lundi 30 janvier 2012

Hulu TV ? Video Battleground

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L'événement télévisuel de ce tout début d'année est créé par Hulu, le service de VOD en ligne. Conçu pour distribuer gratuitement des séries et des films sur le Web, avec financement publicitaire (hors Hulu+), Hulu rompt avec un modèle de distribution pure et simple pour se rapprocher du statut des chaînes de télévision traditionnelles qui, elles, produisent et distribuent. Netflix, Vudu, iTunes, Redbox, Amazon se contentent de distribuer des produits off-network et des films. Jusqu'à présent, malgré de nombreuses tentatives, les acteurs du Web n'ont pas réussi à pénétrer le marché TV avec leurs "Web series".
  • "Battleground" est une série classique, originale, avec scénario : "scripted original programming". 
  • Tournée au coeur du Midwest, à Madison (Wisconsin), dans ses rues, ses parcs et ses cafés, la série est peuplée de figurants de la ville. Elle est dirigée par J.D. Walsh et Marc Webb, des enfants du pays et de ses écoles. Les incitations fiscales mises en place par l'Etat du Wisconsin en 2008 ont sans doute joué un rôle dans le choix du lieu de tournage. 
Les acteurs devant une image emblématique du Wisconsin : le pignon d'une ferme traditionnelle
  • "Battleground" est une sorte de "comedy-drama" ("dramedy"), un faux documentaire. La série compte 13 épisodes et prend pour prétexte la campagne électorale (la première diffusion bénéficiera de la conjoncture des primaires). Elle est tournée avec une seule caméra, conformément aux lois du genre. Chaque épisode de 30 mn est interrompu par des messages publicitaires selon le modèle des networks. Le premier épisode sera diffusé le 14 février, les autres suivront à raison d'un par semaine, tandis que Netflix propose plusieurs épisodes de "Lilyhammer" simultanément. 
  • "Battleground" inaugure en matière de marketing d'antenne : la promotion de l'émission recourt entre autres à une campagne de recommandation exploitant les données collectées auprès des spectateurs de Hulu. Médiaplanning Web comptant d'abord sur les effets de réseau et sur le ciblage comportemental. Il en va de même pour la mesure de l'audience qui échappe aux habituels taux évalués par Nielsen, leur préférant des indicateurs de participation, d'engagement, de buzz, etc.
  • Fox fut à l'origine de la série (2010) mais s'en est détourné. On pense aux networks refusant des séries qui firent le succès de HBO, à "Mad Men", refusé par HBO. TV des "refusés" ou conscience lucide des effets de sélection des publics par le mode de distribution ?
Après "A Day in a Life", lancé en janvier 2011, Hulu produit un documentaire en 10 épisodes, "Up to Speed" et une série de 6 épisodes de 23 mn sur la mode ("The Fashion Fund") ainsi qu'une sorte de magazine, "The Day After" avec des épisodes de 5 mn.

S'agit-il de coups pour voir ou d'un virage significatif dans la logique de Hulu ? Quelles sont les intentions des actionnaires (Fox, NBC Universal, ABC/Disney) qui sont aussi les fournisseurs essentiels de ses concurrents (Amazon, Netflix, Redbox, Vudu, iTunes, etc.) ? NBC Universal / Comcast n'a-t-il pas mis fin à la production d'émission de télévision pour le Web, n'attendant de celui-ci qu'un rôle ancillaire et promotionnel (cf. NBC met le Web à son service).
  • Hulu semble chercher prudemment un positionnement réaliste entre télévision traditionnelle (financement, rythme de diffusion) et Web (ciblage, promotion, connaissance des publics). "Internet TV network" ou "Netcaster" ? Ce vocabulaire bardé de définitions surannées n'aide pas à penser l'évolution numérique des médias. 
  • Le modèle des studios et des networks fait rêver le Web : Netflix (qui lance "Lilyhammer" en février, et ensuite "Orange is the new Black") se verrait bien en HBO... tandis que Yahoo! s'imagine en cinquième network. "Dream on" ! Le Web et son public inventeront autre chose, qui n'est ni l'un ni l'autre et que tente peut-être Hulu, en tâtonnant.

