samedi 27 juin 2009

Anti-marketing


A survey made by the CREDOC for eBay shows that French consumers use the net more and more to get information about products before buying. One out of two consumers look for information from other consumers, 14% regularly (blogs, forums, etc.). Obviously they trust their peers whom they see as experts and pros.
The more they use Internet, the more sources of information they use (magazines, peers, websites, etc.). The non-Internet users rely on only one source.
Internet users declare themselves more powerful in regard to brands. Consumers are smarter, they trust brand information less and less when it comes to making a purchase decision. Brands are in competition with consumers for branding and trust. Consumers wonder if brands are often not expensive for no reason. Guilty of over-marketing too.
Internet increases consumer power by offering more distribution channels, a wider choice of products, even products from outside of the country. More competition, at all levels.
Internet builds a new consumer culture, based on new tools (price comparator, consumer opinions, advice and recommandations, auction websites like eBay, etc.). This is crowd sourcing consumerism: finally no spam, the epitome of anti-marketing. Brands are losing their monopoly of information (advertising) about their own products.
Sources:
  • "L'Internet participatif redonne confiance aux consommateurs", CREDOC, Consommation et Modes de Vie, N°222, juin 2009. Telephone survey, representative sample of 1007 persons living in France, 18+.
  • Nielsen, Global Online Consumers Survey, April 2009. 25,000 people, in 25 countries.

mardi 23 juin 2009

Les dialectiques de la durée


La durée est un critère constant de l'analyse de l'audience des médias audio-visuels : durées d'écoute (DEA, DET, DEI), assiduité, répétition. Elle est indispensable au marketing pour quantifier les contacts avec un produit en magasin. En télévision, on mesure aussi l'assiduité : pour une émission donnée, pour un écran publicitaire, c'est la part de la durée totale diffusée qui en a été regardée. Ensuite, vient la répétition (nombre d'épisodes vus au cours d'une saison, par exemple), indicateur de fidélité. La vraie durée, c'est ce qui recommence. Tout analytique d'Internet devrait être une "rythmanalyse".
Dans tous ces cas, la durée constitue un indicateur pertinent : si l'émission déplait, si la concurrente est meilleur, le téléspectateur zappe, la DEA, la DEI, l'assiduité moyenne baissent. L'assiduité indique le taux d'intérêt observé ex-post. La durée choisie par l'annonceur ex-ante participe de l'établissement de la marque (branding).

Avec Internet, média plus complexe, on observe deux types de situations types, de plus en plus souvent combinées sur une même page.

Sur tous les sites à forte composante vidéo, l'accroissement de la durée est un signe positif, comme en TV. Les sites des chaînes de télévision, tous les sites avec vidéo (YouTube, Dailymotion, etc.) et leurs régies mettent en avant, à juste titre, la durée d'écoute par internaute pour vanter leur attractivité. On pourrait y ajouter l'assiduité et la répétition. Voyez, par exemple, Canal Plus, ZDF ou ESPN : pour eux, la "page vue" n'a pas grand sens pour évaluer la vidéo, la télé.

Hors vidéo, l'accroissement de la durée de visite d'un site ou d'arrêt sur une "page" (en fait, un écran) est rarement un signe positif.
Sur les sites d'information (commerciale, générale, etc.), une ergonomie médiocre allonge la durée du parcours d'achat, de la décision d'achat, de la recherche d'information. Et si l'internaute n'est pas satisfait, il ne revient pas. Une durée trop élevée, un site compliqué entraînent une diminution de la répétition et du nombre des re-visites. Mais, si l'internaute revient souvent, il se familiarise alors avec l'organisation du site, va droit à l'essentiel et y reste moins longtemps. La durée est fonction, inverse, de l'habitude, de la lisibilité. La durée fait rarement partie du contrat de "lecture" sauf au titre de la brièveté (Google en a fait un dogme, et une clef de ses succès).

