mercredi 27 avril 2011

Media Literacy among young teenagers in UK

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Every year since 2005 Ofcom (UK regulator for communication industries) has published the UK Children's Media Literacy Report. Let's look at some data concerning young teenagers and the net, taken from a survey conducted among a sample of 2071 children 5-15 and their parents (fieldwork took place in two waves, spring and fall 2010). Comparison with 2009 (publication : April 2011)
  • 70% of their parents admit to knowing less about the net than their children (by the way, in the U.S., according to Nielsen AC, 1/3 of the apps on parents phones are installed by their kids, around 9 years old)
  • 35% own a smartphone ( vs 13% of the 8-11s)
    • 23% use their smartphone to go on the net
    • number of calls made on the phone decreases (from 25 to 20 per week)
    • number of text messages increases (from 104 to 113)
  • 81% own a gaming device
    • 23% go online with a videogame console
  • 56% use the Internet alone, most of the time
    • 41% of them access the net from their bedroom (their own private space)
    • 38% of them watch video online in ther bedroom (66% for Youtube or the like)
    • 8% of them never use the net
    • weekly time spent on the net: 15.6 hours (vs 17.2 on TV)
  • The media they would miss the most would be their cell phone, and then TV and the net (24% each). TV was 32% in 2009.
Nothing too surpising but mostly confirmation for an age group that doesn't have much free time (school). The smartphone is becoming the first means of communication (calls, text, social networks) and an important way of accessing entertainment (video, videogames). 
TV would be less and less missed? Probably because the smartphone and the computer allow the younger people access to video. The TV set becomes less central as teenagers want to be by themselves. As usual, these results are biased by implicit definitions used to survey people, which are inadequate. While talking about TV, one should distinguish the TV set and the programs. Teenagers watch less on the TV set, and compensate online (computer, smartphones). TV nowadays equals TV sets + online video (YouTube, etc.).
What is the most striking is the growing importance of media that isolates teenagers from their family. Is that new? Probably not. Teenagers have always wanted to be left alone. Books, comic books, radio used to and still provide that isolation too.
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Vidéo, la FCC remet ses calculs à plat

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Dans un document du 21 avril 2011 (Further Notice Of Inquiry), la FCC, organisme américain de régulation des médias numériques, demande aux acteurs du marché de lui fournir toute information statistique et économique nécessaire pour une analyse de la concurrence dans le marché de la distribution vidéo (Status of Competition in the Market for Delivery of Video Programming). Destinataires de cette demande :
  • Les deux opérateurs télécom  (OVD, Online Video Distribution) : ATT (U-Verse) et Verizon (FiOS), qui comptent ensemble 6,5 millions d'abonnés
  • Les opérateurs du câble (60 milions d'abonnés) et du satellite (33 millions d'abonnés, DirecTV, Dish Network) : MVPD, Multichannel Video Programming Distribution
  • La distribution terrestre (Broadcast TV stations)  par les stations de télévision (couverture locale / nationale)
Documents à rendre pour le 8 juin 2011 (avec effet rétroactif jusqu'à 2007), les premiers commentaires de la FCC seront publiés le 8 juillet. Plusieurs éléments de cette requête administrative à fin de régulation retiennent l'attention.
  • Quels critères (metrics) communs mobiliser pour comparer les divers modes de distribution ?
  • Comment cette analyse de concurrence prendra-t-elle en compte des services aussi disparates et complexes que Hulu, Netflix, iTunes, Vudu (les quatre services cités ; Amazon ne l'est pas, Blockbuster, acquis par Dish Network, non plus) ? 
  • Comment et jusqu'où prendre en compte la distribution Wi-Fi à des supports mobiles (Wireless Providers of Video Programming) ? On a vu que l'iPad, par exemple, créait des problèmes que la réglementation ignorait. Le droit est en retard sur les possibilités offerte par les équipements.
  • La demande n'exclut pas une remise en chantier des outils classiques, "scolaires", de calcul. 
    • Comment calculer la concentration horizontale (à quel niveau, national, local ?), la concentration verticale (comment prendre en compte la syndication)
    • Quelles sont les conséquences des modèles d'affaires mis en oeuvre par les diverses entreprises concernées, les politiques des prix selon les situations de concurrence ?
    • Quels effets sur l'aménagement du territoire ("geographical availability")
Les résultats de cette enquête, mais plus encore les principes techniques pour la conduire, seront du premier intérêt. Les catégories, les agrégats, les définitions, que l'on traite comme des "faits" indiscutables, reposent souvent des présupposés tacites et dissimulent autant qu'ils montrent (cf. les notions de hors média, de contacts, de télévision, de gratuité, etc.). L'épistémologie est l'hygiène de l'analyse et de la démonstration.
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dimanche 24 avril 2011