mercredi 25 janvier 2012

TV américaine. Cas N° 12 : Networks hispanophones

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Les Etats-Unis sont un pays de plus en plus hispanophone
L'espagnol est la seconde langue des Etats-Unis et de la télévision. L'hispanicité se traduit dans toutes les dimensions de la télévision : loisirs (musique, livres, sport (futbol, bien sûr), cuisine, santé, fiction (telenovelas). Dans l'enseignement, l'espagnol comme langue "étrangère" prend la place des autres langues reléguées, hélas, au second plan, sauf le chinois.
Hispanicité en anglais
La population parlant espagnol est également anglophone, au point que des chaînes visent des hispanophones en anglais : NuovoTV (groupe Univision), Mun2 (groupe NBC Universal). ABC (Disney) et Univision sont en discussion (février 2012) pour le lancement, avec Univision, d'une chaîne anglophone d'information.
              Mise à jour 6 avril 2012
Tout ceci exprime la présence démographique (50 millions -plus de 16% selon le dernier recensement, 2010) d'une population immigrée d'origine hispanophone, intégrée parfois depuis plusieurs générations, venant du Mexique, de Cuba, de Puerto-Rico, etc. Dans certains DMA, la population se déclarant hispanophone est dominante : Laredo, El Paso, Corpus Christi, San Antonio (Texas), Yuma, Fresno, Los Angeles, San Diego (Californie), Miami / Fort Lauderdale (Floride), Albuquerque / Santa Fé (Nouveau Mexique), etc.

Il existe plusieurs networks hispanophones assemblant, comme tout network, des stations (hispanophones) : Univision (dont le groupe mexicain Televisa est actionnaire), Telemundo (racheté par NBC Universal), Telefutura, Azteca, etc. Univision est le premier des networks hispanophones ; la chaîne toucherait 97% de la population hispanophone.
En automne 2012 News Corp. (Fox) lancera MundoFox un network hispanophone avec le groupe colombien RCN. News Corp. affirme ainsi qu'un grand groupe de télévision américain doit avoir une chaîne généraliste grand public hispanophone (RCN s'occupera de la programmation et Fox de la régie publicitaire).
  • Illustration en acte de la pré-éminence du network terrestre généraliste dans le marché télévisuel, donc dans le marché local.
  • Les chaînes thématiques sont importantes mais ne suffisent plus. La plupart des grandes chaînes thématiques ont une version en espagnol et une en anglais. D'ailleurs, en septembre 2011, Telemundo et Fox ont emporté les droits de la Coupe du monde football, devant ESPN, la chaîne sportive.
  • Les telenovelas sont importées d'Amérique du Sud mais certaines sont aussi tournées aux Etats-Unis (Miami) telle "Mi Corazon Insiste" (diffusée par Telemundo). Miami apparaît comme l'une des capitales de la télévision hispanophone dans le monde.
  • Univision lancera cette année trois chaînes thématiques dans les domaines du sport, de l'information et des telenovelas. Le network a lancé 6 applis iPhone.
  • Univision commencera de sous-titrer ses telenovelas en anglais en février 2012 ; Telemundo le fait depuis déjà plusieurs années.
  • Univision et Telemundo sont des networks comme les autres : ils organisent leur ventes avec upfront et scatter markets (l'upfront market 2012 ouvrira le 15 mai en 2012)
  • Comcast lancera en 2012 BabyFirst Americas, une chaîne éducative pour les très jeunes enfants de foyers hispanophones, en 2012.
  • Depuis novembre 2011, Nielsen ne mesure plus l'audience de la télévision hispanophone locale (National Station Index) à part de la télévision anglophone. Depuis 2006, les networks hispanophones utilisent le même panel que la télévision anglophone pour vendre leur audience. 
  • En février 2012, Comcast annonce le lancement futur (début 2014) d'une chaîne de divertissement s'adressant en anglais aux hispanophones nés aux Etats-Unis : El Rey Network.
  • En mars 2012, KMEX-TV, O&O de Univision réalise la meilleure audience des stations américaines, toutes langues et toutes tranches horaires confondues.
Forte de tout ce dynamisme, il arrive que la télévision hispanophone vienne en tête des audiences de la télévision  aux Etats-Unis, devant les networks anglophones. Ce fut récemment le cas pendant la dernière semaine de l'année 2011, semaine dominée par les fêtes. Les chaînes anglophones n'avaient certes pas proposé leurs meilleurs programmes, mais Univision l'emporta pour auprès des 18-49 ans, cible décisive pour les annonceurs.

