mardi 29 novembre 2011

Patrimoine et richesse des ménages

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Hélène Chaput, Kim-Hoa Luu Kim, Lauriane Salembier, Julie Solard
"Les inégalités de patrimoine s'accroissent entre 2004 et 2010", INSEE Première N°1380, novembre 2011

Des études média proposent en France une segmentation de la population selon les revenus déclarés. Les revenus disponibles, même corrigés des transferts sociaux (fiscaux, etc.), même si l'on veut croire à la rectitude des déclarations (il y faut la foi du charbonnier), restituent une image incomplète et sans doute inexacte de la France la plus riche, car il y manque les patrimoines. Or les écarts de patrimoine se sont accrus depuis 2004 (indice de Gini : +1,4%).
L'enquête Patrimoine 2010, réalisée par la division Revenus et patrimoine des ménages de l'INSEE, permet d'y voir plus clair. L'enquête repose sur les déclarations de 15 006 ménages, avec un calage sur la comptabilité nationale (avec la collaboration de la CDC, la BdF, l'INRA, la FFSA, etc.).
Le patrimoine des ménages est défini comme un ensemble d'avoirs : actifs financiers, immobiliers, actifs professionnels, équipement en biens durables, bijoux, oeuvres d'art. Le montant du patrimoine net est le patrimoine total brut dont on a déduit les emprunts en cours.
Que nous apprend, du point de vue de l'activité média et publicité, cette enquête publiée en novembre ?
  • Le patrimoine net croît régulièrement au cours d'une vie, de 30 à 70 ans. Le patrimoine, quant à l'âge, redouble donc les effets du revenu. Ceci renforce le poids de la variable "âge" dans les analyses.
  • Les disparités de patrimoine sont plus discriminantes que les disparités de revenu disponible.
  • Les CSP sont inégalement dotées : les agriculteurs puis les indépendants ont généralement plus de patrimoine, car il leur faut investir dans leur outil de travail (actifs professionnels). De manière plus précise, l'effet patrimoine joue inégalement selon les CSP ; par exemple, il est très important pour les professions libérales, à distinguer nettement des cadres et, plus encore, des professions intermédiaires. Que valent dès lors les notions de CSP+ ou de CSP++ ?  
Mon avis
  • Toujours revenir aux études de base, notamment celles de l'INSEE, lorsqu'elles existent. Leur méthodologie est claire et publique (source).
  • Au terme de cette prise en compte du patrimoine, la segmentation des pratiques média par la fortune paraît moins simpliste. 
  • Ces données favorisent les entreprises média / data disposant d'observations liées à des pratiques de navigation complexes, rares et non à des données ramassées à la fourche, on ne sait où.
  • Ensemble, "Revenus après transferts" + "Patrimoine net" peuvent définir un style de vie économique (propension à dépenser et à épargner, etc.), un parcours familial. Ciblage comportemental discriminant.
  • Resterait encore, pour être complet, à prendre en compte et intégrer le capital culturel (certifié et objectivé, diplômes, capital humain, etc.) et le patrimoine social (relations sociales échangeables et mobilisables), toutes formes de capital qui surdéterminent les données économiques des ménages.

dimanche 27 novembre 2011

L'histoire des magazines

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Histoire Junior. Le magazine d'histoire pour les 10-15 ans. Editions Faton. 5,5 €

Premier numéro paru en octobre 2011. Magazine mensuel (11 numéros par an, abonnement annuel 49 €) qui vise les élèves des collèges, et leurs parents qui font réciter les leçons d'histoire. Le magazine reprend les recettes qui président depuis des années à la confection des manuels d'histoire, manuels dont le Web et Wikipedia ont déjà pris la place auprès des élèves.
40 pages. 4 pages de BD, des jeux et concours. L'histoire d'une technologie, la boussole, un guide des musées et expositions, des livres récemment parus. Approche ludique et didactique, claire.

