mardi 26 août 2014

Silicon Valley : six personnages de série en quête d'investisseurs


"Silicon Valley", série de HBO (Time Warner), met en scène les aventures d'une start-up, Pied Piper, à la recherche d'investisseurs.
La série fut diffusée le dimanche en prime time, à 10 heures, après "Game of Thrones", d'avril à juin 2014 (8 épisodes). Cette position dans la grille a dû contribuer au lancement ; la série a connu un honnête succès d'audience et cinq nominations aux Emmys (cf. Television Academy) : elle sera présente dans les grilles de rentrée de HBO (diffusée en Grande-Bretagne, en Australie, sur Orange OCS en France).

Source : Spectrum IEEE
Les personnages et les situations d'une start-up typique sont réunis : l'incubateur, le VC (venture capitalist), l'"elevator pitch" ( en quelques minutes, présentation de son idée par la start-up), reverse engineering (démonter une innovation pour la copier)...
A l'origine de la start-up se trouve un projet d'algorithme de compression musicale,  d'où son nom, Pied Piper, qui évoque, en anglais, la légende du joueur de flûte de Hamelin (Grimm, "der Rattenfänger von Hameln", 1842).
Le dernier épisode de la première saison est censé se dérouler au TechCrunch Disrupt à San Francisco, sorte de marché bi-annuel où se rencontrent des start-ups et des investisseurs ; tourné en studio, l'épisode constitue une satire féroce du milieu. Cf. Valleywag,"HBO's Version of TechCrunch Disrupt Was Better Than the Real Thing").

Télé-réalité ? Mike Judge, l'auteur, a été ingénieur dans la Silicon Valley, l'algo de compression (cf. formule ci-dessus) a été imaginé par un professeur de Stanford University et rôdé par l'un de ses doctorants, Vinith Misra.
Ce n'est pas du Pirandello mais la question reste : quelle est la réalité, où est le théâtre ? Réalisme, exagération ? Notons qu'il n'est pas si facile de rendre spectaculaires, pour figurer dans un prime time télé, un algorithme, le code, la limite de Shannon ou un taux de compression. Silicon Valley relève le défi, plutôt brillamment.

"Silicon Valley" veut  rendre compte de l'économie qui s'est concentrée dans cette région des Etats-Unis, de la société qu'elle a engendrée, décor de l'intrigue. Une économie avec ses manières, son style mégalo, ses rituels, ses clichés, son langage, sa vulgarité sexiste, la naïveté bonhomme des uns, la brutalité carnassière des autres sont ainsi présentés sans détour : on peut y voir une version californienne des "eaux glacées du calcul égoïste" (expression de Marx : "eiskaltes Wasser egoistischer Berechnung", 1848). On pourrait aussi y lire une moderne "American Comedy", à la Theodore Dreiser.

Ne boudons pas notre plaisir, voici une comédie souvent drôle et qui nous délivre des histoires de crimes et de prisons. Après l'échec de Start-Ups, HBO réussit à peindre cet "univers impitoyable", comme AMC a peint la publicité (Mad Men), ou Fox la médecine (House M.D.). Attendons la prochaine saison, la série est prometteuse.




mardi 19 août 2014

Facebook, dans une certaine mesure


Facebook serait-il en passe de devenir une entreprise de référence en matière de mesure et d'études publicitaires ?
Ce n'est certes pas dans la définition stricte de son métier, de sa "mission" (cf. document de l'IPO). Les signes avertisseurs pourtant ne manquent pas.
Nous en retiendrons trois.

Le premier est sa mise en œuvre par Nielsen dans le cadre de OCR. Avec son tag omni-présent, OCR arbitre entre les mesures de l'audience publicitaire Web et mobile (calibration engine). En France, par exemple, Facebook peut apporter un supplément de couverture aux panels classiques, panels de taille limitée parce que trop chers à recruter et à maintenir, surtout depuis la généralisation du mobile comme outil exclusif de téléphonie. Aux quelques milliers de panélistes de Nielsen, Facebook peut "ajouter" les millions de personnes actives sur son réseau. Si Nielsen ou Médiamétrie sont gages de représentativité (quotas), Facebook est gage de quantité. Qui peut se passer de qui, à votre avis ?
Pour l'instant, l'association des données Nielsen / Facebook s'effectue via des cibles socio-démographiques élémentaires (sexe, âge), mais ce n'est qu'un début...

Le deuxième signe se lit dans la communication de Facebook sur sa capacité à dédupliquer les audiences numériques. Facebook peut identifier à tout moment les audiences qui passent des supports mobiles à des supports fixes, des lieux de travail au domicile : couverture et répétition globales, GRP cross-device...
Cet identifiant unique, qui serait indifférent aux appareils utilisés, semble un serpent de mer publicitaire. On en parle, on l'imagine mais on ne le voit guère. En revanche, Facebook, avec ses centaines de millions de personnes identifiées sans erreur, avec son immense audience mobile, dispose apparemment de tous les moyens pour suivre une audience publicitaire et en attribuer les effets (conversion, impact, branding...) .
De plus, avec ses utilisateurs mobiles, Facebook peut localiser précisément un utilisateur, situer son environnement et sa proximité commerciale.

Le troisième signe est la place que Facebook occupe auprès de la télévision. Aux Etats-Unis, Facebook est partenaire de Nielsen pour la mesure de l'audience de la télévision reçue sur supports mobiles. Facebook est aussi le média qui accompagne de plus en plus les usages sociaux de la télévision (social TV) ; il se trouve donc à même d'évaluer l'audience totale de la télévision (volume, comportements, goûts, MultiScreenTasking).

Facebook a constitué, de facto, un gigantesque panel, mobile et fixe, épousant strictement et sans délais la sociologie des comportements et des consommations : big data (des mots, des relations, des photos) et intelligence artificielle. Facebook semble en mesure de réaliser un rêve ancien des instituts d'études : permettre des études 360°, holistiques et continues des consommations. Et, en prime, pluri-nationales et plurilingues...

jeudi 14 août 2014

Upfront Market : bilan provisoire de l'achat TV américain


Rappel : le marché publicitaire Upfront (en avance) concerne surtout les grands networks généralistes américains anglophones et l'année télévisuelle à venir (septembre - juin). A ce titre, les performances de ce marché constituent un indicateur de l'évolution du marché publicitaire de la télévision et de la santé des groupes TV. Il s'agit d'un marché assorti de garanties de GRP sur cibles alors que les ventes ultérieures, effectuées au début de chaque trimestre (scatter market), n'en comportent pas. N'est ici prise en compte que la tranche horaire de prime time (donc sans le sport) ; la cible est généralement celle des 18-49 ans.

Voici un bilan provisoire, encore incomplet. A ce stade, il est encore limité aux networks anglophones traditionnels et aux chaînes thématiques (câble, satellite, télécoms) upfront en juillet. Les données sont déclaratives : agences média, groupes TV principalement.
qui ont terminé leur
Ce bilan sera mis à jour et rectifié au cours des semaines prochaines, au fur et à mesure de la publication de nouvelles informations.
En résumé :
  • Le volume total des ventes, exprimé en dollars, a quelque peu diminué : deux explications sont avancées, mais ce sont des hypothèses incertaines, difficilement vérifiables pour l'instant.
    • un report au scatter market, d'une part, qu'il est trop tôt pour apprécier
    • une ponction effectuée par la video numérique, d'autre part. A rapprocher des proclamations lors du NewFronts ("Video Upfront" tenus fin avril - début mai sous l'égide de l'IAB, contrôlés par Google, AOL, Yahoo!, Microsoft, Digitas, Hulu). NewFronts se veut l'équivalent pour la vidéo online de l'upfront market de la télévision.
  • Les CPM sont en hausse modérée, autour de 5% en moyenne 
  • Les volumes sont en baisse pour le câble, pour la première fois (formidable erreur de prévision : on attendait +5%, ce fut -6%), sa part du marché publicitaire passant sans doute au-dessous de 42%. Source : Cabletelevision Advertising Bureau (CAB), 24 octobre 2014).
  • Les chiffres pour Univision et pour la syndication ne sont pas encore publics.


mardi 12 août 2014

Imagine, there is no free advertising


Imagine that newspapers, magazines, TV networks, radio stations were to stop talking for free about brands, new products, commercial events, etc. Imagine that media always ask brands to buy the necessary space or time instead? Media would no longer quote or copy press releases about brands without being paid. This type of public relations (PR) actually represents free advertising, doesn't it?

