mardi 24 février 2009

Victorieuse défaite de Facebook


Question du quotidien espagnol El Pais à propos de la reculade de Facebook devant des protestations d'usagers (il s'agissait, cette fois, de la propriété privée des données partagées et de leur utilisation publicitaire par des tiers) : qui a le dernier mot, l'entreprise ou le client "¿Quién tiene la última palabra, los empresarios o los clientes?"). Les usagers ont eu le dernier mot, au terme d'un mouvement social éclair, efficace : réussite de la socialisation numérique et de sa démocratie directe. "Los usarios dan una leccion a Facebook". C'est la deuxième leçon administrée par les usagers, la première concernait déjà la publicité (2007). 

Commentaire
  • Internet est un lieu d'expérimentation sociale à bon marché. Tout internaute est bêta testeur, à ses risques et périls (arrêt d'application, etc.). Facebook, entre autres, est un énorme focus groupe, continu. Les blogs associés aux développements nouveaux jouent le même rôle. Crowd sourcing généralisé. Ce que l'on reprochait à Microsoft il y a quelques années est banalisé et accepté ...
  • Pourquoi n'y a-t-il pas davantage de manifestations et de contestations virtuelles efficaces ? C'est parce que le réseau social rassemble que peut s'y exprimer une opposition. Les entreprises virtuelles sans communauté effective donnent moins prise au rassemblement social. Partie du blog The Consumerist, la contestation s'est exprimée sur Facebook par la création de groupes de milliers de membres. Paradoxe ? Non, n'est-ce pas sur le tas, à l'usine, dans l'entreprise que s'expriment le syndicat, la grève (occupation d'usines, d'entreprises, etc.) ? Le réseau social construit une communauté d'intérêts, un lieu commun (virtuel), des moyens d'expression. N'a t-on pas vu des manifestations d'avatars et même une grève sur Second Life ? L'action politique et syndicale cherche ses modes d'expression numérique ; la récente campagne présidentielle américaine l'a mis en évidence. Ce mouvement contre Facebook sur Facebook le confirme.
  • Difficile pour des usagers d'autres médias de manifester leur point de vue, leur ressentiment autrement que par l'abstention, individualiste : ne pas regarder, utiliser, ne plus acheter, se désabonner. La sanction est lente à venir, peu visible dans le court terme. Il y faut du temps, de la patience, etc. Et il n'y a toujours pas en France de réelle procédure de class action comme on la connaît en Amérique du Nord. 

2 commentaires:

Martin Lyonnais a dit…

Tant que Facebook n'est pas présent sur les marchés financiers, toutes manifestations virtuelles, fermetures provisoires ou définitives de compte et actions en justices ne peuvent avoir le même effet que pour des sociétés cotées.Facebook fera donc plus "attention"(au niveau de ses réclamations, pas de ses données personelles!!!) à ses "virulents" utilisateurs!

Simona Candrian a dit…

A côté de la critique pour Facebook, je suis heureuse que Facebook (au minimum) essaie de respecter les usagers. Je ne connais pas exactement le cas, mais je suis sûr, que ce qu’ils n’ont pas réalisé en 2009 est jusqu’à maintenant réalisé. J’ai lu que après ce cas, ils ont créé un groupe dans lequel les usagers peuvent donner des propositions pour améliorer le « Bill of Rights and Responsibilities ». Je n’ai jamais parlé avec quelqu’un qui y a participé et je n’ai pas pu trouver ce groupe sur Facebook maintenant, mais un group similaire serait une bonne idée de Facebook. Pas une autre entreprise a des meilleures conditions pour intégrer les consommateurs à ces décisions, il faut en bénéficier ! La réputation de Facebook pourrait aussi s’améliorer avec une plus forte intégration des usagers dans le business Facebook.