Une histoire littéraire traitée comme un roman policier : Montaigne
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Philippe Desan, *Montaigne La Boétie. Une ténébreuse affaire*, Paris,
Odile Jacob, 382 p., 2024, 22.9 €
Ce n'est ni de la littérature ni de la philosoph...
mardi 20 septembre 2016
Organisation du câble aux Etats-Unis : les silos du passé
L'association professionnelle américaine National Cable Telecommunications Association (NCTA), créée en 1951 sous le nom de National Community Television Council, s'appellera désormais NCTA — the Internet & Television Association. La référence au câble s'estompe et, avec elle, quelques décennies d'histoire de la télévision américaine (50% des foyers abonnés au câble mi-1980). L'association compte environ 150 membres, dont les principaux MSO comme Comcast et Charter.
L'association revendique ainsi de ne plus être définie par les silos du passé ("to reflect how the marketplace is no longer defined by the silos of the past"). Modernisation de la marque : on lâche télécommunications, on ajoute Internet. "Héritage de mots, héritage d'idées", titrait un vieux livre de philosophie qui demandait de "déballer la cargaison enveloppée dans les plis du langage" (Léon Brunschvicg, 1945). La NCTA déballe sa cargaison !
Au câble et aux câblo-opérateurs (MSO), la NCTA préfère se référer à Internet devenu à l'évidence le "média des médias" (Media mediorum !). Restent encore des silos, celui du satellite, et celui des opérateurs télécoms qui relèvent, tout comme les opérateurs du câble, des MVPD (Multiple Video Program Distributors) : Dish Network, DirecTV, Verizon, AT&T... En plus du câble pour distribuer des chaînes de télévision, les membres de la NCTA développent plusieurs activités connexes : Wi-fi, broadband, mais aussi téléphonie mobile, domotique, éditions de chaînes régionales, notamment sportives. De plus, des fusions et acquisitions récentes ont brouillé encore davantage la terminologie (DirecTV et AT&T, par exemple).
Avec ce troisième changement de nom en 65 ans, la NCTA espère redorer son image de marque alors que l'on ne cesse d'associer le câble au désabonnement (cord cutting, cord-never), de son médiocre service après-vente et de la réduction nécessaire de ses bouquets (cord shaving, skinny bundles). Moderne, la NCTA se veut "technology platform". Mais cette image risque d'être encore ternie par son conflit avec la FCC : la NCTA est hostile à la réforme des set-top boxes, elle est hostile à la neutralité du net. Le président de la FCC (parti Démocrate), qui présida la NCTA (1979-1984) a d'ailleurs rappelé à la NCTA que désormais ses membres représentaient surtout le broadband et de moins en moins le câble : “You are no longer the ‘cable’ industry. You are the leading association of leading broadband providers.” (cf. Deadline, May 6, 2016).
L'économie numérique impose une remise en chantier de la terminologie en cours dans les médias.
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2 commentaires:
Ce troisième changement de nom reflète encore une fois le changement sur le marché des télécommunications.
C’est particulièrement le cas pour l’industrie du câble, quand un grand nombre des utilisateurs résilient les services du câble et comptent davantage sur internet pour s’informer et se divertir. La NCTA avait déjà essayé d’enrayer la tendance par le passé, avec des résultats plus que mitigés. En 2013, l’association avait lancé une campagne multimédia - « the Hole Saga campaign » - dans laquelle ils mettaient en scène des acteurs dont le torse était perforé d’un grand trou censé représenter le « trou » laissé par quelqu’un qui résiliait du câble. La campagne, bien que volontairement tournée vers le ridicule, a majoritairement été perçue comme un désastre par les spectateurs et les médias (https://bgr.com/2013/12/09/anti-cord-cutting-ad-campaign-wtf/), et surtout, elle a suscité l’amusement, la moquerie, la consternation mais certainement pas une prise de conscience des utilisateurs, qui ont continué à abandonner le câble.
Enfin, la NCTA n’est pas la seule association des médias ayant abandonné le nom de l’industrie qu’elle représente en premier lieu pour redorer son image de marque. Il y a presque un mois, la Newspaper Association of America est devenue la News Media Alliance, un changement de nom qui lui aussi est largement dû à la tendance de production et de consommation des contenus d’actualités et de divertissement en ligne au détriment des supports médias papier aux Etats-Unis. (http://www.poynter.org/2016/the-newspaper-association-of-america-is-changing-its-name/428934/)
Ce changement de nom résonne particulièrement en France où la Loi Numérique d'Axelle Lemaire tente d'encadrer les « intermédiaires numériques », en créant le statut de "plateforme", sans pour autant créer d'autorité de régulation commune aux télécoms et au médias. Facebook, Google, Netflix, et autres GAFA/NATU intervenant dans le secteur des medias, doivent-ils tomber sous le coup de la régulation de l'ARCEP ou du CSA? Sont-ils éditeurs ou hébergeurs de contenus?
La réflexion devra sûrement être menée au niveau européen, ces "plateformes" renversant les logiques nationales et les silos régulant actuellement le secteur des médias et des télécommunication, en effaçant les frontières, la linéarité et la temporalité de la consommation des contenus audiovisuels.
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