vendredi 31 décembre 2010

iPad and the press

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First, people rejoiced that the iPad would save the magazine industry*. No less!
Now, a few months later, the very same people despair : downloads have decreased, it's the end!

Let's be patient. What do we really know, what can we say?
  • According to the Audit Bureau of Circulation (ABC) which certifies the distribution, the number of downloaded magazines has dropped. From 100,000 for the first issue to 23,000 in December for Wired. Vanity Fair, Glamour, GQ (Condé Nast), Mens Health (Rodale) downloads are down too, about 20%.
  • With paper magazines it has always been the same: from launch to next isssue, there is always a serious fall before circulation levels out. With the iPad the same rule applies.
We need longer series of data to detect a trend with any certainty. At first, it was the trap of the so-called "new toy" effect: new iPad owners tried their new toy, rationalized their buy. Now, this effect is probably wearing off.
It is only later that we will know if these first readers keep buying - or if they buy an issue only once in a while, depending on the content, or if they stop buying altogether. And after the New Year, new buyers will come and numbers could bump back.
The business model is not yet stable, negotiations with Apple / iTunes are still continuing. What about subscriptions, for instance? Right now, readers still have to buy their magazine issue after issue and there is no discount for print edition subscribers.
Let's not judge so soon. Analyst and journalists tend to jump to conclusions too quickly. Marketing people should not: they have other responsabilities.

*We do not see how. Cf. in French: about the press and the iPad.
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lundi 27 décembre 2010

Télé diversité ? Revue de presse TV

Lundi 27 décembre 2010, point de vente presse, Paris. Photo CmM.
Lundi télé dans les kiosques
Télé 2 semaines, télé 7 Jours, Télé Star, télé TNT : quatre magazines TV mettent en une le couple phare de la série américaine "Grey's Anatomy" (ABC, saison 6), diffusée sur TF1.
Télé Cable Sat et télé Z titrent sur Claire Keim, présentatrice de l'émission "Passage au Vert" sur la chaîne Ushuaïa TV (groupe TF1).

Télé Poche s'offre "les belles confidences" d'une présentatrice de la météo sur TF1.
Seul Télé Loisirs déroge n'accordant que deux lignes à "Grey's Anatomy" mais le magazine se rattrapera le lundi suivant en titrant pleine page sur une interview "exclusive" de Patrick Dempsey ("Grey's Anatomy").

Bravo TF1 !
Pour qui prend-t-on les lecteurs et les téléspectateurs ? Croit-on que la presse TV s'en portera mieux ?

