Noël 2014, à San Francisco.
Le lancement s'est effectué en collaboration avec une station indépendante appartenant à Granite Broadcasting, KOFY-TV (TableTV est une JV de Granit Broadcasting et Motive Television, une entreprise de technologie).
TabletTV est une JV (1992) de Granite et de Motive Television (entreprise londonienne).

Pour recevoir TabletTV, il faut avoir téléchargé l'application sur sa tablette (gratuite dans l'App Store de Apple) et utiliser l'antenne fournie (TPod, tuner ATSC) associée à un enregistreur (VCR d'une capacité de 7 GB). Le signal capté par le tuner est retransmis à la tablette via Wi-Fi.
Le slogan de TabletTV est "Set Yourself Free" : libérez-vous ! du téléviseur et de ses câbles, des antennes, des abonnements, des horaires de la télévision linéaire. TabletTV apporte aussi la mobilité.

Pour bénéficier de TabletTV, il faut payer 89,95 dollars, une fois pour toutes. Ensuite, il n'y a plus rien à payer, que l'on regarde en direct ou que l'on enregistre. Toutes les stations terrestres gratuites du marché (broadcasting, standard numérique ATSC) sont accessibles, soit une cinquantaine à San Francisco (DMA N°6), TabletTV couvre donc de facto tous les grands networks, commerciaux et publics. La réception pour l'instant est réservée aux tablettes iOS (Apple, iPad), la version android sera proposée un peu plus tard. TabletTV propose également un guide de programme (EPG).
A terme, le service sera disponible dans d'autres marchés (DMA), s'ouvrira à d'autres appareils (smartphones) ; la VOD / SVOD seront également accessibles.
Pour les stations de la télévision locales et les chaînes nationales (networks) qu'elles retransmettent, l'inconvénient de cette solution est que leur audience, échappant au téléviseur, échappe à Nielsen et à ses audimètres. Audience non mesurable, audience non vendable : bonne affaire pour les annonceurs !

Voici une solution nouvelle, une de plus, pour dispenser les téléspectateurs de s'abonner aux services d'un opérateur TV (câble, satellite, télécoms). Après l'échec de Aereo pour des raisons législatives, après le développement d'une solution OTT voisine par CBS All Access, avec Syncback, la mobilité gratuite et commode (cord-cutting ou cord-never) revient sur le devant de la scène télévisuelle américaine.

En Grande-Bretagne, Tablet TV a été également lancée en décembre 2014, juste avant Noël. TabletTV UK permet de recevoir Freeview, le bouquet de chaînes terrestres.


vendredi 20 mars 2015

Investissements publicitaires : le numérique d'abord


L'IREP a publié les données d'investissements publicitaires pour l'année achevée (2014). Il s'agit de recettes nettes. Cette donnée est de bonne qualité, crédible, utilisable pour la réflexion stratégique. La seule actuellement, à mon avis.

En résumé : l'année fut plate et morose. En gros, à part le numérique, tout baisse ou stagne. Dans les détails, là où s'active, dit-on, le diable, il y a deux données plus engageantes, confirmant une inflexion du marché publicitaire :
  • le mobile : +35% (hors réseaux sociaux)
  • l'affichage digital  : + 21% 
Les synergies entre ces deux médias sont structurelles (Wi-Fi, beacon et Buetooth Low Energy, NFC, QR code, etc.) et retiendront de plus en plus l'attention des annonceurs soucieux de contexte et d'interactivité.

Questions de méthodologie :
- on ne sait rien des réseaux sociaux, qu'il faudrait bien traiter désormais à part, compte tenu de l'intensification de leur dynamisme publicitaire.
- comment sont comptabilisés les investissements numériques dans des média classiques (presse, TV, radio, annuaires, etc.) ? Par exemple, un investissement sur le site d'un magazine est-il comptabilisé dans la catégorie presse ou dans la catégorie Internet ? Ou dans les deux ?
- que comprend la catégorie "affichage digital" ? Les transports, les centres commerciaux, les vitrines, les points de vente, etc. ?

Voir, en commentaire ci-dessous, la réponse de Madame Zysla Belliat, Présidente de l'IREP.

Small business is very big business

Copie d'écran de l'appli Ads Manager

Facebook annonce 2 millions d'annonceurs dans le monde (800 000 chaque mois). La majorité de ces annonceurs sont des petites, voire toutes petites entreprises, des PME (SMBs) voire des microentreprises, TPE, auto-entrepreneurs, entreprises unipersonnelles, etc.).

Semble visée par Facebook la très longue traîne des tout petits annonceurs qui recherchent pour leurs messages publicitaires des données rares et très discriminantes, pour le ciblage et la segmentation de précision. On compte 3 millions de microentreprises en France.
Ce sont de tout petits annonceurs qui travaillent avec des petits budgets, généralement sans intermédiaires, sans agences de publicité, procédant par essai et erreur, sans délai. Tout se passe comme s'ils faisaient des tests de campagnes en temps réel. D'ailleurs, un tel produit publicitaire pourrait constituer, pour des agences et de plus gros annonceurs, des occasions de tester les réactions à leurs créations (images, textes ou vidéo).