The opportunity cost of this free "advertising" - the loss of potential gain - is high. It is exactly the price of an ad / commercial that would be placed at the same time, at the same place, in the same format... Imagine the price charged for mentioning a brand during prime time on a TV network! Imagine the gain for the media if the mention of brand names during sports events were to become paid advertising (quoting of cycling teams, names and logos on jerseys, naming of a stadium, etc.)!

vendredi 8 août 2014

La télé passe à la data


Le travail publicitaire exploitant la data exige de nouvelles compétences scientifiques, demande de nouveaux outils et une disposition continue à l'innovation. Les régies traditionnelles doivent se réformer et rompre avec l'organisation ancienne.
NBCU (groupe Comcast), qui rassemble 17 chaînes thématiques et deux networks généralistes (NBC et Telemundo), vient de créer un groupe de recherche "publicité et stratégie" consacré exclusivement à l'exploitation commerciale, publicitaire, des données collectées par les différentes chaînes du groupe et une cinquantaine de sites.

Objectifs du groupe de recherches : la mesure et l'analyse de l'offre (audiences) pour optimiser le ciblage et la vente multi-plateforme au service des annonceurs.
"Today’s business is driven by data and market analysis so that clients can better optimize their media plans to reach the right consumers". (Communiqué de presse)

N'oublions pas que NBC compte une dizaine de stations O&O dans les plus grands marchés du pays (DMA) et Telemundo une vingtaine dans les DMA à forte population hispanophone. Comcast dispose aussi d'une quinzaine de chaînes régionales (sport, information), d'une régie publicitaire pour le câble local (Spotlight), de 20 millions d'abonnés broadband et d'autant d'abonnés au câble.
Ce n'est donc pas la data qui manque.

Enfin soulignons que le travail sur la data s'effectuera en collaboration avec la recherche effectuée pour la direction des programmes. Audience publicitaire et contenus éditoriaux seront traités ensembles avec la même data, les mêmes outils. Convergence méthodologique.

mercredi 6 août 2014

En espagnol : football et telenovelas pour tous


C'est Univision, chaîne hispanophone, qui est en tête des audiences des networks américains pour le segment 18-49 ans, réputé être le segment marketing le plus important pour les annonceurs de la télévision grand public en prime time. Il s'agit de la vague de juillet de la mesure de télévision locale (NSI). Deux stations Univision (O&O) étaient aussi en tête des stations : KMEX à Los Angeles et WXTV à New York.
Quelles explications peuvent rendre compte de cette évolution ?
  • Importance de la langue espagnole aux Etats-Unis. Sans doute. Mais, autant que la langue, sans doute, les cultures dites "hispanic" ou "latino": notion difficile à cadrer, qui, outre la langue et ses multiples accents et variantes, recouvre des traits culturels, des manières d'être, des goûts alimentaires, vestimentaires, musicaux, sportifs...
  • Période où la concurrence des networks anglophones est la moins forte. En été, leur programmation est faible tandis que Univision propose des telenovelas populaires ("Lo Que la Vida Me Robó", "Mi Corazón es Tuyo", etc.). En juillet 1993, déjà, Univision avait, pour la première fois, devancé les autres networks.
  • Effet fútbol (Coupe du monde). La population hispanophone s'intéresse plus au football (soccer) que la population anglophone : tradition, relation aux pays d'origine, joueurs hispanophones dans l'équipe des Etats-Unis (pas assez, dit-on). Cf. l'enquête de Langer Research, en juin 2014. A mettre au crédit de la variable culturelle.
Erosion des différences, intégration - dans les deux sens, selon le schéma classique - : les cultures des hispanic (latino), d'abord dominées, transforment et enrichissent désormais la culture des anglophones. "Compénétration mutuelle", dirait Claude Lévi-Strauss. Une sorte de bilinguisme s'installe progressivement, d'autant que l'espagnol est de plus en plus souvent la seule langue "étrangère" enseignée (high school).
L'audience et le goût télévisuels américains s'hispanisent, et les variables de segmentation (quotas, cibles marketing) se complexifient.


*  Définition de l'ethnonyme "hispanic" ou "Latino" par le Census Bureau

"People who identify with the terms “Hispanic” or “Latino” are those who classify themselves in one of the specific Hispanic or Latino categories listed on the decennial census questionnaire and various Census Bureau survey questionnaires – “Mexican, Mexican Am., Chicano” or ”Puerto Rican” or “Cuban” – as well as those who indicate that they are “another Hispanic, Latino, or Spanish origin." Origin can be viewed as the heritage, nationality group, lineage, or country of birth of the person or the person’s ancestors before their arrival in the United States. People who identify their origin as Hispanic, Latino, or Spanish may be of any race."

*  Depuis novembre 2011, Nielsen a mis fin à son panel "hispanic". Toute la télévision locale est mesurée par le panel NSI.

*  A partir de 2015, la FIFA change de chaînes et c'est la chaîne hispanophone Telemundo (groupe Comcast / NBCU) qui diffusera le football.

lundi 4 août 2014

Data et video : mais que fait la TV ?


RTL Group a pris le contrôle de SpotXchange (65% pour 107 millions de $). SpotXchange est une plateforme américaine de vente automatique de publicité vidéo en ligne (SSP).

L'objectif de cet achat est pour RTL Group de se doter, en interne ("ins Haus"), de la compétence data et technologie nécessaire ("Wir wollen unser Können verbessern, indem wir uns die nötige Daten- und Technologie-Kompetenz ins Haus holen").
En perspective, la connaissance et le ciblage publicitaire (programmatique) des jeunes générations de téléspectateurs qui regardent la télévision en ligne, sur des supports mobiles.

Ceci n'est pas la première acquisition de RTL Group dans la vidéo ; en 2013, le groupe a acheté 51% de BroadbandTV (Viso, TGN), un MCN (Multi-Channel Network) de YouTube (7 800 chaînes), pour 36 millions de $. Un MCN utilise les services de YouTube, auquel il est affilié. On peut considérer que YouTube se comporte dans ce cas comme un network mondial, un agrégateur opérateur de bouquets.

Que vont faire les groupes de télévision commerciale européens pour capter et monétiser le marché de la vidéo, puisque, à terme, télévision linéaire et vidéo en ligne ne feront sans doute plus qu'un marché, plus qu'une mesure. Plus qu'un GRP qualifié par la data mobile?

N.B
  • RTL Group compte plus d'une cinquantaine de chaînes de télévision linéaire en Europe : en Allemagne (Vox, RTL), en Espagne (Atresmedia), en France (Groupe M6). La société de production et de distribution TV FreemantleMedia se trouve également dans le giron du groupe. Le siège de RTL Group est au Luxembourg ; le groupe emploie plus de 11 000 personnes. Son actionnaire principal est le groupe allemand Bertelsmann (75%). En France, Bertelsmann contrôle Prisma Media (via Gruner + Jahr) qui a récemment acheté la régie vidéo AdVideum.
  • Le marché des outils publicitaires vidéo ne concerne pas que la télévision : en 2014, Facebook a acquis LiveRail, entreprise spécialisée dans la commercialisation de la vidéo en ligne, AOL a acquis Adapt.tv en 2013. Google a mis en place Partner Select pour l'automatisation de l'achat d'espace publicitaire vidéo.

mercredi 30 juillet 2014

Audience mobile : le grand chambardement


Le mobile, smartphone ou tablette, n'en finit pas de tout remettre en question dans les médias. Alors que tout semblait se stabiliser après le choc Internet, les médias mobiles bouleversent tout à nouveau. Avant tout média était fixe, au foyer ou hors du foyer. Maintenant, le mobile, non seulement est partout mais il est plus ou moins lié à tous les autres médias. Obsolescence non calculée, la communication mobile ringardise l'ordinateur. Social TV et multiscreentasking au foyer. Les formats courts vidéo prennent de plus en plus d'importance. Dans la ville, devant les vitrines et les affiches, dans les points de vente, le mobile convoque les applis commerciales du e-commerce.

