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La délinéarisation de la télévision et de la radio (VOD, podcast) redonne des degrés de liberté aux emplois du temps des auditeurs et téléspectateurs ; elle provoque un regain de réflexion sur le temps. Dans un article publié par la radio allemande (SWR2) et le quotidien taz (die tageszeitung), Till Roenneberg, spécialiste de chronobiologie, évoque l'anarchie temporelle ("zeitliche Anarchie") que pourrait provoquer le développement des consommations "à la demande".
Au-delà des modifications qu'elle entraîne sur le marché des médias, la délinéarisation aurait des effets psycho-sociaux moins immédiats, peu visibles mais profonds. Les programmes de télévision depuis un demi siècle programment les usages du temps : par exemple, selon les pays, l'heure des soaps de mi-journée, le 20H, le film du dimanche soir, "Téléfoot" (ne pas rater !), "Sesame Street"... Combien de foyers, de personnes vivent au rythme de la radio et de la télévision ? D'autres actes sociaux contribuent à l'institution de cette régularité : la livraison du journal, le passage du facteur, les sonneries de cloches, les horaires de l'école... (Cf. Our kind of town). Cette routine, ce train-train qui arrive presque toujours à l'heure sont le fond d'habitude sur lequel les événements prennent forme (Gestalt), grands ou petits, privés ou publics (Charles Trenet, "Les bruits de Paris"). Avec la délinéarisation des médias, des rituels s'estompent, des repères s'effacent, l'agenda devient plus "liquide", pour parler comme Zygmunt Bauman. Avons-nous la nostalgie de cette structuration temporelle ("unsere sehnsucht nach Struktur", dit Till Roenneberg). Structuration confortable et conformiste qui est sans doute aussi obstacle au changement.
Le numérique programme-t-il de nouveaux usages du temps ? Avez-vous, partageons-nous des habitudes Internet ?
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Une histoire littéraire traitée comme un roman policier : Montaigne
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Philippe Desan, *Montaigne La Boétie. Une ténébreuse affaire*, Paris,
Odile Jacob, 382 p., 2024, 22.9 €
Ce n'est ni de la littérature ni de la philosoph...
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