lundi 12 août 2013

Le téléviseur, la tablette et le multiscreentasking

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Que retenir de la dixième étude annuelle de l'OFCOM consacrée à l'évolution du marché de la communication en Grande-Bretagne : Communications Market, Report 2013, Research Document, 1 August 2013, 434 p. ?

Tout d'abord, quelques éléments de cadrage
Quatre heures de télévision par jour, en augmentation pour tous les groupes d'âge, sauf les 25-34 ans, presque trois heures de radio dont un tiers via des plateformes numériques. 50% des personnes utilisent un smartphone, 53% des foyers utilisent un DVR, 79% un ordinateur. Par voie postale, les ménages envoient 8 courriers par mois et en reçoivent 8 par semaine. Un quart des foyers possèdent au moins une tablette. Moins de 5% des foyers possèdent et ont branché un téléviseur connectable.

Première conclusion. L'impact télévisuel limité du multitasking télévisuel
Le multitasking est globalement pratiqué régulièrement par deux adultes sur trois : 62% "multitaskent" avec des appareils numériques, à quoi s'ajoute le multitasking ordinaire, non pris en compte par cette enquête : lecture de magazines, du guide de programmes TV, loisirs créatifs, discussions familiales, etc.).
L'essentiel de ce multitasking s'effectue en dehors de toute relation avec l'émission regardée, donc sans effet publicitaire ou promotionnel. Les deux écrans restent la plupart du temps dissociés, n'induisant guère de social TV.
Le mérite et l'originalité de l'analyse du multitasking télévisuel par l'Ofcom consiste à distinguer en effet deux types d'activités ayant lieu durant la consommation de télévision : celles qui sont en relation avec le programme de télévision regardé (meshing) et celles qui ne le sont pas (stacking).
  • Plus du tiers des personnes (36%) recourt plus ou moins régulièrement à au moins deux écrans, simultanément (multiscreentasking ou meshing), principalement avec un smartphone. D'abord en recourant au téléphone (voix, message). Ensuite, de manière moindre, en recherchant des infos sur le Web ou en utilisant des réseaux sociaux. Les possesseurs de tablette multitaskent plus que les autres. Le multiscreentasking touche davantage la population féminine et jeune. Peu d'interactivité directe avec l'émission.
  • Quant au stacking qui représente l'essentiel du multitasking (56%) et qui est consacré à une activité numérique sans rapport avec l'émission regardée, il est surtout consacré à parcourir le Web, à tenir des conversations téléphoniques, traiter ses e-mails et être actif sur des réseaux sociaux. 
Deuxième conclusion. L'importance télévisuelle croissante de la tablette
La tablette apparaît comme un appareil tout terrain, utilisé pour tout mais surtout pour la télévision et le cinéma pour lesquels elle supplante le smartphone. La tablette devient un support essentiel de la télévision, linéaire ou catch-up, utilisée avec des applis : c'est un véritable téléviseur connecté et portable. C'est aussi un appareil partagé par tous les membres du ménage, notamment avec les enfants. Comme le téléviseur. De par toutes ses propriétés, la tablette est accélérateur de multitasking.


mercredi 7 août 2013

Socio-démo : ménage, ménagère, manager

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Un ménage peut être défini comme un ensemble d'unités de consommation (UC) : dans cettte évaluation, un adulte compte pour 1, les autres personnes de plus de 14 ans pour 0,5, les personnes de moins de 14 ans pour 0,3. Par exemple, un foyer composé de deux adultes et deux enfants de moins de 8 et 11 ans compte 1 + 0,5 + 0,3 + 0,3 = 2,1 UC (échelle OCDE, recommandée par l'INSEE) ; cette échelle, qui succède à l'échelle dite d'Oxford, est critiquée pour sous-estimer le coût des enfants.

Selon l'INSEE, un ménage est composé des personnes vivant dans la même résidence principale. La notion de ménage est indifférente aux liens de parenté ; le ménage peut ne compter qu'une personne. Pour appartenir à un ménage, les membres doivent faire "bourse commune" (contribution et partage).

En 1982, l'INSEE est passé de la notion de "chef de ménage" à celle de "personne de référence du ménage", ainsi définie :
"La personne de référence du ménage est déterminée à partir des seules 3 personnes les plus âgées du ménage. S'il y a un couple parmi elles, la personne de référence est systématiquement l'homme du couple. Si le ménage ne comporte aucun couple, la personne de référence est l'actif le plus âgé (homme ou femme), et à défaut d'actif, la personne la plus âgée".
Même modernisée, cette définition rend mal compte de la réalité économique et culturelle, de l'économie domestique.

