jeudi 27 juin 2013

How new a media is Facebook

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  • 1 million advertisers / month (28 days) : very big and very small, SMBs and local
  • Increasingly a true worldwide media
  • Moving fast. Example, in a week or so, Facebook introduced: hashtags, new advertising formats, social gifting with Amazon, new metrics (PTAT), etc.
  • Mobile first: Facebook, and of course Instagram - now going video - are primarily mobile media. Facebook's Home, a tentative innovative User Interface, might look like a mistake for the time being but the next attempt might be the good one.
  • Next? A Facebook news reader? We'll see...

  • Of course, Facebook makes mistakes; of course there are failures, but there are also successes. By doing so much, Facebook is no doubt learning a lot.
    In comparison, think of traditional media, such slow media. There are more changes with Facebook in one week than in those media over an entire year.

    What makes Facebook so different? What are traditional media missing?
    The pace of change, the daring to risk. The key, according to Mark Zuckerberg? "Move fast and break things","Done is better than perfect"...


    Some other posts concerning Facebook

    dimanche 23 juin 2013

    TV payante : désabonnements aux Etats-Unis

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    Un foyer américain sur cinq n'accède à la télévision que par la transmission terrestre : ni câble, ni satellite, ni télécom, une antenne en râteau sur le toit. De cette voie terrestre, dans certains marchés (New York, Boston, etc.), les émissions peuvent être transférées à bon marché sur supports mobiles (tablette, smartphone, etc.) avec Aereo ou Boxee Cloud DVR.
    Le taux de réception exclusivement terrestre est passé, en deux ans, de 14% (2010) à 19,3% (2012). Ce taux est de 41% pour les foyers appartenant à des "minorités", disposant généralement de revenus moindres, il est 28% pour les foyers de personnes de 18-34 ans, selon une récente étude de GfK Media & Entertainment, "The Home Technology Monitor". Notons encore qu'une étude de Harris Interactive pour CouponCabin.com en juin 2013 estime que 45% des Américains considèrent que s'abonner au câble relève du gaspillage ("waste of money").
    Les raisons de cette désaffection pour la réception payante sont multiples et se sur-déterminent pour aboutir à une décision de rupture. Question d'économie, d'âge et de génération, sans doute.
    Contestation d'un abonnement par forfait (bundle) qui fait payer certains contenus à des abonnés qui n'en veulent pas, et tout particulièrement des contenus sportifs, si onéreux que certains demandent qu'il fasse offre à part.
    Sous l'effet exaspérant de la crise économique et du sentiment de ne pas en avoir pour son argent, des foyers coupent l'abonnement : cord-cutting.

    D'une part, le passage de la télévision terrestre au numérique a augmenté l'offre de télévision terrestre, télévision  linéaire gratuite.
    D'autre part, les chaînes "thématiques" comprises dans le forfait de base, se trouvant de plus en plus encombrées de publicité, ne constituent plus une alternative satisfaisante à la télévision terrestre, elle aussi farcie de publicité (pour les éviter, un opérateur propose un hopper). Au-delà de la télévision terrestre gratuite, la concurrence de supports sans publicité, d'accès commode avec une offre riche est nombreuse : Netflix, Hulu+, iTunes, Amazon Prime, etc.

    Le luxe télévisuel n'est plus de disposer, avec le câble ou le satellite, de centaines de chaînes ; c'est plutôt, désormais, de disposer des émissions que l'on veut, quand on veut, où l'on veut, à la demande, à l'unité. Pas trop chère, sans intrusion publicitaire. Maximiser sans contraintes.
    Et voici les "cord-nevers" foyers TV qui ne s'abonnent pas et ne s'abonneront peut-être jamais... Sauf à la téléphonie. S'il ne reste qu'un abonnement, ce sera sans doute celui là. Les américains le disent, surtout les plus jeunes : on peut vivre aisément sans téléviseur mais pas sans smartphone.
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    dimanche 16 juin 2013

    La data mobile, avenir de l'e-mail ?

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    On avait prédit la fin inéluctable du mail, au profit du SMS, des messageries et des réseaux sociaux. Déjouant les prédictions, l'usage du courrier électronique (e-mail) continue de croître significativement (+11,6% au premier trimestre 2013). Manifestement, le mobile lui a donné un nouvel élan.
    Selon Experian Marketing Services, le mail est à son tour une activité majoritairement mobile, tout comme les réseaux sociaux. On consulte, on ouvre, on classe, on répond, on archive, on recherche depuis un support mobile, tablette ou smartphone. L'archivage total est essentiel avec son classement, son accessibilité et son outil de recherche.
    Le courrier est ainsi devenu l'écran le plus consulté (landing page, homescreen), le lieu où se mêlent courriers professionnels et personnels ; l'adresse mail est devenue un identifiant unique permettant de se connecter à un service. De plus, tout utilisateur de Facebook dispose désormais d'une adresse Facebook (du type cvbn@facebook.com). Selon une enquête de Toluna en Grande-Bretagne (1000 personnes, juin 2013), après la voix, l'activité (task) la plus fréquente sur un smartphone est le courrier, devant la photo et les réseaux sociaux, loin devant les jeux, la musique, l'information ou les achats...

    Mis à jour le 4 juillet 2013
    Les applis organisant la gestion du mail donnent lieu à des surenchères d'ergonomie. Mailbox (Orchestra) racheté en mars 2013 par Dropbox, en est la plus récente et la plus brillante illustration (cf. infra). L'enjeu est tel que Outlook (Microsoft), Gmail, Yahoo! Mail, Apple, chacun y va de sa réforme ergonomique. Yahoo! acquiert le gestionnaire de courrier et de contacts Xobni en juillet.
    Reste le lancinant problème du spam : plus de la moitié du courrier reçu est non désiré, encombre, gêne, exige une gestion énervante, coûteuse. Reste aussi les usagers et maldroits et fatigants  : avec l'appli, respecter un savoir-vivre élémentaire, une étiquette est encore plus nécessaire et sensible qu'avec l'ordinateur (cf. l'étude de Sendmail et Myers-Briggs).

    Mail payant ou gratuit avec publicité ? La gratuité triomphe, mais elle inquiète. Si le service est "gratuit", c'est parce que nombre de fournisseurs "lisent" les courriers afin de cibler les messages publicitaires qu'ils y affichent afin de collecter quantité de données privées. La demande de data accentue la pression en faveur de la gratuité. Certains rêveurs, toutefois, continuent d'imaginer un service public postal, universel et gratuit, lié à la boîte aux lettres (bal) traditionnelle et à son marketing (cf. le travail du GIE balmétrie : on peut certainement concevoir une mesure hybride du courrier publicitaire).

    L'annonce de la mort du courrier était très exagérée. Toujours cette "tentation du prophétisme" qui conduit à raisonner en fonction de ce que l'on croit qui doit être et non de ce qui est observé et que l'on sait. Piège dans lequel s'enferre parfois le journalisme des médias dont le lecteur professionnel attend les oracles ; le cas Meeker semble relever du même piège, tellement séduisant.

