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Canal+ lancera en fin d'année une chaîne nationale grand public. Si l'on n'en sait pas beaucoup plus, au moins peut-on que se réjouir d'un surcroît de diversité médiatique. Si Canal+ crée une chaîne originale, de qualité, les annonceurs seront présents : ils n'attendent que cela. Pour peu que l'on porte le regard au-delà des bizarreries du petit microcosme télévisuel français ("canal bonus", etc.), on peut escompter des effets positifs de ce lancement. Canal Plus a déjà prouvé qu'il savait réveiller un marché.
Tout le secteur télévisuel pourra bénéficier d'une véritable innovation. L'image de la télévision en a besoin car elle pâtit de la concurrence du Web. A quelques exceptions près, les entreprises de média, et notamment de télévision, n'ont pas encore pu tirer profit du Web, traité simultanément en média "de complément" et en gadget technologique. Or Canal 20 sera lancée à un moment favorable : la couverture numérique du territoire s'achève tandis que la télévision connectée à Internet voit le jour, menée par des acteurs entreprenants et puissants : Google TV, Apple TV, HbbTV (dont Canal+ Group est partenaire), Amazon VOD. Canal 20 ou pas, le marché télévisuel n'échappera pas au défi de ces forces de conquête, porteuses d'innovations dans les programmes mais aussi dans la publicité. Une partie de la population s'éloigne de la télévision, les plus diplômés, les plus jeunes des plus actifs : Canal 20 peut les y ramener.
Canal+ a maintenu, depuis plus de 20 ans, contre vents et marées, une fenêtre en clair avec publicité. Cette fenêtre promotionnelle a constitué un laboratoire publicitaire, parfois anticonformiste, souvent brillant. Canal 20 pourra profiter de cette expérience pour dynamiser le marché publicitaire, en secouer les pratiques un peu désuètes et stimuler les agences média. Touchant deux moments de la chronologie des médias, au début et à la fin, Canal+ pourra exploiter la synergie entre télévision payante et télévision gratuite, atout exclusif. Mais, surtout, Canal 20 pourrait inventer le nouveau média, né de la convergence sur un même écran, du Web et de la télé, et qui ne sera ni l'un ni l'autre. Un potentiel d'audience existe pour ce média différent, qu'il faut imaginer social comme Facebook, pratique comme Google et passionnant comme toute bonne télévision avec, toujours, en prime, la douce passivité, qu'un peu de culpabilité pimente.
Cette fois, il ne s'agit plus pour Canal+ d'imiter HBO, dette des origines, revendiquée. C'est à Canal+ d'inventer car HBO, qui perd des abonnés, n'a pas encore imaginé la télévision de l'époque numérique.
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Une histoire littéraire traitée comme un roman policier : Montaigne
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Philippe Desan, *Montaigne La Boétie. Une ténébreuse affaire*, Paris,
Odile Jacob, 382 p., 2024, 22.9 €
Ce n'est ni de la littérature ni de la philosoph...
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