La mesure, qui, mieux que tout, mesure le désarroi et l'enthousiasme qui saisit parfois le marketing, reflète ce chambardement. Voilà que l'on a plus de data d'activité média (cookies) que de personnes : les consommateurs se sont dédoublés, multipliés car on ne sait guère saisir le consommateur unique, le même, celui, celle, qui tour à tour lit son courrier sur son smartphone, joue sur sa tablette, travaille sur un ordinateur au travail et sur un autre ordinateur à la maison. Tout cela avec des applis. Les panels y perdent leur statistique et les cookies s'émiettent. On rêve bien sûr de donner au consommateur un identifiant unique, de reconnaître la même consommatrice au magasin et sur un site de e-commere (off-line to online, O2O). On comptait sur le smartphone pour réconcilier les pratiques : iOS 8 met ce rêve au rancart en rendant l'identifiant aléatoire (random MAC address). Adieu store analytics avec Wi-fi et smartphones ! Voici le iBeacon et le Bluetooth LE.
Cauchemards marketing ? Voici toutefois deux éclaircies.
  • OCR (Nielsen) prend désormais en compte le mobile (navigateurs et applications). Heureusement car Facebook sans le mobile semblait une mauvaise blague. Il semble d'ailleurs que Nielsen et Facebook échangent des informations concernant les consommations de télévision sur mobiles (cf. Robert Faturechi, Meg James, "Facebook to track users' TV habits", Los Angeles Times, July 14, 2014). Il semble qu'avec l'exploitation massive de data, Facebook fournisse de plus en plus de données marketing et d'audiences, devenant ainsi un partenaire des instituts d'études... avant peut-être de devenir davantage qu'un partenaire ?
  • Mesure de l'audience de la TV reçue sur mobiles
Nielsen, encore, dans le DMA de San Francisco Bay Area (DMA N°6, premier DMA pour la population asiatique américaine - Asian Americans), mesure et qualifie l'audience sur support mobile de la station KTSF 26. Le signal broadcast est reçu en direct sur mobiles avec Syncbak qui a intégré le SDK de Nielsen (watermarking). Syncbak permet également la réception de la VOD payante.
KTSF-TV est une station indépendante (Lincoln Broadcasting Company) s'adressant particulièrement à la population asiatique de la région de San Francisco (1,5 million de personnes ; chinois mandarin et cantonais, japonais, coréen, etc.). Cette population semble sur-équipée en mobiles.

L'audience sur mobiles, ainsi mesurée, sera intégrée dans la mesure locale du DMA (NSI). Notons que cette mesure est plus complète que la mesure locale courante puisqu'elle est passive, qu'elle donne des informations socio-démographiques riches, indique les épisodes d'une série regardés en VOD, les messages publicitaires vus...

Syncbak fait partie des solutions tentées aux Etats-Unis pour la réception de la télévision locale broadcast sur support mobile : cfla télévision partout. Le network CBS est actionnaire minoritaire de Syncbak qui devrait connaître un sort plus favorable que Aereo, attaqué et coulé par les puissances télévsuelles en place.

Appli KTSF /Syncbak dans l'App Store

lundi 21 juillet 2014

Walmart total data marketing


Walmart lance une plateforme d'adexchange, Walmart Exchange (WMX). Walmart est la plus grosse entreprise mondiale, le premier distributeur mondial aussi. Avec cet Adex, il s'agit à terme pour l'entreprise d'associer des données publicitaires (first et third party) avec des données de fréquentation des magasins (in store analytics). Les données magasins proviennent des cartes de fidélité (cf. Sam's Club), de l'analyse des ventes, et, bientôt, de l'analyse des comportements : déplacement des clients devant les linéaires, attention accordée aux produits, à la PLV...  S'y ajoutent encore des données des réseaux sociaux et des données de mobilité transitant par les smartphones (cf. Walmart appSavings Catcher Programetc.). Bientôt, Walmart proposera également des services médicaux (Primary Care Clinics)...
Toute cette data est mise au service du marketing et notamment du ciblage. Walmart peut ainsi mesurer précisément l'efficacité du marketing des marques fournisseurs, en dernière instance, indifféremment de l'attribution. En temps réel, bien sûr.
De plus, le tout s'enrichit de la structure en réseau : plus de 10 900 magasins, aux Etats-Unis, en Chine (JV), en Amérique latine, au Kenya, au Canada, en Grande-Bretagne (ASDA), etc.

Le distributeur se trouve donc à la tête d'un incomparable capital de données : Big data. Incomparable avec ce dont disposent ses fournisseurs. Incomparable, surtout, avec ce dont peut disposer une agence de publicité ou d'achat d'espace publicitaire, quelle que soit sa taille.
La bataille publicitaire pourrait bien se révéler inégale : qui détient l'arme absolue de la data pour le marketing et la publicité "omni-channel" ? Le distributeur, plutôt que les marques (fournisseurs), plutôt que les agences de publicité...

Ajoutons que Walmart a mis en place son propre laboratoire de recherche et d'innovation sur le commerce numérique et le comportement des clients, @WalmartLabs, une sorte d'incubateur (accelerator). Le distributeur prend en main la recherche marketing et la réflexion stratégique, débordant largement les prérogatives des agences de publicité. @WalmartLabs a mis au point, par exemple, un moteur de recherche sémantique pour les produits (Polaris)  et a réalisé de nombreuses acquisitionsAdchemy (sémantique), OneRiot et Kosmix (social media), Inkiru (predictive intelligence), stylr (appli de e-commerce), et, récemment, Luvocracy, une place marché de produits recommandés par des amis, etc.
Dans la même voie, un grand distributeur européen, Tesco (Grande-Bretagne), a racheté Dunnhumby puis sociomantic Labs pour le traitement sémantique de la data.
En France, Carrefour annonce sa collaboration avec Acxiom pour l'ensemble de ses données marketing (AOS, Acxium Audience Operating System).
Notons encore, pour souligner les similarités stratégiques dans la grande distribution, le lancement de distribution de programmes vidéo (OTT) : Vudu par Walmart, blinkbox par Tesco. La vidéo est, entre autres, source décisive de données qualifiantes (cf. Netflix).

Walmart a pour objectif de permettre à ses marques fournisseurs de réduire leurs investissements publicitaires afin qu'elles puissent vendre leurs produits moins cher.
La data collectée par Walmart est utilisable pour piloter et optimiser les plans médias, y compris off-line, presse et télévision notamment : tout plan télé doit être informé par la data. Walmart se trouve ainsi fournisseur de data pour ses fournisseurs, et peut-être, à terme, consolidera et optimisera les achats médias de ses fournisseurs.

Références :

mardi 15 juillet 2014

Start-Ups en série


START-UPS <silicon valley> est une série qui a été programmée par la chaîne américaine Bravo (NBCUniversal), en 2012 : la diffusion fut interrompue après huit épisodes et ne fut pas renouvelée depuis. L'audience, raisonnable pour le premier épisode (700 000 personnes selon Nielsen), diminua ensuite. "Geeks are definitely the new rock stars", prophétise le site de Bravo ; pas sûr !

Screenshot de l'émission (générique)
Start-ups. Silicon Valley relève du genre télé-réalité (unscripted drama) ; elle réunit six acteurs, entrepreneurs de start-ups de la Silicon Valley : deux ont lancé Ignite Wellness qui suit les activités sportives (monitoring); l'un recourt à un accélérateur Appcelerator, plateforme d'incubation d'applications (cloud software suite) ; l'une est journaliste bloggeuse; l'une travaille à une start-up pour la mode (Shonova); l'autre à un comparateur de prix pour l'automobile.

Randi Zuckerbergexecutive producer de la série, souligne qu'il s'agit d'un reality show, pas d'un documentaire ; l'ancienne directrice marketing de Facebook se veut garante de la véracité des personnages et souligne sa volonté de vulgariser la culture des start-ups (television friendly) et de l'économie numérique.  Pour cela, la série met l'accent sur les relations, amicales et amoureuses, les flirts, les confidences ("capturing the interpersonal dynamics that go on in companies. There is real drama in start-ups", dit Randi Zuckerberg). De plus, tout ce monde se veut à la mode, s'habille avec une distinction toute californienne, parle à la mode, mange à la mode...

Certes, la série évoque l'angoisse de la levée de fonds, le doute des jeunes entrepreneurs au moment de passer du statut de salarié à celui d'entrepreneur, de quitter la Silicon Valley pour New York... On perçoit les décors emblématiques et les rituels des entreprises du numérique : présentations PowerPoint, diagrammes jetés au feutre sur des tableaux blancs, ordinateurs portables, smartphones et tablettes omniprésents, dès le matin, de la cuisine à la salle de bain.
Le montage fait alterner des dialogues champ-contrechamp avec des monologues introspectifs, sorte de sous-conversation disant le non-dit, illustrant la vigueur du débat intérieur.
Derrière l'intrigue, on perçoit aussi des questions plus générales : que signifie la Silicon Valley, une aire géographique (le générique s'ouvre sur une carte de la Silicon Valley), un pôle économique ou un état d'esprit ("entrepreneurial mindset") ?