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Apple Store et téléphonie

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Parmi les innovations éblouissantes en termes de points de vente, l'Appel Store fait l'unanimité. Acheter un produit, se renseigner dans un Apple Store est un plaisir : on n'a pas l'habitude d'être traité si courtoisement, si efficacement, si patiemment.
On n'est donc pas surpris d'apprendre que les consommateurs américains classent l'Apple Store en tête pour l'achat d'un téléphone (enquête auprès de 11 000 lecteurs de Consumer Reports). Pourquoi acheter son téléphone dans un magasin lié à un opérateur ? Pour les Américains, l'expérience des magasins non affiliés est généralement meilleure.
Après le design et l'ergonomie, Apple donne le ton pour la relation client. Faisant le chemin inverse, Google a fermé sa boutique en ligne pour la distribution traditionnelle, laissant à Apple l'originalité d'un circuit de distribution somptueux. Après bientôt dix années et plus de 320 magasins, le design de Eight Inc. reste remarquable ; passer d'un Apple Store à une grande surface spécialisée (GSS) ou à une boutique de téléphonie reste une expérience désolante. 
  • Les opérateurs de téléphonie sont de plus en plus cantonnés par les consommateurs à un métier de fournisseur de bande passante. De l'opérateur, l'abonné n'attend qu'un numéro et la connexion. L'innovation, le choix, l'image sont dans les OS et dans les terminaux, et, bien sûr, dans les applis. Comme le résume Steve Jobs (Apple, au D8), "occupez-vous de la connexion, on s'occupe du terminal" ( "iPhone was the first where we said you worry about the network, we worry about the phone").
  • L'image de marque des opérateurs est forcément négative : l'abonné n'a affaire à eux que lorsque quelque chose ne va pas du côté de la connexion et surtout de la facture. Et les occasions ne manquent pas, effets d'un marketing effarant : tarifs alambiqués, terminologie ésotérique donnent aux consommateurs l'impression d'être piégés. Le comble est atteint avec la facturation des usages à l'étranger (itinérance / roaming). En Europe, la Commission européenne a beau réclamer, cela ne change pas vite. En attendant, il y a le Wi-Fi, Skype et Google Call ! Et puis, en France, certains comptent sur Free...
  • Les sites Web des opérateurs sont confus, "arbres de Noël" hétéroclites, mal personnalisés, répondant à toutes les questions que le client ne se pose pas, juxtaposant toutes sortes de produits sur de pseudo "portails" hérissés de publicité déplacée, touchant des internautes dans un contexte inapproprié. Au client, on ne réserve qu'un petit rectangle dans l'écran. Pour l'interface client, voyez donc Google !
  • Seules exceptions à ce tableau, parfois, quand on réussit à franchir la défense du serveur vocal et des promotions horripilantes qui meublent l'attente, quelques personnes de talent, patientes, claires, règlent en direct les problèmes posés aux clients par un marketing déconcertant. 

mardi 21 décembre 2010

Gouvernance d'Internet

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Voilà que l'ONU s'intéresse à Internet et au Web. "Le machin qu'on appelle l'ONU", comme De Gaulle l'a définitivement stigmatisé, se préoccupe de la gouvernance d'Internet. Beaucoup de ceux qui font Internet s'inquiètent des volontés de contrôle des usages d'Internet et du Web par les gouvernements.
Que les Nations réunies fassent d'abord leur métier : installer et maintenir la paix, les Droits de l'homme et notamment ceux des femmes, virer les dictateurs, leurs collaborateurs et leurs sycophantes, empêcher le pillage des nations affaiblies, garantir la liberté des médias, etc. Le travail ne manque pas et, pour l'instant, les résultats sont navrants. Que la société si peu unie des nations ne s'occupe donc pas de ce qui marche très bien sans elle.

* Note de Vinton Cerf (Google), l'un des "pères fondateurs" d'Internet.
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lundi 20 décembre 2010

L'Oréal : ainsi, You Tube, ce serait de la télé ?

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C'est ce que l'on pourrait conclure du dispositif acheté et mis en place par les agences de publicité de L'Oréal, en exclusivité sur YouTube. Campagne multi-marque européenne d'une durée de cinq jours. Achat numérique ou achat TV ? La question n'est pas de pur nominalisme ! Du point de vue de l'annonceur, qu'importe le média, pourvu que l'objectif soit atteint au meilleur coût. Du point de vue des agences, ce ne sont pas les mêmes acteurs qui interviennent, pas les mêmes savoir-faire mis en oeuvre, pas les mêmes "pouvoirs" : dans la division technique et sociale du travail publicitaire, un basculement s'ébauche qui va prendre de la vitesse. Du point de vue des médias, la différence est radicale.