Dans l'analyse, les indicateurs de durée doivent donc être combinés à la fréquentation (i.e. répétition) du site ou de la page concernés (cf. on sait l'importance des habitudes média, question à la base de toute modélisation). La fréquence des visites est généralement liée au renouvellement régulier du site, à la vitesse d'obsolescence des contenus exposés, à la qualité de la création, aux services rendus, etc. La fréquence est une variable primordiale, robuste, alors que, définie comme produit du nombre de visites par la durée des visites, la "stickiness" reste un indicateur ambigü, voire trompeur. Mal conçu.

Dans les sites mixtes, combinant vidéo et images fixes, se juxtaposent nécessairement deux mesures : la durée pour la vidéo, la "page vue" pour les éléments publicitaires placés autour de l'écran vidéo. Pour des images fixes, qu'apporte la durée d'exposition ou de visibilité, qu'il s'agisse d'affichage urbain ou d'affichage Internet puisque la durée d'exposition de ces éléments dépend strictement de l'attention portée à la vidéo. Qu'apporte la "durée de visibilité" à l'audience cumulée ? A débattre (cf. les travaux de Alenty pour le SNPTV).
La question concerne ici Internet et la vidéo ; elle concerne aussi l'audio, mais surtout la TV lorque sur l'écran du téléviseur est découpé en multiples fenêtres (à la Bloomberg) et fait défiler des cours de bourse ou des résultats sportifs, etc.

Dans un point de vente - et presque tous les sites sont plus ou moins des points de vente - la durée de la visite constitue un indicateur faible, fragile de la performance marketing. Seuls comptent la visibilité du produit, son identification immédiate, génératrice d'un contact avec le produit (effets du facing), sa prise en main, sa mise dans le caddy et le passage à la caisse (taux de transfo). La combinaison de ces variables successives étant maximisée (suite de probabilités conditionnelles), il faut minimiser la durée du parcours, tant dans l'intérêt du point de vente (désencombrer, fluidifier le trafic aux caisses) que dans celui du client à la recherche du temps gagné. L'indicateur clé, après la valeur du panier, c'est la fidélité (répétition). Sur Internet, de nombreux sites ressemblent à des magasins : les bandeaux y sont PLV, "stop-rayon", kakémono, théâtralisation du linéaire. Sur le site réel comme sur le site virtuel, la durée n'est pas positive. D'où la nécessité de concevoir un digital signage diffusant des créations de quelques secondes à forte lisibilité pour ne pas ""distraire" de l'achat et ralentir le flux des clients dans l'espace de vente.

Internet n'est pas UN média, il en propose de multiples, parfois simultanément, souvent hétérogènes. C'est le média des médias et le média des métiers (d'où le titre de ce blog). Il y a de la télé sur Internet et il y a du marketing direct, de l'affichage et de la PLV, du digital signage et du linéaire. A chaque métier, à chaque média sa mesure.

Vous y croyez, vous, sérieusement, à la panacée d'une mesure universelle, pour tous types de sites, de toute audience Internet ? Etrange alchimie, non ?

lundi 22 juin 2009

TV hors foyer : +2,6% d'audience non vendue


C'est le taux d'accroissement global d'audience TV provenant de la prise en compte de la télévision hors foyer (+6% pour la tranche matinale 6-10H). Les téléspectateurs semblent se comporter chez eux comme à la maison, accordant leurs suffrages télévisuels aux très grands événements (sport, finales de séries TV, etc.).
Faute de clients (mais ESPN et Zenith/Publicis avaient signé), Nielsen a abandonné la mesure hors domicile réalisée avec Integreted Media Measurement Inc. (IMMI) à l'aide de téléphone portable. Sans doute trop chère (cf. "Vendre la TV consommée loin des audimètres foyer")

Mise à jour 10 juin 2012
L'intérêt pour les acteurs du marché TV d'une mesure des audiences hors domicile reste indéniable. Cet échec plaide plus généralement pour une mesure site centric, à partir de capteurs intégrés au télévieur, rompant avec le dogme des panels difficilement difficiles à recruter et si difficilement représentatifs pour une mesure consumer centric.
Des innovations en cours sont prometteuses : Intel teste l'utilisation de logiciels de  reconnaissance faciale intégrés dans les set-top boxes, innovation d'autant plus intéressante, si elle voit le jour, qu'elle permettrait dans les foyers des actions publicitaires et promotionnelles personnalisables. Associée au watermarking ou au fingerprinting, elle permettrait aussi une mesure totale des audiences, hors et à domicile.