Home Premiere : chronologie des médias en difficulté

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L'opérateur satellite américain DirecTV commence la diffusion de films en VOD, 60 jours après leur sortie en salle. Les studios participant à cette offre de "Early Premium VOD" sont Sony, Warner, Fox et Universal.  Le film coûte 30 $ et est accessible aux foyers équipés d'un DVR HD (6 millions de foyers). Une fois acheté, le film peut être regardé au cours des 48 heures suivantes. Le premier film proposé est "Just Go With It" (Sony), sorti le 11 février aux Etats-Unis.
Dans sa "fenêtre" traditionnelle, la VOD à + 120 jours est facturée environ 4 à 5 $. Pour voir le film deux mois plus tôt, les abonnés de DirecTV paient donc 26 $ de plus (rappel : 70% du CA de la VOD revient aux studios). Alors que les grands studios voient chuter les revenus des DVD (moins 15% en 2010), qu'ils maîtrisent mal les effets économiques de la VOD en ligne (Hulu, Netflix, iTunes, Vudu, Amazon, etc.), on comprend qu'ils participent de près à cette initiative. Une opération du même ordre est mise en oeuvre par Warner Bros. et Disney avec iN DEMAND, une association de câblo-opérateurs (Cox, Time Warner Cble, Comcast, etc.), pour la VOD.

Les distributeurs en salles (exhibitors) n'apprécient pas du tout cette proposition conjointe des studios et de DirecTV qu'ils qualifient d'aventure inconsidérée ("misguided venture") : elle les met en concurrence frontale avec l'opérateur satellite puisque, actuellement, les films sont diffusés en salle durant 132 jours, en moyenne (release window). Certains distributeurs de la "National Association of Theater Owners" envisagent de limiter les promotions des studios dans leurs salles (trailers) puisque cette promotion profitera en grande partie à des films proposés par DirecTV (cf. NATO response to early premium VOD announcement).
Des artistes (creative community), des producteurs et des cinéastes (Movie directors and producers) ont fait connaître leur soutien aux réseaux de salles.
Bataille à suivre. Bataille dont les conséquences ne pourront être ignorées en France.

Aux Etats-Unis, depuis longtemps déjà, la chronologie des médias est malmenée par les différentes parties concernées, y compris par des producteurs et des réalisateurs. Il est inimaginable que tout reste en l'état alors que la numérisation des médias transforme l'industrie cinématographique de fond en comble. Le slogan de Home Premiere est tout un programme : "From Big Screen to Your Screen. First". Reste aux salles à trouver une réponse autre que défensive.

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vendredi 22 avril 2011

Ciblage lexical et ciblage thématique

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Google Display Network propose un nouveau ciblage thématique (topic targeting). Ce ciblage calcule le thème dominant d'une page (specific topic) à partir des mots de la page afin d'en déduire un thème de ciblage. 1 750 thèmes et sous-thèmes ont été établis. Le ciblage peut être mis en oeuvre pour tout type d'intervention publicitaire : mots clés, bannières, rich media et vidéos. Il procède selon trois niveaux : ciblage large (thème), ciblage plus restreint (sous-thème) et enfin ciblage lexical classique par mot clé (keyword based). Le ciblage mobilise les sélections et les exclusions.

