lundi 19 septembre 2016

Snapchat à la conquête du Monde ?


Qui l'eût cru ? Le Monde se presse sur le réseau Snapchat.

Echange : légitimité contre lectorat ? A coup sûr, on peut y percevoir le signe avant-coureur d'un changement de philosophie de la presse quotidienne nationale. Le Monde espère ainsi se mettre sur la longueur d'ondes des plus jeunes générations de lycéens et des universités, tandis que Snapchat se rapproche de la légitimation culturelle et du prestige qui font la réputation du Monde depuis sa naissance.
Bien sûr, il y a des messages publicitaires, dits "Snap Ads", associés à cette avancée, sous le forme de vidéos de 10 secondes. Des marques ont parié sur la présence de leur cible sur ce support.
Comment sera intégrée cette audience dans l'audience totale du titre ?

Si d'autres titres ont été embarqués sur Snapchat, Le Monde, seul, y symbolise un changement social de l'information. Double révolution : une grande partie du lectorat vit à l'heure numérique des smartphones, il est jeune, urbain, mobile, de plus en plus diplômé et donc féminin. Cible logique d'un "prestige newspaper" d'aujourd'hui.
Ce mouvement réaffirme que la presse ne se distingue décidément plus ni par un support matériel (papier, écran), ni par une périodicité, mais par des contenus et par leur qualité. Désormais, on attend l'information partout, sur le smartphone et sur l'ordinateur, dans la boîte aux lettres, sur le linéaire du supermarché ou d'un kiosque. A l'information de s'adapter, d'inventer de nouvelles formes.
Avec Snapchat, Le Monde s'adapte au mobile et au réseau social : un mois plus tard, The Economist le rejoint sur Snapchat.

D'ailleurs, il faudra bien, un jour, donner un nouveau nom à la presse, le mot "presse" n'évoquant plus rien pour les lecteurs d'aujourd'hui : Gutenberg et la presse à bras, c'est un peu loin pour cette métonymie, bientôt six siècles ! Quant à "lectorat", admettons que le terme convient mal à la vidéo...
Et puis, finalement, n'est-ce pas la moindre des choses pour Le Monde, qui a plus de 70 ansd'être de son Temps !


Références :
  • Ithiel de Sola Pool, Harold D. Lasswell, Daniel Lerner, The "Prestige Papers". A Survey of their Editorials, Stanford University Press, 1952. 
  • En 1944, à la Libération, Le Monde succède au quotidien Le Temps (1861-1942), quotidien "de référence".
  • Im-pertinences de la terminologie média 

10 commentaires:

Anonyme a dit…

Sur Snapchat, ce sont en grande majorité les utilisateurs qui créent le contenu. On peut donc légitimement se demander à quand la disparition du journaliste ou de l'éditeur ? Renforcée par l'arrivée des lunettes Spectacles, l'application ne cesse de pousser l'utilisateur à proposer du contenu informatif… Le Monde s'est donc implanté sur une application dont le modèle n'est pas le sien et dont ses lecteurs sont ceux qui offrent l'info aujourd'hui sur l'application.
Le Monde s'est-il passé la corde au coup en se mettant sur Snapchat…?
JeanBenoîtHenry226

Anonyme a dit…

Le Monde arrive comme un acteur innovant dans Discover. Il n'a pas peur de délivrer parfois du "hard news" sur une plateforme qui se prête plus au divertissement. Je pense que ces "millennials" que Le Monde souhaite toucher vont répondre positivement à cette nouvelle approche...
AnouarLmabrouk226

Unknown a dit…

En intégrant des journaux comme Le Monde dans son application, on peut se demander si Snapchat n'a pas pour objectif de toucher un public plus âgé et ainsi d'élargir son audience comme a pu le faire Facebook à ses débuts. Cette stratégie comporte toutefois le risque de voir les "millenials" se tourner vers une nouvelle application...

MarianGuillin226

Unknown a dit…

Avec l'arrivée de 7 médias français sur le réseau social Snapchat début septembre, la fonction "Discover" devient plus accessible pour les jeunes française. En effet, jusqu'à présent, le contenu médias de ce réseau social était principalement en anglais. C'est un nouveau moyen d'engager les "millennials" en leur proposant une application tout à la fois ludique et instructive.

Rafraîchissant

Le Monde étant libre d'éditer ce qu'il souhaite, le journal adapte sa ligne éditoriale à ce nouveau format -et se rapproche ainsi d'une audience qui délaisse de plus en plus la presse papier.