N.B. L'hispanophonisation concerne tous les médias, le Web évidemment mais aussi, par exemple, la radio numérique : Clear Channel a ajouté Univision Radio à sa plateforme en ligne, iHeart, tandis que SiriusXM, le bouquet de radio par satellite, lançait SiriusXM Latino.

La notion d'hispanophonie est confuse, intuitive ; elle ne se limite pas à une dimension langagière et n'exclut évidemment pas l'anglais. Aux Etats-Unis, on emploie des termes comme spanglish, hispanidadhispanic, hispanicity, latino ; terminologie qui mêle langues, héritage culturel, modes de socialisation, etc. On n'a pas encore forgé les outils linguistiques et les concepts adéquats pour saisir ces situations économiques, sociales et culturelles issues de la colonisation, de la mondialisation...

Rappel : études de cas sur la télévision américaine 


N°1 Station contre network                                                        N°2 Fox change d'affiliée
N°3 Question de couverture                                                       N°4 Pour network, le local compte
N°5 Syndication : le talent d'Oprah, le poids du local                 N°6 Lancement d'une chaîne
N°7 Une émission, deux écrans                                                  N°8 Stratégie de syndication
N°9 Un network prend le taxi                                                     N°10 Réglementation : son de la pub TV
N°11 TV à la station service
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lundi 23 janvier 2012

Retours sur le MultiScreenTasking


Il faut distinguer deux sortes de MultiScreenTasking. 
Nous avons appelé MultisScreenTasking le fait, pour un téléspectateur, d’interagir au moyen d’un second écran (tablette, ordinateur, Smartphone) avec les programmes de télévision. Ce multiscreentasking d'interactivité est une relation positive à la télévision, certains y percevront la preuve de l’engagement des téléspectateurs et un enrichissement des programmes et de l’expérience télévisuelle.

Mais, le MultisScreenTasking peut aussi n’être que le comblement d’une expérience télévisuelle insatisfaisante. La télévision reçue est discontinue : messages publicitaires que l’on ne regarde plus après deux ou trois passages (fréquence trop élevée, gaspillage témoignant d'un médiaplanning inadéquat), prévisibilité des intrigues des séries, génériques sans fin, séparateurs, etc. Toutes figures de l'encombrement (clutter).
Pendant les moments faibles de la trame télévisuelle, si les téléspectateurs utilisent leur ordinateur, leur tablette ou leur Smartphone, ce n’est pas pour interagir avec les émissions mais tout simplement parce que ce qui se passe sur ces autres écrans (consultation du courrier, des messageries, des réseaux sociaux, etc.) est plus intéressant, plus "urgent" que ce qui passe sur l'écran du téléviseur. D'autant que cette consultation alternative des médias est désormais commode grâce au Wi-fi et à la dextérité des téléspectateurs formés au Web, entraînés à jongler avec écrans et claviers. Cette nouvelle sorte de zapping n’est même plus considérée comme impolie, tant que l'on ne téléphone pas.
  • Pour certains téléspectateurs (culture générationnelle ?), il n’est plus envisageable de regarder la télé sans, en même temps, faire autre chose. Sans activité alternative, complémentaire, la télévision serait insupportable, certains l'abandonneraient.
  • L’audimétrie traditionnelle n’y voit que du feu : le multiscreentasking n’affecte pas l’audience mesurée.
Pour la télévision, le MultiScreenTasking est donc toujours positif.

