Nielsen analyse l'usage du SMS par les adolescents et jeunes adultes américains (catégorie hétérogène regroupant des filles et des garçons de 13 ans et des adultes de 19, dits teenagers. Qu'y a-t-il de commun entre une jeune fille de 19 ans et un garçon de 13 ?). L'analyse est effectuée à partir des factures fournies par les abonnés. Selon cette analyse, les dits teenagers envoient plus de 3 000 textos par mois (soit près d'une dizaine par heure), 6 fois plus que la moyenne de l'ensemble des abonnés à la téléphonie portable.
Le coût moyen du SMS est de 1 cent (one penny). La première variable à prendre en compte pour comprendre le succès des SMS est la politique des prix pratiquée par les opérateurs (forfaits illimités pour les SMS) : le tarif détermine la pratique, surtout pour ces âges qui ont en commun la dépendance budgétaire (parents). Le SMS est moins cher que la voix, et plus maîtrisable. L'engouement pour le SMS semble se propager aux plus jeunes qui suivent naturellement leur groupe de référence.
- Champ-contrechamp muet, sans regard, le SMS se situe à un degré très bas de la communication, d'autant plus bas qu'il recourt aux clichés (formules), aux abréviations et aux symboles (smileys). Aux yeux des philosophes qui, au nom de la morale, ont réclamé le face à face et la dialectique des regards comme principes de la communication, c'est un désastre.
- Cet usage peut freiner chez les jeunes texteurs le développement d'une compétence orale et surtout d'une compétence d'argumentation. Le texto ignore les verbes, conjugue rarement, n'argumente guère et ne nuance pas.
- Appauvrissement de la communication qui atteindrait même les discours amoureux (recours aux photos, dit sexting) ! La déclaration d'amour romantique, timide et osée, a-t-elle un avenir ? Bientôt la Saint-Valentin, SMS ?
- Interprétons ces analyses prudemment : si le SMS n'est qu'un élément de plus dans la panoplie de la communication interpersonnelle, il est enrichissement ; en revanche, là où il prend toute la place, rogne sur la voix et la rencontre face à face, on peut craindre l'appauvrissement. Polyculture ou monoculture de communication : la statistique des usages du SMS, dégagée du fait social communicationnel total où elle s'insère (cf. M. Mauss), ne dit pas grand chose.
En France, l'usage des SMS s'accroît (23% d'augmentation au trimestre passé) ; il atteint 110 SMS par mois par client actif selon l'ARCEP, en décembre 2009 (70 en décembre 2008). Ce serait 5 fois moins qu'aux Etats-Unis ? Bizarre : il faudrait examiner et confronter les méthodologies de comptage.
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2 commentaires:
Nielsen’s analysis should indeed heed the current terminology and differentiate between teenagers (up to 19)and “tweenagers” (10 to 12, 13, or 14 depending on the youth’s maturity level)instead of lumping all results into one large group. The very reason why texting may be more popular among the first group may be different from that of the second. Other motives for favoring texting over voice should include developmental factors (“tweenagers” are less prone to verbal communication at this stage), relationships with the opposite sex (texting may be replacing the good old friend who used to deliver love notes), the convenience of texting over voice when used in class, parental recommendation to minimize calls in response to potential health concerns about the effect of cell phones on the brain, “dead” zones where dropped calls are frequent, etc. Finally, distinguishing between males’ and females’ texting tendencies and preferences may provide further insight to this analysis. (SZS)
Le même problème se retrouve avec l'utilisation chez les plus jeunes de messageries instantanées : aucun effort n'est fourni pour construire des phrases correctes. Cette utilisation du langage "texto" peut ensuite se retrouver dans des écrits qui demandent normalement un certain langage : sans parler de soutenu, l'utilisation d'un langage courant est parfois compliqué à obtenir, par exemple dans un mail ou lors d'un devoir rédigé.
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