lundi 30 mars 2020

Lavez-vous les mains !


Ainsi dit Sesame Street. Elmo, Rooster et Cookie Monster préviennent les enfants - et les parents : "Lavez vous les mains". Ils le demandent avec les spots de service public en cette période de pandémie : après avoir éternué, toussé, après être allés dehors, être allés aux toilettes, avant de manger... "Lavez vous les mains... souvent!"

"Washing your hands after you cough or sneeze, before you eat, after playing, after being outside, and after using the bathroom, can help keep germs away. Watch this video together with children and talk about other times you need to wash your hands (frequently!).

Les spots (en 19 langues) sont diffusées par HBO, PBS Kids, YouTube et le Ad Council.

Sesame Street

dimanche 29 mars 2020

L'urbanisme est la responsabilité de tous



"La ville responsable",  Les dossiers Urbanistik, N°3, JCDecaux, printemps 2020, Bibliogr., Glossaire, 52 p.
voir aussi le site urbanistik.fr

JCDecaux déclare dans l'éditorial de cette publication, dont c'est le numéro 3, que la responsabilité est l'enjeu majeur des transformations urbaines en cours dans la monde : la ville doit être responsable. C'est à dire ? Responsable de quoi, de qui ? Qui dans la ville peut être dit responsable, et de quoi, au-delà des élus (le maire, les adjoints au maire), qui se sont portés volontaires et qui sont payés pour ? Au-delà aussi, bien sûr, des fonctionnaires territoriaux ?

Qu'est-ce qu'une ville responsable ? Tout d'abord une ville qui prend des initiatives, par de-là les décisions des Etats, ainsi de nombreuses villes américaines se désolidarisant de facto de l'Etat américain actuel, le jugeant irresponsable quant à la lutte contre la pollution.
Trois qualités doivent caractériser les villes : durabilité, résilience et inclusivité ("ville bienveillante, pouvoir et savoir vivre ensemble). C'est une responsabilité éthique, individuelle et urbaine, déclare Michel Lussaut (Professeur à l'ENS, Lyon) qui plaide pour des structures intermédiaires, pour que les villes soient des opérateurs responsables. Selon lui, "les villes doivent devenir des acteurs géopolitiques majeurs" : mais ne s'agit-il pas là d'une question de sciences politiques d'abord, puisque l'on s'accorde à penser qu'il y a, en France notamment, trop d'échelons intermédiaires, entre l'Etat central et les communes. Alors, supprimons donc quelques-uns de ces échelons et donnons plus de pouvoir à ceux qui resteront, non ? A moins qu'il ne faille, au contraire, multiplier les échelons pour mieux inventer et diversifier les actions et les engagements ? Essayons...
Que prévoit la loi française dans ce domaine ? Beaucoup au titre des différentes voies de décentralisation ? Mais peut-être, y en a-t-il trop de ces voies ? Faut-il en regrouper, par exemple, "l'accès à la culture", "les sports et les loisirs" et "l'enseignement" dans une seule catégorie, ne relèvent-ils pas d'une même action ? Le plein temps ne devrait-il pas être la règle de l'usage de ces équipements ?

Le magazine apporte une information sur les marchés publics, les "Maisons de Service Au public" (MSAP). Il apporte une information utile également sur les responsabilités civile et pénales des élus : il faudrait que les élus puissent décider des orientations souhaitées et qu'elles soient mises en oeuvre par l'administration municipales. Il faudrait que les élus changent plus souvent, qu'ils ne puissent remplir qu'un ou deux mandats, par exemple ; cela ne doit pas devenir un métier que d'être élu, métier où l'on cherche inévitablement à gagner d'avantage mais cela doit être plutôt une responsabilité le temps d'un mandat.
Il y a beaucoup à apprendre et à retenir de cet ouvrage : qu'est-ce que le MAAS (Mobility as a Service) que mettent en oeuvre des villes du Nord de l'Europe, en Finlande d'abord, puis à Mulhouse Alsace Agglomération, par exemple, qui a mis en place un Compte mobilité, compte unique où sont traités aussi bien la location d'un vélo ou d'une place de parking. Ou encore, quel intérêt d'avoir une signalétique adaptée aux usages de la ville par ceux qui téléphonent partout, tout le temps ?
Anna Lisa Boni (Eurocities) plaide plus largement pour que les villes s'attaquent au changement climatique, pour la transformation numérique des villes, elle plaide aussi pour des villes responsables des émissions de CO2 par exemple mais aussi pour des villes luttant contre la pauvreté. Vastes programmes (pluriel) ou bien ne s'agit-il, en fait, que d'un seul et même programme ?
Les stratégies de l'hinterland pour que, par exemple, la relation de Marmande à Bordeaux ne fasse pas le détour par les halles de Rungis (Paris) pour s'alimenter. Eviter les "villes dortoirs" aussi.
Et puis, Urbanistik évoque pour finir, le long circuit des bouteilles consignées de l'utilisateur premier jusqu'au réemploi : qu'attend-t-on pour faire que, comme en Allemagne, les boutiques, les supermarchés mettent en place un système de consigne efficace ?