Comment passe-t-on des mots d'une page aux thèmes et sous-thèmes de cette page ? Une page peut-elle relever de plusieurs thèmes et sous-thèmes ? Comment s'effectue cette opération de sémantisation, de catégorisation ?  "Our system looks at all the terms on a page to determine the topic of the page and is less reliant on particular keywords". Cibler plus largement signifie donc cibler moins précisément. Pour être convaincants simultanément, il semble que ciblage thématique et ciblage par mots clés devraient recourir à des techniques différentes. Sinon, comment différencie-t-on les mots clés des autres mots, moins décisifs, moins discriminants ? Par leur affinité avec le thème de la page, thème défini par les mots ?
  • Ce ciblage thématique est une reconnaissance en acte des limites des mots clés. Le besoin de sémantisation est évident : Google l'approche, selon ses principes constants, par la statistique plutôt que par la linguistique.
  • Pour l'annonceur, l'intérêt du ciblage thématique élargi à la page, serait, selon Google, de créer davantage de notoriété et d'accroître la prise en compte de ses produits et services dans l'ensemble de considération. En tout cas, il s'agit pour Google d'accroître son chiffre d'affaires publicitaires. 
  • Google réinvente le médiaplanning que pratique la presse magazine depuis plus d'un siècle; mais la presse magazine a pour elle l'objectivité de la déclaration intuitive de la catégorie d'appartenance d'un titre (famille, etc.) ou d'une rubrique, positionnement produit par le ciblage délibéré du rédactionnel en amont (que le sommaire enregistre, pour l'essentiel). 
  • A terme, quel effet aura sur le contenu d'une page, sur son lexique, cette nouvelle pratique de ciblage alors que les mots seront inévitablement choisis pour attirer le ciblage et les investissements publicitaires (anticipation rationnelle) ?
La question sémantique reste posée ; souvent elle dissimule un abus de langage, n'étant que catégorisation à base d'algorythmique lexicale, même lorque l'on évoque des intentions (NetSeer). L'approche par les langues naturelles (NLP, Natural Language Processing) reste une promesse encore non tenue (IA-complet).
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jeudi 21 avril 2011

Appli quotidienne : l'histoire présente au jour le jour

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L'histoire occupe une place considérable dans les médias (plus d'un millier de nouveaux titres et de hors série consacrés à l'histoire au cours des dix dernières années en France. Source : Base MM). Presse magazine ou émissions de télévision, l'histoire est au principe de bien des développements, documentaires ou fictions. La chaîne thématique américaine History Channel (du groupe Arts and Entertainment) lance une appli pour iPad consacrée à la Guerre Civile américaine : "The Civil War Today", vendue 7,99 $.

Le 12 avril 1861, commence la guerre : cent-cinquantième anniversaire oblige.
Copie d'écran de l'iPad. Pour le 21 avril 1861.
Quel marché pour cette appli ?
Ce passé est toujours présent. Dans l'histoire des Etats-Unis, la Guerre civile fut la guerre de l'esclavage mais aussi, davantage peut-être, celle de l'unité américaine. Fut-elle une guerre civile ou une guerre de conquête du Sud par le Nord ? Cette guerre fut aussi l'une des premières longues guerres de l'ère industrielle (4 ans), dévastatrice, totale :  tranchées, massacres... et, déjà, des horreurs au-delà de la guerre (cf. le camp de prisonniers d'Andersonville) préfigurant les guerres européennes.
La Guerre civile reste un élément structurant de la société américaine ; elle continue de distinguer Nord et Sud, Confédérés et Yankees (le drapeau confédéré est toujours présent, des enfants sont appelés Robert Lee...). Ensuite, il y a les récits uchroniques qui réécrivent l'histoire : si le Sud avait gagné... Dans la fiction classique, depuis Gone with the Wind (roman de Margaret Mitchell, 1936) et son adaptation cinématographique (1939), la Guerre est toujours présente. En avril 2011, la chaîne 3net (JV de IMAX, Sony et Discovery) a lancé la production d'une miniseries de quatre épisodes sur la Guerre Civile en 3D pour l'automne 2011, anniversaire encore. Et la Guerre Civile est prétexte aussi à de nombreux livres de journalistes et à un grand nombre de célébrations et reconstitutions historiques.