Parce qu'elle donne une image fausse de la Silicon Valley, la série a été beaucoup critiquée. On y a vu plus de soap-opera que de réalité. Cet essai souligne combien il est difficile de montrer le travail d'une start-up du Web, la gestation si peu spectaculaire ("relatable", dit Randi Zuckerberg) des idées innovantes : codeurs devant un écran, présentations de business plan aux VCs et business angels, discussions stratégiques ("pivoting")... Comment faire vibrer un public pour des événements aussi peu visibles, si peu lisibles : pour la levée de fonds, on montre la signature du chèque de un demi million de dollars...
D'autres émissions s'essaient à faire voir l'économie numérique et à célébrer la culture scientifique : ("Shark Tank", sur ABC depuis 2009, "The Big Bang Theory", sur CBS depuis 2007, "Person of Interest" sur CBS depuis 2011, sans compter le film sur Facebook, The Social Network).
A priori, la vidéo semble se prêter moins bien à cette ambition de vulgarisation que l'essai ou le roman (cf. l'approche de Katherine Losse dans The Boy Kings. A Journey into the Heart of the Social Network).
Sur le même sujet, dans un tout autre style, HBO a également produit une série intitulée "Silicon Valley", sitcom réunissant six jeunes gens créant une start-up. La première saison est un succès. A suivre.

Bien sûr, on peut voir dans la série de Bravo une bonne idée mal ficelée, une occasion manquée de faire connaître une nouvelle économie et ses contradictions. Les start-ups y appparaissent comme un univers de privilégiés, monde irénique où tout le monde il est beau, tout le monde il est jeune et riche. A l'opposé, on oublie la gentrification provoquée par Apple, Google, Facebook et autres, aux manifestations anti-tech contre les bus transportant luxueusement les employés du numérique, aux problèmes sociaux d'Amazon... Lutte des classes dans numérique ? Belle occasion de série ?

mercredi 9 juillet 2014

Le petit Nicolas, re-construction des années soixante


Génération(s) PETIT NICOLAS Les chouettes souvenirs d'une époque formidable, Hors-série de télé 7 JOURS, 80 p, 6,95 €

Le Petit Nicolas est un héros des années 1960, des débuts de la Cinquième République, en plein cœur des "trente glorieuses". La BD - en fait, il s'agit plutôt de dessins de Jean-Jacques Sempé illustrant des histoires de René Goscinny - est publiée en France en 1960.
Au sommaire de ce document d'histoire de la vie quotidienne contemporaine, se trouve une liste d'objets de consommation courante et d'émissions populaires présentés par ordre chronologique de 1950 à 1967 : "l'anatomie du goût" de ces années.
L'histoire de la vie quotidienne est parcourue, comme si elle était vue par le Petit Nicolas, avec une certaine tendresse, en évacuant tacitement les drames, les guerres, la colonisation.
C'est l'anthologie candide de tout le monde, consensuelle, histoire d'une socialisation partagée par la grande majorité de la population française : service militaire, école, médias. Une certaine uniformisation est à l'œuvre qui, sans doute, réunira cinquante ans plus tard les lecteurs nostalgiques de ce hors série. Lectorat, électorat ?

L'inventaire du Petit Nicolas commence par les "choses" et les mots qui font le décor de son enfance :
  • D'abord l'école et son outillage : les plumes, la craie, les photos de classe, la pointe BIC interdite, les bons points... Ecole pour tous, heureuse.
  • Puis viennent des produits chers aux enfants d'alors : par exemple et dans le désordre, la chicorée du petit déjeuner (Leroux parraine le cyclisme), Manufrance et son catalogue, le Club des Cinq, les bonbons (Cocos Boer, roudoudou et caram'bar), les jouets (Dinky Toys, Meccano, Jokari), les patins à roulettes, les billes... 
Ensuite, sont évoqués, entre autres :
  • Les transports : l'automobile (la 4CV, la 203, Dauphine, la DS, la 4L...), le Vélo Solex et la Vespa, les bus, les trains
  • Le supermarché et ses caddies, les arts ménagers
  • Le statut social des femmes (ménagères), le service militaire pour les hommes
Les médias audiovisuels ponctuent l'inventaire :
  • La radio, sans doute sous-estimée : "La famille Duraton, "Salut les copains", "Pour ceux qui aiment le jazz"...
  • Le sport : foot avec le Stade de Reims (Kopa, Piantoni, Fontaine), Tour de France avec Anquetil, Poulidor, catch...
  • La télévision est omniprésente  (normal : télé 7 JOURS !) ; elle ponctue cette histoire, d'année en année : Léon Zitrone, "Au théâtre ce soir", les speakerines, "Thierry la Fronde", "La caméra explore le temps", "la Piste aux Etoiles", "Monsieur Cinéma", "Bonne nuit les petits", "Age tendre et tête de bois", "Interville", le JT... 
  • La radio comme la télévision sont alors médias de masse, touchant toutes les classes sociales, tous les âges, au même moment. Les médias entrent dans la vie quotidienne : "société du spectacle" en développement.
Ce hors-série dresse empiriquement l'inventaire des marqueurs temporels d'une époque, aujourd'hui lointaine. "Souvenirs, souvenirs" ? Analyses de contenu d'une époque, d'une génération définie par un ensemble de références (produits) et de pratiques de socialisation. Beaucoup de ces produits et pratiques ont disparu pour devenir objets de collection, de nostalgies.
L'historien, comme l'archéologue, ne travaille qu'à partir des restes d'une époque : "Les choses" qu'évoque Georges Pérec, "une histoire des années soixante", dit-il de ce "roman" (1965), des "Mythologies",  disait Roland Barthes (1957) dressant la sémiologie d'une même époque.
Comment caractériser une époque ? Quels en sont les objets marquants, les traces certaines ? Il manque encore à l'histoire contemporaine une méthodologie rigoureuse de construction de patterns, semblable à celle que l'analyse lexicale mobilise pour extraire d'un média des clusters thématiques, des catégories et taxonomies.

Quels seront les choses et les médias qui seront les marqueurs du début du XXIème siècle ? Que pouvons-nous en savoir aujourd'hui ? Une première différence vient à l'esprit : les "choses", la socialisation des "générations Petits Nicolas" étaient françaises, celles des années 2000 seront d'origines étrangères. Mais, surtout, notre analyse des années soixante s'avère d'abord une re-construction, une re-présentation a posteriori par les années 2000 ; elle traduit une nostalgie de ces années d'enfance et d'adolescence qui, par comparaison, en dit long sur les années 2000.

N.B.
Sur une approche semblable par la presse (Paris Match et Historia), voir : La France heureuse 1945-1975
De même, Les mots clés de la vie d'une femme, de Annie Ernaux
On peut aussi regarder cette tranche d'histoire de manière moins satisfaite mais "hilarante", avec le document vidéo de Michel Audiard, "Vive la France", 1974, Les Films de La Boétie, DVD, 72 mn ou sur YouTube.

jeudi 3 juillet 2014

Le Webspectateur rapporte plus que le téléspectateur


CBS, qui domine le marché TV américain grand public, affirme qu'un Webspectateur (streaming) rapporte 10 à 20% de plus qu'un téléspectateur (revenu publicitaire).
Pourquoi ? L'audience Web est plus rare (plus jeune, etc.) que l'audience TV, donc plus chère. Elle reste toutefois indispensable pour les annonceurs soucieux de branding : la marque se construit et se maintient avec cette audience plus encline à l'innovation, à la prescription, au partage. Le Web est son univers de référence, et de réception.

L'audience totale TV, bien qu'elle soit encore incomplètement connue et mesurée, est dispersée entre un nombre croissant de canaux. La part de l'audience TV en direct (live) baisse, surtout pour les cibles de jeunes adultes que le style de vie très actif (emploi, sorties, études, etc.), l'équipement mobile et la dextérité numérique conduisent à consommer et à découvir les émissions hors du foyer, loin du téléviseur.