C'est un magazine pour entrér dans l'histoire. L'éditeur espère certainement que beaucoup des jeunes lecteurs n'en sortiront pas de si tôt et poursuivront cette passion avec d'autres titres du même éditeur (filage).
Les éditions Faton sont spécialisées dans l'histoire, les arts et, plus largement, lorsqu'il s'agit des enfants et adolescents, dans l'éveil : lettres avec l'excellent Virgule, archéologie avec Arkéo Junior, mathématiques avec Cosinus, la vie politique avec Citoyen Junior, etc.

La production de la presse française révèle une obsession lancinante de l'histoire : 118 magazines nouveaux ou hors série ayant trait principalement à l'histoire depuis janvier 2011 (onze mois), 153 en 2010, 153 en 2009, 139 en 2008... Plus de trois titres par semaine ! Beaucoup plus que la cuisine : 72 titres en 2011, 83 en 2010 (Source : Base MM).

La France semble travaillée par son histoire et sa mémoire. Par son identité (Michelet, Braudel). Plus qu'une science, cette histoire à la une est un roman, un florilège de biographies. Nostalgie menteuse, enjeu de luttes politiques. La vie politique française ne cesse de s'abreuver à des thèmes historiques. On n'en finit pas de célébrer, de commémorer, d'ouvrir des musées, de "refaire" l'histoire, faute souvent d'avoir correctement établi faits et responsabilités (collaboration avec les nazis, colonialisme, etc.). Cf. Le Canard et le droit de ne pas oublier.
Les Français vivent de pain et d'histoire ! Peut-être leur faut il changer de régime et passer à la science et à l'innovation.
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jeudi 24 novembre 2011

TV américaine. Cas N°8. Stratégie de syndication

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La syndication est, aux Etats-Unis, la vente d'une émission à un ensemble de stations locales, en visant une couverture maximum (coverage) du territoire télévisuel, soit une station par DMA. L'objectif du syndicateur, qui joue en même temps le rôle de régie, est d'optimiser la couverture publicitaire potentielle (reach) en nombre de foyers TV.
Prenons le cas du talk show, "Katie". Il porte le prénom d'une célèbre présentatrice du "Today Show" (NBC, quinze ans) puis du CBS Evening Show (cinq ans, prime time). Le syndicateur est Disney-ABC Domestic Television, filiale du groupe Disney.

  • La nouvelle émission est programmée en syndication pour la tranche de début d'après-midi, à 15H, tranche dite "early afternoon". Sa diffusion débutera en septembre 2012 mais la vente d'espace est déjà ouverte ("Premieres Fall 2012"). Disposer d'un an d'avance donne à l'émission un avantage commercial essentiel auprès des annonceurs (sécurité du placement : tarifs, emplacements).
  • Présente dans 55 des 60 plus grands marchés (DMA), la couverture totale de l'émission dépassera 80% des foyers TV. La puissance de ABC a été déterminante : toutes ses stations "O and O" l'ont "achetée", suivies par cinq groupes de stations : Granite, Griffin, Media General, Raycom, Sinclair.

Le nom de Katie Couric est une marque média établie par vingt ans de télévision grand public : on a vu Katie Couric dans "Glee", elle a écrit un best seller, elle est engagée dans les questions de santé (cancer). C' est l'"America's Sweetheart". Une telle marque, populaire, peut-elle emporter cette tranche de l'après-midi ? L'objectif est sans doute, pour ABC, de déplacer progressivement l'émission vers une case plus tardive (d'"early afternoon" vers "early evening", entre 16h30 et 18h30), tranche plus lucrative, voire de s'emparer de la place, hautement symbolique, laissée par Oprah auprès des femmes. Stratégie calculée de loin, mais incertaine (cf. infra, le commentaire de Julie Hesnault).