    L'appli Mailbox dans iTunes

    vendredi 14 juin 2013

    Météo : le temps des données

     Sommaire partiel : l'appli de WABC (NY)
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    Aux Etats-Unis, le temps qu'il fait, celui qu'il fera dans la région, est depuis longtemps une affaire de télévision locale. Avec le développement du câble et de chaînes spécialisées, puis de leur prolongement sur le Web, les stations locales et les networks perdaient un peu de leurs prérogatives.
    La première réaction fut celle de NBC qui racheta The Weather Channel (TWC) en 2008.
    Voici maintenant la réaction du groupe ABC (Disney) dans le droit fil de sa panoplie d'applis déjà lancées : le ABC Owned Television Stations Digital Group, qui réunit les O&O du groupe, publie des applis gratuites (iOS, android) dotées de fonctions d'alerte vocale et de suivi en cas de déplacement. ("Follow me anywhere" : l'utilisateur peut choisir trois régions, en plus de sa région d'origine (DMA) pour laquelle l'appli est personnalisée.
    Les 7 stations O&O de ABC couvrent 23% des foyers TV et sont présentes dans les plus grands agglomérations américaines (New York, Los Angeles, Philadephie, San Francisco, Houston, Raleigh-Durham et Fresno).
    L'appli a été développée par WDT (Weather Decision Technologies), éditeur de iMapMobile, qui associe la météo à une location géographique et de iMapTV. WDT a déjà pour clients de nombreuses chaînes et stations de télévision.
    Rien comme la météo et le temps qui ne cesse de changer n'est complice de la mobilité et de la continuité de la production de données.

    La météo est importante pour l'image locale des stations, pour leur insertion dans la vie la plus quotidienne et locale de leurs audiences, dans le rituel télévisuel ; elle est aussi essentielle pour la quantité de données qu'elle permet de collecter et d'exploiter. L'audience télévisuelle de la météo est large, diversifiée. Elle n'exclut aucune cible marketing, sauf peut-être celle des enfants, encore qu'ils soient souvent inclus dans l'audience familiale.
    Or la météo est de plus en plus consultée sur un smartphone et de moins en moins à la télévision sauf en cas de situation météorologique dramatique ou spectaculaire. Pour les stations qui tissent le réseau des networks, le lancement de ces applis est la confirmation de leur stratégie tout écran (multiscreen).
    Ensuite, il appartient aux stations affiliées de déployer une stratégie analogue, voire coordonnée avec le network, notamment pour disposer aussi d'une couverture nationale.
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    lundi 10 juin 2013

    Misinformation et tentation du prophétisme

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    Diva, gourou, prêtresse, prophétesse, "queen of the Net", etc. Les expressions laudatives ne manquent pas pour célébrer le discours escathologique annuel sur l'état du net et de son industrie (Internet Trend Report) que tient une associée de Kleiner Perkins Caufield & Byers.
    La demande sociale de discours sur l'avenir est élevée dans le secteur des médias. Au point que beaucoup d'études ne sont que discours d'accompagnement du marché et de ses espérances (avec action escomptée sur les comportements des consommateurs, les analyses des analystes financiers, etc.). Et la statistique devient spectacle.
    Jeff Elder, journaliste et "social media director" pour le San Francisco Chronicle (7 juin 2013), conteste une affirmation figurant dans le dernier Internet Trend Report à propos des usages du smartphone consulté en moyenne 150 fois par jour. Dans cette superbe affirmation, qui après l'enquête du journaliste, s'avère toutefois infondée ("That case was not made with facts"), Jeff Elder perçoit le symptôme d'une maladie intellectuelle endémique à laquelle le Web donne une dimension spectaculaire. Comment dire que l'on ne sait pas !

    Au-delà de l'anecdote, se rappelle à nous la logique de ce que Jeff Elder nomme joliment "misinformation" ; l'enchaînement des raisons en est connu : demande sociale, mise en scène d'une réponse simplifiée et rémunérée qui satisfait ces attentes, bataille entre médias impatients (et journalistes) qui ont besoin de scoops, et l'erreur se propage tandis que se confortent l'image et la réputation de la diva de la statistique du Web...

    La fausseté de ce type de raisonnements consiste à partir de ce que l'on pense qui doit être, faute de s'en tenir aux faits surtout, tentation d'autant plus lancinante s'il n'est pas de faits vérifiables, construits rigoureusement et faciles d'accès. Etablir les faits passe pour un investissement inutile, sans retour, alors que quelques opinions, moins coûteuses, et rapidement imaginées s'y substituent avantageusement. D'ailleurs, note le journaliste, la déclaration fautive de notre "reine du Net" a déjà été reprise plus d'un demi-million de fois au moins sur le Web (d'après les "résultats" de requêtes dans les moteurs de recherche). La rectification prudente par le San Francisco Chronicle n'aura pas cette notoriété : l'influence d'une affirmation erronnée mais spectaculaire et bien placée est internettement infaillible.
    Après Max Weber, les auteurs du Métier de sociologue (1968, p. 47) pointaient la "tentation du prophétisme" qui assiège les sociologues, les professeurs, les politologues, les essayistes, etc. En ce qui concerne les médias et la publicité, contre cette tentation, il n'est d'autre remède qu'une réhabilitation de la recherche qu'il conviendrait de distinguer des "études", presque toujours au service de la communication commerciale et du marketing. Mais tout ceci n'est-il pas en contradiction avec l'économie même de cette activité ? Journaliste et chercheurs, même combat ?
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    dimanche 2 juin 2013

    Watch ABC App, "Eveywhere" seulement

    Watch ABC App sur iPad mini (copie d'écran d'accueil)
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    La mutation de la télévision est progressive, elle s'accomplit par petites touches. Ainsi, le groupe ABC / Disney met-il en place une offre bientôt complète de ses programmes télévisés pour être regardée sur des supports mobiles (tablettes et smartphones notamment, via des applis).

    Watch ABC, une appli du network ABC a été lancée à la mi-mai lors de l'ouverture du marché upfront pour la saison 2013-2014. Proposée à New York (DMA N°1) puis à Philadelphie (DMA N°4). Bientôt, elle sera étendue aux 8 marchés où ABC possède une station (O&O) : Los Angeles, Chicago, San Francisco, Houston, Fresno, Raleigh-Durham. Ensuite, elle sera accessible dans les 13 marchés où le groupe Hearst possède des stations affiliées à ABC (Boston, Milwaukee, Kansas City, Pittsburgh, etc.).

    D'abord conçue pour les appareils Apple (iOS), l'appli vient d'être étendue aux tablettes Kindle Fire d'Amazon. L'appli donne accès aux programmes en linéaire et à des émissions à la demande, en prime time comme en day time.
    Toutefois, elle n'est accessible qu'aux abonnés au câble ou aux télécoms (U-Verse de AT&T) dès lors que leur abonnement a été vérifié ("authenticated") par le service Watch TV Everywhere.

    C'est la cinquième appli de ce type proposée par Disney pour ses chaînes Watch Disney Channel, Watch Disney XD et Watch Disney Junior. Il existe également une appli Watch ESPN (sport) et une appli ABC Family a été lancée en janvier 2014.
    C'est une politique constante du groupe que de mettre à disposition ses programmes via des applis (ABC News, Disney Junior Appisode, ABC Player, ABC Family Player, etc.) en recourant à la vérification par TV Everywhere. De cette façon, Disney ne court-circuite pas les opérateurs satellite, câble ou télécom : l'objectif de TV Everywhere, mis en place à l'origine (2009) par Comcast et Time Warner Cable, les deux premiers câblo-opérateurs, est de maintenir la nécessité de l'abonnement, freinant ainsi l'avénement de la télévision connectée et des offres OTT comme Netflix ou Hulu Plus. NB. L'offre mobile HBO GO n'est accessible qu'aux abonnés câble ou satellite, via TV Everywhere.

