"I'm going to stop the subsidy to PBS. I'm going to stop other things. I like PBS. I love Big Bird... But I'm not going to -- I'm not going to keep on spending money on things to borrow money from China to pay for it".
Romney, candidat du parti républicain aux élections présidentielles américaines de 2012, lors du débat télévisé qui l'opposait au président Obama, déclare qu'il n'empruntera pas à la Chine pour financer Big Bird, c'est à dire la télévision publique américaine. Selon TiVo, ce moment fut le plus regardé du débat. A cette envolée anti-PBS (relayée très largement sur Twitter, avec humour ), un élu du parti démocrate rétorquera que Romney préfère manifestement aider l'industrie pétrolière. Voilà pour la politique politicienne et sa rhétorique.
En réalité, "Sesame Street" n'est pas financé par les contribuables américains mais par le merchandising : licencing de produits dérivés de l'émission et de ses personnages (livres, jouets, jeux, etc.).
Big Bird ? C'est le grand oiseau jaune qui habite "Sesame Street", au coeur de l'émission diffusée par PBS, le network national de stations locales de secteur public ; l'émission est produite depuis 1968 par le Sesame Workshop (ex. Children's Television Workshop). Tout américain de moins de quarante ans est un ancien élève de la fameuse "Rue Sésame". L'émission est également exportée et adaptée dans de nombreux pays dont... la Chine ; il y a même une série d'émissions où Big Bird (大鸟) voyage en Chine à la rencontre du Phénix (风), roi des oiseaux selon les légendes chinoises. En mai 2012, Sesame Workshop a ouvert un site Sesame Street destiné à la population sinophone : 芝麻街 (cf. infra).
Le véritable débat n'a pas eu lieu
Le financement de la télévision publique par l'impôt ne va plus de soi. Nulle part. Le développement de médias numériques en accès public par milliers sur le Web, fixe ou mobile, demande que soient reconsidérées, de fond en comble, sans a priori, les interventions de l'Etat dans le financement des médias. L'occasion d'un débat essentiel pour l'économie politique des médias a encore été manquée.
N.B. Sur la télévision publique américaine : Télévision publique : PBS, l'autre modèle américain
Sesame Street : le site en langue chinoise. |
4 commentaires:
Premièrement, j'étais une téléspectatrice assidue de cette émission éducative pendant mon enfance ! Et il est vrai que toute personne de moins de 40 ans en Amérique du Nord connaît Sesame Street.
J'ai été un peu étonnée qu'un candidat à la présidentielle USA dénonce les subventions de cette émission comme argument, puisqu'il s'agit d'un programme mythique pour la plupart des Américains (mais bon, finalement, que les enfants n'aient aucune crainte, le programme n'est pas financé par l'Etat !).
@VeroCormierChet
Intéressant de lire cet article qui ravive les interrogations -restées en suspens- qu'avaient soulevé la suppression de la publicité après 20h sur les chaines publiques.
Les "pour" et les "contre" s'étaient alors déchirés, certains arguant d'une certaine supériorité intellectuelle de la télévision publique sur la télévision privée -comprendre, de France 2 sur TF1.
Avant de s'interroger sur la pertinence de subventionner la TV publique, il convient de trancher cette question: y a-t-il encore une différence nette (aux yeux des téléspectateurs, c'est à dire dans la programmation) entre TV publique et privée ?
Si non, la question d'arrêter les subventions à la TV publique ne se pose évidemment plus, il faut fermer les vannes.
Si oui, alors il faut lancer un débat sur le sujet et répondre à la seconde question: la TV publique est-elle d'intérêt public ?
Sans être un téléspectateur assidu, le jeune que je suis, né ou presque dans la TNT, ne fait aucune différence entre les deux.
Certes, les émissions politiques que j'affectionne sont plus souvent sur FR2 que TF1. Mais faut-il se réjouir que les hommes politiques s'affrontent le plus souvent sur une chaîne qu'ils "dirigent" ? Rien n'est moins sûr.
La conclusion à Bastiat, oeuvre "Ce qu'on voit et ce qu'on ne voit pas", au chapitre "Théâtre et Beaux Arts":
"Nos adversaires croient qu'une activité qui n'est ni soudoyée ni réglementée est une activité anéantie. Nous croyons le contraire. Leur foi est dans le législateur, non dans l'humanité. La nôtre est dans l'humanité, non dans le législateur."
Il était certainement maladroit de la part du candidat républicain d'évoquer la dette américaine via ce programme culte.
Etant donné la taille du déficit (>$1 billion) et de la dette ($16 trillion) des Etats-Unis, la subvention de PBS ("seulement" $223 millions) n'est pas ce qui va changer grand chose.
La question est donc une question de principe. Elle s'articule autour de deux interrogations sur la place du gouvernement:
- Le gouvernement doit-il forcer ses citoyens à payer pour un service qui peut ne pas leur correspondre, et que pour la plupart, ils n'utilisent pas?
- Les medias publics ne sont-ils pas un outil de propagande au service du gouvernement?
Le point que Romney essayait de faire, est que le gouvernement ne doit pas financer un service que le secteur privé peut fournir de manière totalement adéquate, surtout avec les niveaux de dette qu'il a. Je partage ce principe, mais il a été maladroittement mis en forme (pourquoi ne pas avoir parlé plutôt des $4 billion de subvention aux compagnies pétrolières, beaucoup plus significatif?).
La différence entre le cas américain et le cas français, au delà des divergences de principe sur la place et de la taille du gouvernement, est que les médias publics français sont d'une qualité très pauvre. Les programmes de PBS ou de NPR sont très largement supérieurs à tout ce que l'on peut trouver sur France Télévisions. Il y a très peu de différence qualitative entre les programmes de TF1 et les programmes de France 2. Il n'y a donc aucune raison pour les contribuables de subventionner ces programmes.
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