Etudes de cas sur la télévision américaine 
N°1 Station contre network                                                        N°2 Fox change d'affiliée
N°3 Question de couverture                                                       N°4 Pour network, le local compte
N°5 Syndication : le talent d'Oprah, le poids du local                 N°6 Lancement d'une chaîne
N°7 Une émission, deux écrans
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vendredi 18 novembre 2011

Smartphone, multiphone, polyphone

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Le téléphone portable, dans ses modèles les plus avancés, porte un nom devenu, après quinze ans, inadéquat. Téléphoner est désormais n'est plus sa fonctionnalité première. Du coup, il faut défaire ce nom de sa gangue d'étymologie technicienne et historique, comme le fit Apollinaire du cinématographe devenu ciné : c'est ce que fait le mot américain "smartphone", Smart connotant malin, débrouillard (street smart).
A la une d'un iPhone (iOS5)
On a comparé l'iPhone, premier des smartphones, au couteau suisse. Comparaison tentante mais inexacte.
  • Chaque élément miniaturisé du couteau suisse est généralement inférieur à l'outil à part entière, scie, ouvre-boîte ou tournevis. Restent la portabilité, la disponibilité dans la poche, au bout d'une chaîne, à portée de main (Zuhandenheit). Pour cet aspect, la métaphore est efficace (dont gardent trace, par exemple, l'allemand Handy, le chinois 手机). 
  • Au contraire, la plupart des applis d'un smartphone sont aussi efficaces et commodes, voire davantage, que l'outil analogique qu'elles remplacent : agenda, contacts, courrier, prise de notes, pense-bête (reminders), cartes et plans (dont ceux des lignes avec leurs horaires, des centres commerciaux, des hypermarchés), messagerie instantanée, musique (stockage, organisation, recherche, écoute, boutique), calculette scientifique, souris / pointeur, carte de paiement, porte-monnaie, météo, guide TV, télécommande, radio, dictionnaires, manuels de langue (compréhension écrite, orale, tests) et... téléphone (FaceTime). N.B. 75% des possesseurs de téléphone portable envoient régulièrement des textos, 50% prennent des photos, 23% surfent sur le Web (Source : Pew Research Center, 2011). Cette statistique confond tous les types de portables ; elles est certainement plus élevée si l'on isole les utilisateurs de smartphone. 
Quelques caractéristiques essentielles transcendent tous les usages qu'illustre la longue traîne des centaines de milliers d'applis ?
  1. Portabilité, miniaturisation
  2. Mobilité / synchronisation avec d'autres outils / plateformes
  3. Localisation (opt-in)
  4. Mémorisation. Fonction secrétaire ("secret"), fonction de mémoire à tout tenir et retenir (cloud), les messages, les numéros de téléphone, les paysages, les adresses, les musiques, les visages...
  5. Identification (paiement, couponnage, sécurité)
  6. Interaction, interopérabilté de la plupart des fonctions : le plan utilise le carnet d'adresses et l'agenda, la météo utilise la localisation, etc. 
Dans quel but une analyse aussi élémentaire, sorte de variation éïdétique sur le smartphone  (comme nous l'avons déjà esquissée avec la notion de "mobile immobile") ?
  • D'abord souligner l'écart considérable qui sépare les smartphones des téléphones simples (monophones). Nos statistiques ne les séparent guère.
  • Observer que toutes les fonctions du smartphone sont confondues sans discernement dans de nombreux agrégats courants (durée totale d'usage, audience cumulée des 30 derniers jours, par exemple).
  • Que signifie "utiliser" un smartphone ? Quel rapport entre lire un plan et photographier un ami, entre utiliser la télécommande et payer son café ?
  • Avec sa myriade d'applis, le smartphone bénéficie de rendements croissants d'adoption ("increasing returns of adoption", W. Brian Arthur).

mercredi 16 novembre 2011

Mobiles immobiles

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"Immobile à grands pas", dit Valéry évoquant Zénon d'Elée... La mobilité est notion confuse. Elle recouvre des situations différentes, hétérogènes que souvent les analytics confondent encore en une même donnée fourre-tout. Dans le mobile, qu'est-ce qui bouge ? Quel est le référent ? Le contexte (social, géographique) n'est-il pas la variable essentielle ?