Manifestement, CBS souligne une tendance promise à durer. Depuis longtemps, la chaîne déclare que peu lui importe le canal de diffusion, pourvu qu'elle ait l'audience et la notoriété. Ceci invite à penser et peser finement la relation publicitaire TV / Web : comment se constituent et se maintiennent la notoriété, la mémorisation ? Comment optimiser la combinaison des canaux de réception publicitaire ? Problème classique de médiaplanning.
La valorisation de l'audience mixte TV / Web reste discutée... Elle devrait être testée. Et il faudra y ajouter le numérique hors foyers (DOOH).

jeudi 26 juin 2014

TV américaine: Aereo, c'est fini


La Cour Suprême des Etats-Unis a tranché, par 6 voix contre 3 : Aereo est illégal. La Cour a considéré que Aereo n'était pas différent d'un réseau câblé (overwhelming likeness) et que le service viole la loi sur le droit d'auteur (Copyright Act de 1976). Texte de la décision de la Cour, ici.
Victoire des groupes médias traditionnels (networks) menés par Disney/ABC, défaite significative des groupes média nouveaux (dont Apple, Google, Roku, Samsung,...). Victoire, sans doute provisoire, de la télévision installée, fatalement conservatice, aux dépens des innovations technologiques issues du numérique.
Sur l'état des forces en présence : ici.

Pourtant des questions restent posées concernant l'utilisation de systèmes d'enregistrement recourant au cloud-storage et au network DVR des opérateurs du câble ; il faudra, pour y voir clair, attendre d'autres décisions de justice à ce sujet.
Aereo semble avoir peu de solutions immédiates : payer des droits de retransmission (retransmission fees) aux détenteurs de contenus (broadcasters), ou déposer le bilan ? Pour l'instant, le service est "suspendu", les abonnés seront remboursés.
En revanche, une entreprise comme Syncbak, qui collabore avec les networks pour la diffusion des chaînes sur le Web, peut espérer tirer profit du jugement de la Cour.
A terme, la modernisation de la législation sur le droit d'auteur et du Communication Act de 1934 semble nécessaire.

Sur Aereo, dans ce blog :
Aereo: TV numérique sans câble
Aereo insupporte les puissances télévisuelles américaines
Aereo et l'avenir du modèle économique de la TV amériaine
Aereo: coupure dans l'économie de la télévision américaine

Lettre du fondateur et P-DG de Aereo, publiée par Wall Street Journal le 28 juin 2014

mercredi 25 juin 2014

Netflix, chaîne TV comme les autres, ou pas ?


Des rediffusions aux séries originales, Netflix, poursuivant une stratégie d'innovation continue, passe un accord avec une animatrice de talk show. Rappelons les grandes étapes de cette évolution.

Première étape : Netflix commence comme service de location de DVD par courrier, aux Etats-Unis (marché domestique). Son succès, considérable, est alors fondé sur l'étendue de son offre (suite aux accords avec les studios de production), et sur la commodité de la location et de la distribution postale (secteur public). A ce mode de distribution (coût variable) succède le streaming, commode mais qui se heurte aux limites de la neutralité du net et qui pourrait faire replonger Netflix dans un modèle à coûts variables.

Deuxième étape : Netflix produit ses propres séries : "House of Cards", triomphe et inaugure un mode de distribution et de consommation qui se généralise : le "binge viewing". Avec des séries pour enfants ("Mako Mermaids" d'abord puis "Turbo F.A.S.T.", produit avec DreamWorks Animation pour les fêtes de fin d'année 2013), Netflix s'attaque au marché familial, segment stratégique (accord avec PBS, etc.).

Troisième étape : en 2016, commencera un talk show animé par Chelsea Handler. Cette diversification, annoncée en juin 2014, étonne : elle ne rentre pas dans ce que l'on croit être le modèle de Netflix. Ne manquent que l'information et le sport pour proposer une chaîne généraliste complète. Peut-être. Mais Netflix peut aussi tout simplement expérimenter à partir de l'analyse de la data fournie quotidiennement par ses millions d'abonnés.
Dans le cadre de la diversification de sa programmation, Netflix propose déjà des documentaire (non-fiction) et achetés, en 2014, les droits de "Virunga", consacré à un parc national en Afrique (Congo).

Résumons les caratéristiques essentielles du paradigme Netflix, tel que l'on peut l'observer :
  • Pas de publicité : un abonnement mensuel. Modèle économique rare (cf. HBO, Showtime, Starz...) tandis que Amazon semble tenté par un modèle publicitaire (cf. l'appli iOS pour Amazon Instant Video)
  • Consommation à la demande
  • Streaming (OTT)
  • Pas de programmation locale, en rupture avec le localisme qui est à la base du modèle économique des networks généralistes
  • Data et recommandations : algorithme, taggage et classification (altgenres, etc.) alimentent un nouvel outil de découverte et de sélection des programmes, mais aussi de prédiction des consommations
  • Extension internationale (industrie de coûts fixes)
Lire aussi, dans ce blog :

lundi 23 juin 2014

Tokyo Digital Subway: Holistic Communication and Mobility

"Refrain from making calls"

What strikes you when entering the subway in Tokyo, your first and lasting "impression", it is squeaky clean no matter what hour of the day: no graffiti, no trash on the ground, no papers on the seats... Your second "impression": people are polite; they do not jostle one another. They line up to enter the train, just as they line up to take the stairs or escalator (standing on the left to allow others to pass on the right).

DOOH close to the ticket gate
Silent smartphone usage
Then you notice that everyone is using a smartphone, whether while walking in the corridors or sitting in the train. They read, play and listen to music; nobody screams on the phone, loudly declaiming their personal or professional life... and bothering other passengers. You do not even hear a phone ring. There is a small poster in the cars warning against that.

DOOH and paper
There is video in the corridors of the stations as well as in the trains themselves (12 per car). And there are also traditional publications in paper: MetroWalker, quarterly magazine; Tokyo Metro News, monthly; a lot of posters and even vending machines selling "Metro's Books".

Machines and humans
Subway employees are everywhere, always ready to help. There are machines for buying or recharging your card. And there also humans giving directions for lost passengers.

e-money
Vending machine for books
Finally: a major subway card, the SUICA, a pre-paid money card. You put money on this rechargeable card to pay for subway trips (you check-in and out). The fare is automatically calculated when you leave the station (at the ticket gate). You can also use your card to pay at certain convenience stores, vending machines, Starbucks, coin lockers...

The subway plays a fundamental role in mobility and communication in the city. The Tokyo subway illustrates the modern age of the subway: cleanliness, politeness, security and digital. Holistic communication: face to face, paper and digital. A perfect communication cocktail. As often noted, a new media does not kill the former ones.
Obviously, the success of such transportation and of any advertising in it is based on a sort of social contract. This is the most important challenge, a political issue. After all, politeness is the art of living in the city, isn'it?

Video in a car: left screen for commercials and news (Train Information Channel), right scren for travel information

mercredi 11 juin 2014

Delayed TV viewing: from C3 to C7


Thanks to Digital Video Recorders (DVR, such as TiVo) TV audiences are shifting their viewing. Should advertising measurement take into account what is watched after the first broadcast?  How many days? 3 days, 7 days? 30 days? More? For the time being, C3 (live plus 3 days) is the standard, but GroupM (WPP) has agreed to use C7 to buy commercial time on TV networks (upfront market).
This difference in definition and metrics is important for TV channels. Fox did some transactions using C7 ratings for the upfront market in June 2014.

For a long time, the shifted audience (VCR) was not measured and therefore not paid for by advertisers; it consequently did not generate any revenue: it was like a bonus. Going 7 days would increase revenue for the networks (only for those with successful programs, mainly the big networks like CBS) and decrease the cost of TV advertising (lower CPM's), making some programs more competitive.
DVR penetration, according to Nielsen, is close to 50% of American TV households. In the long run, as DVR equipment and VOD become more important, a longer delay period could become significant. How long a delay?

TV is trying to recapture its unmeasured scattered audiences: out-of-home audiences, VOD, shifted, online, mobile, etc.: all in all, about a third of the total TV audience is not sold (see, for CBS: Les télévisions d'une émission).

See also, in French, on this blog:

jeudi 5 juin 2014

Work and home audiences: BYOD


CNBC, the American business TV channel, does not want to use Nielsen measurements to guarantee its daytime audience. Why?
Because its audience cannot be accurately measured during this daypart. In the daytime, the network is watched mainly at the office (trading floors, etc.); since there are no people meters in offices, the work TV audience is not measured. The Nielsen people meter panel includes only households ("Nielsen families"). CNBC audiences in the evening (prime time) will still be guaranteed but for daytime TV, CNBC prefers to use its own "internal metrics" (cf. Sam Thielman, in Adweek).

