mercredi 3 juin 2009

Débit rêvé et débit réel


L'ARCEP publie les chiffres du "haut débit". Selon les déclarations des fournisseurs d'accès, on compte 18 millions d'abonnements en France (ménages et entreprises, ADSL et câble).
Quel débit ? Car il existe aussi le "très haut débit", qui est d'ailleurs inclus dans cette statistique de l'Observatoire de l'Internet Haut débit. Le très haut débit, celui des "réseaux de nouvelle génération", désigne notamment la fibre optique, parfois le câble avec dans les deux cas une promesse de 100 Mbit/s. L'ARCEP met en place un Tableau de bord trimestriel du très haut débit. Evidemment, les définitions ne sont pas universelles, chaque pays a la sienne.

Comment s'y retrouver ? Le mieux est de s'en tenir aux usages, à ce que perçoit le consommateur, à son confort d'utilisation.
Le bas débit, commercialisé à la durée de connexion, ne permet qu'une expérience limitée d'Internet, en qualité et en durée.
Le haut débit est commercialisé au forfait : le consommateur ne compte plus son temps consacré à Internet, il est connecté en parmanence.
Le très haut débit y ajoute des capacités permettant l'accès confortable à la vidéo, à la télévision, au téléchargement rapide.

Mais il y a débit rêvé et débit actuel : aux débits promis par les fournisseurs se substituent souvent des débits misérables, la principale raison étant la distance entre la réception (ordinateur) et le noeud de raccordement.
Dommage que les statistiques du haut débit, celles de l'ARCEP notamment, ne distinguent pas débits observés, vécus, et débits théoriques (hélas ! les études de calage des enquêtes média ne les distinguent pas non plus !). La statistique des débits annoncés - "advertised" - comme dit l'OCDE, ne présente aucun intérêt, c'est un peu comme le brut par rapport au net pour les investissements publicitaires.
"Promesse vide" des publicités ADSL, en Allemagne aussi, "Leeres Versprechen", comme titre la FAZ, qui conclut en parlant de tour de passe-passe commercial à propos des débits : "die geworbene Geschwindigkeit ist nur ein Taschenspielertrick". Publicité et illusionisme !
Il en va de même avec la téléphonie. Mesurer l'écart entre débit promis et débit fourni peut être édifiant : cf. Speedtest et son application pour iPhone.

Ces distinctions dans la statistique des niveaux de débit présentent pourtant une importance cruciale.
  • Le bas débit ne change guère la vie, il apporte surtout le courrier électronique (sans trop de fichiers joints) et des fonctions d'annuaire.
  • Le haut débit apporte le confort, la consommation insouciante et continue qui permet la socialisation numérique (MSN, Facebook, etc.), les téléchargements, Skype, le commerce, etc.
  • Le très haut débit change tout. Internet devient alors le média de la vidéo, du cinéma, des concerts, des documentaires, de l'info et de la collaboration continue. La publicité devient vidéo, également. Le plein écran l'emporte sur la "mise en page" par pavés, hérissée de titraille, imitée de la presse quotidienne. Rupture radicale avec ce que l'on connaît actuellement dans le cadre du haut débit.
Puisque le futur proche est au très haut débit, autant ne pas trop passer de temps et d'énergie à conjuguer l'Internet à l'imparfait.

1 commentaire:

CélineBUNIFR a dit…

Les avantages qu’apportent le très haut débit ainsi que les multiples usages que l’on a de l'internet (et que l’on en attend) laissent pour quasi certain la disparition du bas débit et du haut débit.
Mais entre temps, le débit promis aux abonnés par les fournisseurs d’accès et celui effectivement reçu pose problème. C’est notamment le cas des nombreuses coupures de réseau que connaissent bien les voyageurs en train en Suisse; perte de réseau fréquente et à nombreux endroits, mauvaise connexion entrainant un débit très faible, voir inexistant. Pour contrer ces effets, les trois opérateurs en Suisse(Swisscom, Orange et Sunrise) ont conclus un accord pour équiper l’ensemble des trains CFF d’antennes(capables de retransmettre le signal UMTS/HSPA à l’intérieur des wagons) permettant d’éliminer presque totalement les coupures de réseau. Le but étant de laisser passer les ondes 3G dans les trains. En effet pour des questions d’isolation thermique, les vitres des trains comportent un film métallique qui filtre les rayons du soleil, évitant que les passagers ne “surchauffent” mais empêchant par la même occasion les ondes radio de passer (surtout celles des téléphones mobiles). La Suisse fera ainsi figure de pionnière, mais les voyageurs devront pour ceci attendre 2015 (http://www.rts.ch/info/suisse/2391189-swisscom-sunrise-et-orange-devraient-installer-des-antennes-a-bord-de-tous-les-trains-cff-d-ici-2015.html).

Pour le moment, pour contrer ces effets négatifs des coupures de réseau, les fournisseurs d’accès tentent de trouver des publicités toujours plus explicites pour attirer des clients et vendre les mérites d’un meilleur débit que les autres fournisseurs. La dernière publicité d’UPC-Cablecom illustre bien ceci:

http://www.youtube.com/watch?v=kHEbcTEvv58