Quand une mesure synthétique de l’audience plurimédia saura prendre en compte le MultiScreenTasking, qu’est-ce qui changera ? La publicité sera ciblée plus précisément. Le capping épargnera aux téléspectateurs les répétitions publicitaires inutiles. Mais, d'une manière ou d'une autre, d'interactivité ou de complément, le MultiScreenTasking est l'avenir de la télévision.

N.B. Notons que l'on ne peut prétendre que la télévision transforme la salle de séjour en salle de cinéma, comme le disent certains théoriciens ; dans les salles, le film reste une expérience continue, le multiscreentasking y est impossible.
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mardi 17 janvier 2012

Starbucks, expérience média totale

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Payer avec l'iPhone
Les cafés Starbucks sont des lieux de passage ; pour de nombreux Américains, des actifs surtout, ils constituent un point de rendez-vous, une sorte de relais où l'on s'arrête au cours de la journée de travail ou de shopping. La plupart des clients n'y restent pas très longtemps : le temps de commander un café, de l'attendre en consultant son courrier, de "personnaliser" leur café (chocolat, cannelle, vanille, etc.) devant un écran. Certains clients s'y retrouvent pour travailler, certains repartent dès qu'ils sont servis. Culture de mobilité urbaine, de personnalisation en affinité avec le Web. 

L'expérience du client de Starbucks est aux Etats-Unis une expérience média de plus en plus riche. La marque s'applique depuis les débuts du Web à être en affinité avec l'évolution de la culture numérique : la généralisation de la mobilité grâce à la pénétration des tablettes, des smartphones et des ultrabooks lui donne désormais un avantage concurrentiel. Cette stratégie permet la collecter d'un volume important de data marketing associant des données Web, des données d'achat, de paiement et de fréquentation (rythme, montant, etc.).
  • Journaux : 4 titres de presse quotidienne, en papier, payants, dans un présentoir à l'entrée.
  • Musique : un écran annonce le titre qui est diffusé. Noter l'emplacement stratégique de l'écran, là où l'on "parfume" et personnalise son café (cf. photo ci-dessous).
  • Wi-Fi : la connection (avec AT&T) est illimitée, gratuite ; elle est utilisée pour le paiement avec smartphone. Beaucoup de clients choisissent Starbucks d'abord pour se connecter, le café vient en plus. Sur le WI-FI à Starbucks, cf. Starbucks Moka Latte Wi-fi
  • Paiement : en utilisant une appli iPhone ou android. De fait, cette appli fonctionne comme une carte de fidélité (rewards, etc.). L'appli permet de recharger sa carte, de vérifier sa situation, de situer les boutiques les plus proches. Cette forme de paiement est disponible aux Etats-Unis et, depuis peu, en Grande-Bretagne.  En 15 mois, Starbucks compte 42 millions de paiement via mobile (source : Starbucks / VentureBeat, avril 2012). Mise à jour 8 avril 2012

"Can we buy you a drink?" Starbucks Rewards

dimanche 15 janvier 2012

DOOH: Screens at Grand Central NY, NY



Grand Central, New York, Friday night. 9 o'clock. The Main Concourse of the commuter train station is clean, slightly crowded. No posters at all on the walls, or hanging from the ceiling. No brand logos. No advertising scattered all over the place There is a feeling of luxury, order and beauty.


No advertising?
No, however.... Just a few screens (four), elegantly framed like paintings. All on the same side of the Main Concourse. There is also an Apple Store which opened in 2011 (East Balcony). Just as clean, just as elegantly organized. Modernity of the computer and iPad screens mix with the old architecture of the building. Store without walls, open space. All in all, three kinds of visitors for this site: commuters, Apple customers and tourists.

