"Rajeunir. Ce que vous propose la médecine anti-âge", Le Figaro Santé. Nos solutions pour votre santé, 100 p., 7.5 €
Bien sûr, tout le monde, à partir de l'adolescence, veut rajeunir. Puisque l'on n'a pas vingt ans très longtemps et que l'on ne dit guère, comme Paul Nizan, "J'avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c'est le plus bel âge de la vie" ; toute la vie, pourtant, on est nostalgique, on rêve de rajeunir. Voici donc un magazine pour mieux rêver, et penser à sa santé puisque nous sommes immortels, pour l'instant du moins !
Ce n'est pas des marmites du diable, comme Faust, dont nous parle Le Figaro Santé mais souvent de véritable médecine, de vitamines, mais aussi de sport, le tout avec une douzaine de pages de publicité. Avec des interviews : le plus intelligent, le plus franc, est celui du Docteur Antoine Piau dont "l'ordonnance anti-vieillissement" paraît un guide, le bon sens à portée de tous : d'abord, il faut marcher, et cuisiner, et puis sortir de chez soi. Quoi de plus simple ? Mais c'est un bien portant qui le dit... Notons que le magazine présente de belles infographies, plutôt claires, sur "les marqueurs du vieillissement" (pp. 54-55).
Et que faire de ses "données de santé" ? "Il faut apprendre à gérer ses données de santé" : mais comment, qui ? Comment se débrouiller avec le volume de données de toutes sortes que l'on accumule, petit à petit, d'ordonnances en analyses ? Interrogée, "l'experte" laisse les lecteurs dans le doute : "économisons donc nos données de santé". Soit, mais comment ? Ce magazine donne des recettes pour bien vieillir, pour mieux vieillir, en attendant. Ce n'est pas Mephistopheles qui parle, certes, mais chacune, chacun y trouvera un truc, une idée : les chaussures hi-tech (hoka.com), la danse, le sport toujours qui soigne le cerveau et les neurones (mais, attention, pas le sport que l'on regarde à la télévision, celui que l'on pratique un peu chaque jour, discrètement !). Donc, d'abord, il faut bouger : "le sport est un médicament de l'âme", aller au soleil ("vitamine D, vitamine star"), il faut faire fonctionner le cerveau qui ne s'use que si l'on ne s'en sert pas, etc. Donc le malade de la médecine anti-âge n'a pas d'âge, ou il les a tous.
Le magazine donne des recettes, des idées, suggère, avertit, divertit même. Car à quoi sert un magazine de santé ? A informer sur les maladies (celles que l'on a, celles que l'on n'a pas encore), à rassurer ceux, celles qui sont un peu malades ou craignent de l'être, à soigner aussi les malades imaginaires. Et rassurer ceux et celles qui sont en bonne santé surtout, car c'est là que se trouvent le lectorat et ses annonceurs. Knock, fameux médecin, le disait bien : "Les gens bien portants sont des malades qui s'ignorent".