Comme le nom de l'appli l'indique, ses utilisateurs peuvent suivre la guerre au jour le jour, recevant avec des informations nouvelles, des lettres, des extraits de journaux intimes, des coupures de presse. La circulation dans le temps est facilitée par l'ergonomie de l'iPad (un doigt - swipe - pour avancer d'un jour, deux pour une semaine, trois pour un mois, quatre pour une année).

Avec cette appli nous assistons peut-être aux premiers pas de l'invention d'un nouveau  mode d'exposition historique et documentaire qui ne serait pas uniquement chronologique. Didactique de l'histoire et de la civilisation, statut de la mémorisation, organisation de la documentation, cette appli fourmille de suggestions. Une telle appli mériterait d'être évaluée pour tous ses usages. Il sera intéressant de savoir ce qu'en ont fait les acheteurs. Pas de didactique sans analytiques !

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lundi 18 avril 2011

Journalisme en causes

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La une de l'hebdomadaire allemand Die Zeit porte sur le journalisme. Au lieu de critiquer ce qui les entoure, des journalistes, livrés à l'autocritique, examinent "du dehors" ce qu'ils/elles font, comment et pourquoi. Car, rappelle l'introduction du dossier, "les médias ne font pas que reflêter purement et simplement (bloss) le monde, ils en sont aussi des acteurs" [...] "nos mots et nos images ont une force, et il ne s'en suit pas que du bien". Rapporter (berichten), c'est faire (anrichten, causer) avec des mots : "wir berichten, aber manchmal richten wir auch etwas an". C'est sous l'angle performatif de cet énoncé austinien qu'est examinée la situation du journalisme par le magazine (48 pages, dont publicité).
Des journalistes écrivent pour leurs lecteurs sur le journalisme, sur les difficultés et les limites de leur métier.

Parmi les thèmes abordés :
Pourquoi la presse n'a pas vu venir la crise financière ? Quels sont les effets des blogs sur l'information locale, les effets d'une enquête sur les enquêtés (l'enquête, intrusive, perturbe la situation observée). Le goût du bien écrire privilégie-t-il le souci de la forme au préjudice de l'analyse, la relation au local et aux blogs, etc. ... De ces articles émergent des énoncés qui attaquent le fondement même du journalisme et de ses techniques. Par exemple (p. 11) :  "... les journalistes ne cherchent pas la vérité mais des histoires ("Geschichten"). Une histoire est une histoire quand elle contredit la vérité d'hier...". Ou encore (p. 12) : "La prédictabilité a dépassé les capacités des meilleurs professeurs" (à propos des crises financières et des limites de la spécialisation des journalistes spécialisés). Tout un inventaire réaliste, vécu, d'interrogation, de doute, de malaise.

Avec le Web, les bases de données et la numérisation de la plus grande partie de l'information disponible, avec la mondialisation et la babélisation, avec les analytiques qui disent au mot près ce qui a été vu ou lu, avec la complexité technique des sujets à couvrir et la difficulté de les vulgariser, avec la contrainte économique de la gestion du journal (lectorat, annonceurs), les journalistes se trouvent dans des situations impossibles, que l'histoire du journalisme n'a jamais rencontrées. Les risques, on les connaît : reprise mal contrôlée des "communiqués de presse", prudence extrême, conformisme, enquêtes sous-traitées à des "spécialistes" non contrôlables. Au bout de tout cela, se détache le portrait d'une profession mal à l'aise, d'une presse incertaine de ses moyens, de ses fins et de ses effets.
Si l'avenir de la presse d'information passe par la qualité et l'exclusivité des contenus, la redéfinition professionnelle du journalisme (techniques de reportages, formation, mode de rémunération, déontologie, etc.) représente un enjeu considérable et primordial pour les médias. Ce dossier, approche encore modeste, mérite sa place dans les écoles de journalisme et les cours de gestion des média. Il mériterait aussi d'être intéractif, continu peut-être...
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vendredi 15 avril 2011

