S'il ne l'a pas formellement demandé, le Président Obama aurait souhaité que les grands networks reprennent son discours de 14 minutes consacré à l'immigration illégale, question politique d'importance nationale à laquelle la population hispanophone est particulièrement sensible.
Les networks ont refusé de retransmettre le discours d'Obama, lui préférant les émissions prévues dans la grille initiale : ABC a diffusé "Grey's Anatomy", CBS "The Big Bang Theory", NBC "The Biggest Loser" et Fox "Bones". La raison invoquée : il s'agissait d'un discours politique partisan. On a pu y voir un engagement pro-républicain des networks. En fait, le choix était sans doute aussi économique : c'est la période des sondages d'audience locaux (sweeps) et le prime time du jeudi est important pour les stations.
Seuls PBS, le network de la télévision publique, Telemundo et Univision, chaînes hispanophones, ont retransmis le discours et bousculé leur grille pour lui faire une place.
En revanche, de manière inattendue, WNBC (DMA n°1), la station O&O new-yorkaise de NBC a préféré diffuser le discours du Président, en direct à 20 heures. WNYW, la station O&O Fox de New York, également, WLS la station O&O ABC de Chicago (DMA n°3). Les stations, dans chaque DMA, firent leur choix, local.
A Washington D.C. (DMA n°8), WJLA, la station affiliée ABC (Sinclair Boradcast Group) diffusa l'épisode final de la série "Grey's Anatomy" ("fall finale") tandis qu'à Boston (DMA n° 7), WCBV, la station affiliée ABC (groupe Hearst), lui préféra le discours présidentiel.
Cet événement politico-médiatique illustre l'inaliénable localisme de la télévision américaine et l'indépendance de programmation des stations, même lorsqu'elles sont des filiales owned and operated (O&O) de networks nationaux. Les stations locales ont d'abord le souci des téléspectateurs de leur marché.
On observe également que les chaînes nationales grand public restent indépendantes du pouvoir politique national.
Le déficit de couverture de l'événement a pu être partiellement comblé par la diffusion en avant-première d'une présentation vidéo (1 mn) du futur discours présidentiel par Facebook ; ceci ne manquera pas de conforter le réseau social dans son positionnement de concurrent majeur de la télévision.
Les networks n'ont certainement pas apprécié cette incursion de Facebook sur leur marché.
Le président Obama, sur Facebook |
8 commentaires:
Les networks ont sans doute préféré rester sur des programmes porteurs en termes d'audiences. Le jeudi soir est une des soirées les plus importantes pour eux et les recettes publicitaires y sont non négligeables.
Un autre point intéressant à noter est la place de plus en plus importante que prennent les réseaux sociaux dans les flux d'informations. Ils apparaissent maintenant comme des véritables vecteurs d'informations fiables. Pour preuves, la plupart des hommes politiques ont maintenant une page officielle sur Facebook et Twitter et s'en servent pour communiquer. Les grands médias et networks américains n'hésitent pas à s'appuyer sur les citations de ses hommes politiques postés sur les réseaux sociaux. Dans une logique d'intégration toujours plus forte entre ces différents vecteurs d'informations, il n'est même pas sur que les hommes politiques aient à faire encore un choix.
Le Président Obama n'a pas fait de demande officielle aux 3 grands groupes pour diffuser l’événement et pourquoi pas organiser une conférence de presse. Certains journalistes des grandes chaînes se sentent exclus des interventions de la Maison Blanche.
Communiquer sur les réseaux sociaux ne remplacera pas la puissance de la TV et sa capacité à réunir autour de grands événements
Sacha226
Effectivement, il est intéressant de voir que les grands networks n'ont pas voulu prendre de parti dans cette situation et ont laissé chaque station libre de diffuser ou pas le débat. Les Networks sont politiquement indépendants.
Mais bien que indépendants, certaines tendances se déssinnent. S’il est évidemment réducteur d’affilier les networks à une tendance politique spécifique, leurs lignes éditoriales compte tenu des messages sociaux, politiques et culturels sous-entendus par leurs programmes, séduisent forcément une certaine catégorie de téléspectateurs.
Une étude d’Entertainment Weekly, publiée le 7 décembre 2011, listant les programmes les plus suivis par un panel d’Américains « libéraux » et « conservateurs », révèle que les premiers regardent davantage de séries, avec une nette appétence pour les « sarcastic media-savvy comedies » (railleries humoristiques au fait de l’actualité) d’NBC et les « morally murky anti-heroes » (antihéros moralement ambigus) du câble, tandis que les seconds favorisent CBS et ses « stylized scripted procedurals » et semblent désapprouver les libertés permises par le câble. Il est donc difficile de rester neutre.
Il est intéressant de voir que des chaines aient décidé de ne pas miser sur un direct. Miser que l'on regardera plus sur une série qu'une intervention présidentielle est assez risqué de départ sur une autre chaine/ d'autres médias et en même temps révélateur d'une forme de désintérêt pour la politique de l'actuel président qui ne parait pas "bankable" vis-à-vis de l'audience.
Ce n’a jamais été facile pour Obama d’attirer les téléspectateurs. Déjà pour ses discours sur l’État de l’Union et sur l’État islamique, peu d’américains ont les regardé sur leurs télévisions. Les grands networks vont suivre la tendance de leurs téléspectateurs, s’ils préfèrent les séries, les networks doivent diffuser les séries. Mais pourquoi cette tendance ? Peut être les américains préfèrent maintenant regarder les discours du président sur les réseaux sociaux ou ils veulent simplement plus voir la politique sur la télévision. Heureusement qu’il y a les réseaux sociaux et les stations affiliées qui décident de diffuser les sujets qui concernent le développement de la société américaine.
Sten226
Dans cet article, il est étonnant de noter que les networks prennent la position de diffuser des séries dans le but de comptabiliser la meilleure audience possible. Les téléspectateurs américains sont donc davantage prêts à allumer leur poste de télévision pour un rendez-vous quotidien ou hebdomadaire avec leurs séries préférées que d'écouter l'intervention du Président de la République à leur égard?
Par ailleurs, le Président, Barack Obama, quant à lui, prend le parti d'intervenir sur les réseaux sociaux et de laisser les networks libres quant à la programmation de son interview. Or, malgré la puissance des réseaux sociaux actuellement, la télévision demeure le vecteur d'information capable de rassemblement du plus grand nombre à un moment précis.
#Bertille226
Il semble assez troublant qu'une programmation centrée sur des séries puisse prendre le pas sur une intervention du président en personne. Certes celles ci fédèrent mais cela semblerait inimaginable en France par exemple ! D'autre part il est tout a fait intéressant se voir que les réseaux sociaux continuent de jouer une place extrêmement importante dans la stratégie politique d'Obama à l'image de sa seconde élection au cours de laquelle Twitter avait jouer un grand rôle. En effet le Tweet du soir de son élection "four more Years" reste a ce jour l'un des tweets les plus partagé de l'histoire.
le fait de diffuser une série à la place d'un discours présidentielles, qui se veut en plus très spécialisé est une façon pour les chaines nationales de montrer qu'elles sont indépendantes et apolitiques, elles ne prennent aucun parti pour ne pas cibler un type d'audience mais au contraire le plus large public possible.
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