L'évolution du marché américain de la vidéo semble s'effectuer au profit de la grande distribution.
Dans les années 1980-90, Blockbuster met en place sa chaîne de magasins spécialisés ; Walmart et Kmart (supermarchés) vendent des DVD, Best Buy (GSS) aussi. Une dizaine d'années plus tard, Netflix, nouvel arrivant recourt à la voie postale pour faire parvenir et récupérer les DVD loués à ses abonnés. Le magasin est en ligne, la commande et sa gestion, paiement inclus, s'effectuent sur un site Web. Modèle mixte, off et online : 20 millions d'abonnés. Nouvel arrivant aussi, Amazon vend des DVD (transaction en ligne, acheminement postal). Sur le modèle des machines à monnaie (self-service coin-counters), redbox, InstaFlix et Blockbuster mettent en place des réseaux de distributeurs de DVD (video rental kiosks).
La grande distribution tient le marché du DVD. Elle effectue maintenant son virage online.
- Best Buy (GSS) entre dans le marché du streaming avec l'acquisition de CinemaNow fin 2008.
- Après un premier essai manqué avec HP en 2007, Walmart, premier distributeur mondial (9 000 magasins), rachète Vudu (streaming) en février 2010. Appli iPhone pour le catalogue.
- Sears Holdings, qui regroupe Kmart et Sears, lance fin 2010 Alphaline Entertainment. Le consommateur accédera à un film en même temps que sa sortie en DVD, pour le louer (4 $) ou l'acheter (20 $). Le service devrait être multi-plateforme (mobile, etc.).
- Amazon InstantVideo entre sur le marché du streaming également.
- iTunes passe de la musique à la vidéo pour louer et vendre des programmes mais propose également un boîtier de connection Web / téléviseur.
- YouTube triomphe sur le Web mais le cinéma et les grandes séries TV lui échappent.
- Des boîtiers / players permettent de transférer ce qui est sur le Web vers le téléviseur (Apple TV, Boxee, Roku) et relaient Vudu, Netflix, Amazon...
- Pour conquérir ce marché, la grande distribution, généraliste ou spécialisée, dispose de nombreux atouts maîtres, transférables aisément à la distribution de vidéo : relation clients, connaissance des consommateurs, bases de données, facturation, cartes de fidélité, clientèle fréquentant régulièrement ses points de vente, capacité de promotion croisée (cf. Vudu / Walmart, Tesco / blinkbox), expérience de la vente en ligne. Par construction, elle est au coeur même de l'articulation on-line / off-line, le prochain champ de bataille du commerce.
- On observe, à l'oeuvre, le fonctionnement d'une économie de transition (et non de simple substitution). Les trois modes de distribution coexistent et tous les trois restent dynamiques. Ainsi, la distribution "sur place" via DVD continue de se développer (cf. instaFlix, flilale de NCR, distributeurs de billets). La plupart des entreprises de distribution vidéo sont actives sur deux ou trois segments (cf. supra, schéma). Cette articulation des trois modes / segments semble vertueuse : ainsi de Netflix qui invite ses abonnés au transfert progressif du DVD à la VOD en ligne, et les accompagne dans cette lente évolution pour ne pas les perdre (taux de churn très bas).
- L'approche multiplateforme se développe : distribution sur tablettes, smartphones, consoles de jeux vidéo, en plus des téléviseurs, des ordinateurs et des enregistreurs numériques (TiVo).
- Quand cette distribution passera-t-elle au cloud computing, logique et ultime étape qui facilitera la gestion des stockages personnels, comme le pratiquent déjà entre autres Amazon et iTunes?
- Dans la distribution vidéo, les chaînes de télévision (networks) semblent marquer le pas. Ensemble, elles ont mis en place hulu (ABC / NBCU / Fox), reproduisant pour la VOD leur modèle gratuit publicitaire (ciblage avec adSelector, de Publicis), puis Hulu Plus. Elles utilisent aussi leurs sites pour diffuser leur programmes. Fox a abandonné Bitbot, diffusion de la vidéo sur smartphones, en revendant Fox Mobile Group. En revanche, en mai 2011, le bouquet satellite Dish Network a racheté Blockbuster.
- Sans doute, en dernière instance, l'initiative est-elle laissée par les networks aux studios auxquels ils sont adossés (Disney / ABC, NBC / Universal, Fox, etc.).
- Le marché publicitaire associable à la distribution vidéo via streaming est théoriquement considérable, notamment pour la publicité vidéo. Il sera nécessairement multiplateforme (la sélection, la transaction commerciale et la consommation n'étant pas nécessairement effectuées sur la même plateforme), et recourra aux formes les plus avancées du ciblage affinitaire (pour ne pas déranger le destinataire) : marketing comportemental, ciblage langagier, etc. A moins que les consommateurs ne préfèrent payer plutôt que de supporter une publicité qui les dérange...
- Et en Europe ? Faut-il imaginer, en France, Carrefour, Leclerc, FNAC, Casino, Darty, etc. se lancer dans ce métier ? Ils sont déjà implantés dans la distribution en ligne et vendent des DVD. Restent les accords avec les studios... En Grande-Bretagne, Tesco (grande distribution) a racheté Blinkbox en avril 2011... pour le revendre en janvier 2015 à TalkTalk. Concurrence de Netflix ?
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3 commentaires:
Best Buy et Blockbuster sont tous deux avec Cinema Now ?
En France les FAI ont trusté le marché avec leur Box + forfait tripple play. Côté distribution y a t'il un acteur qui a la même aura que Best Buy ou Wallmart? Virgin et la Fnac n'ont pas émergé sur la musique en ligne... La VoD sera t'elle leur planche de salut ?
Depuis 2009, Blockbuster a un accord avec CinemaNow qui lui assure une présence en ligne (accord avec Sonic Solutions pour le SDK donnant accès à toutes sortes d'appareils).
Depuis juin 2010, Best Buy utilise CinemaNow pour la vente et la location en ligne. En fait CinemaNow répond à deux demandes homologues de distributeurs off-line.
Derrière tout cela, il y RoxioNow, qui collabore avec Widevine (pour le DRM), Widevine que Google a racheté en décembre 2010... Widevine en qui les studios font confiance...
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