Plusieurs conséquences techniques s'en suivent qui distinguent une campagne télé sur You Tube d'une campagne sur les chaînes généralistes grand public :
  • Les données opérationnellles d'audience sont fournies par Google (analytics) et non par les différents instituts nationaux qui mesurent l'audience de la télévision dans chacun des pays de diffusion (Allemagne, Espagne, France, Grande-Bretagne, Italie). Elles sont d'emblée pan-européennes.
  • De nouveaux points de repères doivent être établis car le GRP TV n'est plus la monnaie de référence. Par exemple, passer de la répétition attendue, puis modélisée (frequency) à un capping décidé, contrôlé, observé et optimisé en cours de campagne représente un changement de culture. Lorque l'impact s'évalue et s'analyse au fur et à mesure du déroulement de la campagne, le GRP n'est au mieux qu'un indicateur a posteriori, calculé après la bataille !
  • Quelle étude des impacts ? On ne voit guère que des outils dérivés du Web pour analyser, et non seulement mesurer les impacts de telles campagnes. Aucun dipositif de type déclaratif auprès d'un échantillon ou panel ne saurait être à la mesure d'une telle évaluation. Dans ce domaine aussi, une transition s'annonce vers des outils en phase avec le Web.
Ainsi, une campagne à l'air anodin - des parfums avant la fin de l'année, quoi de plus traditionnel - annonce une révolution dans l'usage publicitaire des médias : la télévision n'est plus dans la télévision !

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vendredi 17 décembre 2010

TV mobile à l'arrêt

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Qualcomm mettra fin en mars 2011 à FLO TV, son service de télévision mobile lancé en 2007. FLO TV est un service de télévision payant diffusé par voie terretre sur mobile (broadcast). Il y eut des amateurs, près d'un million d'abonnés, déclare Qualcomm qui admet s'être fourvoyé en imitant le modèle coréen de télévision mobile.
Modèle économique impossible : si la TV est vendue au forfait, la bande passante est très vite embouteillée, et plus rien ne passe. Si la TV est facturée à la durée (à la minute), les consommations s'effondrent. De plus, les abonnés devaient acheter un appareil de réception dédié à cette télévision.
Selon Qualcomm, si les usagers semblent regarder volontiers des événements en direct (sport), ils regardent peu la télévision dite "de rendez-vous" avec horaires. D'ailleurs FLO TV avait dernièrement commencé de mettre en place des possibilités de consommation en différé (time-shifted).
Cette échec éclairant plaide pour les programmes de télévision mobile à la demande (vidéo clips téléchargeables). Il plaide aussi pour l'appareil unique, donc pour le téléphone portable et les opérateurs traditionnels. C'est la voie suivie par son concurrent, MobiTV, lancé en 1999, qui compte une dizaine de millions d'abonnés et propose des programmes de la plupart des grandes chaînes américaines.

En France, l'échec de FLO TV peut donner à penser aux tenants de la Télévision Mobile Personnelle (TMP) dont le lancement des 16 chaînes est prévu, selon le CSA, pour la fin 2011. Notons encore qu'il existe un standard mis en place en Chine, le China Mobile Multimedia Broadcasting (CMMB), proche du standard européen (DVB-SH).
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lundi 13 décembre 2010

S&P' 500 : Netflix arrive, le New York Times s'en va

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Netflix, qui commercialise de la VOD aux Etats-Unis, intègre en fin de semaine l'indice Standard & Poor's 500 ; le quotidien new yorkais le quitte, rétrogradé dans la catégorie des valeurs moyennes (MidCap 400). Quittent également le groupe des 500, en même temps que le NYT : Eastman Kodak et Office Depot (distribution, matériel de bureau). Rejoignent le groupe des 500 : Cablevision Systems Corp., premier câblo-opérateur de New York (cluster de 5 millions d'abonnés) et opérateur de télévision (AMC, Sundance Channel, WE tv, News 12), F5 Networks Inc., une entreprise de IT qui met en oeuvre des infrastructures de communication "agile" (hébergement, cloud computing, etc.).
Difficile de ne pas voir, dans ces substitutions de fin d'année, des symboles et de sérieux avertissements. D'autant que, pour ces médias, l'opinion de la bourse et les comportements du grand public convergent.