Mise à jour 19 janvier 2012

Distinguer hors foyer et mobilité
L'immobilité n'est qu'un cas particulier de la mobilité. D'ailleurs, dans les pays dits "émergents", les utilisateurs du Web mobile sont plus nombreux que ceux du Web immobile. 25% des internautes de ces pays ne se connectent jamais au Web immobile (70% en Egypte, 59% en Inde, 50% au Nigeria contre 25% aux Etats-Unis, 22% en Grande-Bretagne, 19% en Russie sont "mobile only"). Autrement dit, avec un plan ne s'adressant qu'aux internautes immobiles, il manquera au moins 25% de la cible aux Etats-Unis mais 50% et plus en Inde, etc. (cf. WebHostingBuzz). Les mobiles sont aussi bien des médias du foyer que des médias hors du foyer (Out-Of-Home voire même Digital Out-Of-Home).
iPad et iPhone : mobiles immobiles
Travail universitaire au domicile  ;
l'ordinateur "portable" est dans la chambre. 

Mobiles immobiles
Beaucoup de moyens mobiles, téléphone ou tablette, sont utilisés dans des situations d'immobilité, à domicile ou sur le lieu de travail, par exemple. Pourquoi les qualifier de mobiles dans ces cas ? Dans ces lieux, on utilise souvent le téléphone en marchant, en gesticulant. On confond mouvement et mobilité.
Multiscreentasking : les outils dits mobiles deviennent les connecteurs de médias immobiles, leur "cerveau" disent certains (Gartner)... Et  Siri (iOS 5) et les commandes vocales accroîtront sans doute la mobilité (mains libres) dans ces situations.

Immobile de plus en plus mobiles
L'ordinateur fut d'abord immobile (desktop). Mais il est de plus en plus transportable, portable (laptop) et les Ultrabooks (les McBook Air et leurs concurrents récents) seront bientôt aussi mobiles et aussi peu encombrants qu'un iPad. Le Chromebook est un peu plus lourd mais la durée de sa batterie et sa commodité le rapprochent de la mobilité connectée au nuage (cloud computing). Le clavier virtuel et l'autonomie de la batterie accroissent la mobilité : la tablette est un ordinateur sans connectique ni clavier.

La tablette n'est pas un smartphone
Non seulement les dimensions mais surtout les modalités d'usages ne sont pas les mêmes. Les formats publicitaires ne peuvent être les mêmes. Les applis non plus. La tablette les plus perfectionnées, même les plus petites qui tiennent dans la poche (Kindle Fire, etc.) restent sans voix.
Qu'apporte cette qualification simpliste de "mobile" appliquée indistinctement au téléphone et à la tablette sinon un faux sens, voire un contre sens ? Le mobile est immobile. Une enquête d'Efficient Frontier indique que près des deux tiers des contacts dits "mobiles" proviennent des tablettes.
Paris, métro. Regarder un film sur iPad
Selon une analyse de Ooyala, c'est surtout sur les tablettes que l'on regarde des vidéo de plus de 10 mn, tandis que l'on s'en tient à des vidéo brèves sur l'iPhone (cf. le blog de Wistia, "Managing video"). De même, il semble qu'avec leurs tablettes, les consommateurs dépensent plus qu'avec leurs smartphones, selon une étude Adobe Digital Marketing Business publiée en janvier 2012).
Que faire de la convergence qui se met en place avec iCloud, apportant une solution de continuité entre supports différemment mobiles et immobiles (iPad, Mac, iPhone, pour la marque Apple).
Et il y a mobilité et mobilité. Il y a l'usage consistant à donner une information en marche, avec Foursquare, Google Places ou d'autres services, généralement des applications, qui localisent les usagers. Il y a les usages dans les points de vente (listes, plan des linéaires, paiement, etc.). Ces utilisations se distinguent des usages qui ne sont pas liées à des déplacements (regarder un film, une vidéo longue, etc.).