    Mais la partie n'est pas gagnée par les opérateurs car un nouveau service de Aereo compromet le système de protection de TV Everywhere en permettant la réception directe de toutes les stations locales (celles du DMA), donc des grands networks, pour une somme modique, et sans passer par les opérateurs locaux, aux abonnements très chers. Les jeunes générations, adeptes des supports mobiles et soucieuses de leur budget, sont particulièrement visées par Aereo.

    dimanche 26 mai 2013

    Cinéma upfront : un marché publicitaire à redessiner en numérique

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    Les écarts entre les modalités de commercialisation de l'espace publicitaire numérique selon les différents médias ne semblent pas encore près de se résorber. Aux Etats-Unis, les présentations précédant l'upfront market qui se déroulent début mai pour les deux grandes régies des salles de cinéma (NCM et Screenvision) sont une occasion de faire le point.
    Pour mémoire : Screenmedia compte 14 300 salles pour 2 300 multiplexes ; NCM, National CineMedia compte 19 000 salles.

    Screenvision, seconde régie de salles de cinéma aux Etats-Unis s'aligne d'emblée sur les modalités commerciales de la télévision américaine et, notamment, des networks ; la régie introduit comme eux des garanties GRP sur cible. A cette fin, Nielsen fournit des audiences pour certaines cibles avec les Cinema Audience Reports.

    Des éléments d'interactivité avec les messages publicitaires diffusés dans les salles sont prévus, recourant à Shazam (Shazam collabore déjà avec des chaînes de télévision américaines comme Fox).
    La régie assure aussi que les CGV seront mieux adaptées au calendrier : elle attaquera le marché de la télévision quand il est le plus vulnérable (l'été, notamment).

    NCM met l'accent sur le Digital Signage avec des murs d'écrans (Monster Walls de 8' X 10' composés de 9 écrans LCD de 46''), murs placés dans les entrées des multiplexes (lobbies), en collaboration avec Monster Media. L'interactivité est testée dans une dizaine de multiplexes (NFC, réalité augmentée, multi-touch et motion activation, etc.). NCM affirme que les spectateurs passent une dizaine de minutes dans le lobby avant de rentrer dans la salle où passe le film (une mesure crédible est indispensable : le DS manque d'analytics crédibles). NCM collabore avec Twitter pour une émission sur les best-sellers et les tendances nouvelles du cinéma commercial grand public. Enfin, NCM s'est associé avec le réseau social Foursquare pour proposer des produits publicitaires communs précisément localisés.

    Pour sa présentation commerciale aux agences et annonceurs, NCM compare son audience à celle de la télévision (cf. infra) et, essentiellement, à celle des grands networks nationaux (ABC, FOX, NBC, CBS) dont elle reste très éloignée ; en revanche, elle se situe au même niveau que les chaînes thématiques du câble et du satellite, du moins pour une cible publicitaire délimitée : 18-49 ans. Il s'agit de l'audience collectée pour les marchés locaux et non de l'audience nationale (vague de mesure - sweeps - de mai 2011). Selon ce montage statistique sur mesure, NCM serait en tête des audiences (reach) de prime time les vendredi et samedi soirs.
    Source : NCM
    De cette confrontation publicitaire que provoquent les ventes upfront entre des médias devenus numériques (cinéma, TV, Web, applis mobiles, Digital Signage), il ressort que l'obstacle à une rationalisation globale des actions publicitaires provient d'abord de l'hétérogénéité des mesures d'audiences, rendant problématique la notion de GRP commun. Mais cette notion unidimensionnelle constitue-t-elle un idéal ? Peut-être faut-il lui préférer un GRP "polyphonique" calculant un optimum mêlant des indices divers (KPI) voire divergents. L'intégration de l'interactivité dans le dispositif plaide pour une mesure pluri-dimensionnelle intégrée.


    lundi 20 mai 2013

    Online GRP. Nielsen vs comScore

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    La bataille pour la mesure des audiences multi-support online se déroule aux Etats-Unis, qui sont encore, pour quelque temps, le premier théâtre des opérations publicitaires online. Deux petits événements, l'un publicitaire, l'autre média, colorent la situation actuelle.
    1. Les agences qui achètent aux Etats-Unis les médias Web pour les clients du Groupe Publicis ont choisi comScore plutôt que Nielsen. Procter & Gamble, l'annonceur qui dépense le plus en publicité dans le monde (grande consommation, FMCG, CPG), premier client de Publicis, avait déjà choisi comScore et son Validated Campaign Essentials (vCE).
    2. Le concurrent du vCE de comScore est un produit de Nielsen, Online Campaign Ratings (OCR) qui peut se targuer de clients éditeurs comme AOL, Disney (ABC, ESPN), Facebook. Récente victoire de Nielsen : OCR est étendu aux supports mobiles dans le cadre d'une collaboration (pilote) avec le groupe sportif multimédia ESPN (chaînes de télévision, magazine, Web, mobile, radio). OCR se met en place en Europe (Allemagne, Grande-Bretagne, Italie, France), en Australie et au Canada.
    vCE et OCR ont été partiellement audités et accrédités par le Media Rating Council ; certaines de leurs fonctionalités sont encore en cours d'audit (pour le détail des données accréditées, cf. infra). Les critères pris en compte et validés par le MRC sont de deux types :
    • les composantes de vérification : visibilité (viewability), sécurisation de la présence de la marque (brand safety), respect et contrôle du ciblage géographique des campagnes (in-country geographic delivery), exclusion des contacts provenant de robots (removal of non-human traffic) et engagement. Ces notions sont inégalement vérifiables, la plus confuse étant celle d'engagement.
    • les composantes de mesure d'audience : audience unique (cookie unique), couverture et répétition, GRP.
    Source : MRC, novembre 2012 (dernière information disponible).
    A la mesure publicitaire, Nielsen ajoute une mesure de l'audience en ligne des émissions avec Nielsen Digital Program Rating dont la méthodologie est calquée sur OCR. Ce pilote (mai-juillet 2013), auquel participent tous les grands networks, donnent les audiences veille, la couverture et le nombre de streams, le tout croisé avec une typologie d'émissions, l'âge et le sexe pour les programmes regardés en ligne.

    L'enjeu premier de l'affrontement Nielsen / comScore est le marché de la mesure de la publicité online. En fait, Nielsen et comScore s'accordent sur deux points : le principe du panel et la reconnaissance de l'arbitrage méthodologique du MRC.
    Au-delà de ce consensus, il s'agit pour Nielsen de pouvoir combiner les audiences de la télévision collectées par les audimètres (NTI, NSI), avec celles du Web et du mobile (OCR), afin de calculer un GRP multi-plateforme, dédupliquant les audiences entre divers appareils (les chaînes s'accordent pour estimer que l'audience des émissions sur le Web - audience non commercialisable actuellement - représenterait 12% de l'audience totale). L'adjectif pour décrire cette opération est "holistique" : qui constitue un tout, complet (du grec olosὅλος). C'est l'ambition de Nielsen avec son Cross Platform Campaign Ratings, XCR (en cours d'audit). Publicité inter-écrans (cross-screen et responsive design) et extension des campagnes TV avec la "social TV" (cf. Twitter, par exemple).
    Ainsi, Nielsen dispose d'un avantage compétitif important, pour plusieurs années. Au-delà, une fois la grande majorité des téléviseurs connectés au Web, vCE comme OCR seront à même de traiter la télévision connectée. Enfin, avec la fusion de Nielsen avec Arbitron, l'avantage de Nielsen s'accroît encore de la mesure de la radio off-line.

