La presse ne va pas aussi mal qu'elle le dit... Mais peut-être pas aussi bien que l'on dit ? Allez savoir !
Faisons, pour voir, un bilan limité à un an de publication presse (tout compris, titres payants et titres gratuits). La comparaison 2019 versus 2018 met bien en évidence la baisse continue des créations de titres réguliers, non hors-série, qui passent de 440 à 362 titres (moins 78). Mais, en revanche, le nombre de titres hors-série augmente, de 1613 à 1757. L'ensemble des innovations, mesuré en nombre de titres nouveaux par rapport à l'année précédente, est donc positif pour un ensemble supérieur à 2 119 titres nouveaux (contre 2050 en 2018, soit un peu plus de trois nouveaux titres par semaine).
Au cours de l'année, mois après mois, et depuis plus de dix ans, les hors-série dominent la parution de nouveaux titres. Il est vrai que les hors-série représentent aussi une tentative d'innovation, à l'écart des titres réguliers : si cela ne marche pas, l'éditeur arrête. Si cela marche, l'éditeur peut continuer avec un second hors-série et, peut-être, à terme, donner naissance à un nouveau titre, régulier. En fait, le hors-série devient courant.
Mois de lancement des titres au cours de l'année 2019 |
A lire cet histogramme, la presse ne va pas si mal. Certes, sa périodicité évolue donnant, dans l'innovation, une place de premier ordre aux hors-série ; et l'innovation, globalement, reste importante, comme le montre l'histogramme comparant les seize dernières années (cf. supra). Certes l'économie de la presse change, donnant plus de place qu'autrefois aux innovations ponctuelles : en 2003, le nombre de nouvelles parutions régulières l'emportait ; aujourd'hui, le phénomène s'est inversé.
Le travail créatif est sans doute plus important, les métiers sont moins réguliers, surtout pour les journalistes de plus en plus souvent pigistes. Les coups ponctuels sont plus nombreux, redessinant le marché de la presse : les titres réguliers s'essoufflent plus vite, certains finissent par disparaître tandis que des titres à durée limitée, plus ou moins irréguliers, prennent le marché.
Comment la distribution, messageries de presse (MLP, Presstalis) et marchands détaillants, s'adaptera-t-elle à ce marché moins certain, dépendant de plus en plus de l'actualité ? Il faudra attendre encore quelque temps pour voir et savoir : d'autant que des modifications sérieuses sont en cours depuis la fin du déconfinement !
N.B. Cette statistique prend en compte les gratuits ainsi que les semestriels ; elle exclut les titres diocésains, les titres pornographiques, la presse politique militante et conjoncturelle, la presse syndicale, les journaux internes d'entreprises. Mise à jour le 17/06/2020.
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