Avec Ads Manager, Facebook met à disposition des annonceurs des outils simples, à l'ergonomie évidente, qui permettent la gestion des campagnes depuis un mobile. L'appli Ads Manager for iOS (iTunes) permet d'accomplir les tâches courantes de création (édition), d'analyse des performances, de planning et de gestion budgétaire. Le tout sur mobile : Facebook est le média définitif de l'ère du mobile. "Self- média" publicitaire, cette appli abaisse la barrière à l'entrée dans la publicité et assure une réduction des coûts de transaction, d'apprentissage aussi. Simple, toujours à portée de la main, réactivité sans problème, Self-service. La vie sociale inclut la vie économique, le marché et notamment l'économie informelle, "à hauteur d'homme" (cf. Laurence Fontaine, Le marché. Un bien public).
Facebook peut également compter sur la migration vers le mobile des annonceurs du marketing direct, des petites annonces. C'est le marché des annuaires, des médias locaux, de proximité : PHR, PQR, radio, télévision, affichage, DOOH, digital indoor (écrans contextuels).
; elles
Facebook se place dans la tradition ouverte sur le Web par eBay (1995) et par Google (AdWords, 2003). Sa panoplie pour viser le marché local s'accroît des outils de paiement mobile via Messenger, et d'outils de recherche pour le e-commerce (acquisition de TheFind).

N.B. 
En 2012, l'INSEE comptait en France 2,6 millions de Très Petites Entreprises (TPE, moins de 10 salariés ETP) ; elles contribuent pour 9% au PIB et œuvrent principalement dans le commerce, les services aux particuliers et aux entreprises, la construction. Sources : INSEE, BPI France (Observatoire des PME, 2015).

jeudi 12 mars 2015

Netflix et autres OTT font baisser l'audience de la TV


Selon le Cable Advertising Bureau (CAB), la responsabilité de la chute de l'audience des chaînes du câble aux Etats-Unis, baisse observée au cours des trois derniers trimestres (2014-15), incomberait d'abord à la concurrence de l'offre de OTT / SVOD (Netflix, Hulu, Amazon Prime Video, etc.).

La seconde raison invoquée tient au fait que beaucoup de téléspectateurs consomment la télévision sur des terminaux dont on ne mesure pas l'audience (tablettes, ordinateurs, smartphones).

Diagnostic de bon sens : quand on consomme Netflix, on ne regarde pas une autre chaîne en même temps : il s'agit d'une bataille pour le budget temps des téléspectateurs (il n'y a pas de possibilité de multiscreentasking, évidemment).
Les données du CAB recoupent celles déjà notées à propos du vieillissement de l'audience des principaux networks commerciaux nationaux.

Netflix et autres OTT sont donc bien des concurrents frontaux des chaînes de la télévision commerciale traditionnelle. Ce qui amène deux questions :
  • Quel est l'intérêt à terme pour les grands studios de vendre leurs programmes aux OTT et de fragiliser ainsi l'audience et les revenus publicitaires de leurs networks et stations ? 
  • Quel intérêt à terme pour les grandes chaînes de faire bénéficier les OTT de leur puissance commerciale pour vendre leurs abonnements ? Ne se tirent-elles pas une balle dans le pied ?
N.B. (source : Nielsen)
- 41% des foyers américains sont abonnés à un service OTT / SVOD
- 10% accèdent à plusieurs services, 2,5% à 3 services
- les foyers abonnés OTT se connectent durant 2 heures et 45 mn par jour

lundi 9 mars 2015

Réseaux sociaux : gratuité abusive ?


La Commission des clauses abusives (CCA) a publié en décembre 2015 une Recommandation "relative aux contrats proposés par les fournisseurs de services de réseaux sociaux" (Recommandation N° 2014-02). La lecture de ce document en 46 points est un régal et l'on ne saurait trop en la recommander lecture à qui travaille, d'une manière ou d'une autre, avec les réseaux sociaux.

Après avoir stigmatisé la légéreté de rédaction et de présentation des contrats proposés aux utilisateurs des réseaux sociaux, rédaction et présentation qui les rendent difficilement lisibles et compréhensibles, mettant l'utilisateur consommateur en situation d'infériorité (stratégie de condescendance des réseaux ?), la Commission s'intéresse dans le détail à la qualification des données à caractère personnel et à leur traitement (licéité), à leur partage, à leur conservation...
Tout se passe comme si ces contrats étaient parfois rédigés de manière léonine, le réseau s'attribuant la part du lion. Tout se passe aussi comme si l'esprit des lois (code de la consommation, loi "relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés";loi "pour la confiance dans l’économie numérique",etc.) n'était pas le souci majeur des rédacteurs des contrats. Certaines clauses sont même tout bonnement contraires au droit français et européen.