La création d'abord

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Fonctions de l'appli iAd
iAd, la régie publicitaire de Apple pour l'iPhone et l'iPad, publie une application (cf. iTunes) permettant de voir et revoir les créations publicitaires de ses annonceurs. Heureuse initiative de cette iAd Gallery que de remettre la création en tête de ce métier où algorithmes et optimisations semblent parfois prendre le dessus.
Le produit d'abord, puis la création. Car c'est la création qui fonde la mémorisation et construit efficacement la notoriété positive et durable, le plaisir de la répétition, le désir d'essayer un produit, d'en comprendre le fonctionnement et l'intérêt ; c'est la création qui donne l'envie d'agir, dans le point de vente, réel ou virtuel, qui fait essayer le produit, l'acheter, le recommander. Facteur premier de l'efficacité publicitaire : quand la création est nulle, tout le reste est annulé. Or, humour, rêve, suprise ne se quantifient guère et rentrent mal dans nos modèles de médiaplanning.

Cette appli donne à voir de la publicité : plaisir esthétique et intellectuel. Elle rappelle, en acte, que la publicité ne devrait pas être perçue comme ce qui gêne et dérange, comme un mal inévitable qui interrompt l'émission, ou comme un écran qui bloque la vue dans la rue. C'est possible : voyez l'intérêt qui ne se dément pas pour les messages diffusés dans les salles de cinéma ou encore la frénésie de compétition publicitaire au moment du Super Bowl (posts sur le Super Bowl). La profession publicitaire devrait s'interroger sur l'intérêt de certaines modalités d'interventions publicitaires qui dévalorisent la publicité, en ruinent l'image et l'efficacité. Plus que de réglementation, la pub a besoin de qualité. 

Vitrine de la publicité, cette appli grand public, avec ses fonctions d'exposition, de sélection ("Loved"), de recherche ("Search") a aussi vocation professionnelle : auto-promotion de la régie ("Join the Network") et, plus généralement, mise en valeur de la pub vidéo sur les portables (mobile marketing).
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lundi 11 avril 2011

Tab. revues des tablettes numériqes

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A nouvel équipement, nouveaux magazines. Après le DVD, les consoles de jeux vidéo, le home cinéma, les écrans plats et l'iPhone, à son tour, l'iPad suscite un nouveau magazine. En attendant le lecteur numérique (eReader) ?
On dit - les devins patentés du village numérique -que l'iPad dominera le marché des tablettes pendant les cinq prochaines années... En attendant, l'iPad fait, comme on dit, la collective : grâce à l'iPad, on parle des autres tablettes. Ce qui donne de l'intérêt au prmeier numéro de ce magazine "100% tablettes numériques" (son sous-titre). Beaucoup de tablettes sont présentées, peu connues du grand public pour la plupart : Orange, Samsung, Acer, Asus, Blackberry, HP, HTC, LG, Motorola, Archos, la longue traîne des tablettes est là pour se partager une queue de notoriété
L'essentiel du magazine est consacré à l'iPad2, ses accessoires (protections, docks...), ses prolongements, ses applis (GoodReader, Evernote, CloudReader, etc.). Un article orienté consommation traite des forfaits télécom pour tablettes : il conclut en leur défaveur : on peut vivre sans, en comptant sur le W-Fi. En revanche, il évoque des politiques de prix alternatives pour les opérateurs, associant tablette et smartphone dans un même abonnement comme le proposent Archos en France ou Movistar en Espagne.

Magazine pour grand public technophile, vendu 7,9 €. 100 pages. Bimestriel. Pas de publicité, hors de quelques pages de promotions pour des titres du groupe Yellow Media (ex. Future France) et des pages shopping.
En même temps, selon la même maquette, le même éditeur publie Pad. Apps (100% applications numériques), trimestriel, strict complémentaire du premier. Distribution : MLP.

