Nietzsche philologue
-
Friedrich Nietzsche, *Traité appelé La joute d'Homère et Hésiode*, *Certamen
quod dicitur Homeri et Hesiodi*, E codice florentino, Les Belles Lettres,
2...
jeudi 29 décembre 2016
Le câble américain investit la domotique
La proximité des médias avec la domotique est logique : les médias électroniques passent par l'équipement du domicile, par les connexions Internet et par le câble ou le satellite, les télécoms : smart home, maison connectée.
Pour les foyers, le souci de sécurité rencontre le confort de l'automatisation et de la gestion à distance (protection de biens, éclairage, rideaux, volets, serrures, portes, audio, température, etc.). La gamme des services s'étend avec le développement des serveurs vocaux comme Amazon Echo (Alexa), HomePod (Apple) ou Google Home. La plupart des services de domotique se pilotent avec des applis de smartphones (Apple Home, Echo, Android) tout comme de nombreux appareils ménagers (téléviseur, machine à café, aspirateur, etc.).
Comcast, le principal Multi System Operator (MSO), a annoncé en juin 2016 sa volonté de prendre le contrôle de Alarm.com, entreprise spécialisée dans la domotique, si toutefois la Federal Trade Comission (FTC) autorise ce rachat. Or Alarm.com se propose de racheter Icontrol Networks, sa principale concurrente. L'opération, si elle aboutit, mettra Comcast en situation dominante dans le domaine de la domotique (Smart Home As a Service). Domination qui peut s'apprécier au nombre de clients mais aussi au nombre de brevets décisifs que détiennent ensemble Icontrol et Alarm.com (qui développe Xfinity Home, de Comcast). Icontrol collabore déjà avec des câblo-opérateurs : Cox, Comcast, Rogers (Canada), Bright House Networks... De plus, Icontrol a des ambitions internationales : l'entreprise collabore déjà au Japon avec des opérateurs du câble et en Australie avec Telstra. MàJ : en mars 2017, Comcast acquiert Icontrol, ce qui ouvre une nouvelle ligne de business. Un centre d'excellence IoT sera créé à Austin (Texas) où est implanté Icontrol.
Au-delà des équipements domestiques, la domotique vise le marché des petites et moyennes entreprises (Comcast avec SmartOffice, pour la vidéo surveillance notamment).
En août 2017, Comcast passe un accord avec Sunrun pour installer des panneaux solaires chez ses abonnés. MàJ : novembre 2017 : De son côté, le MSO Altice USA qui se veut "one-stop-shop" pour les foyers connectés propose des produits Nest (filiale de Google) à ses abonnés : thermostats, Nest Cam / Nest Aware, détecteurs de fumée, etc. (octobre 2017).
Le développement de ce secteur (sécurité, énergie domestique, home automation) est visé par les grande entreprises du numérique et des médias qui peuvent y espérer complémentarité et diversification de leurs empires : Google, Amazon, Apple, Comcast. Du coup, la définition du périmètre de concurrence est bouleversée par leur entrée sur ce marché comme dans celui de la publicité extérieure qui se numérise. Tout secteur économique qui se numérise voit se redessiner radicalement son périmètre de concurrence.
Labels:
Alexa,
Altice,
amazon,
Apple,
automatisation,
câblo-opérateurs,
Comcast,
concentration,
connected TV,
Cox Television,
domotics,
DOOH,
énergie,
FTC,
Internet of things,
Nest,
Rogers,
smart TV,
Telstra,
xfinity
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
4 commentaires:
Très intéressant, comme à chaque fois. Merci François !
Je l'ai posté sur LinkedIn, comme les précédents (qui ont tous un large succès d'audience !)
https://www.linkedin.com/pulse/activities/bruno-schmutz+0_2XUV--clK1zLiYyY4WKT9C?trk=nav_responsive_sub_nav_yourupdates
J'en profite pour te souhaiter une bonne année 2017 !