Measuring audiences in the workplace can be a challenge for some media. It can be done for the press and radio: readership surveys or PPM (Portable People Meter, Arbitron / Nielsen) take all kinds of audiences into account, whatever their locations.
What about the Internet? Site-centric measurements cover audiences in the workplace. But what about panels (user-centric measurements)? Nielsen and comScore claim to measure Internet at work and they recruit people using computers at the office. What kind of company or IT department agrees to install measurement software to monitor company computers? Moreover, can we separate work from home use? This is probably an illusion: nowadays people carry their own laptop to the office; they work at home for their company; they use their company computer for personal tasks (e-commerce, mail, etc.); they bring company computers back home... That is why the majority of companies are implementing BYOD policies (cf. Bring Your Own Device): the consumerization of IT seems inevitable. BYOD is also said to be good for employee satisfaction and productivity... but includes security pitfalls (cf. "Avoiding BYOD desasters").

Audiences are not found only in the home. But while out-of-home audiences can be very important for TV and the Web, they are difficult to measure and, of course, to sell. Think of sports audiences: how many GRPs are going to be lost in out-of-home audiences, bars, hotels, offices, transportation?

vendredi 30 mai 2014

Programmatic ad buying for all video advertising markets


What is programmatic ad buying ? 
Instead of manual insertion orders, mails, RFPs, face-to-face human negotiations and lots of discussion, programmatic is mostly a world of data and automation, auctions, rules and market places. With traditional advertising, humans talk to humans (buyers to sales people) ; with programmatic advertising, machines talk to machines.
It all started with media buying for the Web (display ads). Programmatic takes over because it lowers transaction costs (information, bargaining, policing): less middle players are involved (but with new skills), meaning less friction, fewer mistakes, less waste. Only data-driven marketing can shorten the sales process, improve targeting efficiency and personalize ads (according to context, behavior, etc.). Programmatic ad buying will represent 42% of display ad buying in 2014 in the U.S.A. (source : Magna Global, September 2014).
What the Web started will soon affect TV planning and buying as well as Digital Out Of Home (DOOH). For the time being, the most current and well-known form of programmatic is Real Time Bidding (RTB), but there is also data-driven creative, real-time analytics (with GRPs), real time optimization, digital in-stream video ads, deals (Twixt, AppNexus)...

Programmatic for TV
In the USA, many TV networks are considering programmatic buying. ABC (national network owned by Disney) along with ABC Family will launch a trial this summer with FreeWheel, a company specialized in the monetization of video. FreeWheel was bought in March 2014 by Comcast. FreeWheel was originally started by ABC (through Steamboat Ventures, affiliate of Disney), DirecTV and TBS.
The trial will use FourFronts Programmatic, a software solution to connect SSP (ad sellers, supply) and DSP (ad buyers, demand). FreeWheel will provide inventory management and adserving. No linear inventory will be included, yet.
TV will slowly go programmatic, starting with cable or satellite channels, local stations or VOD before finally reaching the prime time upfront market (programmatic guaranteed). Cox Cable will use Clypd to sell commercials the programmatic way.
Note that in order to align with digital video, TV must first take viewability into account (selling only viewable impressions).
What needs to be tested first is the impact of automation on advertising value: even if the TV inventory is limited, TV networks fear a decline of advertising price as seen with Web programmatic.

Programmatic for Digital Out Of Home (DOOH) / Digital place-based media
To go programmatic, DOOH needs measurement techniques able to produce data to drive targeting. Data must include demos and geolocation (indoor positioning for subway or rail stations, malls or supermarkets) as well as "real world" context (aisles in store, etc.) to deliver relevant ads. In September, PumpTV (Australia) started automatically trading advertising (RTB) using a platform powered by Videology.
In-store analytics come with smartphones and sensors (iBeacon, Estimote, OnyxBeaconnomi, IndoorAtlas, etc.). Note that Apple iOS 8 keeps Wi-Fi from identifying iPhones (MAC address randomization).
There is also face recognition: with Eikeo or Quividi, as well as with NEC FieldAnalyst or with myAudience, advertisers can describe and target audiences according to gender, age group.
Many companies are already implementing programmatic in DOOH:  Xaxis Places, Vistar Media, SN: Xchange (Kinetic), PlaceIQ, Vukunetetc.
But, first, OOH needs accredited measurements (MRC, CESP) and reassuring privacy enforcement.

All video media are equal under programmatic
With data, all video media will embrace programmatic work flow. Digital video ad convergence means video ad campaigns (and GRPs) across all viewing platforms and devices.

Exemple : sociomantic (racheté par Tesco).


lundi 26 mai 2014

Audiences TV et temps libre


Comment expliquer les variations globales d'audiences de la télévision ?
Le mois de mars 2014 a vu les audiences de la télévision en France baisser significativement par rapport à mars 2013 : 14 mn de moins pour les plus de 4 ans, 17 mn de moins pour les fameuses "ménagères de moins de 50 ans" (Source : Médiamétrie). Explication donnée communément : la météo, mars 2014 fut un mois d'hiver doux, donc défavorable à la fréquentation de la télévision.

La météo ? L'environnement concurrentiel de la télévision, c'est le vrai monde, l'ailleurs, le temps qu'il fait. "Parlez moi de la pluie et non pas du beau temps, le beau temps me dégoute et m'fait grincer les dents, le bel azur me met en rage", chantait George Brassens (1960). La télé approuverait.
S'il fait beau, les téléspectateurs prennent l'air, ils sortent. Ils se dé-programment. Car leur vie est très programmée. Par les horaires de travail, les horaires scolaires, les horaires des magasins et les rendez-vous divers ; il en pleut des rendez-vous : pédiatre, coiffeur, parents d'élèves, garagiste, co-propriété, etc. Et puis les fêtes et célébrations de toutes sortes...
La société des loisirs n'est pas une société du temps libre, au contraire. La liberté de l'emploi du temps y a été limitée, aliénée.

La télévision cherche à programmer ce qui reste de liberté, à s'intégrer dans les emplois du temps, à s'y faire une place, régulière : il y a des applis et encore des magazines pour cela. Avec ses grilles et ses chaînes, la télévision traditionnelle se nourrit de la liberté du téléspectateur ; celui-ci s'acharne à reconquérir sa liberté avec le numérique : délinéarisation, VOD, streaming, enregistrement pour différer la consommation, binge viewing...
Une météo clémente libère le téléspectateurs des chaînes et des grilles de la télé. Quelques degrés... de liberté de plus.

dimanche 25 mai 2014

Magazines : histoire et proximité du lointain



hier en FRANCE. une histoire de la vie quotidienne des Français au XXe siècle
bimestriel, 6,5 €, 68 p.

Encore un magazine qui exploite le filon historique. Au cours des dix années passées, ce sont près de 1 300 titres nouveaux et hors série qui ont choisi une thématique historique ; toute l'histoire est mise à contribution par la presse magazine, histoire ancienne ou contemporaine, histoire culturelle, histoire militaire, religieuse, histoire régionale, histoire du sport, de la musique, histoire de l'automobile, histoire de l'art... (Source : Base MM, 31 600 titres).

A l'évidence, la presse française est travaillée par l'histoire, et notamment par le passé proche, par le XXe siècle et ses guerres. Tout fait histoire, disait l'Ecole des Annales. Histoire vivante, multiple, Hier en France, pour son premier numéro juxtapose et isole six faits d'histoire banale : la tuée du cochon, Saint-Germain des Près à la Libération, le cyclisme entre les deux guerres, les maisons de prostitution, Cointreau, les femmes de marins.
Documentés, ces faits sont évoqués, illustrés avec des photos, surtout des cartes postales. Or la carte postale, si elle est un document précieux, est l'image embellie, grand public, que se donne une époque d'elle-même, qu'elle met en avant, un cliché souvent. La carte postale pose : risque de folklorisation (tourisme) que les faits et le commentaire doivent contrebalancer, rectifier.

Entrée bon gré mal gré dans l'Europe, bousculée par de nouvelles immigrations, réinventée par l'économie et les médias numériques, la France d'aujourd'hui ne peut plus se reconnaître dans ses images du siècle passé. Ni le village de la France rurale où l'on tuait le cochon, ni l'économie du charbon et les corons ne disent plus rien aux générations d'aujourd'hui. Hier, c'est tellement loin ; la France dont parle le magazine n'est plus.
Restent deux types de passés que le magazine aborde et construit.
D'une part, les racines lointaines, vagues et presque oubliées du présent : le vélo et les "forçats de la route", ou encore, les marques, par exemple. Ainsi, dans ce numéro, l'histoire de Cointreau et de son Triple-Sec est rappelée, avec sa publicité : packaging, affiches et premier film de cinéma publicitaire. Il y a aussi le Tour de France et sa caravane publicitaire.
D'autre part, il y a l'histoire de ce qui a disparu et dont ne reste presque rien, sinon des romans, des musées et des images : la mine, la silicose, les grèves, les catastophes, la pêche en mer au loin, les naufrages, terre-neuvas... France fondamentale et fondatrice qui s'estompe, Germinal et histoire au baccalauréat. Les catastrophes minières ont lieu ailleurs...