La responsabilité est un grand mot, un très beau mot. Et il est employé à bon escient dans ce volume d'Urbanistik : il y va du droit et des devoirs de tous les citoyens qui ont d'abord à répondre aux questions d'urbanisme, questions d'électeurs, d'utilisateurs. C'est bien que l'entreprise JCDecaux, acteur majeur des villes (urbs, urbanus... urbanistik), dont c'est véritablement le métier, bien au-delà de la publicité, s'empare de cette réflexion politique essentielle. Urbanistik, le magazine, en donne une vision large et multiple, changeante. Il donne donc aussi à rêver. A suivre...
                                     

mardi 24 mars 2020

FuboTV has been bought by FaceBank


Pluto TV has been acquired by Viacom, Xumo by Comcast, Tubi by Fox... And now it is FuboTV's turn. It is the cord-cutting disease. We do not know much about this new merger: no financial terms were disclosed but the deal reportedly values FuboTV at about $700 millions. Only that, following the merger, FuboTV will be a wholly-owned subsidiary of the FaceBank Group. The former soccer company, founded in 2015 as a streaming service, is now streaming in 4KUltra HD. Its channels distribute NFL, MLB, NBA, NHL, soccer and network programs. As an international virtual MVPD, fuboTV has been present in Spain and Canada since 2018. It offers three simultaneous streams and most of the regional sports networks. It brings not only "sport first" but also most of the American TV channels. There are 300,000 to 400,000 subscribers who pay about 60$ a month; of course, they can add more channels to the 109 basics. But fuboTV does not carry channels from Fox or Disney: no ESPN nor ABC network then!
First investors in fuboTV included many media companies: 21st Century Fox, AMC Networks, Luminari Capital, Northzone, Sky, Discovery, Waverly Capital, DCM Ventures, i2bf, LionTree Partners, Univision... Now, "fuboTV is well-positioned to achieve its goal of becoming a world-leading live TV streaming platform for premium sports, news and entertainment content", comments the very little known FaceBank Group.

What is Facebank Group? The company develops "hyper-realistic digital humans". "The company focuses on the development, protection and activation of the personal digital likeness assets of celebrities and consumers, for use in artificial intelligence, entertainment, personal productivity and social networking".
Facebank Group is a tech-driven company, a celebrity company based on virtual entertainment. It is a "digital human technology company" which has already bought Nexway AG, the German company (September 2019). FaceBank was looking for the perfect delivery platform to air its celebrity content: now, it seems it has found it.
FaceBank Group is based in Florida and New York; after the merging, it will be renamed fuboTV Inc. : "Graecia capta ferum victorem cepit" !



mardi 17 mars 2020

Cord-cutting au programme de la télévision américaine


Selon MoffetNathanson, les distributeurs de télévision perdent, depuis quelque temps, de plus en plus d'abonnés, 7% au cours de l'année passée, ce qui nous mène à 83 millions d'abonnés fin 2019 (on serait passé d'un taux de 87,8% des foyers télévision en 2009 à 65,3% en 2019). Soit moins 1,16 million pour AT&T, moins 0,149 million pour Comcast et moins 1,101 million pour Charter. A quoi il faut bien sûr ajouter les 194 000 abonnés perdus par Dish (satellite). Devant la hausse continue des tarifs du câble, les abonnés actuels sont de plus en plus souvent tentés de se désabonner de l'offre des réseaux (cord-cutting) au profit des offres virtuelles, de Netflix principalement.