Une journée moyenne en métropole, en 2010.  Source : INSEE, Layla Ricroch et Benoît Roumier, o.c.
Quelle est la réalité de la vie des ménages ?
On peut l'approcher par le budget-temps des membres d'un ménage. C'est l'objet du travail de recherche effectué par Layla Ricroch et Benoît Roumier (cf. "Depuis 11 ans, moins de tâches ménagères, plus d’Internet", INSEE Première, N°1377, novembre 2011). Comment évolue la répartition des tâches domestiques dans les ménages ? Le temps passé à la cuisine diminue, comme celui passé au ménage et aux courses. Les hommes bricolent moins et s'occupent davantage des enfants. Mais, surtout, principal résultat de cette enquête, les femmes assurent toujours la plus grande partie des tâches domestiques. Elles y consacrent moins de temps qu'avant, mais toujours beaucoup plus que les hommes (une heure et demie de plus). Notons toutefois, "l'invisibilité du travail domestique masculin" (cf. Florence Weber, Le travail à-côté. Une ethnographie des perceptions, Paris, editions HESS, 1989, 2009) et la notion, délibérément imprécise, de semi-loisir, rebelle au calcul (cf. Philippe Coulangeon, Pierre-Michel Menger, Ionela Roharik, "Les loisirs des actifs : un reflet de la stratification sociale", Economie et statistique, N° 352-353, 2002).

Qui décide de quoi dans un ménage, de quels achats ? Qui est "Principal-e Responsable des Achats" (RDA, PRA) alors que le nombre de ménages comptant deux actifs devient la norme et que les femmes sont plus diplômées que les hommes (cf. INSEE, Diplôme le plus élevé obtenu en 2011, selon l'âge et le sexe) ? Quel achat fait l'objet d'une décision collective, négociée, "familiale" (problème d'attribution) ? 
Pour l'essentiel, les femmes sont majoritairement responsables des achats domestiques ("main shopper") dont elles sont les principales prescriptrices et utilisatrices (FMCG, alimentation, etc.). D'après Kantar (Worldpanel, "Le shopper version homme"), dans 15% des cas, les hommes sont responsables des achats. Dès lors, en toute logique, les femmes ne sont-elles pas par défaut personnes de référence ? Si dans un ménage il y a des femmes, la plus âgée devrait être "personne de référence du ménage"... Pour le reste, la définition usuelle de l'INSEE s'applique (le plus âgé, etc.). Plutôt que de ménagère, ne vaudrait-il pas mieux parler de managers du ménage, voire même d'auto-entrepreneur, entrepreneur de soi-même (Michel Foucault) ? Ne parle-t-on pas parfois aux Etats-Unis des femmes comme "household CEOs", PDG du ménage ?

En attendant que la terminologie épouse l'évolution des moeurs, et que l'appliquent les questionnaires de recrutement des panels et les enquêtes de cadrage, la télévision continue de vendre des cibles "ménagères". Désormais, on parle même de "ménagères numériques" : moins de 50 ans, responsables des achats et qui se connectent à Internet au moins une fois par semaine, selon Media in Life. Pourquoi moins de 50 ans, alors qu'un nombre croissant de femmes accouche après 35 ans (cf. INSEE) ? Pour l'étude de référence de la presse, One / Audipresse, est ménagère "la femme qui dans le foyer se définit comme telle" : mais quelle femme aujourd'hui se définit comme ménagère ? Prudente, l'étude donne des statistiques pour chacune des trois catégories : ménagère, personne de référence, responsable des achats... 

dimanche 4 août 2013

Presse, le début de la fin du papier ?

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Le groupe allemand Axel Springer AG vient d'abdiquer. La presse papier, c'est presque fini.
Le groupe vient de vendre à Funke Medien Gruppe (édition papier et édition numérique), pour 920 millions d'euros, sa presse régionale, sa presse féminine et sa presse de programmes TV. Une société de commercialisation associera les deux groupes (cf. communiqué de presse).

Ce regroupement de titres ne se fera pas sans réduction d'effectifs : le syndicat des journalistes allemands Deutsche Journalisten-Verband (DJV) s'en alarme déjà. La transaction doit encore être approuvée par les organismes réglementant la concurrence et la concentration.

Vendus :

  • deux quotodiens régionaux : "Berliner Morgenpost", "Hamburger Abendblatt"
  • des magazines généralistes : 
  • des guides de programmes TV : "Hörzu”, "TV Digital”, "Funk Uhr”, "TV Neu!”, "Bildwoche"
  • des féminins : "Bild der Frau”, "Frau von Heute
  • en France aussi, le groupe a vendu en juillet des magazines (Vie Pratique, Télé Magazine) à Reworld Media. Le groupe possède en France des sites tels que aufeminin.com, seloger.com (cf. activités en France), Smart AdServer et divers titres automobiles.