La multiplication des occasions de voir et regarder la télévision hors du domicile, lors des grands événements notamment, invite à concevoir une mesure globale des contacts TV.

dimanche 21 juin 2009

Not a home run


"Maybe you could say we are safe on third right now, [...] Third base I think is the process we are going thorough this weekend, which I think is proving by and large about what we expected it to be."

De quoi parle-t-on ? De baseball, de softball ?
Non. Ces phrases sont extraites d'une déclaration du Président de la FCC, à propos de la transition numérique de la télévision terrestre américaine (notre post du 13 juin 2009, "Kiss analog goodbye") : le Président explique que l'opération n'est pas, et ne saurait encore être déclarée un "home run". Seuls les trois quarts du chemin ont été parcourus.

Comment un moteur de recherche lexical traite-t-il un tel énoncé ?
Il s'agit de baseball ou de softball : on y reconnaît le vocabulaire de base(s) du passe-temps américain de l'été. On y retrouve aussi une métaphore d'adolescents américains pour décrire leur expérience amoureuse. Il s'agit d'une métaphore pour indiquer la progression, la réussite d'une opération. La partie de baseball se joue sur quatre bases, la quatrième étant appelée home base. Le home run désigne une réussite parfaite, acquise du premier coup. Culture de base donc, populaire s'il en est.

Or, il s'agit de télévision et de la diffusion numérique.
Le moteur de recherche, encore lexical, prend les mots au pied de la lettre. Tout comme la traduction automatique. Les automates y trouveront donc le lexique du baseball. La culture leur échappe, trop subtile. Et si l'on se met à écrire pour de tels outils de recherche ou de traduction, comme il est recommandé aux journalistes dans certaines rédactions (il faut écrire pour être trouvé par le moteur de recherche, etc.), la pauvreté langagière menace. Plus de métaphores, plus d'allusions...

Essayez "Third base" dans Google... qui place Wikipedia en tête, ou encore : dans Urban Dictionary, dictionnaire d'argot américain contemporain.

mardi 16 juin 2009

The Boat that Rocked Radio


Ce film raconte un épisode de l'histoire de la radio en Europe. L'un des plus beaux épisodes de cette histoire, celle des radios pirates s'adressant au public anglais dans les années 1960. Dommage que l'on ait, en France, affublé ce film d'un titre ridicule ("Good Morning England"), qui induit un contre sens culturel. Le titre original "The Boat that Rocked" balance mieux muni d'une triple connotation !

Ce film raconte une épopée romantique. Des animateurs en Mer du Nord, sur un raffiot rouillé, diffusent du rock à tout va. Animation insolente, mal polie. Musique irrévérencieuse défiant une culture souvent pudibonde et coincée qui tient les ondes d'Etat (BBC), représentée dans le film par les caricatures de personnages politiques. C'est l'histoire des radios pirates, de la plus célèbre d'entre elles, Radio Caroline (1964). Les gouvernements s'attacheront à couler, au double sens du terme, ces radios "illégales", financées par la publicité et soutenues par la majorité du public anglais, les plus jeunes en tête.
Le film est tout en tendresse et humour ; DJ, auditeurs baignent dans une musique heureuse et mélancolique, qui est le prétexte du film. On pense à Wolfman Jack, DJ légendaire ("American Graffiti"). Et puis, "on a tous dans le coeur" sa "Rockcollection"....
A la même époque, la radio française connaissait le confort mortel du monopole d'Etat, monopole direct (ORTF), indirect avec les radio dites alors - sainte hypocrisie - périphériques (RTL, EUROPE 1, RMC). Les premières radios libres éclosent à la fin des années 1970 : Radio Verte, la première, lancée sur un plateau de TF1 le 13 mai 1977, radio écologiste, politique.
En 1980, les radios FM, locales, libres et privées sont interdites, savamment et chèrement brouillées. Elles vivent dans la crainte des descentes de police et des saisies.
Mi-1980, les voyants du moment expliquent encore que le radio FM ne trouvera ni son public, ni ses annonceurs, qu'il n'y a de radio que de grandes ondes ! Refus de la publicité locale, pour protéger la presse régionale : les radios seront associatives. Il aura fallu dix ans de batailles pour reconnaître la radio FM et l'inscrire dans le droit des médias.

