Christian Lequesne, Ethnographie du Quai d'Orsay. Les pratiques des diplomates français, Paris, CNRS Editions, 2017, Bibliogr., Index nominum, 255 p.
C'est Sciences Po qui regarde les acteurs de la politique étrangère française dont une partie est formée par Sciences Po. L'auteur est professeur de Science politique à Sciences Po et, bien sûr, ancien de Sciences Po lui même (Strasbourg). Il a fait sa thèse sous le direction d'Alfred Grosser (Professeur à Sciences Po, Paris. On ne sort donc guère de la famille.L'auteur rend compte de sa pratique professionnelle, expérience qu'il a complétée par une centaine d'entretiens semi-directifs auprès de diplomates (pour l'essentiel).
Nous avons, malgré le titre, peu d'observations ethnographiques : "Observer en ethnographe la disposition d'une salle de négociation ou d'un bureau, l'organisation d'un repas, c'est comprendre le sens social qui est attaché à des notions globalisantes comme l'Etat, la souveraineté ou encore le droit international". Mais on en voudrait plus ! Christian Lequesne accorde une grande importance aux "actions banales" donc plus au "quotidien dans ce qu'il a de routinier", plus qu'aux crises (et il évoque ici la notion d'habitus de Pierre Bourdieu) ; ces actions banales que révèlent des répétitions correspondant à diverses "cartes mentales" (ensemble de principes d'orientations politiques) en disent effectivement davantage que les moments exceptionnels de la vie des diplomates.
L'ouvrage constitue une observation de ce monde diplomatique, de ses habitudes de pensée et de travail. Il s'agit plutôt de méthodes que de théories : " Il ne saurait y avoir de bons travaux de relations internationales sans une approche méthodologique qualitative des agents dans leur quotidien". Je trouve que le livre ne donne pas assez d'éclat au travail quotidien, banal des diplomates. Mais il y a quelques bonnes anecdotes ; je n'en retiendrai qu'une sans la commenter, ce serait trop facile : en 2015, le pape a bloqué la nomination d'un ambassadeur parce qu'il était homosexuel.
Donc un bon livre, mais encore un peu trop rapide, un bon manuel pour les étudiants de science politique à qui il manquera, quand même, l'analyse de contenu des entretiens...
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