Nietzsche philologue
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Friedrich Nietzsche, *Traité appelé La joute d'Homère et Hésiode*, *Certamen
quod dicitur Homeri et Hesiodi*, E codice florentino, Les Belles Lettres,
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samedi 27 juin 2020
Toute la nouvelle Aquitaine en revue
Le festin. Toute la nouvelle Aquitaine en revue, 15 €, dos carré, 130 p.
C'est un beau magazine, bien fait, bien conduit. Un régional aussi qui couvre le Sud-Ouest de la France, largement, allant des Pyrénées jusques à Poitiers.
Parcourons le numéro récent (juin 2020), trouvé gare Montparnasse à Paris. A la une, au choix (selon la région de vente, je suppose) : "Bordeaux, les bassins en lumière", mais aussi "Gaston Fébus en Béarn, avec le château de Pau" (pour le Sud), mais encore "L'hôtel de ville de La Rochelle" (pour le Nord). Trois couvertures donc pour trois régions du Sud-Ouest. Le magazine couvre systématiquement chacune des composantes de cette vaste région.
Mais d'abord, l'édito de Xavier Rosan qui plaide pour l'association du patrimoine et du matrimoine (Mére nature !), les deux, le vert et la pierre constituant selon lui un ensemble indissociable. Indiscutable aussi.
Le magazine tient-il cette promesse difficile ? Il s'y efforce même si la pierre l'emporte sur le vert. Tout d'abord un article sur la base sous-marine (Kriegsmarinearsenal) construite par les Allemands aidés par les collaborateurs français au début de la guerre. Cet ensemble de U-Boot-Bunker, vestige impressionnant du conflit mondial, fut inauguré en mai 1943 ; repris progressivement depuis la fin de la guerre, il est devenu un lieu d'exposition et est reconnu comme "architecture contemporaine remarquable", en 2016, par le Ministère français de la culture.
Suit un article sur le Centre international d'art et du paysage de Vassivière, et un article sur les jardins de Cognac dont un sur le parc François 1er qui fut détruit par un ouragan en 1999 mais qui est régénéré depuis. Un article détaillé sur la restauration de l'hôtel de ville de La Rochelle. Un long article sur Périgueux. Signalons encore un article sur Fébus (Gaston III de Foix-Béarn), par François Galès, qui détaille les constructions diverses et nombreuses de Fébus, prince des Pyrénées, entre Orthez et Pau.
Un excellent article sur l'oeuvre de Camille Claudel au musée Sainte Croix de Poitiers. La sculptrice y figure au travers de nombreuses oeuvres que Sophie Bozier sait présenter avec talent. "La valse" (1905) et "La Niobide blessée", entre autres, illustrent cet article. Le musée Sainte Croix, qui est présenté ensuite, illustre la tendance "brut de décoffrage" (années 1970) qui fait son succès.
Tout le magazine - et je n'en ai donné ici qu'un rapide résumé - est une invitation au voyage, au tourisme et au bon temps, tranquille, à passer dans les diverses régions évoquées (car lectrices et lecteurs peuvent oublier le bruit et les embouteillages des lieux). Un festin ! Le magazine peut être longuement conservé pour préparer un voyage ou en retrouver des éléments. Les quelques pages de publicité (des vins de Bordeaux, un hôtel Radisson) ne peuvent qu'y contribuer.
mercredi 10 juin 2020
Un philosophe Résistant
Gabrielles Ferrières, Jean Cavaillès. Un philosophe dans la guerre (1903-1944), Préface de Jacques Bouveresse, Postface de Gaston Bachelard, Paris, 2010, Editions du Félin, Résistance Poche, 291 p.
"Si on ne parle pas de lui, qui saura faire la différence entre cet engagement sans retenue, entre cette action sans ménagements d'arrières, et la Résistance de ces intellectuels résistants qui ne parlent tant d'eux-mêmes que parce qu'eux seuls peuvent parler de leur Résistance, tellement elle fut discrète". Cette phrase est de Georges Canguilhem qui fut, lui aussi, normalien, philosophe, et résistant.