Les déclarations des politiciens (certains sévissent encore) les hissent au niveau de leurs homologues britanniques ridiculisés dans le film. A l'exception de Marcel Bleustein-Blanchet, le monde de la publicité ne fait guère mieux.

J'emprunte au dossier d'Annick Cojan quelques éléments de son "florilège politique" de cette époque (publié dans Le Monde du 9 avril 1997) :
  • "Nous défendrons le monopole pour que MM. Bleustein-Blanchet, Hersant et Amaury, tapis dans l'ombre, ne soient pas tentés d'accroître ainsi leurs profits et leur puissance", futur ministre de la communication.
  • "Il n'est pas question de laisser se développer sur l'ensemble du territoire ces radios qui pourraient diffuser de l'information de toute nature", secrétaire d'Etat, relations avec le Parlement.
  • "Les radios libres, ce sont les Gardes Rouges", ministre de l'intérieur.
  • "Les radios locales sont le germe puissant de l'anarchie", Premier ministre.
Quelle lucidité ! Quelle générosité !
Comme souvent dans l'histoire des médias, c'est la publicité qui libère et l'Etat qui opprime. Comme souvent aussi, le droit est accouché dans l'illégalité.

Biblio : Annick Cojean, Frank Askenazi, FM. La folle histoire des radios libres, Grasset 1986.

vendredi 12 juin 2009

Kiss Analog Good Bye


Vendredi 11 juin, la diffusion de toute la télévision américaine terrestre est passée au numérique (cet objectif de migration est prévu en France pour le 30 novembre 2011). Près de 1 800 stations, publiques ou commerciales étaient concernées. 68 ans de standard analogique (NTSC) se sont achevées auxquelles succède le standard ATSC (Advanced Television System Committee). Le ATSC travaille aux prochains standards pour la télévision mobile, le différé (Non-Real Time Program Delivery, ATSC-NRT).
Depuis plus de deux années, les téléspectateurs étaient prévenus ; il leur a même été proposé des coupons (40$) pour acheter le nécessaire décodeur numérique (digital converter box), coupons valables jusqu'au 31 juillet 2009. La facture totale de la transition s'élèvera à 2 milliards de $ pour l'Etat américain.
On compterait encore 2 à 3 millions de foyers (moins de 3% des 114 millions de foyers TV) qui ne sont pas prêts et une dizaine qui a des difficultés (règlages essentiellement). La FCC, l'organisme de réglementation de la communication a mis en place des hot lines et un site d'information pour aider les retardataires.
Opération longue et sensible (la nouvelle administration avait accordé 4 mois de délai supplémentaire. Pour plus de quatre cinquièmes des foyers recevant la télévision par câble, satellite ou télécoms, la transition était insensible, puisque les opérateurs s'en chargeaient à leur place.

Cette mutation a et aura plusieurs conséquences
  • Abaissement des coûts de distribution pour les stations, toutes locales, cela n'affecte donc pas les networks.
  • Les stations (locales) disposent toutes désormais de fréquences supplémentaires qu'elles peuvent exploiter pour lancer trois ou quatre canaux nouveaux, diffusant des programmations complémentaires ou non de l'antenne principale (jusqu'à présent, ces canaux sont surtout utilisés pour la météo, l'actualité, l'information, la musique). La FCC recommande l'utilisation de cette capacité nouvelle pour ouvrir la télévision à plus de diversité culturelle et linguistique. L'offre de télévision locale sera donc à terme multipliée par quatre ou cinq. Un indéniable raffraichissement de l'offre télévisuelle, un élan nouveau pour la télé dans un contexte concurrentiel difficile.
  • Evolution de la configuration télévisuelle des foyers. 5% des foyers américains ont profité de la transition numérique pour s'abonner au câble ou au satellite, soit près de 6 millions de foyers (Source : sondage Knowledge Networks, avril 2009). Dans l'ensemble, un foyer sur quatre a transformé et amélioré son univers télévisuel (appareils, abonnements, HD, périphériques, etc.). Cette mise à jour devrait se refléter dans la composition des panels de mesure (l'équipement est un quota de recrutement), et sans doute dans la consommation télévisuelle.
  • Libération de fréquences pour la réception en mobilité, qui pourrait se développer (à suivre).
  • Gérée en finesse par deux administrations successives, cette opération s'est révélée un modèle d'information et d'éducation des consommateurs, de collaboration entre institutions et entreprises liées à la télévision (stations, installateurs, distribution, opérateurs, etc.). Au point que certaines associations réclament une opération du même type pour orchestrer une mutation vers le haut débit.

