vendredi 7 décembre 2018

Comcast - Disney, match retour sur terrain numérique


Walt Disney, client de Google Ad Manager
Comcast et Disney, deux méga-groupes de divertissement télévisuel, se sont opposés dans une double bataille pour l'achat. Disney a emporté XXI Century Fox tandis que Comcast emportait finalement le réseau européen Sky aux enchères.

Jusqu'à présent, Disney (ABC, ESPN) utilisait les services de Freewheel pour la gestion publicitaire (video adserving). Or FreeWheel appartient à Comcast.
Disney a donc lâché Freewheel. Et que pensez-vous qu'il arriva ? Ce fut Google Ad Manager qui l'emporta. Superbe occasion pour Google de pénétrer plus avant le marché publicitaire de la télévision :"With this new relationship, Disney will bring its entire global digital video and display business onto Google Ad Manager, which will serve as its core ad technology platform", déclare Google Ad Manager dans un bref communiqué de presse.

Effet indirect des fusions et acquisitions, des démantèlements en tous genres et des recompositions. Paradoxe étonnant : Disney, comme les autres grands groupes de télévision (AT&T, CBS) redoute Netflix, alors ils s'allient à Google à qui appartient YouTube... Pour Google Ad Manager, c'est assurément le marché du siècle ("a strategic relationship") que de prendre en charge et orchestrer la totalité du numérique publicitaire de Walt Disney (mobile, vidéo, display, applis, streaming aux Etats-Unis et à l'étranger) ; on parle d'un budget de dizaines de millions de dollars ! N.B. Google Ad Manager compte déjà de nombreux clients dans la télévision américaine : CBS (dont CBS All Access), AMC, A&E Networks, Bloomberg, Lifetime, The CW, BBC America...

Tout ceci confirme combien le marché de la télévision est la proie primordiale des GAFAM / FAANG : Netflix, Google, Apple, Facebook, Amazon ne pensent qu'à la télévision, depuis toujours. Chacun s'y attaque à sa manière.

Références

7 commentaires:

Pauline Varnusson a dit…

A noter que l'accord signé entre les deux géants n'a rien à voir avec le lancement de Disney Play (ou Disney+), selon ces derniers.
En effet, la plateforme de streaming vidéo du studio, prévue pour fin 2019, n'est pas censée inclure de la publicité (business model basé sur l'abonnement).
Les deux sociétés ont cependant évoqué leur désir de développer main dans la main de nouvelles technologies dans le domaine de la vidéo, des appareils mobiles, et des applications, avec pour maître mot la personnalisation des services.

Roselaine Boudjellal a dit…

Ces accords interviennent aussi à un moment clé pour le marché américain : les entrées salles stagnent, nous avons aussi vu une accélération du phénomène de « cord-cutting », Netflix qui raffle tout sur son passage...
Disney prévoit d’affronter directement Netflix avec une contre offensive nommée Disney+ avant la fin 2019 dans le monde entier, tout en étant majoritaire dans Hulu et opérateur d’un service de streaming sportif ESPN Plus. Ce que j'ai plus de mal à comprendre, c'est la position de Comcast, qui, en qualité d’opérateur câblo et télécom aux Etats-Unis et maintenant en Europe, a choisi la voie du partenariat avec Netflix aux Etats-Unis, en distribuant le service de SVOD sur sa plateforme XFinity. Alors qu'en Europe, Comcast mise sur Sky et ses 27 millions d’abonnés pour rivaliser avec Netflix et Amazon. A la fois on souhaite lui déclarer la guerre et en même temps on s'allie... Les ennemis de mes ennemis sont mes amis...

Marion Laloux a dit…

Bonjour,

Merci pour cet article qui montre que finalement en voulant concurrencer Netflix, Disney se rapproche d'un autre concurrent indirectement Google. On peut se demander pourquoi Disney ne développe pas son propre service pour la publicité afin d'être indépendant des GAFA et autre géants.

Merci encore

Valentine Tucoulat a dit…

La vente de 21st Century Fox donne surtout naissance à deux mastodontes des médias, aux Etats-Unis dans un premier temps mais surtout dans le monde entier. Ces deux groupes se posent ainsi comme concurrents solides aux plateformes de vidéos en ligne comme Netflix et Amazon qui sont à présent des acteurs incontournables de la vidéo.

Gabriel Sfeir a dit…

La domination de Google et de Facebook sur le marché de la publicité digitale inquiète de plus en plus bien que peu de mesures concrètes soient mises en place pour remédier à cette situation.

En confiant la gestion de sa publicité à Google, Disney ne fait que renforcer cette tendance de monopole et permet à Google d'ajouter un nom de plus à sa liste de clients prestigieux...

Louise Goin a dit…

Cette nouvelle alliance permet à Google de confirmer à nouveau sa position de leader sur le marché publicitaire. À défaut de combattre les GAFAM, le choix de Disney vient réaffirmer leur toute puissance, alors même que ce sont eux qui menacent aujourd'hui le marché audiovisuel. En effet, à l'image de Facebook, Amazon ou de YouTube pour Google, les géants du web s'emparent progressivement de la vidéo. Il faut alors se demander si Disney ne s'est pas tiré une balle dans le pieds avec cette alliance ; le géant Google, lui, s'octroie quand à lui une nouvelle part du marché audiovisuel avec succès.

Barbara Shabynina a dit…

Je suis d'accord avec Gabriel. En réalité, la gestion de la publicité de Disney par Google Ad Manager peut renforcer la position de Google dans ce secteur. Et Google est déjà un leader dans ce domaine. Parlera-t-on même plus de duopole mais de monopole?.. Très intéressant de regarder Amazon dans ce contexte puisqu'ils sont les seuls à avoir le pouvoir du commerce. Beaucoup d'évolutions intéressantes sur le marché de la télévision à venir!