La tablette est manifestement un média à part qui exige des créations publicitaires appropriées. Google a mis en place un format adapté à ce support dont la mobilité et les usages n'ont rien à voir avec ceux du smartphone. De même, InsightExpress a développé Tablet Adinsights pour évaluer l'efficacité des campagnes publicitaire des messages recourant aux tablettes.

La définition de la mobilité est encore pauvrement opérationnelle. Pourquoi ne pas définir la mobilité en prenant en compte l'endroit où l'on est allé : dans un point de vente, dans une gare, au cinéma ? La mobilité constitue-t-elle une variable sûre et suffisante de ciblage (comportemental) ? Les usages et les appareils eux-mêmes brouillent des catégories encore acceptables il y a quelques années (cf. le cas Walmart). Lesquelles sont pertinentes pour le marketing ? Comment, sur quelles bases, en former de nouvelles ? Le contexte de communication ?
Campagne publicitaire grand format. Janvier 2012.
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mardi 15 novembre 2011

TV américaine. Cas N°7. Une émission, deux écrans

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Une dizaine de groupes de stations de télévision locales américaines se sont associés pour synchroniser les tablettes ou smartphones des téléspectateurs avec leurs émissions. ConnecTV permet une socialisation de la consommation télévisuelle, le partage avec ceux qui regardent, en même temps, les mêmes émissions. Généralisation et standardisation du multiscreentasking. Dès que le téléviseur est allumé, l'appli repère l'émission diffusée et synchronise les seconds écrans (Mac, PC, tablettes, smartphones) avec l'émission, permettant le partage et la discussion avec d'autres téléspectateurs "amis". ConnecTV peut également effectuer des recommandations personnalisées fondées sur les consommations observées.
ConnecTV a intégré la technologie SyncNow ACR de Civolution (fingerprinting, Automatic Caracter Recognition).

TV is fun again
ConnecTV est une startup financée par les grands networks (ABC, CBS, NBCU, Fox). Elle est présente dans 45 des 50 premiers DMA avec 201 stations (76 millions de foyers TV) et 253 canaux différents (dont des chaînes thématiques diffusées par les réseaux câblés et les bouquets satellite).
Bien entendu, le second écran sera support de publicité (locale et supra-locale) tandis que l'antenne des stations en assurera la promotion. ConnecTV se synchronise aussi bien avec les émissions des networks qu'avec les émissions de syndication et les émissions locales.
La devise de cette appli est le réenchantement de la télévision grâce à l'interactivité et à la socialisation : "TV is fun again". Est-ce là est un des rôles des réseaux sociaux : redonner du lustre à des médias un peu usés ?

La synchronisation et l'interaction tablette / téléviseur sont également l'ambition déclarée de la technologie ScreenSync TV de Coincident. Et d'annoncer augmentation de la durée de TV regardée (DEA), des transactions, un meilleur engagement. A voir.

Mise à jour 13 janvier 2012

Décembre 2011 : appli de OWN (Oprah) pour iPad pour l'interaction entre les deux écrans
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Etudes de cas sur la télévision américaine 
N°1 Station contre network                                                        N°2 Fox change d'affiliée
N°3 Question de couverture                                                        N°4 Pour network, le local compte
N°5 Syndication : le talent d'Oprah, le poids du local                   N°6 Lancement d'une chaîne
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mercredi 9 novembre 2011

A côté des écrans, l'enfance au quotidien

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Tremblez, parents ! Un spectre hante les mondes de l'enfance : l'écran !
C'est un des marronniers favoris de la politique politicienne et du journalisme. Condescendance : la puissance tutélaire éclaire et guide le peuple des parents. Comme chaque année, nous avons droit à une campagne de rééducation : il faut se méfier des écrans. Il y eut le cinéma, la télévision, il y eut les jeux vidéo, les ordinateurs, voici maintenant le téléphone, les tablettes... Un siècle de délire technophobe. La presse à l'école, c'est bien, c'est même recommandé et subventionné, la lire sur un smartphone, ce serait mal ! Et un dictionnaire numérique, et un logiciel de géométrie, c'est mal aussi ? Alors que la maîtrise des appareils numériques est au coeur des apprentissages et des savoir faire professionnels, mieux vaudrait dépenser cette énergie à populariser la culture scientifique et technologique. Vive les écrans et le numérique.