jeudi 11 juin 2009

Don't fight the Internet


Ce qui a fondé la décision du Conseil constitutionnel de refuser certains articles de la loi dite "Hadopi", ce sont les Principes Généraux du Droit (PGD) ou "principes de valeur constitutionnelle".
Le Conseil affirme qu'Internet relève des Droits de l'homme au titre de la liberté de communication, de la vie démocratique, de la formation et de l'expression des idées.
Voici le texte fondateur de la Décision du Conseil constitutionnel :

"12. Considérant qu'aux termes de l'article 11 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 : " La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi " ; qu'en l'état actuel des moyens de communication et eu égard au développement généralisé des services de communication au public en ligne ainsi qu'à l'importance prise par ces services pour la participation à la vie démocratique et l'expression des idées et des opinions, ce droit implique la liberté d'accéder à ces services ;"

Au même moment, en Grande-Bretagne, l'Ofcom - qui régit l'économie numérique de la communication - arrive à une semblable conclusion par une voie démonstrative différente (enquête sociologique sur l'accès à Internet) : "the internet is increasingly becoming a service which is an essential tool for social and economic participation".

Internet acquiert le même statut qu'ont acquis autrefois les anciens médias d'information et de culture : Internet est libre parce que, selon les lois républicaines (1881, Bichet, 1986, etc.), la communication est libre. Le droit à Internet est imprescriptible. Des conséquences politiques se déduisent de cette affirmation ; elles concernent l'aménagement du territoire, les tarifs du haut débit, le régime scolaire, les dispositifs d'incitations, etc.
Le droit rejoint le réalisme économique et politique et traduit dans son code cet aphorisme de l'économie numérique : on ne se bat pas contre Internet.

lundi 8 juin 2009

HD : illusions comptables


Aux Etats-Unis, si 33,3% des foyers américains (selon le panel audimétrique de Nielsen) disposent de la télévision HD début 2009, mais seuls 28% des foyers reçoivent des programmes de télévision en HD. Selon d'autres recherches, l'écart équipement / réception serait encore plus élevé (39 vs 22 millions de foyers, d'après In-Stat).
Cette statistique suggère plusieurs remarques :
  • Il est bien délicat de saisir ces données d'équipement des foyers par la déclaration, surtout téléphonique : les enquêtés ne connaissent pas leur équipement, en confondent de bonne foi les caractéristiques : écran plat, 16/9, HD, set-top box, Blu-ray, etc. Cette même confusion s'observe sur le point de vente, au moment de la décision d'achat, la publicité contribuant à brouiller les cartes et les mots.
  • Dans un grand nombre de foyers, l'abonnement aux services (câble, satellite, télécoms) n'est pas au niveau de l'équipement et ceci dans un pays où les plus grandes chaînes diffusent presque toute leur grille en HD. L'équipement est nécessaire mais pas suffisant pour la HD.
  • "Curiouser and curiouser" - car comme dit Alice, on y perdrait son anglais - certains croient regarder la télévision en HD, et se trompent. Ils la regardent en définition standard ! Bonheur de l'illusion perceptive (illusio). "Oh dear, what nonsense I am talking!"
Voilà qui invite à la circonspection dans les interprétations des données d'équipement numérique déclaré, qu'il s'agisse de télévision, d'informatique, de télécoms... Seule l'enquête face à face, au domicile des enquêtés, avec des enquêteurs informés, rôdés, peut améliorer la fiabilité des données recueillies. L'objectivité est toujours difficile à construire, elle n'est pas donnée simplement parce qu'il s'agit d'objets. C'est à tort qu' une enquête d'équipement est moins suspecte de biais qu'une enquête d'opinion.
Soulignons que beaucoup de ces variables d'équipement jaugées par des études de cadrage servent à déterminer les quotas de recrutement pour nombre d'enquêtes de référence.
Gare à la propagation des approximations.