Jean Cavaillès fit sa thèse sur l'histoire des mathématiques ; sa thèse, dira Gaston Bachelard, est "au point de départ d'une culture de philosophie mathématique". Jean Cavaillès est donc "ensembliste"; en février 1937, il dépose sa thèse principale intitulée Méthode axiomatique et formalisme (Essai sur le problème du fondement des mathématiques), et, en juillet 1937, sa thèse complémentaire, Remarque sur la formation de la théorie abstraite des ensembles. Etude historique et critique. Son directeur de thèse est Etienne Brunschvicg. Ces thèses ont vieilli, normalement, et ce n'est pas de toute façon l'objet de ce livre qui traite d'une vie militante autant que d'une vie de chercheur (pour ceux que les écrits mathématiques de Jean Cavaillès intéressent, qu'ils se reportent à ses "Oeuvres complètes de philosophie des sciences", publiées aux Editions Hermann en 1994, 686 p.).
Sa soeur raconte la vie de son frère qu'elle admire. Elle sera arrêtée par les nazis en même temps que lui (août 1943) mais sera relâchée. Le livre est une biographie : fils d'un militaire, on en suit les étapes, de la classe préparatoire au bal de l'Ecole Normale (mais Jean Cavaillès ne danse pas !) puis c'est la thèse, la Résistance et sa condamnation à mort par le tribunal d'Arras. Avant et pour sa thèse, Jean effectue des séjours en Allemagne, il évoque Hitler ("la feuille de Hitler est rédigée d'une façon tellement pauvre que je me demande comment elle peut avoir une action", p. 106). Il fait la connaissance d'Emily Noether, fameuse mathématicienne, avec qui il publiera la correspondance Cantor - Dedekind. A Munich, en hiver 1931, il assiste à un discours de Hitler dans une brasserie ("tête de professeur de gymnastique, mâchoires et pas de regard ; débit assez vigoureux, un certain talent de mime..." (p. 115). Catholique plutôt fervent, Cavaillès participe à des cérémonies religieuses. Il rend visite à Edmund Husserl, qui ne l'impressionne guère. Sa thèse terminée, il enseigne la philosophie au lycée d'Amiens. Ensuite, c'est la défaite, et, pour lui, la Résistance. Il ira à Londres, y rencontrera Raymond Aron et le général De Gaulle...
Voici un livre touchant qui donne à voir un vrai philosophe qui passe vraiment à l'acte.
Jean Cavaillès fit sa thèse sur l'histoire des mathématiques ; sa thèse, dira Gaston Bachelard, est "au point de départ d'une culture de philosophie mathématique". Jean Cavaillès est donc "ensembliste"; en février 1937, il dépose sa thèse principale intitulée Méthode axiomatique et formalisme (Essai sur le problème du fondement des mathématiques), et, en juillet 1937, sa thèse complémentaire, Remarque sur la formation de la théorie abstraite des ensembles. Etude historique et critique. Son directeur de thèse est Etienne Brunschvicg. Ces thèses ont vieilli, normalement, et ce n'est pas de toute façon l'objet de ce livre qui traite d'une vie militante autant que d'une vie de chercheur (pour ceux que les écrits mathématiques de Jean Cavaillès intéressent, qu'ils se reportent à ses "Oeuvres complètes de philosophie des sciences", publiées aux Editions Hermann en 1994, 686 p.).
Sa soeur raconte la vie de son frère qu'elle admire. Elle sera arrêtée par les nazis en même temps que lui (août 1943) mais sera relâchée. Le livre est une biographie : fils d'un militaire, on en suit les étapes, de la classe préparatoire au bal de l'Ecole Normale (mais Jean Cavaillès ne danse pas !) puis c'est la thèse, la Résistance et sa condamnation à mort par le tribunal d'Arras. Avant et pour sa thèse, Jean effectue des séjours en Allemagne, il évoque Hitler ("la feuille de Hitler est rédigée d'une façon tellement pauvre que je me demande comment elle peut avoir une action", p. 106). Il fait la connaissance d'Emily Noether, fameuse mathématicienne, avec qui il publiera la correspondance Cantor - Dedekind. A Munich, en hiver 1931, il assiste à un discours de Hitler dans une brasserie ("tête de professeur de gymnastique, mâchoires et pas de regard ; débit assez vigoureux, un certain talent de mime..." (p. 115). Catholique plutôt fervent, Cavaillès participe à des cérémonies religieuses. Il rend visite à Edmund Husserl, qui ne l'impressionne guère. Sa thèse terminée, il enseigne la philosophie au lycée d'Amiens. Ensuite, c'est la défaite, et, pour lui, la Résistance. Il ira à Londres, y rencontrera Raymond Aron et le général De Gaulle...