Netflix compte plus de 17 millions d'abonnés. Son modèle économique de VOD est mixte : sa librairie de plusieurs dizaines de milliers de films et séries est accessible à la fois par voie postale et en ligne (dont iPad), permettant la conquête simultanée de deux types de publics et faciltant leur conversion progressive au tout numérique. Netflix est aux Etats-Unis un phénomène média considérable. Son accord récent avec ABC Disney pour la distribution en streaming des produits du groupe renforce encore sa puissance.
Le déclin de la presse quotidienne d'information telle que la symbolise le NYT semble aussi inéluctable que celui de la photo argentique. Pour Kodak comme pour le NYT, la transition numérique est douloureuse.
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vendredi 10 décembre 2010

HBO sans bouquet

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HBO, chaîne payante (chaîne sans publicité, dite premium) du groupe Time Warner, est commercialisée auprès des abonnés à un bouquet de base composé et distribué par les opérateurs du câble, du satellite ou des télécoms ("To get HBO, you need to order it from your Cable, Satellite or Telephone Company"). Un téléspectateur américain ne peut donc s'abonner à HBO sans s'être au préalable abonné à un bouquet (60 à 80 $). Depuis une trentaine d'années, ce mode de commercialisation allait de soi. Cette évidence est remise en question par l'évolution numérique de l'offre de médias : avec la télévision numérique terrestre et Internet, les foyers américains peuvent envisager de réallouer leur budget.
  • Ils peuvent accéder gratuitement à un ensemble de stations de télévision et de networks, 20 à 30 selon les régions (DMA), en HD s'ils le souhaitent. 
  • Ils accèdent tout aussi gratuitement à tout ce que propose le Web en matière d'information : ils peuvent suivre l'actualité politique sans CNN ou Fox News, l'actualité sportive sans ESPN, des desssins animés sans Nickelodeon, etc. 
  • L'offre des opérateurs câble et satellite ne leur est pas indispensable ; la constitution de bouquets forfaitisés est même vécue par certaines associations de consommateurs, qui en appellent régulièrement à l'autorité de régulation, comme une vente forcée. La crise économique que subissent les foyers des classes "basses" et "moyennes" (lower class, middle class) accroît leur sensibilité à cette dépense. 
En revanche, ni la télévision numérique terrestre (TNT), ni le Web n'apportent aux téléspectateurs du grand public, sur leur téléviseur, toute la fiction originale qu'ils désirent et qui les a conduits parfois à tester HBO (abonnements promotionnels).
Au lieu d'acquitter un droit d'entrée sous la forme d'un abonnement mensuel au câble de base pour 40 à 80$, ils pourraient consacrer ce budget à un abonnement à HBO (15$ par mois). Le coût d'accès à HBO baisserait sensiblement, permettant à la chaîne de Time Warner d'augmenter son portefeuille d'abonnés (28,6 millions actuellement, selon SNL Kagan). Cette réflexion s'impose d'autant plus que le nombre d'abonnés à la télévision payante, au câble surtout, a tendance à baisser, réduisant d'autant le potentiel de recrutement de HBO qui deviendrait, d'être partout, "l'absente de tous bouquets".

Le passage au numérique de la télévision grand public secoue des habitudes commerciales anciennes et rend plausible leur disparition au profit de modalités plus flexibles, plus en phase avec la culture des consommateurs. Toute télévision doit être aussi à la demande. Sur ce plan, la presse est depuis longtemps en avance qui se vend et à l'abonnement et au numéro.
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mercredi 8 décembre 2010

La presse est régionale

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Même en ligne, la presse est d'abord régionale. L'OJD publie les fréquentations des sites et des groupes de sites du mois de novembre. Pour l'audience France, en nombre de visites, le "Groupe Presse Régionale" talonne le Groupe L'Equipe, devant le Groupe Figaro, largement.
Ce groupe Presse Régionale agrégeant de plus de 240 sites représente une puissance considérable associée à un fort pouvoir de résolution grâce à une couverture fine du territoire et des centres d'intérêt locaux. Et si cet agrégat comptable devenait un produit publicitaire ?
Imaginons une offre Web du type "240x3" (240 fois 3 ou 5 ou 10 insertions) associant puissance nationale et affinité géographique... Un rêve pour bien des annonceurs, surtout si ce rêve se réalise avec des outils publicitaires modernes et des formats créatifs riches. C'est bien la définition du rêve, la réalisation d'un désir... "refoulé" ?