A propos de la gratuité, retenons l'alinéa 14°) qui "recommande que soient éliminées des contrats proposés par les fournisseurs de service de réseautage social les clauses ayant pour objet ou pour effet :d’affirmer que les services de réseautage social sont gratuits".
En effet, l'utilisateur d'un réseau social fournit des données (commentaires, identifications, photos, jugements, etc. ) que l'on peut identifier à un travail. En "contrepartie", le réseau social fournit un service monétisable, très bien monétisé même (vente de données classées aux annonceurs, aux instituts d'études, notamment).

N.B.
  • "you own your story" : 8 (we are 8) est un réseau social qui propose de partager la rémunération des annonceurs avec les visiteurs du site.

mercredi 4 mars 2015

Publicité artificielle et fausse monnaie publicitaire

Illustration copiée de la Homepage de White Ops

La fraude dans la publicité numérique (The Bot Baseline. Fraud in Digital Advertising) : c'est le titre du rapport rédigé pour l'Association américaine de publicité (ANA) par White Ops, entreprise new-yorkaise spécialisée dans la détection de la fraude numérique automatisée, provoquée par des robots (botnets).
Recherche effectuée avec la collaboration de grands annonceurs : Mars, Walmart, Intel, Ford, Colgate-Palmolive, Nestlé, MasterCard, etc. Collaboration compréhensible : les robots coûtent cher aux annonceurs : White Ops évalue le coût de la fraude à 6,3 milliards en 2015.

Quelles sont les principales conclusions du rapport de White Ops ?

La première et plus frappante est que nous sommes tous complices involontaires des robots qui provoquent de fausses impressions. Si nos ordinateurs sont infectés, infestés, parasités, alors c'est d'eux que partent les robots simulant des hits, des recherches. De plus, le robot est contagieux...
  • Les robots frappent surtout la nuit
  • Ils représentent 11% des impressions des campagnes display et 23% des impressions vidéo
  • Ils visent de préférence le programmatique et le retargeting
  • 52% des impressions dites third-party sont produites par des robots
  • Les robots frappent inégalement selon les catégories de contenus : finance, famille, grande consommation alimentaire sont les plus touchées 
  • La part des impressions dues aux robots peut atteindre 62% sur les achats SSP.

N.B.
Sur le même sujet, voir le cas de ZeroAccess, observé par Dell.
Selon comScore, la fraude provient surtout des extensions d'audience. En revanche, toujours selon comScore, les éditeurs Premium auraient circonscrit le problème, réduisant à moins de 5% le taux d'impressions frauduleuses.

lundi 2 mars 2015

L'audience de la télé vieillit, ou pas ?


L'âge moyen des téléspectateurs américains des 4 grandes chaînes commerciales "gratuites" terrestres ("networks") vient de dépasser 50 ans (source : Nielsen via Horizon Media / Brad Adgate). C'est un signal d'alarme pour la publicité télévisée dont la cible privilégiée est celle des 18-49 ans, c'est un atout commercial de plus pour des médias concurrents comme YouTube ou Facebook (cf. "Un Président sur YouTube" ou "Obama et les networks" ou "Facecast: Facebook TV News?").

Et voilà que la ménagère de moins de 50 ans a plus de 50 ans. Une barre symbolique est franchie. Symbolique mais dont il faut tempérer l'importance en prenant en compte l'évolution démographique globale de la population : l'espérance de vie à la naissance est passée aux Etats-Unis, de 66 ans, en 1951, à 76 ans, en 2011, pour les hommes et de 72 à 82 pour les femmes.
Précisions encore que ce vieillissement ne concerne que l'audience de la télévision regardée au foyer sur un téléviseur.

Plusieurs causes peuvent être invoquées pour expliquer ce vieillissement de l'audience mesurée.
  • Le comportement télévisuel de jeunes générations qui se tournent vers les chaînes diffusées en streaming (OTT, SVOD) sur d'autres appareils que le téléviseur (tablettes smartphones, Apple TV, Chromecast, Roku) : Netflix d'abord, Hulu, Amazon Prime notamment. Bientôt HBO... (cf. OTT everywhere: a paradigm shift). A moins que les chaînes traditionnelles n'ajoutent le streaming à leur mode de distribution, comme l'a déjà réalisé CBS avec CBS All Access, l'audience publiée des 4 grands networks semble promise au vieillissement.
  • Le comportement télévisuel de la population dite latino, plus jeune, consommatrice de chaînes commerciales hispanophones grand public (Univision, Telemundo, UniMÁS). 
  • La mesure de l'audience a sa responsabilité aussi : Nielsen mesure mal voire pas du tout la consommation hors du foyer et la consommation sur les appareils mobiles, toutes consommations qui sur-représentent les jeunes générations (NBC signale que 70% de l'audience du talk show "The Tonight Show" échappe à Nielsen...).  
  • Plus que l'audience, c'est la mesure de l'audience qui vieillit.
L'âge n'est pas tout. L'exploitation de data pour les plans média devrait permettre aux annonceurs des ciblages plus discriminants que la cible canonique "moins de 50 ans". Pour être prédictif, l'âge gagne à être analysé à l'aide de multiples données de comportement.