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"A contresens sur l'autoroute de l'information", promettait le n°1, plutôt "méfiant" envers les technologies (juillet 2014) ; "La technologie est l'opium du peuple", assène le n°2 (octobre 2014), plus conciliant mais avec humour. Le titre cherche sa voix et son positionnement, son lectorat.
"Humanoïde" désigne ce qui a les apparences humaines. Allusion aux robots et automates (cf. "Googlenator ou Inspecteur Google"), à l'intelligence artificielle (cf. "Siri, Google Now et Cortana, la voix cassée des intelligences artificielles", dans le n°1) ? Voilà pour le contenu.
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A voir l'utilisation constante des smartphones, en toute circonstance, par tout un chacun, on peut s'interroger : quels besoins remplit cette sempiternelle connexion, quel rôle satisfait cette communication rituelle. Je connecte donc je suis : cogito numérique. Comportements religieux ? Soupirs des créatures opprimées ? Le mobile comme époux/se numérique tout comme l'automobile fut l'époux/se mécanique ? Folklore de notre monde (cf. Marshall McLuhan, Mechanical Bride: Folklore of Industrial Man, 1952) ?
Au plan politique circule l'idée, mais on n'y croit guère, que la technologie résoudrait tous les problèmes : transport, éducation, sécurité, économie, santé, emploi... Les paradis d'intelligence artificielle seraient proches. Is the singularity that near? Tel héros, tel people de l'économie numérique, tout auréolé à la une, "va-t-il sauver l'humanité ?" (n°2) demande le magazine, ironique à juste titre : avec le numérique, la tentation du prophétisme n'est jamais loin. Après l'article sur Elon Musk (n°2), excellent mais qui pourrait prendre plus de distance avec le journalisme people et sa réduction psychologiste des entreprises, on attend au tournant un article sur Uber...
Comme toujours le papier accompagne le numérique, comme un contrepoint. Déjà les anciennes techologies, radio, cinéma, TV, jeux vidéo avaient donné naissance à des dizaines de magazines papier grand public. Le magazine papier depuis longtemps est un média d'accompagnement des médias.
"Pas seulement le magazine papier de la société numérique, mais un magazine de société sur les nouvelles technologies" (édito du n°1), ceci positionne résolument le magazine comme un miroir où l'époque se regarde et se mire. Voici l'engagement de la rédaction ; allez savoir ce qu'est un "magazine de société" (en est-il d'autres ?). Comprenons généraliste, pas spécialiste ; nécessité pratique d'obéir aux classification marketing, de situer le titre sur les linéaires encombrés... Référencement.
La structure rédactionnelle ne varie pas d'un numéro à l'autres. Cinq parties : actualité, "décryptage" (sic), technobsession, hygiène numérique, objetisation. Une couleur à la une, un portrait aussi. Un photographe pour chaque numéro, belle idée.
Humanoïde est également disponible en version numérique, en ligne, sans appli.
Le magazine est agréable à lire, à feuilleter. Sa manière de prendre les problèmes demande de prendre son temps, douter, dérouiller les clichés du moment, langagiers ou visuels, pièges de l'actualité, qui freinent et énervent la réflexion. Sortir du credo intéressé des spécialistes pour faire voir la "grande image" où les technologies numériques prennent leur sens.