    Trois commentaires :
    • La comparaison Nielsen / comScore suggère le besoin pour comScore d'un panel permettant la mesure de la télévision off-line. D'où l'enjeu de la fusion Arbitron / Nielsen : en cas de refus par la FTC, comScore aurait pu être intéressé... (cf. Fusion en cours dans l'audience des médias).
    • Dans cette bataille, les armes de l'audit et de l'accréditation sont de plus en plus importantes.
      • Le MRC distingue trois niveaux : "en cours d'audit" (in process), "soumis pour accréditation" (submitted for accreditation consideration) et accréditation. Précisions qui évitent toute ambiguité de communication de la part des audités. 
      • Le champ de l'audit du MRC n'est pas précisément décrit. S'agit-il de la méthodologie seulement ou également des données ? 
      • Dans quelles limites les conclusions tirées d'observations américaines sont-elles transférables en Europe ? 
    • Third party data: l'ampleur de cette bataille renvoie au Big Data ; Facebook figure avec Experian parmi les premiers fournisseurs de données (third-party data suppliers). Quid de Twitter ou de YouTube ? Certains voient dans l'utilisation de Facebook par OCR un risque pour la vie privée.

    mercredi 15 mai 2013

    Publicité et marketing sur le Lieu de Vente (PLV, MPV) en France

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    L'organisme interprofessionnel POPAI (Point of Purchase Advertising Institute) publie une étude du marché de la PLV, étude réalisée à sa demande par Harris Interactive (Le marché de la PLV et du MPV en 2012, avril 2013). Une enquête par questionnaires auto-administrés a été conduite auprès des adhérents (entreprises) de POPAI en février 2013.
    Rappelons d'abord que, selon l'étude IREP / France Pub, la PLV représentait, en France, en 2012, 3,7% des dépenses de communication des annonceurs, ce qui est plus que la radio et le cinéma réunis (3,3%), plus que le display sur le Web (2%), plus que la presse quotidienne (2,8%), autant que la presse magazine (3,8%), etc. La PLV est donc un acteur majeur du marché publicitaire, même si l'on en parle peu. Importance qui s'accroît avec l'intégration du numérique (Digital Signage, DOOH) dans cette démarche publicitaire (écrans, interactivité, etc.). Pourquoi tant de discrétion ?

    Premiers résultats de l'enquête, déclarative :
    • les acteurs manifestent un optimisme prudent pour leur activité à venir au cours de l'année 2013, qu'il s'agisse de recrutement ou d'investissement.
    • la concurrence internationale perçue provient surtout de la Chine, de la Pologne et des pays du Maghreb. Cette concurrence, agressive quant aux prix, s'accompagne d'une crainte de détérioration du fonctionnement du marché (sérieux des appels d'offre, idées créatives non rémunérées, etc.).
    • la conviction, partagée par la majorité des acteurs, de l'importance sociale et économique du développement durable.
    Beaucoup de résultats publiés distinguent "avec" et "sans" numérique. Pourquoi ?
    Source : POPAI, Le marché de la PLV en 2012, mai 2013, p. 30
    Pour ce qui est du numérique dans la PLV (cf. tableau supra), le secteur qui investit le plus est celui des services (mais l'agrégat est trop hétérogène, mêlant banques et voyage, loisirs et assurances) pour que l'on puisse en tirer des conclusions certaines. Pourquoi ce flou ?
    En parts de marché du chiffre d'affaires, tous les secteurs sont en baisse sauf trois : celui des services, des boissons-alimentation, de l'édition et de la papéterie. 

    Cette étude descriptive est importante pour l'analyse du marché de la communication et de la publicité ; elle doit gagner en précision pour mieux rendre compte du basculement de ce secteur de la communication dans le numérique. Comment sont classés les investissements effectués dans les transports (aéroports, gares, métro), dans les centres commerciaux ? Affichage ou PLV ? Quant au besoin de comparaisons internationales, il est flagrant. En période de mutation numérique, le marché de la communication et de la publicité a besoin d'outils économiques fiables (donc audités) et de catégories de description rigoureuses.
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    vendredi 10 mai 2013

    Mercenaires du Big Data : algorithmes et analytics aux enchères

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    Le marché de la recherche prend une tournure nouvelle avec le Big Data. Ceci est possible parce que les problèmes de traitement des données (CRM, data mining, visualisation, etc.) et leurs solutions mathématiques sont indépendants du domaine sur lesquels portent les données et présentent de nombreux caractères communs.
    • 品友互动 (IPinYou Hu Dong) est une entreprise chinoise (DSPDemand Side Platform) entrée sur le marché en 2008. En avril 2013, elle lance un appel d'offre sous forme de compétition mondiale ; l'enjeu est le développement d'algorithmes d'enchères pour le RTB ("global DSP bidding algorithm competition") améliorant l'exploitation publicitaire du big data ("Where Computational Advertising Meets Big Data"). Résultats en septembre.
    • IPinYou reprend une idée de Netflix qui organisa en 2006 une compétition dotée d'un prix de un million de dollars ; l'enjeu était la prédiction de la cote (rating) des films diffusés, prédiction basée sur les préférences précédentes des utilisateurs (training set). N.B. L'algorithme vainqueur n'a jamais été implémenté (cf. techdirt) car, entre temps, Netflix avait changé de modèle économique ; de plus, la compétition n'a pas été relancée par craintes de poursuites concernant l'exploitation de données privées. Mais Netflix reste fidèle à son principe : en mars 2013, l'entreprise a relancé une compétition concernant son exploitation du cloud computing : "the Netflix Cloud Prize" est doté de 10 prix de 10 000 dollars.
    La multiplication de ce type d'opérations suscite logiquement à la formation d'une entreprise comme kaggle qui s'est spécialisée depuis 2010 dans ce secteur :  appels d'offres / compétitions, gestion des transactions (organisation, anonymisation des données traitées (training sets). Sa devise est tout un programme : "Go from Big Data to Big Analytics". kaggle déclare pouvoir compter sur une communauté scientifique de près de 100 000 chercheurs spécialisés dans le traitement des données pour résoudre les problèmes qui lui sont soumis par ses clients : ces problèmes, s'ils mobilisent des types de traitement homologues, sont hétéroclites, allant de prédictions concernant des problèmes médicaux (Heritage Health Prize), à la conduite automobile (Ford), aux classements sportifs (Elo rating), à la sélection de photos de voyage (Jetpac), etc. kaggle recrute les chercheurs idoines et met également des outils informatiques à la disposition des chercheurs participants (Workbench). De son côté, DataXu a réalisé une place de marché pour ses algorithmes.
    MàJ, mars 2017, Google acquiert Kaggle.
    Pour aller au bout de la logique économique, un fond de capital risque spécialisé dans le financement de startups travaillant dans le Big Data a été développé en 2011 : Data Collective. Un écosystème Big Data / Analytics se boucle ainsi, traduisant l'importance extraordinaire que prend la culture de la data dans l'économie numérique.
    En même temps, le marché du travail se modernise : ainsi, Greenplum (EMC) étend le principe de la place de marché (qu'amazon mobilise pour son Mechanikal Turk : "marketplace for work") aux chercheurs devenus journaliers, mercenaires de la data... Crowdsourcing ?
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    dimanche 5 mai 2013

    "sometimes, journalists get stats wrong"

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    L'un de mes profs lorsqu'il évoquait une affirmation mal vérifiée, ajoutait souvent, d'un air malicieux, "dans une certaine mesure, qu'il faudrait d'ailleurs mesurer...".
    Un quotidien britannique rapporte que le site de Facebook a perdu 10 millions de visiteurs aux Etats-Unis et 2 millions en Grande-Bretagne.
    • La statistique semble ignorer la connexion via l'appli de Facebook, or, comme le notent les auteurs de l'article, les internautes sont nombreux à abandonner leur connection Web pour se connecter à Facebook avec l'appli. Notons encore que l'appli Facebook est la plus téléchargée de l'Apple Store ; Instagram, qui appartient à Facebook, est la troisième (Source : Apple, cf. iTunes).
    • La statistique est issue d'un panel dont la représentativité est difficile à estimer, notamment, par exemple, pour les générations les plus concernées par Facebook, pour les étudiant(e)s américain(e)s (ni "home" ni "work"). Il faudrait pour être plus précis se référer à un audit neutre de la méthodologie du panel.
    • Pour tout clarifier, le quotidien évoque une étude de l'entreprise socialbakers sur l'érosion de l'audience de Facebook. Or cette conclusion est démentie par les auteurs de l'étude qui laissent entendre que les journalistes concernés n'ont peut-être pas tout compris : "sometimes, journalists get stats wrong", ironise Jan Rezab, P-DG de socialbakers, in "Clarification to Guardian’s Wrong Article, Again...".
    Conclusion. On ne sait rien. Comme dit Jan Rezab, "The bottom line here is that there is no story". Facebook ne commente pas. Pourquoi le ferait-il ? Cette non-histoire pose le problème de la reprise par les journalistes de statistiques qu'ils ne peuvent vérifier. Info ou intox ?

