Dans ce monde étrange, qui ressemble pourtant au nôtre, on peut s'acheter un Synth, créature artificielle à forme humaine, un robot qui obéit au doigt et à l'œil, un esclave presque. Science fiction. A l'origine, il s'agit d'une série suédoise ("Real Humans", 2012-2014, diffusée par ARTE) ; elle a été reprise et adaptée pour être diffusée aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne (remake). Huit épisodes, diffusés aux Etats-Unis de juin à août 2015 sur AMC, à qui l'on doit "Mad Men" et "The Walking Dead" ; en Grande-Bretagne, la série est diffusée par Channel Four. Huit nouveaux épisodes sont prévus pour 2016
Le lancement fit appel à un site Web et à une campagne sur eBay : les visiteurs pouvaient simuler l'achat d'un Synth, robot androïde produit en séries industrielles par la marque Persona Synthetics. Devant des vitrines de Regent Street à Londres, les passants pouvaient interagir avec des Synths grâce à une Kinect (Microsoft).
"Humans" raconte l'histoire d'une famille de trois enfants, aisée, qui achète un Synth pour effectuer les tâches domestiques. La coexistence quotidienne d'un robot et d'une famille est au cœur de l'intrigue. Où l'on retrouve les réflexions habituellement associées à l'intelligence artificielle, à l'esclavage (Aristote, Politique : "si les navettes tissaient d'elles-mêmes..."), aux hommes-machines...
Des humains se révoltent contre les robots : "We are people", nous, s'indignent-ils, d'autres en tombent amoureux... On pense au film Ex_Machina.
Le développement de l'intelligence artificielle imaginé par "Humans" semble inégal : dans ce monde de robots intelligents, les objets ne semblent pas encore connectés ; il n'y a pas encore d'Internet des choses domestiques, d'où le besoin de robots ? La question de la concurrence entre humains et robots sur le marché de l'emploi n'est jamais loin mais elle n'est pas encore évoquée explicitement.
4 commentaires:
Après avoir vu les deux saisons de la série, elle nous confirme bien son univers de science fiction. Même si la conscience développée par les robots est en effet bien réelle, elle reste loin de la complexité de la conscience humain. Sur Mars par exemple, les robots sont capables de prendre des décisions par eux-mêmes, quand ils sont sans aide du centre de contrôle. Mais ils ne réfutent pas les ordres de ce dernier. Ses ordres passent en premier. Je pense donc que nous sommes loin de cet univers « sci-fi » dont la série nous fait part. De plus, nous sommes encore loin des capacités technologiques nous permettant la production et la viabilité des robots domestiques (durée de la batterie, interaction humaine, reconnaissance vocale, …) même si l'on s'y approche fortement.
Un autre problème se pose. Sur le site Persona Synthetics, la vidéo de présentation montre un robot qui suit les ordres de l'Homme et prend une place importante dans sa vie, jusqu'à s'occuper de son enfant quand il ne peut pas dormir ! La question de l’esclavagisme se pose. Peut-on parler d'esclavagisme quand nous faisons face à un robot ? La définition de l’esclavagisme ne s'applique-t-elle qu'aux humains ? Nous cherchons à ce que les robots ressemblent le plus aux humains, mais alors, si le robots sont doués d'une certaine conscience, où s'arrête la définition de « humain » et celle de "robot" ? Nous considérons les animaux comme doués d'une certaine conscience. Nous les protégeons légalement. Ferions nous la même chose pour les robots ? Plusieurs questions éthiques seraient donc soulevées par l'apparition de ces robots. C'est un débat loin d'être fini !
L'univers fictionnel se penche de plus en plus sur les thèmes de l'intelligence artificielle. A quelles points les machines sont indépendantes et à quelles point sommes nous devenus dépendants d'elles ? Quelles frontière y a t il désormais entre l'humain et les machines ?
On peut penser à la série Black Mirror produite par Endemol qui raconte comment dan un futur proches les technologies pourrait dépasser l'intelligence humaine. Cette série d'anticipation s’interroge, plus précisément, sur notre rapport à la technologie elle ne pose pas la technologie comme coupable des mauvaises actions mais plutôt comme un révélateur de l’espèce humaine.
Dans un épisode intitulé "The entire history of you " nous suivons les aventures d'une femme, Martha, qui a perdue son mari et qui ne parvient pas à faire son deuil. Martha cèdera à l’appel d’un tout nouveau service qui propose de créer un double numérique de la personne disparue. Si toute notre vie est en ligne : photos, vidéos, historiques et expériences, likes et amis, pourquoi ne pas la reproduire ? Le défunt mari de Martha refait alors surface dans sa vie sous la forme d’un clone androïde.
On retrouve également ce thème du personnages "numérique" comme substitut de personnage humain dans le troublant film "her" de Spike Jonze qui met en scène un homme esseulé (interprété par Joaquin Pheonix) qui s’achète un nouveau logiciel de compagnie : une voix féminine avec laquelle il converse au téléphone à tout moment, comme avec un ami proche. Rapidement, entre lui et “her”, naît une histoire d’amour…Le logiciel est basé sur un système d'algorithme qui s'adapte parfaitement à la personnalité de son utilisateur. Plus on converse avec lui plus il intègre notre sensibilité et plus il devient notre personne idéale.
Un logiciel informatique sera-t-il un jour doué de sentiments. Une relation amoureuse est-elle envisageable entre un humain et un programme ?
Je pourrais citer encore bien d'autres exemple...
Espérons que la fiction ne finisse pas par dépasser la réalité.
Un commentaire court mais bien que l'intelligence artificielle et son potentiel sont des choses qu'il faut surveiller (les trois lois de la robotique me semblent pas mal pour gouverner au moins le début). Je crains que nous allons devoir apprendre à vivre avec le phénomène "Vallée dérangeante" ou alors trouver un moyen pour la conquérir. Pour l'instant tout le monde semble vouloir à tout prix créer un robot absolument identique à l'homme mais on oublie que le rendre trop réaliste nous met profondément mal à l'aise lorsque nous le regardons.
Ce thème est récurrent dans l'univers de la science fiction. Déjà utilisé par iRobot, il pose la problématique de la forte dépendance de l'homme envers la machine qui peut inciter celle-ci à se retourner contre lui. Aujourd'hui avec les progrès réalisés par la machine, bien que nous soyons encore loin de l'univers prédit pas ces œuvres, force est de constater que la dépendance est belle et bien un fait. Elle se traduit par plusieurs comportements tel que le recours automatique au smartphone pour se repérer, la dépendance d'ailleurs au dit smartphone (et l'apparition dans la foulée de centres de detox digitale), puis la grande fréquentation des réseaux sociaux entre autres technologies. Peu à peu les actions simples relevant de l'humain passent par l'informatique (Linkedin remplace l'échange de cartes de visite), le match de football se joue d'avantage sur console que sur un terrain, la lettre postale s'est entièrement digitalisée avec la démocratisation de l'e-mail. Si pour l'instant nous ne sommes pas dans une logique d'égalité avec les machines, il est indéniable qu'elles sont désormais fortement ancrées dans notre quotidien.
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