Néanmoins, il semble que les opérateurs classiques de télévision soient prêts à réagir au moyen de quelques acquisitions. Pour limiter les dégâts, pour quelque temps au moins.
  • On pense bien sûr que NBC/ Universal (Comcast) pourrait finalement s'assurer du rachat de Vudu à Walmart (qui l'avait payé 100 millions de $ en 2010) et, par ailleurs, aiderait le site de vente de tickets de cinéma, Fandango ; de plus, Comcast a également acquis Xumo fin février (190 chaînes).
  • Fox, de son côté, a racheté le site Tubi (25 millions d'utilisateurs en décembre 2019, alors que le site est présent chez de nombreux distributeurs, dont Apple TV, Roku, Amazon Fire Stick avec Alexa, Samsung et Sony). Fox paye 440 million de dollars cash en revendant la part de Fox dans Roku.
  • Quant à ViacomCBS, la société compte sur Pluto TV, rachetée l'an passé (elle déclare 20 millions d'abonnés) 
  • Enfin, il semble que Sony envisagerait le re-lancement, avec Chicken Soup for the Soul Entertainment, de Crackle.
Si l'on en croit MoffetNathanson, l'univers télévisuel américain passerait donc progressivement à un univers d'abonnés, reconfiguré à quelques services seulement. Quelle sera la place du câble et du satellite dans cette hypothèse ? Quel rôle pourrait y jouer prochainement la 5G ?

Comment va la presse française ? Bilan annuel pour 2019


La presse ne va pas aussi mal qu'elle le dit... Mais peut-être pas aussi bien que l'on dit ? Allez savoir !

Faisons, pour voir, un bilan limité à un an de publication presse (tout compris, titres payants et titres gratuits). La comparaison 2019 versus 2018 met bien en évidence la baisse continue des créations de titres réguliers, non hors-série, qui passent de 440 à 362 titres (moins 78). Mais, en revanche, le nombre de titres hors-série augmente, de 1613 à 1757. L'ensemble des innovations, mesuré en nombre de titres nouveaux par rapport à l'année précédente, est donc positif pour un ensemble supérieur à 2 119 titres nouveaux (contre 2050 en 2018, soit un peu plus de trois nouveaux titres par semaine).

Années de lancement des titres en France

Au cours de l'année, mois après mois, et depuis plus de dix ans, les hors-série dominent la parution de nouveaux titres. Il est vrai que les hors-série représentent aussi une tentative d'innovation, à l'écart des titres réguliers : si cela ne marche pas, l'éditeur arrête. Si cela marche, l'éditeur peut continuer avec un second hors-série et, peut-être, à terme, donner naissance à un nouveau titre, régulier. En fait, le hors-série devient courant.
Mois de lancement des titres au cours de l'année 2019

A lire cet histogramme, la presse ne va pas si mal. Certes, sa périodicité évolue donnant, dans l'innovation, une place de premier ordre aux hors-série ; et l'innovation, globalement, reste importante, comme le montre l'histogramme comparant les seize dernières années (cf. supra). Certes l'économie de la presse change, donnant plus de place qu'autrefois aux innovations ponctuelles : en 2003, le nombre de nouvelles parutions régulières l'emportait ; aujourd'hui, le phénomène s'est inversé.
Le travail créatif est sans doute plus important, les métiers sont moins réguliers, surtout pour les journalistes de plus en plus souvent pigistes. Les coups ponctuels sont plus nombreux, redessinant le marché de la presse : les titres réguliers s'essoufflent plus vite, certains finissent par disparaître tandis que des titres à durée limitée, plus ou moins irréguliers, prennent le marché.
Comment la distribution, messageries de presse (MLP, Presstalis) et marchands détaillants, s'adaptera-t-elle à ce marché moins certain, dépendant de plus en plus de l'actualité ? Il faudra attendre encore quelque temps pour voir et savoir : d'autant que des modifications sérieuses sont en cours depuis la fin du déconfinement !

