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Magazine lancé en janvier comme hors-série du guide de programmes TV
Télé-Loisirs (Prisma / Bertelsmann). Prix facial : 4 €, pour 116 pages. La mise en place du premier numéro, déclarée par l'éditeur, est de 200 000 exemplaires. Distribution par Presstalis, placé en pile dans le linéaire "Télévision", à côté de
Télé-Loisirs. Peu de promotion, juste un peu de PLV ; vendu comme "
collector".
Le magazine est consacré à
l'émission diffusée du lundi au vendredi sur FR3 où elle réunit en plein
prime time (20H10), en face des journaux de Farnce 2 et TF1, plus de cinq millions de téléspectateurs qui regardent vivre les habitants du Mistral, quartier imaginaire de Marseille (où l'émission est tournée), avec sa prison, son commissariat, son bistro, son parc... L'émission co-produite par
Telfrance et
Rendez-vous Production, a été lancée en été 2004. Elle est diffusée aussi sur France 4 en access (17h05), en Belgique (ladeux), en Suisse (TSR 1) et en Tunisie (Nessma TV) ; l'émission est également accessible en
VOD et en DVD. Au total, déjà plus de 1 800 épisodes.
L'émission est servie par de nombreux produits dérivés :
- des livres (les romans du feuilleton, une BD, un livre de cuisine, un livre documentaire),
- un jeu de société, des jeux vidéo, des CD, une appli de jeux pour iPhone (0,79€)
- un mensuel (avec DVD) qui a cessé sa diffusion en décembre 2010 et que remplace ce nouveau magazine,
- un site officiel avec une boutique en ligne, et aussi un site "non officiel" de fans, un site pour les fans belges, une présence sur Facebook, sur Twitter, etc
- des T-Shirts, des mugs, des casquettes, etc. et même un scooter aux couleurs de l'émission, MIO (Sym) !
Ce magazine est un exemple presque idéal-typique d'un
média de médias. Le cinéma, la télévision sont grandes pourvoyeuses de contenus pour la presse, qui la reflète et dont elle profite, non sans hyprocrisie : sans télévision, pas de
people ! Avec ce feuilleton, sorte de
sitcom /
soap opera (du genre "
All in the Family"), les téléspectateurs regardent vivre des familles dans leur quotidien. On n'est jamais loin du roman-photo. Avec son audience régulière, ce format se prète bien à un prolongement magazine. Comme le site, le magazine fait voir le hors-champ sans trop céder à la tentation de la distanciation.
Making-of, "stars des coulisses", etc.
La mise en page du magazine emprunte aux habitudes des réseaux sociaux (cf. "le mur Facebook du Mistral" où l'on s'exprime en termes de SMS). Un peu de déco, des pages cuisine, musique / cinéma, des tests prospectifs, mots flêchés et sudoku, horoscope. Rien ne manque, sauf la publicité. Ce premier numéro n'en comporte, et s'en tient à des promotions des titres du groupe Prisma.
Cet ensemble médiatique invite à reconsidérer les classifications des médias. Au centre, il y a une émission qui imite la vie, quotidienne, et attire des millions de téléspectateurs. Autour de ce média, circulent des médias ancillaires, multiplicateurs d'images et instigateurs d'usages, prolongeant et amplifiant l'émission par tous les sens (lecture, vidéo, musique, objets) et enfin, s'entretissant, les outils numériques redoublent l'ensemble, invitent à l'action (fans, personnalisation, achats). "Plus belle la vie" peut être qualifié de média total, pluridimensionel, en détournant, mais pas tant que cela, la notion de "fait social total" (Marcel Mauss : fait "où s'expriment à la fois et d'un coup toutes les institutions"). On gagnerait à l'appréhender dans sa totalité, tant au plan de la production que de la consommation et de ses usages publicitaires (médiaplanning, mesure d'efficacité).
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