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Le téléphone portable brouille l'audience

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Le MRC (Media Rating Council) chargé par l'interprofession des médias et de la publicité d'auditer les mesures d'audiences des médias aux Etats-Unis vient de retirer son accréditation au National Station Index (NSI) de Nielsen qui mesure les audiences de la télévision dans 154 marchés locaux (DMAs) sur 210. La mesure est effectuée par vagues à l'aide de journaux d'écoute (papier).
Raison de cette décision : les échantillons recrutés représentent mal les populations des différents DMAs.
Certain segments de population, les jeunes adultes, certaines minorités y sont sous-représentés.
Depuis 2009, les échantillons ne sont plus recrutés sur des bases téléphoniques (phone-based sampling) mais sur des bases d'adresses (address-based sampling) afin de prendre en compte les foyers qui n'utilisent pas de téléphonie fixe, sans doute près du tiers de la population (dits parfois "exclusifs mobile"). Or ces populations sans téléphonie fixe, qui ne connaissent que le portable, semblent sociologiquement réticentes au carnet d'écoute, donc il faut les sur-échantillonner, ce qui semble ne pas avoir été fait correctement.
Nielsen a appelé de cette décision, en vain.
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mardi 7 décembre 2010

Les enfants de la télévision et du CSA

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Le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA) publie un dossier composite sur les enfants et la télévision, "La protection des mineurs à la télévision". Ce dossier comporte son "Bilan de la protection du jeune public en 2009-2010". Exercice annuel, figures imposées. La partie consacrée à l'application de la loi et du réglement prête peu à discussion. En revanche, la notion de protection des mineurs en matière de télévision invite à quelques remarques générales. Nous en retiendrons trois.

Définition de la télévision
Le CSA retient celle qu'en donnent les diffuseurs patentés (les "grandes chaînes"). Il vaudrait mieux partir d'une observation des pratiques des enfants et construire une définition réaliste. Parions que pour nombre d'enfants de 11 à 14 ans (l'une des cibles standard du marché TV), YouTube, Dailymotion et la vidéo regardée via Internet sont "de la télévision". De même que les DVD dont le taux de circulation parmi eux est élevé. Télévision incontrôlable.

Variables explicatives
On s'en tient commodément à la variable "âge" alors que l'on sait bien quelles variables seraient autrement discriminantes : le capital culturel et linguistique de la famille (de la mère, notamment), la filière éducative de l'enfant et sa réussite scolaire, l'habitat, la place du domicile sur la carte scolaire, la taille de la fratrie, etc. Variables moins faciles à mobiliser et qui conduiraient à des explications dérangeantes.
Pour l'analyse de la durée de consommation, on pourrait reprendre la distinction entre télévision passion (choix positif), télévision tapisserie (média d'accompagnement) et télévision bouche trou (consommée faute de mieux, faute d'un environnement culturel, sportif, familial porteur). Cette distinction permettrait de dé-psychologiser l'analyse et de situer la consommation en fonction de la situation socio-économique des foyers : elle prend en compte les degrés de liberté dont disposent les enfants pour leurs loisirs.