Grand Central Terminal, built in 1913, was completely restored in 1998. It is a historic building - in some ways a museum as well - and everything here is conceived and designed to preserve its monumental image (on history of train stations, see: "C'est beau une gare".
One of the screens in the main concourse
Advertising had to comply with such an image and contribute to the ambiance and style.

Two ways to use the screens in public places
  • In Grand Central, digital screens made it possible to eliminate the posters which so often clutter public places ("dedensification", as French advertising sales rep like to euphemize it). In such a case, it is impossible for the public to miss the screens, they stand out (Gestalt). Since there are only a few screens, advertising displayed on them is very efficient. The rate card is simple (dayparts); the loop is short (4 or 5 messages 15 s), with very few words in the messages .
  • In many public places (stations, malls, supermarkets, airports, etc.) screens are scattered in the middle of posters, adding to the clutter. Consequently, the rate card is complex, not to mention the measurement: one for screens, one for posters. 
DOOH is not something you add in a public area just because room is available. Screens should be installed as a main means of communication to a target public, and not just simply to passers-by. Most of the time, DOOH would be more efficient if planned upfront: design and elegance are a major part of the communication strategy. The media is always an important part of the message.
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vendredi 13 janvier 2012

SOPA: The Great Media Divide


Le monde des médias américains est coupé en deux. Un projet de loi, dit Stop Online Piracy Act (SOPA, mot à mot : "loi sur le piratage en ligne", projet dit aussi PIPA pour Protect IP Act) oppose les médias traditionnels, nés analogiques, aux médias issus du Web, nés numériques. Objet du projet de loi : la protection des droits d'auteur et les mesures à prendre contre les infractions à ces droits, contre ceux qui enfreignent la loi et contre ceux qui "facilitent" l'infraction, fût-ce involontairement. Version média de la querelle des Anciens et des Modernes ? Pas si simple.
  • Du côté des médias traditionnels, dits parfois "Mainstream media", expression quelque peu condescendante, se trouvent ceux qui financent, produisent et détiennent des contenus et veulent les protéger à tout prix du streaming illégal autrement dit non payé : des studios et leurs distributeurs (networks, câble, etc.), des éditeurs, des ligues sportives, des annonceurs. Conservateurs par position, ils veillent à maintenir, au cours de leur passage au numérique, leurs avantages acquis : chiffre d'affaires, emplois, parts de marché. Ce parti est dominé par les grands studios hollywoodiens, leurs filiales dans la distribution (networks, MSO) et leurs grands partenaires (ligues sportives, annonceurs).
  • Du côté des médias issus du Web, des outils facilitateurs (moteurs de recherche, navigateurs, courrier), des réseaux sociaux, des incubateurs, des éditeurs de jeux vidéo. Réformateurs, ils défendent leurs intérêts, indissociables d'une liberté d'action sur le Web. Selon ces entreprises, le projet de loi menace les libertés (freedom of speech) et l'économie des médias numériques. Il menace surtout leur ascension économique et leur position sur le marché publicitaire. 
  • Indécis ? Notons la position apparemment confuse de Apple (cf. iTunes), de Microsoft, d'Amazon. Quant aux opérateurs des télécoms, ils ne semblent pas avoir pris publiquement parti.
Rappelons la répartition des acteurs en fonction de leurs prises de position publiques.
ABC, Disney, ESPN
Viacom, CBS
Comcast /NBC Universal
MLB (baseball)
News Corp. (Fox)
NFL (football)
Sony
Time Warner
L'Oreal
Pfizer
VISA
Associations d'artistes, d'acteurs, de techniciens de divers métiers du spectacle
AOL
Craiglist
eBay, Paypal
Facebook
Foursquare
Google
LinkedIn
Mozilla
Reddit
Tumbler
Twitter
Wikipedia
Yahoo!
YCombinator (incubateur)
Zynga
  • Certaines entreprises semblent avoir retiré leur support au projet de loi
Apple
Microsoft