  • Restent dans le groupe Springer les quotidiens nationaux "Bild" et "Die Welt" ainsi que des magazines spécialisés tels "Auto Bild", "Computer Bild" et "Sport Bild".
    Que peut-on comprendre ? Les deux quotidiens nationaux, l'un populaire et l'autre pas, opèrent une transition radicale vers le numérique (cf. l'alliance pour le mobile de ces deux titres avec Deutsche Telekom). La presse magazine spécialisée semble, à court terme, moins vulnérable que la presse magazine généraliste qui ne publie aucun contenu exclusif (ou presque), ne présente aucune barrière à l'entrée ; la coexistence des supports papier et numérique peut durer encore un peu pour des centres d'intérêts spécialisés et populaires (automobile, sport, informatique).

    Les titres cédés sont encore profitables (pour combien de temps ?), et sont de véritables emblèmes qu'il a été difficile de vendre : "Hörzu", créé en 1946, fut le magazine de la télé grand public, comme le fut, en son temps, aux Etats-Unis, le TV Guide américain ou, en France, Télé 7 Jours. Quant au Berliner Morgenpost, lancé en 1898, c'est un emblème de la capitale et de l'histoire de la presse allemandes.
    "Axel Springer va / veut devenir l'entreprise média digital leader" (page d'accueil du site Axel Springer AG.
    Revirement, réorientation stratégiques : le groupe Axel Springer n'est plus un groupe de presse papier, il devient un groupe de médias numériques. L'action Springer (MDAX) a monté de 11% suite à la publication de cette cession.
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    jeudi 1 août 2013

    Facebook passe à l'attaque de la télévision

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    En tant que support de publicité, Facebook s'attaque au marché publicitaire de la télévision. Ce n'est pas une surprise : Facebook l'avait annoncé dans le document rédigé pour son entrée en bourse.
    Cette stratégie se développe, bon gré mal gré. Les étapes en sont visibles comme la collaboration avec Walmart, par exemple.
    Plusieurs signes récents semblent concrétiser les intentions de Facebook.
    • La simplification des CGV et de l'achat d'espace
    • La mise en place d'un format publicitaire pour les annonceurs TV : le 15 secondes dont le prix unitaire pourrait atteindre 2,5 millions de dollars (on approche les tarifs les plus élevés de la télévision, ceux du Super Bowl). Les possibilités de ciblage seraient limitées : sexe / âge ; le message serait vendu à la journée avec un capping de 3 : un même spectateur ne serait pas confronté plus de trois fois au même message ; ce capping limite le gaspillage du budget de l'annonceur et le sentiment d'encombrement (clutter) du spectateur (pour des raisons techniques, la télévision ne peut pas actuellement pratiquer de capping).
    • La confrontation des audiences
      • Segment des 18-24 ans, cible pour laquelle la télévision est la plus vulnérable : auprès de cette catégorie d'âge, selon une enquête de Nielsen commanditée par Facebook aux Etats-Unis (juillet 2013), Facebook l'emporte sur les networks TV durant le prime time. 
      • La part de marché de Facebook durant la journée (daytime) dépasserait 50% des 18-44 ans. 
      • Sa performance est moindre auprès des segments de population plus âgée. 
      • L'utilisation simultanée de Facebook et de la télévision (multiscreentasking), importante, permettrait d'assurer de bons niveaux de répétition.
    Même format, mêmes cibles, même puissance que la télévision (couverture et répétition). Il ne manque qu'une mesure consensuelle et certifiée pour asseoir une comparaison opérationnelle TV / Facebook. Nul doute que Nielsen, qui assure la mesure de référence de la télévision aux Etats-Unis s'y emploie.
    La concurrence de Facebook constitue un risque pour la télévision commerciale.
    Et pour les agences média ? Les annonceurs ne pourraient-ils pas être tentés de s'entendre directement avec Facebook... Car quelle compétence particulière et nécessaire apporterait une agence à un annonceur lors d'un achat sur Facebook ?
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    jeudi 25 juillet 2013

    TV américaine (Cas N°15) : Comcast / NBC réorganise le local

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    Un groupe de télévision américain peut comprendre plusieurs types de télévision :
    • Des stations locales (le DMA est l'unité géographique élémentaire)
    • Des networks de télévision terrestre généralistes regroupant des stations contrôlées par le groupe (O&O) et des stations affiliées (appartenant à d'autres groupes)
    • Des chaînes nationales thématiques distribuées par des opérateurs satellites, câble et télécom
    • Des chaînes régionales distribuées par les opérateurs satellites, câble et télécom
    Le groupe Comcast (NBC / Universal) contrôle deux networks de stations locales : NBC (10 stations O&O), network anglophone, et Telemundo (16 stations O&O), network hispanophone.
    Ensemble, ces deux networks rassemblent donc 26 stations locales "owned & operated" auxquelles se joint New England Cable Channel (NECN), chaîne couvrant la région de Boston (distribubuée par les réseaux câblés de Comcast notamment).
    L'ensemble local constitue désormais "NBC Universal Owned Television Stations" dont l'objectif est d'unifier les moyens des stations pour servir leurs communautés en termes d'information. Dans les principaux marchés (DMA), le groupe Comcast (NBC / Universal) possède une station Telemundo et une station NBC.

