La capitalisation boursière d'Amazon (248 milliards de $) est passée devant celle de Wal-Mart (233 milliards de $). La presse et la bourse en ont parlé, beaucoup.
Si le sens économique de la capitalisation boursière est discutable, au plan des symboles (image), en revanche, ce dépassement est remarquable. Premier distributeur mondial, la marque Wal-Mart est une institution de la vie quotidienne américaine, et notamment de la population la plus modeste. Wal-Mart, c'est l'Amérique profonde. Wal-Mart, il y a 50 ans, transforma la grande distribution ; Amazon qui vient de fêter ses 20 ans avec amazonPrime, la transforma à son tour.
Wal-Mart en seconde position ?
Globalement, les chiffres d'affaires d'Amazon et de Walmart sont incommensurables, mais Amazon domine Wal-Mart en matière de e-commerce pour le plus grand bénéfice des marchands utilisant sa place de marché qui représentent plus de la moitié des ventes. Amazon est le premier acteur mondial du e-commerce. Le succès (déclaré) de son Prime Day (pour 99 $, livraison gratuite sous 2 jours pendant un an, cf. infra) confirme la forte pénétration d'Amazon dans la population américaine, sa popularité croissante et sa pugnacité (le Prime Day deviendrait un Black Friday ?). Et sa capacité de fidélisation : on parle de 40 millions de amazonPrime members ! En riposte, walmart.com propose pour 50 $, un ShippingPass promettant une livraison gratuite en 3 jours... La bataille se livre à coup de livraisons, donc d'entrepôts, de robotisation... et de prix : Wal-Mart demande aux marques présentes dans les magasins d'investir moins dans le marketing et de baisser leurs prix (Every Day Low Price... ).
Avec 183 000 employés, le poids économique et politique d'Amazon est déjà formidable. Mais tellement loin encore derrière Wal-Mart avec ses 2,2 millions d'employés travaillant dans des milliers de magasins. Menacé, Wal-Mart se met au numérique, s'inspirant manifestement d'Amazon, juste retour des choses. Qui gagnera cette bataille ? Les consommateurs ? L'enjeu est culturel, opposant deux conceptions de l'aménagement du territoire commercial et de la vie sociale qu'elles engagent. Notons que la réputation des deux entreprises est médiocre quant aux conditions de travail : cf. dans d'Amazon, l'article du NY Times : "Inside Amazon", 15 août 2015 et la réponse d'Amazon). Voir aussi : "La gestion selon Amazon" ainsi que le livre de Jean-Baptiste Malet, En Amazonie. Infiltré dans le "meilleur des mondes".
Copies d'écran de walmart.com et de amazon.com (26 juillet 2015) |
1 commentaire:
Internet. Comme pour de nombreuses entreprises « réelles » ou plutôt physiques, Internet a été un choc : elles ont, pour la plupart, loupé le virage. Aujourd'hui Internet est partout et est LA concurrence première de toute entreprise physique. Pourquoi ? Parce que Internet profite de la « longue traîne » d'Anderson. De ce fait, elles augmentent les choix de biens pour le consommateurs et donc leurs attractivités ce qui découle sur leurs profits. Internet diminue aussi les coûts : Amazon a en effet douze fois moins d'employés que Wallmart mais son chiffre d'affaire est supérieur. Ceci est explicable à la fois par des coûts moins élevés (d'installation, de couverture du réseau par zone de chalandise, de salaires) et une législation moins dures que sur les entreprises physiques. Ainsi, la concurrence devient inégale entre ces deux entreprises : Wallmart ne peut suivre son concurrent dans les investissements notamment de part ses coûts fixes élevés.
Cependant, les entreprises nées d'Internet font face à une plus grande appréciation des consommateurs : leur business repose sur le bien vouloir des consommateurs ce qui les rend, dans un sens, plus vulnérables. Elles ont ainsi renversé le modèle d' « entreprise reine » et ont permit au consommateur de choisir et de devenir le réel « client roi ». Sur les entreprises dites « réelles », l'impact est énorme : afin de concurrencer au maximum ces nouveaux entrants sur le marché, elles cherchent à faire pression à la baisse des prix, ce qui impacte les fournisseurs en premier lieu et le consommateur lui-même dans un second temps : les produits de moins bonnes qualités se répandent. Ceci ne plaît pas au consommateur qui se tourne ainsi vers les entreprises d'Internet. C’est un cercle vicieux dont le consommateur est, pour l'instant, le roi.
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