N.B. Cette statistique prend en compte les gratuits ainsi que les semestriels ; elle exclut les titres diocésains, les titres pornographiques, la presse politique militante et conjoncturelle, la presse syndicale, les journaux internes d'entreprises. Mise à jour le 17/06/2020.

mercredi 11 mars 2020

La démographie européenne constatée, mais bien peu expliquée


Gilles Pison, "France : la fécondité la plus élevée d’Europe", Population & sociétés, INED, N° 575, Mars 2020

L'auteur dresse le bilan démographique de la France et le compare à la situation européenne. L’indicateur conjoncturel de fécondité de la France s'avère le plus élevé, proche de deux (1,84). La France se comporte donc comme certains pays du Nord de l'Europe ; toutefois cette opposition Nord-Sud souffre beaucoup d'exceptions, à tel point que l'on peut s'interroger sur sa valeur explicative. Ainsi à l'Est de l'Europe, les pays connaissent des indicateurs de fécondité variables, 1,76 pour la Roumanie et 1,46 pour la Pologne (qui est au Nord).
La fécondité est difficile à apprécier et à comparer : elle résulte des politiques sociales, des aides diverses et des résultats économiques à un moment donné. Car comment mettre en relation la chute du Mur de Berlin et l'évolution de la fécondité en Allemagne de l'Ouest et de l'Est ? Comment, par ailleurs, comparer la fécondité de l'Espagne (1,29) et de l'Italie (1,26) : le Sud, la tradition catholique inversée ? Il faudrait donc mobiliser des outils d'analyse plus complexes comme le niveau de vie, l'emploi et, bien sûr, distinguer les régions plus finement (les zones très urbaines et les zones rurales ; l'Italie du Nord et celle du Sud, par exemple).
Voici un diagnostic démographique utile, un point de départ, certes, mais qui pose bien des questions (sociologiques, économiques) qui dépassent quelque peu la seule démographie. A suivre...

lundi 9 mars 2020

Jean Ferrat devenu classique



Jean Ferrat Intime, L'Humanité, hors-série, 8,9 €, 84 p.

Auteur-compositeur, chanteur proche du parti communiste, est le fils de Mnacha Tenenbaum, russe naturalisé, déporté et assassiné à Auschwitz parce que Juif. Jean Ferrat, qui d'abord a travaillé comme aide-chimiste, suivra des cours au CNAM. Dans ses chansons, il aura durant toute sa vie cherché à combiner simplement poésie et vie quotidienne.

On lui doit de nombreuses chansons sur des textes de Louis Aragon, une trentaine, et des poèmes plus banals mais qui ont marqué des générations : "Deux enfants au soleil" (1961, Prix de la SACEM), "Ma môme" (1961), "Nuit et brouillard" (1963, Prix de l'Académie Charles Cros), "C'est beau la vie" pour Isabelle Aubret), "La Montagne" (1965, sur l'exode rural), "A Santiago" (1967, dans un disque consacré à son séjour à Cuba... qu'il ne critique pas), "Ma France" (1969). "Camarade", en 1969, évoque l'invasion soviétique en Tchécoslovaquie pour y achever le "printemps de Prague" : "Ce fut à cinq heures dans Prague / Que le mois d'août s'obscurcit" ... Avec "On ne voit pas le temps passer", il écrira aussi la bande-son du film de René Alio, "La vieille dame indigne" (d'après une nouvelle de Bertolt Brecht, "Die unwürdige Greisin").

L'Humanité lui consacre un hors-série très classique, trop peut-être, mêlant son histoire et celle de sa carrière. Beaucoup de photos, des articles signés par toutes sortes de gens, des petites histoires comme celle qui le lia à Louis Aragon dont il fera en fin de carrière un CD entier de chansons. Jean Ferrat, c'est une certaine idée de la France, modeste et fière. Tout sa vie, il a cru en beaucoup d'idées défendues par le Parti communiste (dont il n'était pas membre), en beaucoup d'idées de "gauche" aussi, et il lui fallut souvent le regretter, il ne fut pas le seul. Mais il a chanté "La Commune" et "Les Nomades", "Les yeux d'Elsa" et "Federico Garcia Lorca", "Ce qu'on est bien" et "Berceuse"... et tant d'autres... Alors, cela vaut bien un hors-série, dix ans après sa mort, pour nous le rappeler et l'écouter à nouveau.
Il aimait l'Ardèche où il vécut dès 1974 et où il est mort.