"Proximité du lointain", dit-on, que cette histoire sans événements historiques, histoire sans histoire de tous les jours d'autrefois, "lieux de mémoire" où l'on a du mal à se retrouver, à s'imaginer. La presse magazine du rayon histoire en fait son miel : elle est, avec ses centaines de numéros, le manuel périodique d'histoire contemporaine.

vendredi 23 mai 2014

Upfront TV market aux Etats-Unis 2014-2015


Voici bientôt l'été, c'est le temps de la vente d'espace télévision à l'avance : upfront market. On dit chaque année que cette manière de vendre la télévision devrait cesser bientôt, qu'elle a tous les défauts, qu'elle est ringarde en ces temps programmatiques. Mais, pourtant, acheteurs et vendeurs d'espace se retrouvent pour un marché avec garanties sur GRP des écrans de l'année télévisuelle à venir.
Que prévoit-on ?
Les augmentations de prix de l'espace (CPM) devraient cette année se situer entre 4 et 7%, soit un peu moins que l'an passé. CBS serait en tête, suivi de ABC et Fox ; seul CW (mini network de CBS / Warner Bros) verrait son CPM baisser. Ed. Paparazian (Media Dynamics) prédit 5,5% d'augmentation globale pour les 5 networks, en prime time. On attend surtout la stratégie de NBCUniversal (désormais groupe Comcast) qui, cette année, a dominé le marché auprès de la cible publicitaire essentielle des 18-49 ans (première victoire au cours des dix dernières années) et qui propose une programmation prometteuse (cf. New Season 2014-2015). Logiquement, NBCUniversal devrait rejoindre le niveau de CPM des autres chaînes.

L'enjeu global de l'upfront market américain est de près de 20 milliards de dollars que se partagent presque également les chaînes généralistes terrestres (networks) et les chaînes du câble et du satellite. On prévoit une légère augmentation des revenus des chaînes du câble et satellite, les chaînes généralistes terrestres maintenant leur situation.

Donc tout va bien pour la télévision. Ni Netflix, ni YouTube, ni le programmatic ne semblent assombrir ou inquiéter le marché. Pour l'instant.

mercredi 14 mai 2014

Trois chaînes de TV pour le soccer américain


La conquête de l'Amérique du Nord par le football (soccer ou fútbol) se confirme.
La Major League Soccer (MLS), qui vient d'avoir 20 ans, réunit 19 clubs professionnels des Etats-Unis et du Canada, bientôt 21. Le public des spectateurs dans les stades s'accroît (6 millions de personnes en 2013) et l'expansion géographique est en cours dans les grands marchés télélévisuels hispanophones (Atlanta, Miami, Orlando).
C'est à la télévision que se joue l'économie du foot or les audiences sont encore faibles et ne s'accroissent guère. Mais cela changera peut-être avec la nouvelle grille qui est mise en place.

Un accord de 8 ans, 2015-2022, a été signé avec trois grands groupes de télévision concernant un ensemble de 125 matchs pour  90 millions de dollars par an. S'y ajoutent les matchs à domicile des sélections nationales féminine et masculine. L'accord concerne les chaînes diffusant en anglais (ESPN, Fox) et en espagnol (Univision, UniMás, USPN Deportes, Fox Deportes). Mais on est encore très loin des sommes mises en jeu par la NFL (football américain) : ESPN paie 2 milliards de dollars par an pour 16 Monday Night Football.

L'objectif premier du contrat était de créer une fenêtre régulière de programmation du football facilitant la fidélisation des fans et des télépspectateurs, et contribuant à l'image de marque nationale de ce sport.
En résumé :
  • ESPN / ESPN2 a le dimanche après-midi (17h)
  • Fox Sports 1 a le dimanche début de soirée (19h)
  • Univision avec UniMás et Univision Deportes a le vendredi soir et un résumé (wrap show) le dimanche
  • Le streaming et le pay-per-view reviennent à ESPN3 (retransmission des matchs hors DMA) et aux fournisseurs habituels (iTune / Apple TV, Google Play, Roku).
L'implantation du football sur le marché nord-américain constitue assurément une étape importante pour la mondialisation et sans doute la féminisation de ce sport.

N.BThe Biggest Stadium in the World", avec 500 millions de fans dans le monde, Facebook se vante d'être le plus grand stade du monde. De plus, Facebook déclare compter 48,9 millions de fans de football aux Etats-Unis. Autant d'hommes que de femmes, 60% ayant moins de 35 ans.
La télévision américaine devra compter avec Facebook.

lundi 12 mai 2014

Presse de foot. Des magazines à l'attaque


La Coupe du monde de football approche ; elle se déroulera au Brésil. La presse du foot s'apprête à en tirer profit : numéros spéciaux, hors séries, lancements. Plus d'une dizaine de titre déjà.
Des accessoires complètent et diversifient l'offre des publications : posters, stickers, fiches, calendrier des matchs...

En cinq Coupes du monde, depuis 1998 inclus, près de 300 titres sur le football ont été lancés en France, et plus de 200 hors-séries, auxquels s'ajoutent bien sûr, tous les titres qui ont été lancés bien avant 1998 et restent présents dans les kiosques comme France FootballOnze Mondial ou But Football Club (Source : Base MM, 31 500 titres).
Il s'agit d'une presse essentiellement nationale. La régionalisation de la presse du football, qui épouse la géographie des pratiques (spectacle professionnel, pratique amateur), semble marquer le pas depuis quelques années (le Web accueille le football régional et ses communautés ; cf. footeo.com), on compte néanmoins plus de 150 titres régionaux.
Positionnement difficile pour la presse spécialisée car dès que le football crée l'événement, toute la presse s'y intéresse et lui vole le show !

Portraits, photos, fiches, interviews, jeux, dossiers (sur le Brésil, sur les fans, les équipementiers) : la palette des genres journalistiques est exploitée complètement. Curieusement, le Web est presque absent des références tout comme le sont les appareils électroniques d'analyse des performances (wearables). Peu de références économiques, peu sur la santé des joueurs, leurs langues, leur scolarité, leur socialisation à l'étranger. Tout est concentré sur la célébration avec un vocabulaire et des gestes convenus. Coupe du monde et marché mondial du football obligent : le contenu sportif est international (mais on parle peu de l'Asie, la Chine étant absente de la phase finale).
  • 100% PSG Spécial, 5,9 €, distribution Presstalis, trimestriel. Numéro consacré au joueur suédois Zlatan Ibrahimović. Avec fiches biographiques et, posters, dont un de "taille réelle".
  • Foot Libéro Magazine, 4,5 €, bimestriel, 124 pages, dos carré (groupe Off Roads). Vend un T-shirt avec l'abonnement. Un article sur la psychologie des joueurs : "La tête avant les jambes", le portrait du joueur français Paul Pogba, un article sur les équipementiers et la rivalité Adidas / Nike. Un dossier pour spectateurs et téléspectateurs : le calendrier, les stades de la Coupe du monde, les équipes sélectionnées et leur signalétique. Un article sur le football virtuel (jeu vidéo FIFA), un quizz...
  • Stars de foot, 3,9 €, trimestriel, 54 pages, papier luxueux, distribution MLP. Conformément à ce qu'annonce le titre, le numéro est tout en portraits de stars avec des fiches de joueurs, des portraits de joueurs, des photos, un poster central de Cristiano Ronaldo. La une est sur Ronaldo, la 4 de couverture sur Ibrahimović.
  • So Foot Junior (So Press), mensuel, 86 pages, avec posters et fiches de joueurs, tiré à 60 000 exemplaires, 3,5 € (abonnement 25 €), distribution Presstalis. Le magazine s'adresse aux jeunes adolescents. Positionnement différent de ce lui de Panini Foot (2011). L'édito expose la ligne éditoriale du titre et sa relation avec So Foot "senior", dont il est le "petit frère" : "le foot est avant tout une affaire de transmission". Magazine de culture foot ?  Par exemple : "comment bien choisir son club ?" ("quel club faut-il supporter ? "). Ce dossier énonce les traits de la culture foot en formation chez les enfants, culture manifestement masculine (marketing oblige ?), qui, dit-on, devrait durer toute la vie. Uniformes ("les beaux maillots"), écussons. Identification ("Tu dis "on", en parlant de ton équipe"), "Peut-on aimer le foot sans aimer un club ?". Un article sur le centre de formation de Rennes ("Rennes-mère" !), une interview de l'institutrice d'Ibrahimović à l'école primaire, deux pages sur les gestes techniques, une rubrique livres, sur le jeu vidéo. Le titre prépare à la lecture du titre So Foot (chaînage ?).
  • The Red Bulletin. Hors du commun est un gratuit international consacré aux sports. Son numéro de juin comporte un dossier spécial Coupe du monde "parce que le monde est foot". Plusieurs articles dont un sur le foot en l'an 2050 et une belle question pour les spécialistes d'intelligence artificielle et de big data : "Pourra-t-on un jour prédire le résultat d'un match ?" Pour l'instant, et, pour notre bonheur, il semble que l'on en soit bien loin. 
  • Hors-Jeu. Football d'opinion, bimestriel, 2,95 €, distribution MLP. Publication polémique qui ne mâche pas ses mots et invite au débat, voire provoque le débat ; elle est consacrée principalement aux clubs professionnels français. Très difficile à trouver en kiosque.
  • Prêt pour la Coupe du monde ? HS de Gulli (juin) vise les enfants, avec des cartes et des fiches joueurs des "plus grandes stars du foot", 4,9€.
Pourquoi lit-on la presse de foot ?
    Pas pour les résultats. Amateurs et supporters les connaissent déjà : la télé, le Web, la radio se chargent de les propager en direct.
    Pas pour les gestes sportifs : on en parle à peine et cela relève surtout de la vidéo..
    Pour le plaisir de retrouver ses idoles ? Ainsi s'expliqueraient l'importance des images et l'aspect uniformément positif des articles. Noter l'importance des posters qui permettent d'afficher l'affiliation à un héros (proximité avec la presse people).
    Pour conforter et rationaliser sa raison d'être supporter ? Pour acquérir des éléments de discours légitimes tout faits, prêts à être replacés dans les conversations. Le foot, comme la politique ou la musique classique, a ses clichés et sa langue de bois.
    Le foot est un terrain de socialisation important, un terrain d'entente et d'accord sur les thèmes de désaccord. Les magazines balisent ce terrain. Pour l'amour du foot.