    Mise à jour, 14 juin 2013 : à propos de l'affaire NSA PRISM et du journalisme : Ed Bott "How did mainstream media get the NSA PRISM story so hopelessly wrong?"
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    mardi 30 avril 2013

    La TV dans la tourmente du Web

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    Les revenus de la télévision commerciale font rêver les plus grandes entreprises publicitaires du Web. On peut observer aux Etats-Unis les stratégies qu'elles mettent en oeuvre afin de conquérir le marché publicitaire TV... en attendant que l'expansion de la télévision connectée leur en ouvre grand les portes.
    • Google entre sur le marché de la télévision par la mesure, mettant en place un panel de foyers qui permet de suivre simultanément l'audience de la télévision et celle du Web. Cette mesure unique permet de transférer une partie des investissements télé sur le Web en optimisant le total GRP (couverture, répétition, vitesse de cumulation). Moins de télévision, plus de YouTube, vidéo toujours. 
    • Yahoo! propose aux annonceurs d'affecter une partie de leur budget télévision (5 à 10%) à son portail. La proposition est assortie d'une garantie de ROI, sans doute du type de celle qui se pratique sur l'upfront market. Sur Yahoo!, les messages pourront être diffusés dans un environnement d'émissions originales produites par Yahoo! en synergie avec les chaînes de télévision (mêmes castings, etc.) et de rediffusions ("Saturday Night Live", NBC), etc. Globalement, Yahoo! veut ressembler à la télévision mais avec des formats publicitaires plus engageants (interactivité, rich media, native ads, multi-plateforme, etc.). Et l'on comprend son intérêt déçu pour Dailymotion...
    • Facebook annonça son intention de se positionner contre la télévision dès la présentation de son dossier d'entrée en bourse. Ses atouts sont impressionants : puissance nationale et pluri-nationale avec couverture et répétition largement au niveau de la télévision (GRP), couverture supra-nationale pour les annonceurs internationaux, relation aux points de vente (association on-et off-line), ciblage riche et subtile grâce à son réseau au maillage fin (fine-grained), ciblage géographique allant jusquà l'hyper-local, pénétration de l'univers mobile.
    Ce qui se passe aux Etats-Unis permet d'entrevoir les menaces s'accumulant à l'horizon des télévisions européennes alors que s'ouvre le marché de la data et que l'automatisation généralisée des transactions publicitaires Web, et télé bientôt, se met en place (ciblages et enchères en temps réel, RTBanalyticsprogrammatic buying, etc.). Les grandes entreprises américaines du Web y préparent les plus grands annonceurs, qui sont pluri-nationaux. 
    Avec des outils mathématiques et algorithmiques conçus et produits en Californie (coûts fixes), ces grandes entreprises américaines du Web visent les marchés européens où elles recrutent tranquillement leurs forces commerciales locales dans les régies télé et les agences média.
    L'ère des mondes télévisuels nationaux prospérant à l'abri de la concurrence internationale semble s'achever. Les télévisions nationales sont-elles prêtes pour cette formidable évolution ?
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    lundi 29 avril 2013

    La vie sans Web

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    Cela devait arriver.
    Déjà, dans les années 1980, on avait proposé de cesser de regarder la télévision, d'organiser des jours sans télé, etc. La télé étant une drogue ("Plug-in drug", 1977), il fallait s'en désintoxiquer ! ("Unplugging the plug-in drug", 1987).
    Maintenant, c'est au tour du jour sans Web, de la semaine sans Wifi, des soirées sans Facebook... National Day of Unplugging... Dénoncer l'addiction au Web... Enfin, une mission généreuse !

    L'agence Dagobert a tenté un bilan des non-connectés et l'assortit de conseils pour la publicité. Elle distingue les non connectés par nécessité (économique ou technique), les non connectés par prudence et ceux qui ont rompu avec le Web. Pour ces derniers, la dé-connexion est le signe d'une lutte acharnée contre une pathologie. Les malades en traitement sont déclarés "digital detox". Symptôme dominant : la peur de manquer quelque chose : Fear of missing out (FOMO), une sorte d'angoisse, à moins que ce ne soit la peur que le manque ne vienne à manquer. D'ailleurs, l'expression FOMO ne vise pas que le Web. Dans ce symptôme, certains croient pouvoir identifier un désordre psychique (iDesorder) ; Dagobert y voit plus raisonnablement une tendance, un signe faible... Finalement, l'agence conseille le bon sens : ne pas en faire trop en ligne, ne pas communiquer seulement en ligne. Plaidoyer raisonnable pour un médiaplanning rationnel, pour un ciblage lucide et circonspect (comment toucher les non-internautes). La présentation (Digital Detox. Tendance déconnexion, février 2013, 62 p.) montre de façon convaincante comment des annonceurs exploitent cette tendance.

    Notons que connaître le nombre des non-connectés n'est pas si simple à établir : non-connectés pendant combien de temps (au cours du dernier mois, la veille, etc.) ? Non-connexion au domicile ou hors domicile ? Non-connexion sur quel appareil ? Il n'est pas plus facile de compter les non-connectés que les connectés.
    Notons encore que l'argument économique recoupe une tendance au désabonnement observée aux Etats-Unis (cord cutter et cord never) et qui semble prendre de l'importance en télévision et en téléphonie. L'hostilité à l'abonnement et à la dépendance économique qui s'en suit correspond peut-être à une évolution profonde du comportement des consommateurs. A vérifier.

    Reste le plaisir snob du renoncement : "J'suis snob", chantait Boris Vian (1955) : "J'avais la télé, mais ça m'ennuyait, je l'ai retournée de l'autre côté, c'est passionnant" (cf. infra, 2:00).


    On peut penser à la prudence d'Ulysse qui se fit attacher au mât de son navire pour résister au chants des sirènes, et les écouter sans risque ("leurs voix admirables me remplissaient le coeur du désir d'écouter"). Quant aux marins dont il a bouché les oreilles avec de la cire, ils ramaient, imperturbables, sourds aux chants merveilleux (Odyssée, Chant XII).
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    Ulysse et les Sirènes Stamnos attique à figures rouges - v.480-470 avant JC
    Londres - British Museum

    samedi 27 avril 2013

    Une année de télévision en France (2012)

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    Guide des chaînes numériques, mars 2013,. Edité par le CSA, le CNC, la DGMIC, l'ACCeS et le SNPTV. Edition numérique (pdf). Le chapitre 8 regroupe les principaux textes de l'activité législative et réglementaire de l'année 2012.

