Peter Szendy, Pouvoirs de la lecture. De Platon au livre électronique, Paris, La Découvrte, 197 p.
Partant de Platon pour arriver au livre électronique, Peter Szendy effectue un long voyage dans la culture livresque occidentale (mais rien sur la culture chinoise, arabe, japonaise ou indienne, entre autres) ; une bonne douzaine d'auteurs sont évoqués, plus ou moins longuement. Ce dont il est question n'est pas seulement le contenu des livres mais la manière dont on les lit, dont ils sont lus.Et puis, l'auteur passe à la scène du procès du roman de Gustave Flaubert, Madame Bovary, qui se déroule au tribunal correctionnel de Paris, le 29 janvier 1857. On entend, ou l'on lit, le réquisitoire de l'avocat impérial (il raconte le roman avant de le citer) et la plaidoirie de l'avocat de Flaubert.
On en vient ensuite au Léviathan de Thomas Hobbes, traité comme "machine à faire lire qui s'organise de façon strictement parallèle à la machine à gouverner" ce qui, conclut Peter Szendy, fait du Leviathan "un grand appareil à gouverner-lire". Le traité de Thomas Hobbes s'avère une "machine à (faire) lire". A voir, il faudrait le relire pour être convaincu...
Et puis, il y a Paul Valéry et Mon Faust. Paul Valéry dénonce : "L'évolution de la littérature moderne n'est que l'évolution de la lecture qui tend à devenir une sorte de divination d'effets au moyen de quelques mots vus presque simultanément et au détriment du dessin des phrases. C'est le télégraphisme et l'impressionnisme grossier dû aux affiches et aux journaux. L'homme voit et ne lit plus." Et Paul Valéry de conclure : "C'est fini, les papiers et les signatures. Les écrits d'aujourd'hui volent plus vite que les paroles, lesquelles volent sur la lumière". On dirait du Vladimir Maïakovski ou du Marshall McLuhan !
L'inventaire de Peter Szendy se termine avec Walter Benjamin qui "déballe sa bibliothèque" et semble s'intéresser au mouvement de la collecte plus qu'à l'accumulation pétrifiée, plus à "l'acte de collectionner" qu'à une collection.
Et j'en passe. Certaines démonstrations sont convaincantes telles celle de Platon, du Léviathan ou de Mon Faust, d'autres, à mon avis, le sont moins. Il y a des rabachages inutiles et "modernes" (toujours les mêmes Heidegger, Blanchot, Certeau, etc. ). L'intérêt du livre est de faire lire en s'interrogeant sur la lecture : l'auteur y parvient... et nous lisons !
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