Jean-Yves Tadié, André Malraux. Histoire d'un regard, Paris, Gallimard, 2020, 229 p. suivi de "Repères chronologiques" (1919 -1977).
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Le livre réunit plusieurs parties : les "Ecrits farfelus", son "Carnet d'U.R.S.S." (1934) et son "Carnet du Front populaire" (1935-1936). Puis, vient le plus gros morceau, les "Ecrits sur l'art" et l'ensemble se termine par les "essais littéraires". "Malraux pense l'ensemble, le tout, avant toute monographie. La planète, non un pays ; toute l'histoire, non une période : contre l'histoire, il veut faire sortir ce qui lui est étranger". "Mes maîtres sont Valéry ou Nietzsche ou Baudelaire ou même Diderot", déclare Malraux. On perçoit une continuité toutefois : " la lutte contre la médiocrité, la soumission ou l'effacement est une leçon toujours vivante". Alors Malraux autodidacte ? Oui, certes, mais, souligne Jean-Yves Tadié, "il vaut mieux savoir avec Malraux qu'ignorer avec tant de diplômés". Parole de Professeur !
Malraux fut aussi ministre, pas celui du rayonnement comme il l'aurait souhaité mais minsitre de la culture. Pour lui, qu'est-ce qui doit l'emporter ? "Non pas apprendre à connaître, mais apprendre à aimer", devise qui résume l'ambition des maisons de la culture. Et les expositions ? " La France n'a jamais été aussi grande que lorsqu'elle a été la France pour les autres". Alors ? "On admire comme chez Péguy, Bernanos, Mauriac, cette synthèse de la culture, du lyrisme et du pamphlet".
Voici un bel ouvrage, engagé, pour l'amour de l'oeuvre d'André Malraux, plutôt mal aimé mais tellement de son temps ou, peut-être, du nôtre.