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Brigite Koyama-Richard, Mille ans de mangas, Paris, 2007
247 p. Ed. Flammarion, Bibliogr., Glossaire, 39,9 € |
L'annonce du lancement, en automne 2013, d'une chaîne dédiée à la culture japonaise (J-One) a confirmé et couronné une avancée de la culture japonaise en France commencée il y a plus d'une dizaine d'années.
J-One sera reprise par les opérateurs Canalsat et Numéricable. Elle s'appellera J-One car elle diffusera certains de ses programmes une journée seulement après leur diffusion au Japon. Elle traitera de "cultures pop japonisantes" (
sic), ce qui devrait inclure les mangas, le cinéma, les séries, les jeux vidéo, les
animes,
etc.
Dernière mise à jour 3/4/2018.
Il existe déjà une chaîne de télévision spécialisée,
Mangas (crée en 1998, Groupe AB), ainsi que
Game One lancée également en 1998 dont une partie de la programmation concerne encore les
animes et les jeux vidéo (en 2001, Canal Plus a revendu la chaîne à Infogrames qui l'a revendue à Viacom). Enfin en octobre sera distribuée
Anime Digital Network (ADN) née de la fusion des plateformes vidéo rivales,
Genzai.fr et
KZplay.fr. La chaîne
NoLife, en revanche, a déposé son bilan en avril 2018. Elle avait été lancée en 2007.
La culture japonaise, exotisme, pour les Français, d'un "empire des signes" ? "Illusoire exotisme", dira Claude Lévi-Strauss. Sans doute... Le sabre, le chrisanthème, le go, le bonsaï, les estampes, le karaoké... "
patterns of culture" ? On peut rappeler le japonisme des impressionistes, de Van Gogh, de Claude Debussy (une estampe de Hokusai trônait dans son salon). "La folie Japon", titrera
L'Obs à la une (avril 2019), après
Julie (novembre 2013).
Depuis de nombreuses années, la culture japonaise est représentée dans les médias français par trois genres alliant "modernisme et tradition", comme le sous-titrait, à son lancement, le magazine
Planète Japon (mars 2005).
- les mangas, accueillis en France par une puissante culture de BD,
- les jeux vidéos : "Legend of Zelda", "Final Fantasy", "Pokemon"...
- les animes (version animée des mangas) qui ont conquis un large public, en commençant par le public des enfants et adolescents, notamment grâce à la télévision ("Goldorak", "Ken le survivant", "Dragon Ball", "Olive et Tom" !)
Mentionnons, pour mémoire, le groupe japonais
Rakuten (
e-commerce de type amazon) ; il a acheté
PriceMinister en 2010, lance en Europe un service de vente vidéo (
Wuaki.tv). Ce groupe qui fut l'un des premiers investisseurs de Pinterest, qui investit dans le sport et le voyage, pourrait être amené à jouer un rôle sur le marché français de la culture.
Hors des médias, la cuisine japonaise s'est faite une large place dans la restauration rapide et la gastronomie raffinée. Les arts martiaux ont également provoqué l'intérêt pour la culture japonaise : le judo d'abord, le karaté, sports où rituel et tradition (respect de l'adversaire, politesse) occupent une grande place. En revanche, les arts classiques et traditionnels (cérémonie du thé, ikebana, haïku...) ou la littérature (invitée d'honneur du Salon du livre en 2012) n'ont guère débordé les cercles spécialisés (
cf. Haruki Murakami, "Kafka sur le rivage", par exemple) et ont à peine affecté les médias. Seul le cinéma d'auteur, et encore, s'est approché du grand public : Kurosawa, Kobayashi, Mizoguchi, Imamura. L'exception vient des
animes : Miyazaki, auteur fameux de mangas est devenu populaire avec des
animes aux succès considérables : "Mon voisin Totoro" (1988), "Princesse Mononoké" (1997), "Voyage de Chihiro" (2001),
etc.
Dans la presse française, la culture japonaise a donné naissance à nombre de magazines et hors-séries. Pour les trente dernières années, on compte 120 nouveaux titres et hors séries consacrés, exclusivement ou principalement, à différentes formes de culture japonaise (source : Base MM) : arts martiaux, cinéma, séries, santé, animes, bonsaï (
esprit Bonsaï), cuisine (
Wasabi), estampes, gastronomie, jeux vidéos, tatouages, automobile, pêche, mode, érotisme, jardins, calligraphie,
etc., quelques gratuits pour les Japonais en France, surtout à Paris (cf.
Zoom Japon,
France NewsDigest, etc.). Notons encore le mensuel
Japon Infos : un regard différent sur l'archipel (2017), un trimestriel féminin pour enfants, publié depuis 2012 par les éditions Milan,
Julie Kokeshi ("kokeshi" désigne des petites poupées traditionnelles en bois peint,
cf. infra). En janvier 2017, paraît un nouveau trimestriel,
ATOM, consacré à "la culture manga" (9,9 €) ; en septembre,
Art of Japan (trimestriel, 14,9€, par Oracom). Signalons
Koï qui vise plus largement les cultures asiatiques en France.
Finalement, de toutes les formes de culture japonaise, après la cuisine, c'est le manga qui l'emporte en France, indirectement au travers des
animes, directement en volumes papier : "Akira", "Naruto", "Hikaru no go", "Death Note", "Fullmetal Alchemist", "One Piece", "Ranma 1/2"... 1 600 titres seraient publiés en France chaque année. Ce succès du manga ne cesse d'étonner les auteurs japonais...
N.B.
Pour ceux qui s'intéressent ou veulent s'intéresser au manga, signalons le bel ouvrage introductif de Brigite Koyama-Richard (
cf. supra) remarquable défense et histoire illustrée de l'art du manga.
Autres ouvrages évoqués :
- Claude Levi-Strauss, L'autre face de la lune. Ecrits sur le Japon, Seuil, 2011
- Ruth Benedict, The Chrysanthemum and the Sword. Patterns of Japanese Culture, Tuttle Publishing, 1954
- Roland Barthes, L'empire des signes, Seuil, 1970