Les soap opera ont été écartés de la télévision traditionnelle américaine ; traditionnelle, c'est à dire, networks + linéarité + grand écran + mi-journée (daytime drama). A coûts de production constants, les audiences étaient trop faibles, les recettes publicitaires aussi. Mis à la porte après des années de loyale audience, voilà qu'ils reviennent par les fenêtres de iTunes, Hulu et Hulu Plus. Over The Top donc (OTT), ce qui signifie qu'ils seront regardés sur toutes sortes de supports numériques, à n'importe quelle heure, chacun à sa manière, n'importe où.
Trois possibilités seront sans doute offertes : sur Hulu (téléchargement gratuit avec publicité), sur Hulu Plus (dans le cadre d'un abonnement mensuel de 8 $), sur iTunes (achat pour 1 $ l'épisode ou 30 $ la saison). L'opération de Prospekt Park fait l'objet d'un financement par ABRY Partners (private equity, fonds spécialisé dans les médias).
Ainsi, "All My Children" (ABC / Disney 1970-2011) et "One Life to Live" (ABC / Disney1968-2012) seront de retour avec le printemps. Plus de grille mais un rythme, un rendez-vous. Format 30 mn (retour à la durée d'origine). Evidemment, l'humour des pseudo spécialistes - qui va rarement sans condescendance - s'en donne à coeur joie : les téléspectateurs des soaps ne savent se même pas se servir de Hulu ou de iTunes, etc. Médiocre sociologie, bien trop "spontanée" ! Les soaps, piliers de la culture populaire américaine, sont regardés à plusieurs degrés, les prétentieux insistant sur le second degré pour valider le premier. D'ailleurs, voyez House : le docteur misanthrope de la série (Fox) affiche sa passion pour les soaps. Excellente sociologie des stratégies de distinction ! Il faut de tout pour faire le public d'un soap, des médecins désespérés et des ménagères aussi (sur l'évolution récente des soap de la télévision américaine : lire "Soap opera : et la TV ne tournera plus tout à fait comme avant").
En France, One "One Life to Live" a été diffusé par TF1, "All My Children" aussi ("La Force du destin") mais quelques épisodes seulement. Le groupe y reviendra-t-il aussi par d'autres voies ?
Conclusions provisoires
- Petit à petit se mettent en place les remplacements de la télévision traditionnelle et la connivence du grand public avec les plateforme numériques
- Cette distribution est sans doute un test : des aménagements sont probables (modèle économique, format, rythme de mise à disposition, politiques des prix, etc.)
- Ce sont les contenus qui comptent, pas les chaînes, pas les supports technologiques même si l'on continue de dire "broadcast-quality"
- Une jurisprudence concernant les problèmes de distribution numérique s'élabore au travers d'accords avec les différentes "guildes"professionnelles : acteurs, réalisateurs et scénaristes, Directors Guild of America, Screen Actors Guild, Writers Guild of America)