Au-delà de son issue, cette bataille est un formidable observatoire du champ des médias et de ses positions, un révélateur de sa structuration à un moment crucial de son histoire. Structuration selon des enjeux économiques majeurs. Changement de paradigme, tournant, révolution... 

mardi 10 janvier 2012

TV américaine. Cas N° 11 DOOH TV à la station service

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Networks de stations services qui diffusent des sujet télévisuels pendant que les clients font le plein. Du point de vue de la télévision, il s'agit d'être partout pour renforcer la promotion de l'antenne (comme pour les taxis), la notoriété des chaînes, celles-ci fournissant les programmes.
Du point de vue des stations services, il s'agit de moderniser leur l'image, d'encourager la fidélité des clients.
  • Gas Station TV (GSTV) diffuse des sujets concernant le sport (ESPN), la météo locale (AccuWeather), des infos générales (Head Line News, version simplifiée de CNN),  des informations économiques et financières (Bloomberg Television). GSTV produit également un programme "social", Your Neighborhood pour la promotion des stations et du réseau via Facebook et Twitter. 
    • Média national (GSTV est présent dans plus de 100 DMA, vise les annonceurs locaux (du DMA où se trouve une station service donnée).
    • Accords avec toutes les grandes marques de carburants.
    • inOvation TV lancé par GSTV avec Wayne Industries qui produit les dispositifs de commercialisation du carburant à la pompe (Ovation fuel dispensers). Etend le réseau de stations à tout le pays.
  • Outcast avec PumpTop TV. 
    • Diffuse New Weather I.Q.  qui aligne le message des annonceurs avec les conditions météo au moment et lieu de la réception. 
    • Fusionne avec Health Club Media Network pour créer un réseau ("place-based") présent dans 130 DMA.
Remarques
  • Cette télévision hors du foyer touche les automobilistes : ceci était jusque là le privilège de la radio et de l'affichage. Un signe de plus que la grande distribution réorganise sa relation aux médias.
  • A terme sont en jeu les possibilités, pour les partenaires de ces réseaux, de capter des données (la carte de crédit), de fournir des éléments de fidélisation (au réseau), etc. 
  • Ces réseaux peuvent devenir des relais pertinents pour la publicité automobile.
  • Le modèle économique publicitaire est celui que l'on trouve dans les réseaux de pharmacies, de supermarchés, de centres commerciaux, de salles d'attente, etc. La station est équipée gratuitement (écrans de 10 pouces intégrés, maintenance). L'audience est dite mesurée et contrôlée par Nielsen Research (socio-démo, DEA, notoriété). Pour que cette audience soit efficace, il faut à terme qu'elle puisse fournir des analytics de ciblage comportemental des automobilistes et de qualification des stations. Les intercepts et les déclarations n'y suffiront pas.
  • En France, Total lancerait une chaîne pour les aires de distribution de carburant (boucle de 7 mn). En Allemagne, Amscreeen est présent dans 1 200 stations Aral et presque autant en Grande-Bretagne (Esso et Shell).

Rappel : études de cas sur la télévision américaine 


N°1 Station contre network                                                        N°2 Fox change d'affiliée
N°3 Question de couverture                                                       N°4 Pour network, le local compte
N°5 Syndication : le talent d'Oprah, le poids du local                 N°6 Lancement d'une chaîne
N°7 Une émission, deux écrans                                                  N°8 Stratégie de syndication
N°9 Un network prend le taxi                                                     N°10 Réglementation : son de la pub TV
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jeudi 5 janvier 2012

Médias sans frontières

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La distinction entre médias s'estompe. Passés au Web, le magazine fait de la télévision et de la tablette, la télévision et la radio rédigent des informations que l'on peut lire, etc.
Les nouveaux supports, mixtes, mélangent les genres : tous les médias deviennent multimédia sur le Web, devenu "média des médias" (d'où le titre de ce blog). Autrefois, avant le Web, chaque média se définissait par un mode de production et de diffusion de ses contenus spécifique, bien délimité comme une chasse gardée.
C'est ainsi que l'on vit la presse limiter le droit d'informer de la radio (1937) ; on a vu les médias classiques contester le titre (et le statut) de journalistes aux personnes écrivant pour le Web, etc. Défense conservatrice du territoire et de la spécificité des médias traditionnels que plus aucune limite technique ne justifie.