Fenêtre ouverte sur le cinéma


La chronologie des médias qui définit l'ordre des supports (TV gratuite, payante, VOD, salles, DVD, etc.) sur lesquels sont distribués les films fait toujours l'objet de discussions vives (cf. les travaux du CNC).
Au prétexte, noble, qu'il s'agit d'un film à l'humanisme universel triomphant (sauver la planète), YouTube distribue "Home", un film de 90 mn (Yann-Arthus Bertrand, Luc Besson) en même temps que commence sa diffusion en salles. YouTube ouvre ainsi une nouvelle fenêtre de diffusion (de quelques jours seulement, pour l'instant).
Voilà qui devrait enrichir les discussions en cours, d'autant que ce film, suivi d'un débat, a été diffusé également sur France 2 (meilleures audiences de la soirée de vendredi), et sur quelques très grands écrans en plein air.

Les ambitions de YouTube s'affirment : le monde des contenus amateurs ouvre la voie des grands publics aux contenus professsionnels. Et aux grands annonceurs. On perçoit ainsi le rôle de la version grand écran (XL) de YouTube (cf. la conférence de presse de lancement). On testera également, avec les Video Analytics (YouTube Insight), ce qu'il en est de l'audience du film de minute en minute, comme en télévision, mais sans panélisation.
La promotion internationale des films dispose avec la diffusion sur YouTube d'une nouvelle arme : une bande-annonce grandeur nature. Reste à comprendre son rôle, sa place dans la panoplie courante, et à lui assigner un rang dans la suite des coups promotionnels. Quels publics en profiteront ? Quels effets sur la fréquentation des salles, les achats de DVD, de VOD ? Quel impact sur les publics (notoriété, agrément) ? Alors que le coût du marketing des films est prohibitif, YouTube offre une alternative - ou un complément - qui bouscule le marché de la publicité cinématographique.
  • N.B. : la mesure de la TV est centrée sur un panel audimétrique d'utilisateurs acceptant de collaborer à la mesure, "user centric", tandis que les "analytiques" Internet sont centrées sur les comportements observés automatiquement sur le site - "site centric" ; quant au cinéma en salles, on connaît en France le nombre des entrées (données comptables, CNC) et l'on dispose d'une mesure déclarative par panel d'usagers, "user centric" (Médiamétrie).

mercredi 3 juin 2009

Débit rêvé et débit réel


L'ARCEP publie les chiffres du "haut débit". Selon les déclarations des fournisseurs d'accès, on compte 18 millions d'abonnements en France (ménages et entreprises, ADSL et câble).
Quel débit ? Car il existe aussi le "très haut débit", qui est d'ailleurs inclus dans cette statistique de l'Observatoire de l'Internet Haut débit. Le très haut débit, celui des "réseaux de nouvelle génération", désigne notamment la fibre optique, parfois le câble avec dans les deux cas une promesse de 100 Mbit/s. L'ARCEP met en place un Tableau de bord trimestriel du très haut débit. Evidemment, les définitions ne sont pas universelles, chaque pays a la sienne.

Comment s'y retrouver ? Le mieux est de s'en tenir aux usages, à ce que perçoit le consommateur, à son confort d'utilisation.
Le bas débit, commercialisé à la durée de connexion, ne permet qu'une expérience limitée d'Internet, en qualité et en durée.
Le haut débit est commercialisé au forfait : le consommateur ne compte plus son temps consacré à Internet, il est connecté en parmanence.
Le très haut débit y ajoute des capacités permettant l'accès confortable à la vidéo, à la télévision, au téléchargement rapide.