Voir aussi : Les voix de Jean Ferrat

jeudi 5 mars 2020

Quibi, la télé mobile sera lancée dans un mois


Quibi, la télé pour smartphones, qui devrait bientôt se lancer, vient de lever 750 millions de dollars qui s'ajoutent au milliard de dollars levés au premier tour. Le premier tour comptait parmi ses premiers investisseurs Alibaba Holding et de nombreuses sociétés hollywoodiennes (dont Disney, Warner Bros., Sony Pictures, etc.).
Quibi promet des vidéos de moins de dix minutes, payées 4,99 $ par mois (7,99 $ sans publicité) : 50 shows dès le premier jour dont la moitié de "daily essentials" et des films découpés en chapitres. Les premiers annonceurs seront, entre autres, Walmart, Procter & Gamble, Pepsico, General Mills, et Google (Alphabet). 150 millions de dollars ont été investis pour la première année... Les spots dureront 6, 10 ou 15 secondes ; ils seront places avant les shows et seront inévitables (unskippable).
La chaîne envisage de réagir rapidement à la demande des auditeurs et des annonceurs et ajustera en conséquence. “I think within three or four months we’re going to understand what consumers love… and we’ll be able to adjust our content strategy quite nimbly”, déclare Meg Withman, sa directrice (ex. HP CEO). Pour l'instant, voici les programmes envisagés : "All the projects coming to Quibi, Jeffrey Katzenberg's bite-size streaming service", par Tyler Aquilina.

 La chaîne Quibi ("Quick Bits") sera lancée le 6 avril 2020 (sans manifestation publique en raison du Coronavirus) et elle offre trois mois gratuits ("90-day free trial"). Alors, la vidéo sur portable, cela va marcher, ou pas ? Il faut parier !
Verizon y avait renoncé après avoir annoncé un service un peu semblable, Go90, en 2015. Trop tôt ? En revanche, YouTube a gagné 15,5 milliards de dollars en 2019 et joue beaucoup sur le portable.


lundi 2 mars 2020

Hunters, une série où la chasse aux nazis est entr'ouverte


Le thème de la série Hunters (10 épisodes pour l'instant) propose de suivre la chasse (d'où le titre : "Chasseurs") que mènent des new-yorkais. Leur gibier est difficile à attraper : il est constitué de nazis allemands reconvertis, plus ou moins discrètement, par l'Amérique de l'après-guerre. Nazis efficaces dans leur temps, ils n'ont pas oublié leur passé nazi ; s'ils peuvent le dissimuler, ils en restent fiers, et savent le raviver discrètement à l'occasion de diverses solidarités.
Nous sommes dans les années 1970, à New York.
Les épisodes de la série nous font suivre la recherche et la capture de nazis aux Etats-Unis. La chasse est menée par une équipe éclectique, et peu probable, mais cinéma et actualisation obligent : des Noirs, des Juifs, un Asiatique, une religieuse chrétienne, une homosexuelle, des Blancs... On entrevoit aussi Simon Wiesenthal, authentique chasseur de nazis, partisan, lui, de remettre plutôt les nazis capturés à la Justice et de les faire juger.

La série mêle et conjugue des styles différents : des éléments relevant de la BD, des films historiques et des tournages actuels. Le tout est souvent un peu décousu, en partie inventé, pas toujours facile à suivre ; l'allemand est sous-titré. Mais on s'y fait ! La série compte 10 épisodes et est diffusée par Amazon Prime Video depuis le 20 février 2020. Al Pacino joue dans la série un rôle central qui s'affirme, et s'achève lors du dernier épisode. On peut imaginer que la série sera prolongée pour une nouvelle année, ainsi le laisse entendre le dernier épisode qui s'achève en Amérique latine.

L'histoire reste présente, bien sûr, pour partie au moins, dans cette série : notamment à travers l'opération secrète "Project Paperclip" qui amena 1 600 scientifiques nazis aux Etats-Unis (dont Werner von Braun et Hubertus Stronghold) où ils devaient participer à la lutte contre l'Union Soviétique, et conduire les projets spatiaux américains. Leur passé d'assassin est en général passé sous silence : efficacité d'abord !
Les nazis de cette époque sont morts, bien sûr, aujourd'hui, mais les fous du nazisme et autres racistes et antisémites continuent d'exister et de gesticuler politiquement, culturellement, en Amérique comme en Europe... Et on les laisse faire... C'est peut-être là l'une des leçons du film que de dire aux voisins, aux amis : cessez de vous faire avoir, de tolérer la rhétorique de ces assassins... potentiels. Voyez comment cela peut finir, semble prévenir la série.

N.B. Ceci d'ailleurs est étudié et détaillé longuement, précisément par Eric Lichtblau dans son ouvrage, The Nazi Next Door: How America Became a Safe Heaven for Hiltler's Men (New York, Mariners Books, 2014, index).