A ces défenseurs zélés de l'enfance, en mal de causes généreuses et bon marché, signalons quelques problèmes quotidiens des enfants, problèmes formidablement triviaux, autrement préoccupants que les écrans et qu'il est urgent de résoudre, par des actes, et non par des campagnes d'information. Retenons en quatre, indiscutables, qui font l'unanimité des parents, des enfants et des enseignants en France. Bien sûr, régler ces problèmes, demande davantage que des topos édifiants : des budgets et des mesures draconiennes.
  • l'état des toilettes dans les établissements scolaires
  • l'absence de vestiaires et de douches pour les activités sportives scolaires
  • le poids des cartables dénoncé depuis des décennies. Quid du cartable électronique ? 
  • la violence verbale et physique dans et autour des écoles
Voilà quatre points qui, parmi d'autres, préoccupent les parents, tous les parents. Ils touchent la vie de chaque jour dans les établissements scolaires, ils concernent l'hygiène, la sécurité, la santé. Droits fondamentaux des enfants. Quant aux écrans, ils ont bon dos : boucs émissaires des échecs scolaires, des échecs sociaux : plus faciles à dénoncer que les responsabilités connues de ces échecs. L'important ce ne sont n'est pas les écrans, qui participent aussi de l'éducation, c'est le modes de vie des enfants, le statut des enfants dans les familles, dans nos villes, dans notre économie. En attendant, "Laissez-les regarder la télé" et jouer et apprendre et communiquer avec leurs écrans. D'autant qu'il y aura beaucoup de cadeaux de fin d'année avec écrans.
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mardi 8 novembre 2011

Consommateur marketeur

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Dans un monde où le marketing est partout visible, où la publicité fait autant sa publicité que celle des produits, les consommateurs se mettent à calculer et parler comme des "spécialistes" de marketing. Ils se savent visés, repèrent les erreurs de ciblage et s'en moquent (cf. "Online ad targeting run aground" par Dave Zinman), se gargarisent d'images de marques, repèrent les marques distributeurs (MDD) et le couponnage dans les hypermarchés et le retargeting sur leur ordinateur, ils suivent les audiences des émissions de télévision, tour à tour directeurs d'antenne et médiaplanners... Les cookies aussi envahissent la koiné commerciale : 84% des internautes américains en sont conscients ("aware"; source : eMarketer, juillet 2011).

Métier de consommateur. Les difficultés économiques aiguisent l'intelligence des consommateurs. "What we've learned through this whole recession is just how incredibly resourceful and smart our customers are", observe S. Quinn qui dirige le marketing de Walmart USA ("Walmart's Makeover"). "Guide anti-crise. 50 trucs et astuces pour réduire la facture" propose à la une le Hors Série du magazine Dossier familial (janvier 2012 ; slogan : "Acheter mieux. Dépenser moins").


Jouant le jeu - qu'il connaît de mieux en mieux - sans y croire (sans illusion, c'est à dire, selon l'étymologie, sans être pris par le jeu, illusio), le consommateur qui se sait chassé, sait aussi qu'il doit se méfier ; mais il comme est aussi intéressé, il joue. Plus marketeurs que les marketeurs, les consommateurs apprennent les arcanes de la politique des prix avec les opérateurs de téléphonie, avec les linéaires du supermarché, les promotions, les variations du prix des carburants, les "faux avis de consommateurs", etc. (sur nombre de ces points, voir le site de la DGCCRF).
Le self-service (publicité, édition, etc.) développé par Google, Twitter, Amazon, la gestion d'image, systématisée à tous par Facebook et Klout, les astuces du commerce (eBay, leboncoin), les guides d'achat omniprésents dans la presse magazine, tout approfondit le savoir faire marketing de ces amateurs presque professionnels (Pro-ams).