jeudi 8 mai 2014

Offre et demande de télévision


L'offre moyenne de chaînes de télévision reçues (receivable, lineup) par foyer aux Etats-Unis est de 190 chaînes, selon Nielsen (mai 2014). La demande, soit le nombre moyen de chaînes regardées par téléspectateur (tuned in, au moins dix minutes par semaine), est de 17, soit moins de 10 % des chaînes reçues.

Alors que le nombre de chaînes reçues s'accroît fortement, le nombre de chaînes regardées est constant ; en 2008, le rapport était de 17 chaînes regardées pour 129 reçues, soit 13%. La demande semble indifférente au volume de l'offre.

Si de cette relation l'on retire les grands networks, reçus par tous les foyers (obligation de transport), on peut estimer que, hors télévision terrestre nationale (et partiellement locale), pour une offre varaible de 185 chaînes reçues, 13 seulement sont regardées.

Comment expliquer l'inélasticité observée ?
  • L'augmentation du  nombre de chaînes reçues, grâce au numérique, est sans doute le fait de chaînes de moins en moins moins intéressantes pour le grand public, chaînes étroitement ciblées ou présentant une programmation de moindre intérêt (rediffusion, par exemple).
  • Les téléspectateurs se tournent vers des consommations télévisuelles délinéarisées (OTT : Netflix, Hulu, etc.) hors du package concocté et commercialisé par les opérateurs.
Alors que la facture numérique augmente, les partisans d'une vente des chaînes à la demande plutôt que par package (bundle) trouveront un argument dans cette statistique : les abonnés paient de plus en plus cher pour des chaînes qu'ils ne regardent pas. L'augmentation d'une offre globale peut-elle être la réponse aux variations des demandes individuelles ?

mardi 6 mai 2014

Médias et domotique : smart home et smart cable


Les opérateurs américains du câble développent une offre domotique (home automation). C'est un prolongement et une diversification logique du câble, de la téléphonie et d'Internet. Les quatre services sont désormais souvent commercialisées ensemble, en "bundle" (cfBright House Bundle).
Le domaine de la domotique proposé par ces opérateurs concerne la sécurité de l'habitation (caméra, détecteur de mouvements), l'automatisation des ouvertures / fermeture (stores, portes), la gestion de l'énergie et de l'ambiance (température, lumière, humidité), les alertes de sécurité (intrusions, incendie, fuites, inondations, fumée, monoxyde de carbone), le contrôle des livraisons... En général, ces fonctions sont accessibles et pilotables depuis l'appli correspondante d'un Smartphone ou d'une tablette.

De nombreux MSO (Multiple System Operators) font appel à la société iControl Networks ; c'est le cas de Bright House Networks, de Comcast (XFINITY Home), de Cox Communications (Cox Home Security), de Time Warner (IntelligentHome) ou de Rogers Communications au Canada (Rogers Smart Home Monitoring). iControl est utilisé en marque blanche.
iControl a acquis en 2014 l'entreprise canadienne Blacksumac qui commercialise Piper, un appareil de télé-surveillance des domiciles (Home Monitoring Device). Piper a été financé par crowdfunding (Indiegogo), indicateur certain de sa popularité.
Parmi les investisseurs de iControl : Cisco, Comcast, Rogers, ADT, Intel Capital, Kleiner Perkins Caufield.

Et Google ? En achetant Nest pour 3,2 milliards de $ (2014), Google a attiré l'attention sur l'importance des fonctions domotiques : elles sont au cœur de l'habitation et de la vie quotidienne. Nest est principalement un thermostat intelligent : l'appareil apprend les habitudes de la maison (Nest Learning Thermostat) en collectant et analysant les données acquises : quelle température, pour quel horaire, pour quelle pièce... Nest effectue un travail de personnalisation en quelque sorte.

La domotique élargit l'écosystème numérique à l'Internet des choses (IoT). Non seulement le câble, mais aussi les opérateurs télécoms (AT&T : Digital Life, Verizon avec Home Monitoring and Control), et les opérateurs satellites (DirecTV achète LifeShield en 2013, Dish Networks s'associe à Control4 en 2014) sont présents sur ce marché. On attend l'arrivée de Qivicon, filiale de Deutsche Telekom (comme T-Mobile).

Avec le numérique et l'automatisation, arrivent la collecte et l'exploitation des données, l'intelligence artificielle (machine learning), l'accès aux domicile et à la communication mobile. L'enjeu économique est capital : il s'agit de la gestion courante du foyer.

jeudi 1 mai 2014

Reporter Undercover : journalisme offensif à la TV


Tout cela commence en Allemagne avec Günter Walraff, héros du journalisme infiltré dans les années 1970 (Enthüllungsjournalismus) ; on lui doit de multiples enquêtes dont celle, fameuse, conduite dans la rédaction du quotidien allemand populaire Bild-Zeitung (groupe Springer).

Lundi, RTL a diffusé en Allemagne, en prime time, une émission intitulée "Team Walraff. Reporter undercover". L'émission a réuni une audience de 3,8 millions de téléspectateurs en direct. L'infiltration a eu lieu dans des franchises allemandes de Burger King ; l'émission énonce, vidéo à l'appui, les conditions d'hygiène, de fraîcheur des produits, les conditions de travail des employés aussi, etc. Navrant, écœurant même.
L'émission fait beaucoup de bruit d'autant que les réseaux sociaux élargissent le débat. Sur Facebook, Burger King tente de répondre aux fans et promet de prendre des mesures à l'égard du franchiseur. Le site de RTL publie le communiqué de Burger King (Stellungnahme). Beaucoup de travail en perspective pour les community managers de la marque dont l'image est sans doute sévérement atteinte.
RTL, en revanche, qui promeut un tel journalisme d'investigation, gagne en notoriété et en agrément. L'association, non calculée - pas de social TV - de la télévision grand public et d'un réseau social grand public s'avère irrésistible sur le marché de la réputation.

Il y a peu, ce type de journalisme d'investigation avait concerné les conditions de travail dans les entrepôts d'Amazon (BBC), de Zalando (RTL) aussi. Redoutablement efficace, ce journalisme radical le sera d'autant plus que les infiltrés pourront recourir à des outils d'observations du type wearable.

Sur le site de la chaîne RTL ("Team Walraff")