mercredi 21 février 2018

La Corée des adolescents. Magazine et plateforme d'échanges


K ! WORLD. Le mag des stars coréennes, Bimestriel, 5 €, 80 pages. L'abonnement (30 €) inclut deux livres.

Le numéro s'ouvre par un édito qui tutoie les lecteurs. Le ton de complicité est donné. K ! World vise un public de fans de K-pop et de dramas, adolescent(e)s pour la plupart.
La une du premier numéro (janvier 2018) célèbre Kim Jonghyun, le chanteur du groupe (boyband) SHINee, qui s'est suicidé à 27 ans. Dépression. Un article couvre les funérailles de la star, le magazine publie sa lettre d’adieu en coréen avec la traduction française. Un poster est encarté en hommage de l'idole. 
L'essentiel du magazine est consacré à la K-pop et à leurs groupes stars. Une page donne même un modèle très simplifié de lettre en coréen pour s'adresser à son idole. Viennent ensuite des pages mode et beauté, deux pages de cuisine, puis des pages de calendrier.
Interviews d'acteurs du drama "The Package" ; la série, diffusée par la chaîne jtbc, met en scène le voyage d'un groupe de touristes coréens en France.
Puis, le magazine présente sa plateforme Fanfi K!, une plateforme d'écriture en ligne, qui permet de poster des fanfictions (fanfics) ou des Role Plays (RP), de rechercher parmi des fanfictions postées par d’autres, d'échanger (cf. infra). Une sorte de réseau social spécialisé, bien délimité.
Pas encore de publicité, à l'exception d'un publi-reportage sur des romans K-world. Deux pages de jeux dont une de mots croisés.
L'ensemble est délibérément ésotérique si l’on ne participe pas de cet univers. Volonté d'être entre-soi que symbolise la présence sympathique de l'écriture coréenne, sans toutefois d'ambition didactique dans ce premier numéro.
Le magazine constitue une porte d'entrée, étroite, dans la culture coréenne mais sans évoquer les conditions de production de cette industrie musicale, l'exploitation scandaleuse de ses stars par des talent management agencies aux termes de contrats plus que léonins (dits "slave contracts", tout un programme !). La K-pop est un "univers impitoyable" dont le suicide de Kim Jonghyun est un tragique et récent symptome. Le magazine ne perdrait rien à évoquer l'enfer que masquent les apparences iréniques de la K-pop.
La K-pop comme les dramas (séries TV) constituent une composante majeure de la vague coréenne (hallyu) sur laquelle surfe K! World ! La présence en kiosque du magazine - merci à la loi Bichet - lui apporte une première visibilité, une vitrine pour déclencher l'abonnement mais l'essentiel, et le modèle économique, se trouvent sans doute dans la plateforme numérique interactive gratuite. Presse hybride donc.


Références
Kim, Yo-jin, "K-pop stars punished by unfair contracts", The Korea Times, December 5, 2014.
MediaMediorum,
    Hallyu : Netflix dans la vague coréenne avec "IRIS" et "White nights"
    Misaeng, la gestion dans une entreprise coréenne vue par une série TV

1 commentaire:

Amélie Costadoat a dit…

Le monde de la Kpop est certes difficile, avec des majors comme SM Entertainment ou YG qui prennent des jeunes à peine adolescents et les forment pendant des années pour les exploiter le plus possible. Mais le suicide de JongHyun est aussi révélateur d'un autre phénomène en Corée : le mal être psychologique est très tabou et il est assez mal vu d'aller consulter un psychologue...