Le tribunal de commerce de Charleroi vient de rendre un jugement qui peut faire jurisprudence : le 30 décembre, il a reconnu à la Radio-Télévision Belge de langue française (RTBF) le droit d'informer et de publier des articles sur le Web. Droit que lui contestait la presse écrite. Les Journaux Francophones Belges veulent cantonner la radio et la télévision publiques dans la stricte diffusion d'images et de son, ce pourquoi, selon la presse, leur est attribuée une subvention par l'Etat. Concurrence déloyale, disent ces journaux. A quoi, de son côté, la RTBF objecte que la notion de presse en ligne n'est pas clairement définie.
Suivant une même logique, pourquoi la télévision ne contesterait-t-elle pas le droit pour la radio, la presse ou les sites Web de faire de la TV ? La presse n'est-elle pas subventionnée également ?

Mais l'enjeu est aussi et surtout la publicité sur le Web. Un débat du même ordre a lieu en Allemagne, les chaînes privées contestant aux chaînes publiques le droit de se développer sur le Web sous prétexte qu'elles sont subventionnées. BBC World Service vient d'être autorisée à vendre de la publicité sur les sites de certaines de ses chaînes, dont BBC.com et ses sites en arabe, espagnol et russe) soulignant combien l'enjeu majeur de tels débats entre médias traditionnels est d'abord publicitaire. Les chaînes commerciales sont toujours attentives à la défense du secteur public lorsqu'il s'agit de limiter son accès à la publicité.

Combats et arguments d'arrière garde. Grande illusion des frontières et des délimitations. Le Web, média sans fin, abolit les définitions des médias. Sur le Web les médias sont égaux en droit. Médias sans frontières que seule distingue leur marque, établie, pour certains médias, sur d'autres supports.
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mardi 3 janvier 2012

Digital Kids Nowadays (UK)

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Ofcom, the British regulatory body, has published its annual report about children and the media based on two main sources: a quantitative survey of children 5-15 and their parents (July 2011) plus BARB data (TV people meter panel), etc. Very rich data of which we select only a very small sample. Children and parents: media use and attitudes report (25 October 2011). 

We concentrate on the 12-15 age group. They are the youngest teenagers; they attend secondary school. When it comes to media, they set the trends. They are becoming independent, they want to be on their own. They were born after the Web, after the mobile, after digital TV. The youngest were born after Google. They invent new ways of using the media, with or without the consent of adults. Facebook, mobile, DVR, videogames, laptops: it goes without saying. It is their environment, their everyday culture. Digital native users? Almost, but not quite.