Vidéo : synergies bouquet TV et grande distribution

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DISH Network, bouquet satellite de chaînes de télévision, a racheté Blockbuster. La vente aux enchères suivait le dépôt de bilan. La faillite de la chaîne de magasins de location de DVD et jeux vidéo fait suite à diverses erreurs de gestion. Aussi ne faut-il pas l'interpréter comme l'annonce de la fin du DVD, que dément le succès de Netflix, RedBox et d'autres (cf. Vidéo : la grande distribution du DVD à la VOD).
Blockbuster, troisième fournisseur de télévision payante après Comcast et DirecTV, compte environ 14 millions d'abonnés (impossible de trouver des chiffres officiels, ce qui n'est pas bon signe : Dish Network perd des abonnés). Deux remarques intermédiaires, en marge.
  • La transition vers la dématérialisation des consommations est lente. La force d'inertie des habitudes, des équipements est sous-estimée. Beaucoup de foyers utilisent encore leurs VHS et leur magnétoscope. Nos petits prophètes du numérique sont pressés d'annoncer des révolutions : mouches du coche, ils vivent de les prédire, menaces par-ci, opportunités par là (il faut inscrire cette fable au programme des diplômes de gestion) !
  • En revanche, dans les entreprises, les changements sont soudains : il y a deux ans, Blockbuster comptait 5 000 magasins aux Etats-Unis (il en restera 1 700) et 60 000 salariés  ; comment ne pas penser aussi à Borders, autre chute spectaculaire... Dans un secteur fragilisé, les erreurs se paient cher et comptant.
Pour se représenter l'importance stratégique de ce rachat, il faut imaginer BSkyB ou le groupe Canal + rachetant en Europe de grands distributeurs de DVD déjà engagés dans la VOD en ligne.

Fort de cette acquisition, DISH Network pourra pénétrer le marché de la VOD (streaming) en conduisant les clients de Blockbuster vers le bouquet ; cette synergie peut constituer un atout dans la concurrence avec les opérateurs de télévision payante. Comme Blockbuster a déjà lancé le service de streaming pour ses clients, il ne reste plus qu'à mieux le vendre aux abonnés de Dish Network.

Mais nous devons placer cette acquisition dans une autre perspective : la collaboration de Dish Network avec Google. Cette collaboration concerne deux domaines de la télévision.
  • Google TV : la télévision connectée est accessible pour les abonnés du bouquet (Logitech Revue est proposé en promotion aux abonnés de Dish Network pour 179 $).
  • Google TV Ads : cette place de marché. propose aux annonceurs des emplacements sur de nombreuses chaînes thématiques du bouquet (liste des chaines). Le principe est celui de Adwords. Google TV Ads est un laboratoire de la publicité télévisée pour Google. A terme, les deux directions pourront être combinées.
L'achat de Blockbuster accroît les moyens de Dish Network qui déja, grâce à Google TV, donne accès à Netflix, Amazon Video, Hulu, etc. La vidéo à la demande, au détriment des chaînes, apparaît de plus en plus comme la dimension essentielle de l'accès aux loisirs numériques. Facteur d'émiettement de l'offre, la VOD favorise un médiaplanning publicitaire de type self service, tel que le propose Google TV Ads.
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dimanche 3 avril 2011

L'iPad dérange la télévision américaine

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Mise à jour 7 juillet 2011
Adopté par deux câblo-opérateurs américains, l'iPad déclenche un conflit avec les éditeurs de chaînes. Time Warner Cable (TWC) est le premier à permettre à ses abonnés (câble et Internet) d'accéder, avec un iPad (application gratuite sur iTunes), à leur offre de chaînes, lorsqu'ils sont à leur domicile (Wi-Fi) : TWCable TV for iPad. Autrement dit, un abonné à TWC (c'est le deuxième MSO américain en nombre d'abonnés), peut regarder les chaînes du bouqet auquel il est abonné : soit sur des téléviseurs du foyer (via set-top box) soit sur son iPad. 300 000 applis auraient été téléchargées depuis la première semaine, selon TWC. Une campagne publicitaire dans la presse, montrant deux mains tenant un iPad,  proclame "The Future of Television is in Your Hands" : "300 000 people can't be wrong".
Sous la menace de certains éditeurs de chaînes, Time Warner a retiré certaines chaînes de l'offre sur iPad. Prudence politique, préludant à des négociations avec les éditeurs. L'argument de TWC est simple : la tablette (iPad) n'est rien d'autre qu'un téléviseur de plus au domicile, utilisable dans des pièces rarement équipées par le câble (cuisine, salle de bains, garage) : "Make any room your TV room". ("in the privacy of your own home, on the screen of your choosing", précise le message publicitaire. Cf. supra)