Voici un livre touchant qui donne à voir un vrai philosophe qui passe vraiment à l'acte.
mardi 9 juin 2020
Will TV Be Going Back to a New Future? Netflix and Amazon lead the pack
Four of the five most important SVOD services reached their maximum level of audience during the month of April. According to research company 7Park Data, Netflix remains at the top with 550 minutes in May. Disney+ returns to its February level as does AppleTV. Amazon stays almost at its April level (400 minutes), ahead of Hulu which dips under 300 minutes. Dead to Me was the biggest success of May (it is the second season of the series).
Of course, we need another quarter to see if Netflix keeps its level of audience or if it returns to normal as does its competition. It seems that, already, Broadcast and cable TV are returning to their pre-COVID levels (source: VideoAmp).
According to a study by Kill the Cable Bill, an average Netflix user missed 58 hours of advertising during the quarantine: will the advertisers also snub the commercial networks soon?
According to a study by Kill the Cable Bill, an average Netflix user missed 58 hours of advertising during the quarantine: will the advertisers also snub the commercial networks soon?
Dead to Me
Les femmes n'existent pas, mais ce sont des hommes qui le disent !
Voici un ouvrage agressif. Mais c'est bien la moindre des choses que de dénoncer fermement l'histoire du patriarcat qui a étendu son pouvoir sur l'ensemble social, économique, militaire, religieux français.
L'auteur (Eliane Viennot, elle, préfère dire "l'autrice") est historienne et spécialiste de l'accès des femmes au pouvoir. Son ouvrage se lit aisément, avec plaisir même, bien que l'accumulation des faits - qui lui donne raison - finisse par ennuyer un peu. La période qui va d'un empire à l'autre, d'un Napoléon à l'autre, n'est pas brillante pour les femmes. Et l'auteur va explorer les lois, les textes, les théories, tous les innombrables discours qui oublient les femmes ou plutôt les ramènent sans cesse au repos du guerrier et à l'entretien des foyers, quand ce n'est pire. La loi salique domine en tout domaine pour exclure les femmes de tous les pouvoirs. Le titre dit "le pouvoir" mais il faut entendre "les pouvoirs" car tout le monde en est : pouvoirs politiques, pouvoirs économiques, pouvoirs intellectuels, pouvoirs religieux. Chacun de ces pouvoirs contribuent à l'exclusion politique et intellectuelle des femmes, chacun à sa manière, et ils convergent chacun avec son discours : ce demi-siècle est décidément terriblement uniforme sur ce plan.
Et la plupart des "grands" hommes de ce demi-siècle de surenchérir : Sainte-Beuve, Gustave Lanson et même Stendhal, Musset, et puis le pseudo-révolutionnaire Proudhon. Et Michelet, et Auguste Comte aussi ... Il faudrait tous les citer mais il y en a trop : même Marx et Engels ne peuvent être épargnés.
Les temps finiront par changer, certes. Mais il reste encore bien des moyens aux hommes de dominer les femmes : moyens sociologiques de la domination scolaire, par exemple, moyens juridiques (cf. Inégalités ? Les familles responsables, et complices, de reproductions inégalitaires qui durent). Quelques femmes échappent, mal gré tout, à la vindicte : Georges Sand, Madame de Staël par exemple. Et en 1859, une institutrice décroche le baccalauréat. C'est le signe des temps à venir, le début d'un rééquilibrage dans l'acquisition d'un capital culturel légitimé, rééquilibrage qui prendra quand même plus d'un siècle et demi. Mais aujourd'hui, les femmes sont les mieux diplômées.
Enfin, voici un bon livre qui fait le tour de la question et qui devrait permettre de changer le ton et les contenus des manuels d'histoire, dès l'école élémentaire, et d'histoire de la littérature, d'histoire des sciences et de la philosophie pour les années ultérieures.
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