On avait prédit la fin inéluctable du mail, au profit du SMS, des messageries et des réseaux sociaux. Déjouant les prédictions, l'usage du courrier électronique (e-mail) continue de croître significativement (+11,6% au premier trimestre 2013). Manifestement, le mobile lui a donné un nouvel élan.
Selon Experian Marketing Services, le mail est à son tour une activité majoritairement mobile, tout comme les réseaux sociaux. On consulte, on ouvre, on classe, on répond, on archive, on recherche depuis un support mobile, tablette ou smartphone. L'archivage total est essentiel avec son classement, son accessibilité et son outil de recherche.
Le courrier est ainsi devenu l'écran le plus consulté (landing page, homescreen), le lieu où se mêlent courriers professionnels et personnels ; l'adresse mail est devenue un identifiant unique permettant de se connecter à un service. De plus, tout utilisateur de Facebook dispose désormais d'une adresse Facebook (du type cvbn@facebook.com). Selon une enquête de Toluna en Grande-Bretagne (1000 personnes, juin 2013), après la voix, l'activité (task) la plus fréquente sur un smartphone est le courrier, devant la photo et les réseaux sociaux, loin devant les jeux, la musique, l'information ou les achats...
Mis à jour le 4 juillet 2013
Les applis organisant la gestion du mail donnent lieu à des surenchères d'ergonomie. Mailbox (Orchestra) racheté en mars 2013 par Dropbox, en est la plus récente et la plus brillante illustration (cf. infra). L'enjeu est tel que Outlook (Microsoft), Gmail, Yahoo! Mail, Apple, chacun y va de sa réforme ergonomique. Yahoo! acquiert le gestionnaire de courrier et de contacts Xobni en juillet.
Reste le lancinant problème du spam : plus de la moitié du courrier reçu est non désiré, encombre, gêne, exige une gestion énervante, coûteuse. Reste aussi les usagers et maldroits et fatigants : avec l'appli, respecter un savoir-vivre élémentaire, une étiquette est encore plus nécessaire et sensible qu'avec l'ordinateur (cf. l'étude de Sendmail et Myers-Briggs).
Mail payant ou gratuit avec publicité ? La gratuité triomphe, mais elle inquiète. Si le service est "gratuit", c'est parce que nombre de fournisseurs "lisent" les courriers afin de cibler les messages publicitaires qu'ils y affichent afin de collecter quantité de données privées. La demande de data accentue la pression en faveur de la gratuité. Certains rêveurs, toutefois, continuent d'imaginer un service public postal, universel et gratuit, lié à la boîte aux lettres (bal) traditionnelle et à son marketing (cf. le travail du GIE balmétrie : on peut certainement concevoir une mesure hybride du courrier publicitaire).
L'annonce de la mort du courrier était très exagérée. Toujours cette "tentation du prophétisme" qui conduit à raisonner en fonction de ce que l'on croit qui doit être et non de ce qui est observé et que l'on sait. Piège dans lequel s'enferre parfois le journalisme des médias dont le lecteur professionnel attend les oracles ; le cas Meeker semble relever du même piège, tellement séduisant.
L'appli Mailbox dans iTunes |
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