Mais il y a débit rêvé et débit actuel : aux débits promis par les fournisseurs se substituent souvent des débits misérables, la principale raison étant la distance entre la réception (ordinateur) et le noeud de raccordement.
Dommage que les statistiques du haut débit, celles de l'ARCEP notamment, ne distinguent pas débits observés, vécus, et débits théoriques (hélas ! les études de calage des enquêtes média ne les distinguent pas non plus !). La statistique des débits annoncés - "advertised" - comme dit l'OCDE, ne présente aucun intérêt, c'est un peu comme le brut par rapport au net pour les investissements publicitaires.
"Promesse vide" des publicités ADSL, en Allemagne aussi, "Leeres Versprechen", comme titre la FAZ, qui conclut en parlant de tour de passe-passe commercial à propos des débits : "die geworbene Geschwindigkeit ist nur ein Taschenspielertrick". Publicité et illusionisme !
Il en va de même avec la téléphonie. Mesurer l'écart entre débit promis et débit fourni peut être édifiant : cf. Speedtest et son application pour iPhone.

Ces distinctions dans la statistique des niveaux de débit présentent pourtant une importance cruciale.
  • Le bas débit ne change guère la vie, il apporte surtout le courrier électronique (sans trop de fichiers joints) et des fonctions d'annuaire.
  • Le haut débit apporte le confort, la consommation insouciante et continue qui permet la socialisation numérique (MSN, Facebook, etc.), les téléchargements, Skype, le commerce, etc.
  • Le très haut débit change tout. Internet devient alors le média de la vidéo, du cinéma, des concerts, des documentaires, de l'info et de la collaboration continue. La publicité devient vidéo, également. Le plein écran l'emporte sur la "mise en page" par pavés, hérissée de titraille, imitée de la presse quotidienne. Rupture radicale avec ce que l'on connaît actuellement dans le cadre du haut débit.
Puisque le futur proche est au très haut débit, autant ne pas trop passer de temps et d'énergie à conjuguer l'Internet à l'imparfait.

lundi 1 juin 2009

TV ! Où sont tes GRP ?


A l'âge d'or de la TV, les magasins fermaient à 18H, parfois à 19H. Le travail cessait aussi à 18H. Tout le monde pouvait être sur le pied de guerre pour le 20 heures et le prime time.
Depuis plusieurs années, nous assistons à la dispersion progressive des emplois du temps, des pratiques commerciales et tout particulièrement des emplois du temps de fin de journée, en semaine. Les grandes enseignes ont ouvert la marche et désormais, même le commerce de proximité est touché.

Les photos ci-dessous ont été prises
dans un même quartier d'une ville moyenne.

Des GRP TV fréquentent les commerces en prime time. A mon avis, d'après ce que l'on peut voir, surtout les actifs, plutôt jeunes... Et cela s'amplifiera avec Carrefour City, nouveau concept, ou des enseignes telles que "Chez Jean, cafetier et épicier" (ouvert en janvier 2009 par les groupes Relay et Casino) aux horaires 7/23, 7/7. Et qui vend de la presse !

Depuis plus longtemps, les chaînes de télévision américaines sont confrontées à de telles modifications des modes de vie. En réaction, elles ont mis en place des collaborations avec toutes sortes de réseaux d'écrans développés dans les centres commerciaux, les ascenseurs, les stations services, les supermarchés, les trains, les bus, les salles d'attente, les pharmacies, les salles de gym où elles retrouvent une partie de leurs GRP égarés. CBS Outernet, NBC Everywhere, autant de moyens de maintenir une audience : TV au foyer + Out-Of-Home ! De plus, ces réseaux hors foyer s'avèrent d'excellents supports de promotion des émissions des networks.

Tendance inéluctable en France où, comme partout, se déploient des réseaux d'écrans numériques supports de publicité locale et supra-locale : métro, centres commerciaux, pharmacies, Club Méd Gym, hypermarchés, salles d'attente... Avec cette multiplication, s'imposera une nouvelle manière de mesurer les audiences, conçue d'emblée pour les supports numériques hors foyer.