    Ce guide annuel en est à sa 11ème édition. Outil documentaire de référence, commode en version pdf, il constitue aussi une occasion, en le parcourant, de dégager, par delà toutes les données désarticulées, les grandes tendances de notre marché télévisuel.
    • La télévision consommée, telle que la mesure Médiamétrie, croît, se rapprochant de 4 heures (DEI) ; donc les téléspectateurs consomment bien plus de 4 heures par jour (DEA). Multiscreentasking ? Où se situe la limite ?
    • Les plus faibles consommateurs de télévision sont les enfants (2h15) tandis que les personnes de plus de 50 ans (drôle de cible) dépassent 5h. Le temps disponible serait donc la variable la plus explicative des écarts de consommation : la télévision bouche les trous de l'emploi du temps. La télévision comme activité des inactifs ?
    • La télévision numérique terrestre (TNT) qui fut tellement dénoncée à ses débuts, triomphe (comparer avec la situation américaine). Combien parmi ses usagers de "cord-never" et de "cord-cutter", qui ne s'abonneront jamais ou qui se sont déjà désabonnés ?
    • En plus de la redevance, 13,6 millions de foyers s'abonnent à un opérateur pour recevoir la télévision. Quelle est l'audience des chaînes que l'on ne reçoit qu'en payant ? Faible, très faible. De quoi vivent-elles ? Certainement pas de la publicité. Des miracles de la vente au forfait (bouquet) ?
    • La distribution par ADSL gagne du terrain ; le satellite sans abonnement rattrape le satellite avec abonnement. Quelles chaînes, quelle programmation en profitent ? L'échec du câble est flagant. 
    • Quelle part de la consommation de télévision ignorons-nous ? Combien de chaînes ne sont pas mesurées ? Quelle est la part de la consommation hors foyer, hors du téléviseur ? 
    • Chapitre bien venu (pourquoi en annexes ?) sur la vidéo à la demande (VàD). Ces données méritent d'être intégrées dans le bilan télévisuel global.
    • Qui finance la télévision française ? Après les impôts (l'Etat), viennent les industries alimentaires, le secteur hygiène-beauté puis l'automobile, la grande distribution, les banques et les télécoms. L'ensemble représente 60% du financement, hors Etat.
    Guide des chaînes numériques, p. 85. Attention : investissements BRUTS.
    Beaucoup de statistiques dans ce guide, mais les catégories descriptives sont complexes voire sibyllines. renvoyant à des pratiques administratives, de finance publique spécialisée, à des outils de suivis budgétaires ("production audiovisuelle aidée", etc.). Pour faciliter la lecture, les catégories devraient être illustrées des émissions qui s'y trouvent. Quant au cinéma, la complexité des segmentation mises en oeuvre interdit aux non spécialistes de conclure (l'illustration à l'aide de titres de films serait bienvenue).
    L'approche diachronique, que permettent 11 années d'analyse (exemple : p. 77), est trop rare.
    Dommage que ne figurent pas dans les documents les audits effectués par le CESP des mesures d'audience de la télévision.

    Les sujets télévisuels qui fâchent se sont pas évoqués par ce "guide". Par exemple, voici des questions qui pourraient figurer dans un bilan des événements de l'année (au même titre que l'actualité législative traitée dans le chapitre 8. Où en est l'émirat du Qatar dans la télévision française ? Quelle place pour la publicité dans le secteur public de télévision (publicité télévision et publicité Web) ? Quel modèle économique et éthique pour la télévision et le sport ? La télévision publique doit-elle financer avec l'argent public un Tour de France cycliste qui souvent célèbre des "sportifs" dopés ? Quid de l'exception française (accord avec Discovery Communications Inc. sur les chaînes documentaires) ?
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    jeudi 25 avril 2013

    Boston : télévision locale d'abord. Télévision américaine. Cas N°15

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    Les "événements" lors du marathon de Boston donnent l'occasion de vérifier l'importance des différents supports télévisuels américains sur un marché local donné.
    • Les stations locales grand public ont retenu 68% de l'audience entre 19 et 21H (heure locale).
    • Les chaînes thématiques payantes d'information diffusées par les réseaux câble / satellite / télécom (CNN, Fox News et MSNBC) ont retenu 11% de l'audience. Elles ont repris des éléments produits par les stations locales WBZ-TV, WHDH-TV, WCVB-TV et WFXT-TV.
    • Toutefois, la vidéo le plus regardée a été tournée par Steve Sila, journaliste du quotidien  régional, The Boston Globe
    Le DMA de Boston (N°7). Source : Newportmedia 
    • Sans surprise, les stations locales confirment leur place primordiale sur marché de la télévision grand public. La station WBZ-TV couvrait le marathon avec une quarantaine de personnes sur les lieux.
    Le DMA de Boston (marché N°7) 
    • Ce marché compte plus d'une vingtaine de stations locales dont deux stations O&O : WBZ-TV (CBS) et WFXT-TV (Fox). 
    • Les autres networks sont présents sur des stations affiliées : WCVB-TV, (Hearst affiliée à ABC), WHDH-TV (Sunbeam, affiliée à NBC), WUNI-TV (Entravision, affiliée Univision), WLVI-TV (Sunbeam, affiliée CW), WGBH-TV (affiliée PBS) pour citer les principales.
    • Plus de 90% des foyers du DMA sont abonnés à une offre de télévision payante distribuée par câble (83%) ou satellite (13%). Le DMA couvre une grande partie du Massachussets mais compte également des contés dans les états voisins du Vermont et du New Hampshire.
    • Aereo annonce l'extension de son service à Boston fin mai 2013.
    N.B. Comparaison : en France, il est actuellement impossible de connaître l'audience régionale d'une chaîne (nationale) qui d'ailleurs n'a d'implantation locale qu'un émetteur. Seul permettrait de l'approcher, un détour très approximatif par le Web et des réseaux sociaux (Twitter et Facebook).
    Le modèle économique de la télévision américaine permet la coexistence, en synergie, du local et du national. Le modèle français reste centralisé et coupé de l'économie et de l'actualité régionales.
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    mardi 23 avril 2013

    Facebook, nouveau mass-media ?

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    Qu'est ce qu'un média de masse ?
    Un média qu'utilise presque tout le monde, presque tous les jours. Large couverture, répétition des usages. Suivant M. McLuhan, on ajoutera que ce média se distingue en inculquant un changement perceptif, voire cognitif, chez ses utilisateurs (l'effet invisible du média s'avérant tout aussi puissant que celui, mesurable, des messages).
    Le journal, le cinéma, la radio furent des mass-médias. La télévision reste le plus présent des mass-médias... Facebook, social media, laisse-t-il entrevoir un nouveau type de mass-média ?