Les ados
Il y a manifestement un flottement d'une dizaine d'années dans la perception de la classe d'âge et de ses pratiques sociales. Le "petit guide à l'usage des parents et des enfants" comporte des aspects gaguesques. Exemples :
  • "Evitez que vos enfants ne pratiquent trop le zapping d'un programme à l'autre". D'où sort une telle recommandation ? Sur quoi est-elle fondée ? Et surtout, comment fait-on ? On cache la télécommande ? 
  • Une signalétique à respecter par des adolescents ? Sérieusement, qui sait, qui peut faire respecter une signalétique par des adolescents ("moins de 18 ans") ? 
  • Autre recommandation du même tonneau : choisir avec un ado ce qu'il / elle va regarder à la télé ! Sur quelles planètes vivent les rédacteurs de tels paragraphes ? Sûrement, ils n'ont jamais vécu avec des ado en France ou alors il y a très, très, très longtemps. Regarder la télé avec des ados, c'est carrément contre-productif : presque toujours les ado veulent regarder entre eux. Et si des parents s'en mêlent, ils vont ailleurs. "Pas cool, tes parents". D'ailleurs, quels parents voudraient regarder la télé avec des ados sans y être invités ?
La vision implicite de la télévision qu'exprime ce dossier est celle de la télévision dans une famille de la petite bourgeoisie d'autrefois. Il est temps de remettre tout cela en chantier. Les recommandations valent surtout pour des élèves de maternelle et d'école primaire. Les bonnes intentions éducatives sont servies par une approche désociologisante des problèmes et une apparente méconnaissance de l'adolescence.
A priori, la télévision reste suspecte de corrompre la jeunesse. A qui donner la cigüe ?
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samedi 4 décembre 2010

WikiLeaks. Amazon fuite en arrière, PayPal aussi

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WikiLeaks.
La Une du Monde avec 4 titres extraits
de WikiLeaks. Qui a produit l'info ?
Hors risque de sécurité, un Etat ne doit pas avoir de secret pour son peuple, seulement des comptes à lui rendre. Or, à l'exception de quelques enquêtes et quelques "fuites", les Etats vivent confortablement dans le secret, avec l'argent du peuple. Le peuple a des vies privées, l'Etat n'a qu'une vie publique.
Le scandale, ce ne sont pas les fuites de WikiLeaks, mais que les Etats aient des secrets. WikiLeaks fait un travail de média (cf. le commentaire "Das Informationsmonopol ist gebrochen" dans Die Zeit - en anglais). Le travail et le courage des médias c'est, entre autres, "de chercher la vérité et de la dire ; c'est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe" (Jean Jaurès), c'est de rendre publiques les actions de l'Etat. Difficile : tant de médias sont contrôlés, achetés par des Etats. Un seul regret : n'avoir de révélation que concernant l'Etat américain, à quand des révélations sur des Etats européens ou du Moyen-Orient ?
Qu'Amazon, PayPal (filiale de eBay) et compagnie trahissent leurs clients sur injonction d'un Etat est l'autre scandale. Suivent dans l'abdication : Tableau Public, logiciel de visualisation de données, et EveryDNS (qui gère des noms de domaine). Voilà qui désenchante Internet et le Web. Et rappelle la longue chaîne de dépendances (dont les hébergeurs sont un maillon faible) sur lesquelles reposent nos fragiles libertés d'internautes, et les pouvoirs dont elles dépendent au bout de la chaîne. Internet et le Web obéissent aux Etats ; c'est pourquoi ils requièrent le contrôle et l'aide constants des citoyens (cf. le manifeste de Berners-Lee).
Le scandale n'est pas où l'on prétend et il se conforme à son étymologie : occasion de chuter, pour les Etats, les entreprises et les internautes, si nous n'y prenons garde.

* La citation de Jean Jaurès, fondateur du journal L'Humanité, est tirée du Discours à la jeunesse de 1903 (au lycée d'Albi) ; la suite de la phrase : "et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques."
* Bien sûr, amazon dément avoir obéi à une quelconque demande de l'Etat américain.
* Notons qu'il s'est trouvé, dans ces entreprises, de zélés "collaborateurs" pour mettre en oeuvre ces demandes si peu conformes à l'esprit d'Internet, et cracher ainsi dans leur propre soupe. Ils n'auront, bien sûr, fait que suivre les ordres !
*Le web est formidable : il y a déjà un moteur de recherche pour guider les internautes dans la lecture des données publiées par WikiLeaks, Cable Search.
*Pour l'instant, ni Facebook ni Google ne semblent se soumettre...
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