Amitiés
Bruno
La question derrière ces rachats est encore et toujours celle de la possession et de l’utilisation de la data : quelle qualité, et quelle profondeur ?
Google reste l’acteur le plus avancé dans la collecte de données à 360° sur l’utilisateur, et cela ne fera que s’accélérer avec son arrivée dans tous les domaines de la vie quotidienne : médecine, automobile, télévision, etc.
Pour Comcast, premier cablo-opérateur américain, qui détient l’ensemble de la chaine de valeur publicitaire, de la distribution de câble à la production et à la diffusion de contenus via ses networks, la collecte de données via le foyer connecté représente une diversification puissante.
Reste à savoir quel traitement sera fait des données collectées, et surtout quel croisement : le conglomérat pourra-t-il matcher ses foyers abonnés à leur consommation énergétique par exemple, afin de leur délivrer la bonne publicité ciblée via leur télévision ?
Les possibilités semblent infinies, et les autorités de régulation un peu dépassées par la convergence des secteurs.
Il existe un second point, découlant du premier point soulevé par Claire : il s'agit du risque de piratage de ces composants de domotique, et donc de celui des données de l'utilisateur.
Les résultats d'une étude sur les risques de piratage liée à la domotique, lancée par Kaspersky Lab en 2015, sont sans appel : pratiquement tous les appareils testés se sont révélés vulnérables. Ce constat a été vérifié dans les actualités récentes avec l'attaque par déni de service (DDoS) dont a été victime l'hébergeur de données OVH, résultat du piratage plus de 150 000 caméras de sécurité. Une attaque similaire a paralysé le service DNS Dyn. En parallèle, de plus en plus de vidéos YouTube font sensation en montrant comment pirater un système d'objets connectés.
La sécurité sera est donc un véritable enjeu pour des opérateurs comme Comcast qui investissent dans la domotique : elle doit s'opérer au niveau des objets, des terminaux qui les contrôlent, des réseaux transportant les données et au niveau des serveurs qui les stockent. On voit bien que les opérateurs sont au centre de la chaine de valeur de la sécurité et c'est pour cela qu'ils devront investir en parallèle sur l'acquisition ou le développement de solutions performantes de cybersécurité et de cryptage.
Enfin, un autre défi sera celui d'éduquer l'utilisateur à prendre ses précautions pour minimiser les risques.
D’une part, le positionnement de la part des opérateurs sur ce type de technologie est assez logique, ces acteurs détiennent les infrastructures nécessaires pour acheminer les données collectées et générées par ces objets connectés. Selon l’étude Gartner, le nombre d’objets connectés devrait dépasser les 20.5 Milliards à horizon 2020. Sachant que les volumes de données collectés ne cessent d’augmenter, les capacités des réseaux de télécommunications doivent augmenter également.
D’autre part, les GAFAM ont le pouvoir financier et l’expertise technique de développer des technologies domotiques facile d’utilisation et accessible à tous. De plus leurs capacité financière et leur aura « mondiale » leur permet de proposer des produits à un prix tout à fait raisonnable pour pénétrer le marché. En plus de cette stratégie de prix agressive, ils développent souvent des campagnes marketing puissante ce qui offre une visibilité internationale aux lancement de leur produit (Google Home Campagne en cours actuellement).
Si ces technologies domestiques constituent un réel enjeu stratégique pour ces entreprises, c’est due à la source de data qu’elles constituent. Les GAFA ayant trouvé un moyen de générer de valeur grace aux données des utilisateurs, ils sont prêt à investir des sommes importante pour créer des nouvelles sources de données.
Dans un contexte où la neutralité du net est remise en question aux US, une alliance entre ces acteurs semble incontournable notamment sur ce point. Allons-nous voir apparaitre de simple deals entre opérateurs et GAFA, ou une redistribution des cartes ? Les GAFA deviendront-elles des opérateurs pour avoir un contrôle total du flux d’information ?
Enregistrer un commentaire