Une histoire littéraire traitée comme un roman policier : Montaigne
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Philippe Desan, *Montaigne La Boétie. Une ténébreuse affaire*, Paris,
Odile Jacob, 382 p., 2024, 22.9 €
Ce n'est ni de la littérature ni de la philosoph...
dimanche 20 décembre 2015
Presse française : une année hors-séries
L'année 2015 aura vu paraître plus de 1200 titres nouveaux. Parmi ces nouveaux titres de papier, on compte deux tiers de hors-séries. L'innovation continue de la presse est manifestement le fait des hors-séries, c'est un plébiscite en acte de la loi Bichet. Comme l'indique l'histogramme ci-dessous, alors que le nombre de lancements de nouveaux titres diminue régulièrement depuis 2004, les lancements de hors-séries sont de plus en plus nombreux depuis 2012, rejoignant le niveau de 2008.
Comment les hors-séries sont-ils pris en compte dans les statistiques, diffusion et lectorat, de la presse ? Le terme de hors-série n'a de justification que réglementaire (les messageries de presse en produisent une définition complète : périodicité, présentation, etc.) : le hors-série est plus spécialisé que les numéros de la série habituelle sans la rompre absolument. Il est généralement concentré sur un sujet, sur un genre, un événement. Toutefois, les hors-séries ne sont pas considérés comme des produits presse papier à part entière (cf. les définitions par Presstalis).
Les thématiques qui contribuent le plus à la publication de hors série sont principalement la cuisine, l'histoire, les loisirs créatifs dont la création et la décoration de la maison. Les genres dominants sont le guide, le mode d'emploi, la recette, le savoir-faire, la didactique et, plus encore, le guide d'achat. Par construction, ces genres sont proches du genre publicitaire : faire connaître un produit, un service, un outil, en exposer les intérêts, les comparer, apprendre à s'en servir, trouver où l'acheter... ce sont là des objectifs publicitaires.
Alors que la presse d'information politique occupe le devant de la scène - de sa scène - relayée par les radios et la télévision, la presse que les consommateurs achètent est une presse utile, utilisable, une presse associée à la vie quotidienne à la maison. Presse domestique donc, qui trône au milieu du foyer. Déjà, au tout début de l'histoire de la presse magazine, triomphait Le Journal des connaissances utiles qui se voulait le "recueil encyclopédique de la famille" (hebdomadaire lancé par Emile de Girardin en 1831, 50 000 exemplaires chaque samedi).
En 2015, le prix de vente moyen du hors-série fut de 7,7€ (9,2€ pour un hors-série Histoire et 5,4€ pour un hors-série Cuisine). Le hors-série est cher ; son prix d'achat témoigne de l'intérêt que lui accordent ses lecteurs. Comme dit Presstalis, "le prix n'est pas un frein à l'achat". L'économie des hors-séries signale, pour la presse magazine, un modèle économique moins dépendant de la publicité et des "aides" à la presse.
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4 commentaires:
Comme vous l'avez souligné, les hors séries sont souvent spécialisés dans des produits ou domaines de compétences (type Cuisine , décoration, bricolage etc.), ces éditions spéciales sont donc un des canaux publicitaires pour les marques.
Mais en vu de l'évolution du rapport entre le lecteur et la presse papier (émergence du numérique) ainsi que le prix de ces hors séries (assez coûteux), est-il encore intéressant d'investir dans ce genre de magazines?
De plus, en vue des événements sociaux politiques actuels, il serait peut être plus intéressant de développer des hors séries dédiés à des événements comme par exemple; l'émergence de l'état islamique, comme ce qu'a fait le journal Courrier International avec un hors série sur "Daesh la menace planétaire" . Ce genre de hors séries pourraient intéressés bon nombre de personnes qui ont envi de comprendre le monde dans lequel ils vivent.
Bonjour,
Ce qui me semble particulièrement intéressant dans cet article, est le fait que les autres médias (radios, télévision…) relayent principalement la presse d’information politique, alors que ce n’est la presse que les consommateurs achètent le plus.
En effet, comme vous l’avez dit, les consommateurs sont prêts à payer des magasines qui leur proposent des choses concrètes, utiles (mode, recettes etc.), or la radio et la télévision ne mettent en avant que la presse d’information politique, à la limite économique, qui n’ont pas vocation à proposer des articles utiles, mais plutôt des points de vue sur le contexte économique et politique actuel.
Alors qu’on se pose la question sur l’avenir de la presse, il convient de rappeler que la presse magasine, hors séries inclus, n’est pas autant menacée que la presse « papier ».
Avec le phénomène des hors-séries, la presse magasine s’assure un certain rendement, puisque, comme vous l’avez dit, la presse magasine est considérée comme chère (prix de vente moyen 7.7 euros).
Ce prix peut se justifier notamment par le fait que les hors-séries ne sortent pas aussi régulièrement que la presse d’information, que ce sont des magasines qui prennent du temps à réaliser et qu’ils proposent des articles divers, et variés, pas en relation avec un événement précis.
Avec les fêtes de fin d’années, nous pouvons imaginer que le nombre de « hors-séries » va augmenter, notamment dans le domaine de la cuisine, ou de la décoration…
Il est fort possible que l'intérêt actuel du lectorat de la presse pour les hors séries, soit le fait d'un besoin de compréhension et d'identification des lecteurs. Il faut noter que ce genre de journaux se focalisant sur un aspect (que ce soit la cuisine, une culture particulière, la décoration...) correspondent à un problème/intérêt du quotidien des lecteurs, dans lequel ils peuvent s'identifier et se reconnaître. Par exemple, un parent au foyer peut avoir plus d'engouement à acheter un hors série (dans lequel il pourrait avoir accès à certains conseils qu'il juge nécessaires) qu'un titre de presse quotidienne lambda.
Du point de vue des annonceurs, ces données confirment le besoin de l'audience de presse à s'identifier au contenu du magazine acheté. Il peut être donc intéressant de savoir dans quelle mesure cela les inciteraient à privilégier la communication dans les hors séries d'avantage que celle dans la PQN ou dans les hebdomadaires.
Lorsque l'on achète un hors-série, nous ne sommes pas dans la même dynamique que dans l'achat d'un numéro classique. Le magazine sera donc plus chers mais on attend de lui qu'il soit également plus complet avec plus de rédaction, de contenu "exceptionnel". En effet, très souvent le hors-série ne traite pas forcément de l'actualité mais d'un sujet en particulier et en approfondi. Il peut alors être perçu comme un numéro de collection que l'on ne jettera pas, que l'on prendra plaisir à regarder dans plusieurs années et l'élasticité prix sera donc plus faible qu'un magazine classique.
Le fait que le lancement des hors-séries soit plus nombreux que les magazines classiques ne m'étonne pas. En effet, les titres vont se servir de leur notoriété et donc de leur lectorat mais vont également pouvoir attirer d'autres personnes, avec le sujet qui sera choisi. On remarquera également l'augmentation importante de hors-série "spécial sexe" l'été pour les magazines de culture/musique comme le font les Inrocks ou encore Technickart. Ce sujet étant indémodable et pouvant être décliné à l'infini, c'est également pour compléter le fait que les numéros seront moins fournis durant les mois de juillet/aout et ne pas délaisser son lectorat.
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