dimanche 11 août 2024

N'apprenez pas l'anglais, vous le savez déjà !

Bernard Cerquiglini, "La langue anglaise n'existe pas". C'est du français mal prononcé, Paris, Gallimard, 2024, 196 p., Index des mots commentés, bibliographie. 

Bernard Cerquiglini est un bon linguiste. Normalien, Professeur des Universités, membre de l'OULIPO, auteur de nombreux livres, il a fait carrière dans l'étude et l'histoire du français mais, surtout, et le titre du livre le rappelle, il a gardé un peu d'humour : affirmer que la langue anglaise n'existe pas ne manque pas de culot ! Mais la démonstration rappellera aux Français les grandes étapes linguistiques de la conquête du monde par la langue anglaise, "vainqueur de la mondialisation". Victoire que l'anglais devrait au français - mais pas seulement - qui lui a fourni "tout ce qui a fait d'elle une langue internationale recherchée, employée, estimée comme telle". Conclusion : "l'essor mondial de l'anglais est un hommage à la francophonie", tel est le parti pris, a priori paradoxal, de ce livre.

La démonstration commence par un peu d'histoire, entre 1066 (bataille d'Hastings) à 1400, le français est d'abord la langue de l'Angleterre, puis il devient une langue seconde pour les Anglais raffinés. Ensuite, l'anglais l'emporte totalement mais en empruntant beaucoup de français : donc, "qui s'exprime en anglais parle largement français". Un résultat arithmétuque le souligne : 29% des mots anglais viennent du français, 29% viennent du latin, 26% du germanique. Après des chapitres historiques, vient un chapitre intitulé : "comment on a fabriqué la langue anglaise", dont la première phrase dit l'essentiel "la langue anglaise est un français régional". Mais le livre n'aborde pas les questions grammaticales ; d'où viennent les structures syntaxiques de l'anglais ? Qu'ont-elles de commun avec celles du latin et celles du français ? Et puis, quelles sont les conditions économiques et militaires de la domination de l'anglais ? Pour le reste, la démonstration est éloquente et le livre est bien conduit. Alors, améliorez votre anglais amis anglophones : mêlez-y donc un peu de français et de latin !


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