C'est un winwin pour les deux acteurs : Snapchat gagne en légitimité quand Le Monde optimise sa stratégie digitale.

Alix de Goldschmidt 226

Anonyme a dit…

L'intérêt pour Le monde est d'atteindre une cible qui a tendance a délaissé la presse et, en règle générale, les contenus payants. Le réel challenge pour cet acteur est de réussir à convertir cette audience en futurs consommateurs d'abonnements payants. La stratégie semble pertinente et en adéquation avec l'évolution du marché.
ChristopheMarinho226

Anonyme a dit…

Le Monde met en avant sa stratégie sociale et digitale en intégrant Snapchat, le but étant de toucher des nouvelles cibles et ainsi d'élargir son audience. Sur Snapchat, les contenus doivent être courts et concis pour assurer l'attention de l'utilisateur. Il faudrait voir sur le long terme comment Le Monde arrive à adapter ses contenus à ce nouveau support et si sa stratégie s'avère payante.

Louise Cibrario 226

Anonyme a dit…

La majorité des contenus proposés sur Snapchat sont des contenus de type UGC (User Generated Content). L’arrivée de Discover fait apparaître sur le réseau social des contenus de journalistes. Ces contenus sont formatés pour correspondre au format vidéo de Snapchat. En proposant des contenus éditorialisés, mais produits par des tiers, ce choix stratégique de Snapchat est intéressant. Le réseau social brouille les frontières et devient une plateforme. Le régime de responsabilité pèse sur l’éditeur et non sur la plateforme, Snapchat bénéficie dès lors de contenu de qualité avec un régime de responsabilité très avantageux. Cela va-t-il pour autant faire venir l’audience de Snapchat sur Le Monde? Rien n’est moins sûr. Néanmoins, la presse innove et c’est plutôt bon signe!

alicefauroux226

Anonyme a dit…

Lunettes Spectacles par Snapchat!!

Snapchat ne fait jamais rien comme tout le monde et la firme l’a prouvé une nouvelle fois en distribuant ses lunettes connectées dans des distributeurs automatiques éphémères.

Les Spectacles ont été présentées à la rentrée. Elles ressemblent à une simple paire de lunettes de soleil, mais elles intègrent une caméra et elles sont ainsi capables de filmer tout ce qui passe devant leurs verres. Grâce à ce système, l’utilisateur peut enregistrer rapidement tout ce qu’il voit en appuyant sur un simple bouton dissimulé dans une des branches des lunettes.
Une révolution pour Snapchat!

JeanBenoîtHenry226

Anonyme a dit…

Les français sont 8 millions à utiliser l'application Snapchat, cela représente du monde!
Avec déjà une forte présence sur les réseaux sociaux, (3,3 millions de fans Facebook, 6 millions de followers sur Twitter). Un français sur 2 consomme Le monde. Il était donc logique pour eux de faire partie des premiers médias français partenaires de Snapchat sur ce déploiement français. Leur objectif reste similaire à celui de l'édition papier et internet : Informer et donner les clés nécessaires à la compréhension de l’actualité française et internationale. L'écriture est nouvelle, l'audience de Snapchat est sensiblement différente de celle des autres supports de diffusion. Evidemment, en arrivant sur snapchat, le but du Monde est de mieux s'adresser à cette génération "digital native" que les éditions papier et internet ont du mal à toucher.
CharlotteTomaka226

Rey Laetitia a dit…

L'intervention de Laurence Bonicalzi, directrice régie de groupe Le Monde nous a permis de comprendre à quels enjeux répondait Le Monde en se positionnant sur une plateforme comme Snapchat.

Ils ont désormais une équipe de 7 personnes consacré au Discover du Monde, ce qui est conséquent. A travers une nouvelle écriture journalistique, le journal a choisi de se tourner vers une cible spécifique : la jeunesse. On y trouve un contenu innovant avec de la vidéo verticale tout en restant sur des logiques anciennes comme mettre l'information en ligne à 17h30, qui est la même qu’une édition journalistique classique !

Selon L. Bonicalzi, leur présence sur Snapchat est une véritable réussite qui a eu un grand effet et leur a permis de récolter de nouveaux revenus (50/50 entre Le Monde et Snapchat ) et de la data : grande valeur ajoutée pour les médias et leur business modèle en pleine reconversion.

Laetitia Rey.