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Un débat prend de l'ampleur aux Etats-Unis, celui de la radio dans le téléphone portable. Certes quelques constructeurs (Sony Ericsson, HTC, Nokia, etc.) intègrent déjà un tuner FM dans certains de leurs modèles (de même que certains iPods de Apple, le Zune HD de Microsoft, etc.). Il s'agit de rendre cette présence obligatoire (bien sûr, il est possible d'écouter la radio en direct sur son portable via Internet ou une appli dédiée mais la réception est souvent hachée voire inexistante, faute de bande passante).
L'initiative provient des stations de radio (National Association of Broadcasters, NAB) soutenues par l'industrie phonographique RIAA (Recording Industry Association of America). Ces deux lobbys se font les défenseurs d'un principe qui s'applique ailleurs : l'obligation de transport (must carry) des chaînes terrestres reçues localement pour les opérateurs du câble, par exemple, ou encore l'obligation faite aux constructeurs de téléviseurs d'inclure un décodeur TNT. De plus, en cas d'urgence, de panne généralisée, la radio resterait le moyen le plus fiable d'avertir et informer la population (générateurs de secours). Les arguments en faveur de l'intégration d'un tuner FM dans les portables sont puissants : service public, intérêt général, défense du consommateur à qui l'on donne davantage de choix musical, d'information, défense des artistes. Et pourquoi pas une réception HD ?
Les fabricants (Consumer Electronics Association) considèrent que ce recours à l'action législative témoigne de l'incapacité de la radio à s'adapter à la modernisation du marché.
Le débat prend place dans le cadre d'une négociation difficile qui oppose radios et industrie musicale sur les droits d'auteur. Comme l'industrie musicale leur réclame de payer les artistes et les labels musicaux pour des diffusions, ce qu'elles ne font pas (à la différence des télévisions), les radios demandent, en contre partie, qu'obligation soit faite aux constructeurs de téléphone de rendre la FM accessible sur les termianux mobiles. Cette solution technique aurait l'avantage politique de réunir les deux parties dans l'intérêt des artistes : la NAB et musicFIRST Coalition qui défend les intérêts de l'industrie musicale.
On peut voir, dans ce débat, des intérêts strictements économiques s'habiller d'arguments, parfois fallacieux, de service public, de liberté d'entreprendre, de défense des arts et de l'innovation. Ce qui ramène le discours sur les médias à l'un de ses rôles, idéo-logique : euphémiser les intérêts économiques, les rendre acceptables.
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Une histoire littéraire traitée comme un roman policier : Montaigne
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Philippe Desan, *Montaigne La Boétie. Une ténébreuse affaire*, Paris,
Odile Jacob, 382 p., 2024, 22.9 €
Ce n'est ni de la littérature ni de la philosoph...
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