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Cette loi, issue de la Résistance (2 avril 1947), doit son nom à un député MRP (parti démocrate chétien). Elle constitue l'un des piliers de l'économie de la presse française. Elle stipule d'abord que la diffusion de la presse est libre (art. 1). Les éditeurs sont égaux en droit, qu'ils soient grands ou petits," puissants ou misérables". L'accès au réseau de distribution est libre. Hors abonnements, tout groupement pour la distribution doit prendre une forme coopérative (art. 2).
La France compte de nombreux titres de presse, il s'en crée des centaines chaque année (plus de 660, selon nous, en 2010, et deux fois plus de hors série. Souce : Base MM). Diversité exemplaire, dynamique que connaissent peu de médias. La loi Bichet y est pour beaucoup. Pas seulement cette loi : les diverses aides de l'Etat à la presse, directes et indirectes, contribuent largement aussi à cette diversité de genres, d'opinions, d'engagements, de styles, de goûts, de prix.
Diversité inévitablement méconnue par les grandes agences média qui investissent surtout dans les plus grands titres, ceux qui sont pris en compte par les études de lectorat et les logiciels de mediaplanning. La contrainte politique sur la distribution équilibre en quelque sorte la puissance publicitaire.
La loi Bichet est remise en question par les grands éditeurs et par des représentants des distributeurs. S'il y avait moins de titres dans les points de vente, on les trouverait mieux, il y aurait plus de place, disent-ils. Les titres distribués seraient plus visibles, la mise en place plus commode et plus rapide. La loi Bichet plaçait la presse au-delà d'une logique exclusivment commerciale (marketing), l'offre ne devant pas être déterminée par la demande.
La contestation de la loi Bichet concerne ce que l'on appelle la réforme de l'assortiment. Elle touche la charge de travail des diffuseurs (points de vente), le marketing des titres et la diversité et le dynamisme de la presse française. Cela fait beaucoup. Observatoire remarquable de l'économie des médias, le débat sur la Loi Bichet secoue en cascade bien des traditions françaises qui font "l'exception culturelle". La législation française considère que la presse n'est pas un produit comme les autres : supprimer la Loi Bichet reviendrait sur ce principe directeur. Mais, dès lors qu'elle deviendrait un produit comme les autres, pourquoi maintenir les aides directes et indirectes sans lesquelles beaucoup de titres ne survivraient pas ? Comment concilier rigueur de gestion et respect des principes politiques ? Comment l'offre d'information et de divertissement présente et accessible sur le Web affecte-elle les moyens de satisfaire à cet impératif de diversité ?
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Une histoire littéraire traitée comme un roman policier : Montaigne
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Philippe Desan, *Montaigne La Boétie. Une ténébreuse affaire*, Paris,
Odile Jacob, 382 p., 2024, 22.9 €
Ce n'est ni de la littérature ni de la philosoph...
1 commentaire:
La loi Bichet date de 1947, date à laquelle évidemment personne ne voyait venir la descente aux enfers de la presse écrite.
Aujourd'hui, la presse écrite se débat afin de survivre. Même les plus gros titres comme Le Monde ou le Figaro connaissent des difficultés. Les aides apportées par l'Etat à ce secteur sont nobles mais peut-être serait-il temps de renoncer à faire vivre des titres de façon artificielle? !
La profusion des titres distribués dans les réseaux français ne finira t-elle pas par être contre productive?
La presse écrite est en danger et ce à cause de la facilité avec laquelle l'information circule sur Internet. Ainsi, il semble illusoire de croire que la situation peut s'arranger! Et il est certainement temps de remettre en cause la loi Bichet.
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