Les éditeurs refusant la réception de leur chaînes sur iPad :
  • Viacom : Nickelodeon, BET, CMT, Comedy, MTV, Spike, VH1
  • News Corp. et Fox Networks Group : FX, National Geographic
  • Discovery Channel : Animal Planet, The Discovery Channel, TLC
  • Scripps Networks Interactive (HGTV, food network, diY, Cooking channel, etc.)
100 chaînes sont reprises par TWC (juillet 2011). Pour une liste complète, tenue à jour, se reporter au site idoine de TWC  : http://iwantmytwcabletvapp.com/
  • des chaînes Turner Broadcasting System (société parente de TWC) : CNN, TNT, Cartoon Network, HLN, etc.)
  • Bloomberg TV, PBS Kids Sprout (chaîne de secteur public pour enfants), Hallmark Movie Channel, Current TV, Tru TV
  • des chaînes de Disney dont ESPNews (N.B. Apple siège au Conseil d'administration de Disney), de Comcast Networks et de Rainbow Media (Bravo), A and E. 
  • N.B. Comme de coutume, des blacks-outs régionaux sont exigés par les chaînes diffusant du sport en direct : une fois cette exigence satisfaite, ESPN et  TBS accepteront la retransmission.
  • N.B. 2 : mi-avril, les chaînes de Fox Cable News (FX, National Geographic et Fox News) et de Discovery (TLC, Animal Planet) ont accepté la réception via iPad. WC a jouté également Sundance Channel.
Cablevision System Corp., important MSO, suit TWC (son concurrent à New York) et publie une appli du même type (Optimum App for iPad) ; il n'est pas nécessaire d'être client Internet de Cablevision pour en bénéficier. Cette appli donne accès à toutes les chaînes reçues pas les abonnés. Cablevision envisage d'étendre cette offre à d'autres terminaux mobiles (android, iPhone).
Pour les câblo-opérateurs, la réception sur les tablettes est un service supplémentaire offert gratuitement à leurs clients dont ils redoutent le désabonnement ("cord cutting").

Pourquoi certains éditeurs de chaînes s'opposent-ils à la réception sur iPad ? Selon eux, le contrat les liant aux câblo-opérateurs stipule que leurs chaînes passent par la set-top box et le téléviseur alors que, pour l'iPad, Time Warner les fait passer par Internet (IP). La Slingbox se connecte à la set-top box.
Derrière l'argument technique des éditeurs n'est qu'un prétexte pour demander une compensation financière aux câblo-opérateurs, une compensation du même type que celle que les éditeurs ont obtenue pour les stations avec la règle dite de "retransmission consent" (1994). N.B.  Les câblo-opérateurs réclament la réforme de cette règle. Ajoutons à cela trois remarques et une question.
  1. L'audience des téléspectateurs sur iPad n'est mesurée par Nielsen et ne peut être intégrée à celle des émissions. Manque à gagner pour les chaînes.
  2. TWC se trouve vis à vis des éditeurs dans une situation qui s'apparente à celle de Google TV. La solution de ce conflit dégagera une jurisprudence importante. Notons que HBO (Time Warner) et les chaînes de Turner (CNN, etc.) ont accepté d'être reprises par Google TV.
  3. Les principaux opérateurs (dont Comcast, TWC, Dish Network) assurent la promotion d'un protocole appelé TV Everywhere (mars 2010) qui permet à un abonné de regarder les chaînes partout (everywhere) dès lors qu'il prouve qu'il est abonné (mot de passe). La réception sur iPad n'est qu'une modalité d'application de ce protocole.
  4. Que se passera-t-il en France ? Un abonné à un bouquet de chaînes peut-il regarder ses chaînes sur un iPad ?
    iPad, Google TV, Netflix, hulu, Apple TV : le marché de la télévision n'en a pas fini d'être bouleversé par Internet et le Web.
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