    • Média financé par la publicité, donc perçu comme gratuit par ses utilisateurs, Facebook se doit, comme la télévision, de réunir des audiences massives. Innombrables utilisateurs : on en compterait plus d'un milliard (selon Facebook). 
    • Facebook étant accessible partout, à partir du Web et des supports mobiles connectés, les utilisateurs en font un usage quotidien, voire multi-quotidien, en temps réel (Messenger). Facebook n'est jamais éteint, toujours sous la main, sous les yeux : dans les points de vente, dans les cours (hum!), dans les transports, au travail, tous lieux restés hors de portée de la télévision. Facebook devient le fond de toute communication (multiscreentasking).
    • Mass-média, car tout le monde l'utilise, Facebook est aussi un média personnel puisque chacun l'utilise à sa manière et en fait son micro-média. Paradoxe : c'est parce qu'il est tellement personnel (personnalisable), qu'il peut être mass-média.
    • Facebook constitue progressivement un univers total : il dispose de son propre moteur de recherche (Graph Search), de son propre courrier, de sa propre messagerie, il est servi par une kyrielle d'entreprises ancillaires et d'applis qui aident les marques, les entreprises, les institutions à y surveiller leur image (monitoring), à y configurer des alertes déclenchées en cas de mention gênante, à y étudier leur audience, leur influence, les sentiments et les engagements s'y exprimant à leur égard (analytics). 
    En consultant notre tableau comparatif simplifié TV / Facebook (cf. supra), on perçoit deux grandeurs dont l'incommensurabilité tient aux effets de réseau (loi de Metcalfe), d'une part, et à la portabilité, d'autre part.
    Par les ergonomies qu'il suscite, Facebook transforme délibérément l'appréhension du monde social et sa perception : création d'un idiome, incorporation du réseau puis, avec Facebook Home, de gestes ("We're not building a phone and we're not building an operating system. We're building something that's a whole lot deeper than an app" explique M. Zuckerberg). Et ce n'est pas tout ! Facebook envisage d'envahir l'écran d'accueil du téléphone (home screen), cette page qui est "l'âme du téléphone" selon M. Zuckerberg. Après la "facebookisation de la télévision", la facebookisation du smartphone : contagion propre aux mass-médias.
    Au bout de tout cela, on comprend que Facebook sécrète une quantité diabolique de données.
    Mass-data à vendre ?
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    samedi 13 avril 2013

    Chronologie des médias et consommation groupée (Binge viewing)

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    En mettant à la disposition de ses abonnés tous les épisodes d'une série télévisée d'un seul coup, Netflix a repris, pour son lancement de "House of cards", un mode de consommation des séries inventé spontanément par les téléspectateurs au temps du magnétoscope et des vidéocassettes.
    Sundance Channel, une chaîne diffusée aux Etats-Unis exclusivement par les réseaux câblés, satellites et télécom, en reprend le principe (dit "binge viewing") et l'étend au cinéma. La série "Rectify" (6 épisodes de 45 mn) qui sera diffusée le 22 avril à la télévision américaine a été lancée quelques jours avant (samedi 13, 21h) dans une petite salle du prestigieux IFC Theater à New York, en présence des acteurs et de l'équipe de tournage. L'ensemble dure un peu plus de cinq heures. La salle appartient à AMC Networks qui édite la chaîne Sundance Channel (entre autres, avec les chaînes AMC, IFC, WE TV). La série est également proposée en VOD (TV Everywhere) à partir du 15 avril.
    La série sera diffusée en France par Canal+, en Espagne par Sundance Channel España, etc.
    L'articulation entre salles de cinéma et télévision, en quelque sorte off-line et on-line, indique une nouvelle dynamique associant, pour la promotion du spectacle, deux modes de distribution, deux types de publics (précurseurs et grand public, etc.), deux modes de consommation (publique, privée). Bien sûr, la notion de "chronologie des médias" est sérieusement bousculée et en devient anachronique : une nouvelle économie du spectacle numérique est libre de s'inventer suivant des technologies nouvelles, et qui n'en finissent pas de s'inventer.
    Le numérique, c'est la souplesse, la flexibilité, l'inventivité retrouvées. Au public des consommateurs de s'approprier, ou non, les nouvelles manières de disposer du spectacle (DVD, streaming OTT, abonnement, broadcasting, VOD, salles, etc.). S'enfermer dans une chronologie de consommation et une tradition issues des salles diffusant des films en noir et blanc est certainement risqué : le seul salut viendra d'une production de qualité plus nombreuse.

    Pour les salles de cinéma, la "Dernière séance" pourrait être le début de nouvelles premières séances. L'IFC Theater fut une en son temps une salle historique et déclinante, The Waverly, et, bien avant, une église. C'est désormais un petit multiplexe dans Greenwich Village, restauré en 2005 : 5 salles, proposant une programmation et un positionnement originaux.


    Source : Marshall Haymann, The Wall Street Journal, " Sundance Channels Season Into Day", April 11, 2013.
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    mercredi 10 avril 2013

    Data: the price of our opinion


    Let's start with three propositions:
    • There is an abundant supply of opinions : everyone can produce an opinion about anything, on any topic, at any time (change opinions). An opinion is the product of interrogation; it can also be expressed and observed through behavior:  a program watched (TV meters), consumer paths in a store, the location of a smartphone user, social graph, etc.
    • There is a growing demand for opinions from marketing research institutes and polling companies (advertisers).
    • There is therefore a marketplace for opinions.
    Here is a look at the evolution in the various business models.

    Business model 1 (M1)
    At the beginning, people were willing to give their opinion for free. It was fun; there was a flattering illusion of importance. The business model was simple: a company collected opinions (polling, etc.), processed the data and sold the results as "public opinion". They did not buy opinions: people gave their opinions and were happy - if not proud-  to do so. Free labor was there for the taking. A bit like crowd sourcing.
    To motivate and encourage people, esp. those taking part in a long time panel, the companies compensated (incentivised) panelists for their participation with a small a gift, a little money. Something symbolic.
    But people are now less and less likely to give their opinion for free. There are too many phone surveys. They do not want to waste their time. Some do not even answer a land line anymore. They do not want to answer surveys on a mobile phone. They do not agree to answer long surveys (some might require more than 7 hours)... Consequently, marketers have to pay more, give better gifts: the average price of an opinion is increasing. Unless surveys are very quick and not intrusive at all.

    Business model 2 (M2)
    It is bartering, but stealth bartering; a service is first offered : the exchange starts once the service is used. The exchange is rarely explicit, so most people have the impression of using something for free whereas, in fact, data is taken without the user's knowledge.
    Companies build services first (webmail, maps, apps for productivity, translation, directories, catalogs, games, weather, search engine, etc.). They offer these services in exchange for data. Do ut des. I give (you) so that you will give to me ("Gib, dann wird Dir gegeben"). This old maxim from Roman law could be the motto for the digital advertising economy. Data is collected smoothly while people use the service. Users pay for the service with their opinion. The research company builds knowledge with the collected data (raw material) and sells it once aggregated and processed.
    Consumers become sensitive to privacy.
    All the illustrations here are taken from e-mails received since December 2012 from Panel Institut.
    Some even wonder now if it wouldn't be safer to pay cash for these services than to be "robbed" of their data / privacy. App.net, an ad-free social network, says: "We are selling our product, NOT our users".
    Business model 3 (M3)
    People sell their opinion. It is a clear and obvious transaction. This is the ultimate step.
    See above and below a recent example from a French company. People are asked to turn their time - i.e. their opinion - into money ("Je convertis mon temps en argent").

    "Votre opinion rémunérée" = "we pay for your opinion"
    "Your opinion is worth money" ("votre opinion [est] rémunérée"). Answering surveys has become a job.
    See also:
    HitBliss: people watch commercials to collect points that allow them to rent movies
    Panel App: collects location data and, in exchange, provides points redeemable for different incentives, including entry in a monthly sweepstakes.

    This third business model is different from the free labor model as described by Pierre Collin and Nicolas Colin in their report on digital economy and taxes ("Mission d'expertise sur la fiscalité de l'économie numérique", January 2013, p. 2.).