De même que la clinique est altérée par les pseudo connaissances médicales des malades, le marketing est altéré par le savoir (ou pseudo savoir) des consommateurs. Cette stérilisation sous forme de langue de bois affecte la connaissance des comportements : le consommateur interrogé déclare ce qu'il croit que l'on attend qu'il dise, compte tenu de ce qu'il sait ou croit savoir du marketing, donc des attentes de l'enquêteur.  Sincérité calculée.

Consommateurs, classe parlée de la "société du spectacle" ? Pas si sûr ! Derrière les conversations que l'on tente de lui extorquer (verbatim), il y a une sous-conversation inaudible aux enquêteurs, ignorée de la doxa, qui ne se déclare pas. Résistance tacite qui se lit dans la difficulté à recruter des panels représentatifs de la population, dans la dégringolade des taux de réponse. Anticipation rationnelle et rusée des consommateurs ("gibier de panel").

"Foule sentimentale" des consommateurs, est-elle plus vulnérable aux réseaux sociaux ? Pour combien de temps ? Réseaux sociaux qui sont la continuation du marketing par d'autres moyens.

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TV américaine. Cas N°6. Lancement d'une chaîne

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Le lancement d'une nouvelle chaîne de télévision thématique aux Etats-Unis ne peut guère se concevoir sans la contribution au décollage de partenaires déjà bien installés. Il ne peut se concevoir que progressif.
Quels partenaires ? Des groupes de stations de télévision puissants (dont les networks), des distributeurs (bouquets satellite, MSO), principalement.

Bounce TV, lancée en septembre 2011, a obtenu d'utiliser les canaux supplémentaires dont disposent les stations O and O de myNetWorkTV (Fox Television Stations, groupe News Corp.) pour les DMA de NY, LA, Chicago, Dallas, D.C., Phoenix, Minneapolis, Orlando, Baltimore. Bénéfice du passage au numérique du marché télévisuel terrestre américain (multicast channels).
Bounce TV a également des accords de diffusion avec d'autres groupes de stations : Raycom TV, Belo Corp., Lin TV Corp., Nexstar Communications, etc.

Bounce TV déclare couvrir de cette façon 70% de sa cible ("African-American 25-54") avec une grille mêlant divertissement, sport et religion. Avec une telle couverture "technique", la chaîne peut espérer vendre son espace à des annonceurs nationaux


Etudes de cas sur la télévision américaine 
N°1 Station contre network
N°2 Fox change d'affiliée
N°3 Question de couverture
N°4 Pour network, le local compte
N°5 Syndication : le talent d'Oprah, le poids du local

lundi 7 novembre 2011

TV américaine. Cas N°5. Syndication : le talent d'Oprah, le poids du local

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La tentation est toujours grande d'attribuer à quelques "grands hommes" l'unique responsabilité des événements... Les médias n'échappent pas à ce travers.
On a attibué à Oprah, vedette, s'il en est, de la télévision américaine diffusée pendant la journée (daytime), la responsabilité exclusive du succès de son émission, des années durant, succès qui en fit un personnage exceptionnel de la société télévisuelle américaine. Indéniable talent, courage politique, sens commercial, elle réunit beaucoup de talents. D'où l'on pouvait logiquement conclure que, forte de ces talents, de son expérience, de sa notoriété, de son incomparable popularité, elle pourrait, sans trop de risques, lancer avec Discovery Communications, sa propre chaîne, OWN (Oprah Winfrey Network). Mutatis mutandis, cela ne pouvait que marcher.
Or cette chaîne thématique, diffusée uniquement par les réseaux câblés et les satellites, ne va pas fort. Les résultats sont incomparables à ceux de l'émission diffusée en syndication, "The Oprah Wimfrey Show". Comment expliquer ces difficultés, ce rendez vous pour l'instant manqué ?
Sans analyse des causes en termes de déplacement d'audiences, analyse à peu près impossible à conduire rigoureusement, il faut en venir à une explication simple : le câble et le satellite n'apportent pas l'audience populaire que donnait la syndication, c'est à dire l'union, dans la même tranche horaire, de près de deux cents stations dans autant de marchés locaux (DMA). Ce qui a manqué à OWN, c'est manifestement le local. Le message, c'est aussi le média.
Evidemment, les stations qui, avec Oprah, ont perdu leur émission phare triomphent et soupirent : on vous l'avait dit, rien ne vaut le local et la puissance d'un network de stations ! Et de demander à Oprah de revenir sur ses terres... 