What does this report teach us about these young teenagers?
  • The Web is everywhere, it is a given: less than 10% of children do not access it from home, 8% do not access it at all.
  • The bedroom as mediaroom. Almost half of them (43%) connect to the Web from their bedroom, mostly with a laptop (60%). The Web is becoming a private media, intimate. 40% have a digital TV set in their bedroom. The way they use media is no longer their parents' business. Less "family viewing time"? What about so called "audience conjointe"?
  • Which media would they miss the most? Mobile phones (28%), the Internet (25%), TV (18%).
  • Smart with a phone. 88% have a phone - more and more often this is a smartphone: 41% have one (46% of the girls). Two-thirds have purchased it in the last six months: this is developing quickly. Smartphones are primarily used for social networking (50% at least once a week: this data is too imprecise; how many each day?). Of course, children with a smartphone use the phone for a broad range of activities (Smartphone, polyphone). Text messaging dominates the communication between 12-15. Music, photos, games, social networking follow.
  • Facebook always. 76% of surveyed children have set a social profile (girls more than boys, 81 vs 76%), almost exclusively on Facebook (97%). They are active, update their location...
  • Time-shifting, catch-up are in the air. DVR (Digital / Personal Video Recorder) is in two- thirds of the homes. Two-thirds of the 12-15 age group use a DVR. 32% use on-demand services. Is linear TV out? Soon!
  • Videogames. 9 in 10 play video games, both boys and girls; slightly skewed toward boys.
  • More and more video and Web in their life. In comparison with 2010: watching television (95% vs. 92%), using the internet (85% vs. 80%), watching DVDs or videos (53% vs. 46%). Does this mean that there is less and less of other activities (reading, sport, etc.)? Are multitasking, multiscreentasking growing? Or do we not yet know how to measure this consumption?
Conclusion: a likely digital portrait of a 12-15 year old in 2013
Smartphones first. Facebook, laptops, private use of digital media, videogames, desegregated linear TV, a la carte. Less empty time, less idleness. Busy with digital media. Mobile and private media consumption. The difference between girls and boys' behavior is practically nil.
Next time, the survey will tell us about tablets and eReaders.

N.B. Most of the questions in these surveys focus on parental control, rules, safety, supervision, etc. Since the data comes from in-home interviews with parents and children, the answers are questionable. "Everybody lies" - especially the parents!
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dimanche 1 janvier 2012

2012, année data. Prévisions

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Des étudiants m'ont mis au défit de faire des prévisions 2012, "comme tout le monde", pour voir. Evidemment, pas question de prévoir le présent : l'irrésistible développement du local, l'omni-présence de Facebook, le cloud computing... Trop facile, disent-ils !
Alors, voici cinq tendances plus une (année data), dessinant ensemble, par leur tissage, des motifs de mondes média possibles, peut-être pas les meilleurs des mondes (il faudrait être "candide" pour y croire). Le vieux Caton, selon Ciceron, s'étonnait que deux augures aient pu se regarder sans rire, tant ils s'étaient trompés. Alors, nous qui lisons l'avenir dans les entrailles du numérique, rions ensemble, en attendant de revenir sur ces prévisions, dans un an.
  1. Analytics. Les acteurs de la publicité dans le Web conduiront leur compétence analytique sur le terrain des mass médias. Au-delà d'une convergence des mesures, le remplacement des mesures analogiques s'annonce, chères, incertaines, produisant trop tard des ROI discutables. Le marché de la data, automatisé (server-side data, RTB, etc.), s'installe, suivant logiquement ces analytics continus. Conception, enrichissement multiplateforme et récoltes de data partout, à toute occasion, sont un avenir proche.
  2. Smartphone. De plus en plus indispensable, de plus en plus complet, adapté à tous les profils personnels, professionnels grâce aux applis. Dès l'âge de 12 ans. Universalité définitive du Web. Data mobile, géo-localisée. Equipement de chaque instant à venir, pourvoyeur de data très riche.
  3. TV décomposée, recomposée. La télé gardera longtemps encore une place dans les loisirs. Non seulement la télé linéaire, agrégée, comme par le passé, mais aussi désormais de la vidéo à la demande (catch-up, DVR/DVR, etc.) et plus ou moins connectée. Multiscreentasking souvent : on ne sera plus jamais seul avec un écran de télé. Proximité des tablettes comme supports TV, écrans mobiles. Data TV personnalisée. 
  4. Wi-Fi partout. Transports publics, lieux publics, établissements d'éducation, domiciles, points de vente. Impensable de s'en dispenser. Indispensable pour les tablettes et les smartphones. Data encore, confiée par des millions de passants, visiteurs.
  5. In-store marketingEvaluation continue des comportements d'achat dans les points de vente. Publicité promotionnelle interactive. Data toujours. Cartes de fidélité, coupons, listes d'achats, promos, tout le marketing passera par le smartphone, il y a des applis pour tout.