    Remarks
    • Surveys in which people are asked to give their data for money could help determine the market price of any collected data.
    • Conscious of the market value (price) of their opinion, people might sell their own opinions, auction them and thereby "kill" the first business model. There could be opinion exchange platforms with RTB, etc. 
    • The competition in marketing research opposes two major categories of companies, i.e. two kinds of business models: the first with traditional marketing research firms (M1) and the second (M2) with Web companies (social networks, search, geography, mobile, etc.). The third category (M3 is only nascent)
    • The value of an opinion diminishes with time. Opinions change quickly and often. Who wants yesterday's opinion? What is the expiration date?
    • Who owns our opinion? It sounds like a Faustian question! Can we sell our soul? 

    jeudi 4 avril 2013

    Psychologie du retargeting

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    Le re-ciblage (retargeting) correspond à l'exploitation d'un "acte manqué" (cf. infra) analysé comme symptôme d'une intention, notamment d'une intention d'achat : sont re-ciblés par l'action publicitaire (remarketing) des internautes dont le comportement manifeste une intention commerciale ; ils ont cherché un produit avec un moteur de recherche (search retargeting), ils ont effectué, sur des sites d'annonceurs, diverses actions (cherché une information sur un produit, comparé des prix, regardé une vidéo publicitaire, etc.). On considère qu'ils ont failli, tenté, manqué d'acheter un produit ou un service et ne sont pas allés au bout de leur geste.
    En acte, ils auraient marqué un intérêt, et, en acte toujours, un désintérêt, puisqu'ils n'ont pas acheté (shopping cart abandonment, cf. Listrak). Du raté commercial, l'on conclut qu'il trahit une intention, oubliant l'autre force, de valeur égale, celle qui a interrompu et bloqué la démarche. De l'achat manqué (cas particulier d'acte manqué, comme le lapsus, l'oubli d'un nom, etc.), on n'interprète que le visible (la visite) pour déclencher une action publicitaire personnalisée ; on laisse de côté le "négatif" qui contient sans doute autant d'informations sur le client potentiel (ses réticences, l'image et les connotations du produit, etc.). Le symptôme, l'acte manqué, est la résultante de deux forces.

    Pour l'internaute, un acte manqué peut être un acte réussi. La visite "incomplète" du site commercial est le compromis d'une intention (d'achat) et d'une censure, d'une défense : l'intention de ne pas acheter. Le reciblage passe outre, insiste et re-tente l'internaute (perseverare diabolicum!).
    Pour ne pas manquer l'acte manqué, l'annonceur qui recible intervient le plus tôt possible, dans les moindres délais. Le retargeting lutte contre l'oubli, contre la rationalisation de l'acte manqué qui est une dissonance cognitive provisoire ("j'ai eu raison de ne pas acheter, je n'ai pas assez d'argent"). D'où l'importance du "temps réel", de la récence (cf. simpli.fi estime empiriquement l'optimum d'efficacité du retargeting entre 5 et 30 minutes). Ce qui, notons le au passage, souligne l'intérêt de qualifier la répétition dans un plan média en prenant en compte son rythme, la durée séparant deux actions publicitaires (cf. H. Ebbinghaus et sa courbe d'oubli, Vergessenskurve). Pourrait-on appliquer le bêta de Morgenzstern au reciblage ?
    • Nous excluons ici le reciblage des internautes qui ont acheté et à qui l'on propose un autre produit de la marque, en affinité. A ceux qui n'ont pas acheté, l'on peut proposer un même produit d'une autre marque, d'une autre gamme de prix.
    • Le reciblage anticipé est un moyen de gérer la répétition nécessaire à la transformation (effective frequency). Il peut être aussi un moyen d'éviter le développement d'une dissonance cognitive dont l'aboutissement peut être un repentir (cf. la notion juridique de "droit de repentir").
    • Dans l'attribution, on attribue au reciblage une responsabilité exagérée puisque l'attribution va au dernier intervenant avant la transformation. Ce qui est plus facile que de déterminer les parts de chaque action.
    • A rapprocher de la "fièvre acheteuse", pathologie dite aussi "oniomanie" : plaisir ou folie d'acheter. 
    L'avenir du reciblage est dans la mise en oeuvre de dispositifs pluri-média, on- et off-line. S'adresser à ceux qui sont allés dans le rayon, ont pris un produit en main et l'ont reposé sans rien acheter. Ainsi, Facebook cible les prospects en s'appuyant sur les données de cartes de fidélité réunis par Datalogix (achats off-line). S'adresser à ceux qui ont regardé un produit sur un site, n'ont pas acheté et leur représenter le produit et sa promotion lorsqu'il se trouvent à passer non loin d'un linéaire vendant le produit (il faut des applis pour cela sur le smartphone). Un tel reciblage, plus qu'une insistance et une répétition très vite désagréable, peut s'avérer une variation utile et un enrichissement de la communication pour le consommateur.

    Références
    • L'acte manqué est une notion psychanalytique décrite par S. Freud dans la Psychopathologie de la vie quotidienne (Zur Psychopathologie des Alltagslebens. Über Vergessen, Versprechen, Vergreifen, Aberglaube und Irrtum,1904), puis dans son Introduction à la psychanlyse (Vorlesungen zur Einführung in die Psychoanalyse, 1916). Pour les traductions du terme "acte manqué", voir le Vocabulaire de la Psychanalyse (J. Laplanche, J.B. Pontalis, Paris, PUF, 1967). Fehlleistung, le terme employé par Freud désigne en allemand une action manquée, ratée (du verbe fehlen). L'anglais recourt à une innovation lexicale forgée sur le grec pour désigner la Fehlleistung : parapraxis.
    • Retargeting : pour une définition par des acteurs majeurs de ce marché, voir, entre autres AdRoll, CriteoReTargeter.

    dimanche 31 mars 2013

    La presse, média trop modeste

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    La diffusion de la presse grand public est en baisse (OJD, DFP), dit-on ; son audience mesurée est en légère hausse. Pourquoi ? Par-delà l'évolution des pratiques d'information (que l'on ne sait guère observer ni, a fortiori, analyser), on peut évoquer deux causes certaines.
    • La détérioration de la distribution des titres payants (grêves répétées, fermetures de points de vente de proximité, etc.) qui affecte la diffusion payée en France.
    • L'amélioration sensible de la mesure de l'audience. Cette mesure a été indiscutablement étendue et approfondie avec l'étude ONE mise en place par Audipresse (Cf. Audipresse, Cumul janvier- décembre 2012, ainsi que l'audit du CESP). 
    Pour autant, la presse mesurée ne donne pas une image complète de la pénétration de la presse dans la vie des Français. 
    • L'étude ONE mesure les principaux supports de publicité des principales régies publicitaires grand public, qui la financent. Le nombre de titres étudiés (646), impressionnant, est encore limité pour des raisons techniques et budgétaires, entre autres. 
    • Par construction, la longue traîne des titres papier (qui se comptent en milliers) est largement sous-estimée par les études de l'audience, qui omettent, entre autres, selon les cas :
      • la majorité des titres datant de peu, souvent éphémères certes, mais importants pendant cette durée ; ils traduisent le dynamisme de la presse, son côté constamment innovant, "start-up"
      • les très nombreux hors-série
      • la presse gratuite des divers types de collectivités locales
      • la presse professionnelle
      • la presse des enfants (moins de 15 ans)
    • Avec l'avénement de "l'ère du multireading", selon l'expression d'Audipresse, les occasions de lire sont fatalement  sous-estimées alors que se multiplient rapidement les lieux de lecture, les supports de lecture, les modes de lecture.
    • Enfin, comment les études peuvent-elles tenir compte de la place primordiale de la presse dans la fabrication globale de l'information ? La presse qui alimente - gracieusement - tant de sites Web mais aussi de radios, de télé, de réseaux sociaux... Présences émiettées, rebelles au comptage déclaratif et au droit d'auteur... 
    La presse est l'un des seuls médias à ne pas sur-estimer l'ampleur et l'importance de son audience. Rare et curieuse modestie.
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