Présentoir magalivres en librairie Chantelivre Paris VI (mars 2012) |
"Feuilleton" ? Drôle de nom pour un objet de 256 pages. Magazine-livre ou livre-magazine, magbook, mook ? Vendu en librairie.
15 € le numéro. 4 numéros par an (60 € l'abonnement). Prochain numéro : 5 janvier
La ligne éditoriale est donnée par le sous-titre subtile : "Passe en revue le monde".
Revue, donc ; agréable à tenir et à feuilleter, facile à ranger. Lecture confortable. Belles illustrations. Graphisme recherché.
Pas de site Web, seulement une page boutique, pas d'appli.
Pourrait trouver sa place sur le Web ? Peut-être sous forme d'appli pour l'iPad, support qui n'altérerait ni ses qualités esthétiques ni sa commodité. Mais à quel prix ?
Les articles sont longs, ils ont du souffle. Originalité de la distance d'écriture, et de lecture : ni le 100 mètres des brèves, ni le 10 000 des gros livres, plutôt du demi-fond. Des articles comme des nouvelles (short story). Lecture de longue durée aussi, sans aucun doute : on ne le jettera pas, en tout cas pas tout de suite, beaucoup de reprises en main. Grande espérance de lecture, au-delà de la présence dans les points de vente.
Pourquoi "feuilleton" ? Ce terme désignait autrefois une rubrique régulière, en bas de la une ; au XIXème siècle, beaucoup de romans furent publiés en feuilleton.
Quinze articles. Une rubrique gastronomique, "Gueuleton", qui dit la tonalité de cette revue qui invite à un repas d'automne : cèpes, côte de boeuf, fougasse et tarte tatin. Un "texte" en fin de volume sur la pollinisation et les abeilles, bien mis en page. Un texte traduit de Georges Orwell comparant le prix du tabac et celui des livres... Tout cela respire l'humour et l'esthétisme. Live dandy et bon vivant.
Table dans la librairie L'Atelier (Paris XIX) |
mise à jour avril 2017
- XXI L'information grand format, lancé en 2008, trimestriel, grand reportages, sans publicité "le meilleur du journalisme, le meilleur de l'édition", 15 € ("100% d'inédit, 0% de publicité", revendique le titre). Les créateurs détiennent les deux tiers, Gallimard 20% du capital.
- Les mêmes créateurs lancent 6 mois en mars 2011, revue semestrielle de photo-journalisme, "le XXIe siècle en images" (25,5 €, 350 pages. Cf. leur vidéo de lancement qui montre, en accéléré, toutes les étapes de la fabrication).
- Alibi, "le magbook du polar", trimestriel consacré au roman policier. 15 €, exclusivement en librairies. Le titre a ouvert une boutique en ligne (limitée pour l'instant au T-shirts).
- Schnock, semestriel, "la revue des vieux de 27 à 87 ans", plein d'humour (mai 2011).
- Crimes et châtiments, 15€, qui veut redonner sa dignité au fait divers (176 p., janvier 2012)
- muze, d'abord mensuel, devient trimestriel en 2010. Edité par Bayard, cette "revue culturelle au féminin" suit une voie mixte, librairie / presse. Chaque numéro (12,9 €, abonnement 49 €) comporte 5 dossiers thématiques approfondis. Format carré (176 pages), mise en page aérée permettent de mettre en valeur les illustrations (photos, etc.). Blog. Avec l'appli iPad (gratuite), chaque numéro est vendu 5,99 € le N° (au lieu de 12,9 € pour le papier) ou gratuit lorsque l'on a acheté le numéro papier (code fourni dans le magazine).
- france culture papiers (cf. notre post)
- La Chose, Revue pop porn, 19,95€, mai 2016
- Aarg ! mensuel de BD (9,9) relancé en mook en janvier 2016 avec un financement participatif par Ulule
- Véganes : revue contre culturelle (suite de Versus), semestrielle, 172 p. 19,5 €, éditions de la plage
- America, (cf. notre post)
Malgré la crise (quelle crise ? du lectorat ? du travail publicitaire ? de la distribution ?), la presse papier continue de s'inventer, de tenter de nouveaux produits.
Le pari du papier : qualité, lenteur, longueur. Périodicité longue qui donne le temps d'approfondir, contre l'info à la minute. Les autres qualités s'en déduisent.
Les titres hésitent quant au modèle économique et testent la présence en ligne : blog, appli iPad (cf. supra, Muze), la boutique (Alibi) ou l'absence totale. La distribution semble privilégier la librairie.
La publicité ne va pas à la presse ? Cette presse ne va pas à la publicité.
Que le lecteur paie la liberté et la qualité de sa presse, semblent orgueilleusement proclamer ces livres qui jouent sérieusement au magazine.
2 commentaires:
Votre article me pousse à m'interroger sur l'intérêt d'acheter un livre-magazine (magazine-livre?) plutôt qu'un vrai livre? ou un vrai magazine?
Les avantages: un livre-magazine offre des articles plus courts qu'une nouvelle, donc plus de sujets différents mais tout de même bien approfondis.
Les inconvénients: On doit très certainement y trouver de la pub ce qui n'est pas le cas dans une mini-nouvelle.
C'est un livre, mais avec des "chapitres" qui ne nous intéressent pas forcément.
Peut-être que des numéros thématiques seraient plus appropriés à ce type de support?
L'intérêt des livre-magazine est en premier lieu le graphisme. Pour XXI par exemple il y a systématiquement un reportage BD qui apporte une nouvelle forme de journalisme.
Ce produit vise également un public lecteur de romans, et pas uniquement de presse. L'intérêt d'avoir des sujets variés auxquels on ne se serait pas forcément intéréssés.
Je ne pense pas que des numéros à thème apporteraient grand chose.
un seul mot peut qualifier ces magalivres : la curiosité tant de l'objet que du lecteur.
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