Sur Oprah 
Etudes de cas sur la télévision américaine 
N°1 Station contre network
N°2 Fox change d'affiliée
N°3 Question de couverture
N°4 Pour network, le local compte

mercredi 2 novembre 2011

TV américaine. Cas N°4. Pour un network, le local compte

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Paradoxe apparent, surtout pour les Européens qui se représentent un network national américain comme l'équivalent d'une chaîne nationale européenne, TF1 ou RTL Plus.
Dans la concurrence croissante qu'elle rencontre sur le marché de l'information locale, NBCU (groupe Comcast) donne des moyens plus importants à ses stations locales, ses 10 "owned and operated stations", pour qu'elles puissent affronter la concurrence du Web local.
Accroître la couverture par hélicoptère, développer la promotion de l'antenne dans toutes les stations, créer de nouvelles unités de journalisme d'investigation dans 5 marchés (DMA). Au total, 2 200 heures d'information en plus. Pour cela, NBC recrute 130 personnes. Cet effort dépasse largement les engagements pris par Comcast devant la FCC lors du rachat de NBC (1000 heures).
Bien sûr, l'information ainsi produite doit-être accessible sur tout support, en ligne ou pas, mobile ou pas.

Ci-dessous :
Déclaration de Valari Staab, présidente de NBC Owned Television Station sur l'effot local de NBC




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mardi 1 novembre 2011

Vie en toc, mode d'emploi

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Le soap est hors champ, la réalité bouscule la fiction, etc.
La famille Kardashian, "l'incroyable famille Karadashian", se donne en spectacle pour mettre sa vie à l'écran. Mais il arrive que la vraie vie ne suive pas le script de l'émission. La chaîne américaine E! , reprise en France par différents bouquets, doit repenser le tournage de la prochaine émission "Kourtney and Kim Take New York" dans laquelle jouent les deux soeurs, Kim et Kourtney Kardashian. Kris Humphries (basketteur de la NBA) et Kim dont le mariage avait attiré plusieurs millions de téléspectateurs en octobre, ont fait savoir que, dans la vraie vie, ils divorçaient.
Faut-il revoir le montage de l'émission du mariage, mariage payé entre autres par People Magazine, la chaîne E! et quelques autres marques. Vie en troc ? Le mariage a duré 72 jours dans la vraie vie, deux heures à l'antenne. Qu'est-ce qui maximisera l'audience à venir de la série, qu'est-ce qui maximisera la valeur de la "marque" Kardashian, chère à la chaîne ?
Cette petite histoire est partout sur le Web, on tweet pour prendre le parti de l'un ou l'autre des ex-époux, et surtout en rire, etc. Les deux soeurs, elles-mêmes (?) tweetent à tout va... En France, les magazines people mettent l'épousée déçue à la une, Public, Oops!, "Sexuellement ça ne collait pas entre nous..."
Voilà un événement inventé par et pour les médias (pseudo-event).
Parmi les derniers éléments du suspense : l'actrice de télé-réalité - n'est-ce pas une contradictio in terminis -  retournera-t-elle la bague du mariage (dont le prix est estimé à 2 millions de dollars) ? A suivre ! Sur le Web, sur une appli, sur Twitter, qui relaient la chaîne : le Web et les réseaux sociaux, cela sert aussi à cela.
Comme on ne sait plus, dans cette affaire, ce qui relève de la fiction et ce qui relève de la réalité, peut-être que la bague, c'est du toc... L'histoire elle-même semble du toc, à moins que... En tout cas, on en parle, et c'était l'objectif de la chaîne.
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