    Chacune des stations qui participent de l'un ou l'autre de ces deux networks nationaux a aussi une présence publicitaire locale primordiale. On peut donc s'attendre à une unification des moyens dans le domaine publicitaire aussi. De plus, Telemundo ayant gagné les droits du football pour 2015 - 2022 (FIFA), le groupe se prépare certainement à exploiter pleinement ces événements sportifs.
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    lundi 22 juillet 2013

    Les télévisions d'une émission

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    La mesure audimétrique de l'audience de la télévision a été d'emblée conçue comme mesure d'une audience immédiate, de téléspectateurs regardant simultanément une même émission. Temps (même heure), lieu (domicile), une seule émission, consommée sans interruption, comprenant les mêmes messages publicitaires : telle était la règle des trois unités de la mesure des audiences TV.
    Avec la multiplication et l'amélioration des technologies de différé (magnétoscope, DVR, catch-up TV, VOD, etc.), la consommation reportée représente une part croissante de l'audience totale et des revenus (vente, espace publicitaire).
    La télévision peut se consommer partout, n'importe où, tout le temps, n'importe quand, sur n'importe quel appareil, en même temps qu'autre chose (multiscreentasking). Notre règle des trois unités de la télévision classique vole en éclats et la mesure unique vacille en même temps que la linéarité et la successivité.

    Pour illustrer cette réalité changeante, regardons l'exemple des données d'audience d'une même émission. Les données ont été publiées par CBS. Un tiers de l'audience d'une grande émission de prime-time, "Under the Dome" (13 épisodes, réalisée par Steven Spielberg), provient de diverses formes de différé (cf. infra, tableau)
    La cumulation d'audience prise en compte s'étend sur trois semaines au-delà du direct (le 24 juin, à 22 heures).

    Source : CBS, juillet 2013
    Ceci ne représente pas toute la vie d'une émission. D'abord, il y manque encore les diffusions sur la plateforme d'Amazon, Prime Instant Video. Plus tard, viendront les rediffusions par CBS puis les diffusions en syndication, dites "off-network". Sans compter les "piratages"... Enfin, il y a la télévision regardée hors du domicile (out-of-home TV : bars, hôtels, etc.) qui n'est toujours pas régulièrement mesurée.
    • L'audience totale communiquée par CBS ne présente d'intérêt publicitaire pour des annonceurs que si, dans chacune de ses diffusions, l'émission inclut les messages publicitaires présents lors de la première diffusion.
    • Cette stastistique ne peut pas dédupliquer l'audience : on ne peut calculer ni taux de couverture ni répétition (ni GRP).
    • En attendant mieux, les groupes de télévision recourent aux outils de comScore (vCE) et Nielsen (OCR) ou Project Blueprint (ESPN, 5 plateformes avec Arbitron et comScore).
    • L'émission n'a suscité que 129 500 commentaires sur les médias sociaux (source : CBS).
    • Le roman de science-fiction de Stephen King dont est inspirée l'émission a été publié en novembre 2009. La construction de la notoriété et de l'image de marque de ce titre était pour partie déjà établie au lancement de la série. Aspect multimédia... qu'il faudra un jour prendre en compte..

    mardi 16 juillet 2013

    Two-screen advertising? Yes, but which screen comes first?

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    While watching TV, while in front of a TV screen, or more exactly, while being in the room where a TV set is on, people may use a "second screen": another device, laptop, tablet or smartphone. This other device might or might not be connected. TV viewers may tweet, share what they watch or comment on it on Facebook. What shall we call this: "Second screen conversation"? Multiscreentasking? "Extended screen"?

    This is nothing new: since the beginning of TV, we know that people multitask while in front of the screen: knitting, reading a paper or a magazine - particularly a TV guide - snacking or having dinner, sewing, making phone calls (TV sound off), doing home work, ironing, cuddling, napping, chatting... you name it. These kinds of "now moments", as Twitter would call them - are lost for advertising. They were, and still are, investigated and taken into account by media time budget surveys as either secondary or primary activities.

    From an advertiser's point of view, the perfect advertising time is a full and exclusive TV experience, a total "engagement" as they say in the new media lingo, and, a priori, not multiscreentasking. But, if the people targeted by a commercial interact with a brand via another screen - to ask for a coupon, a sample, to share with friends - such a "now moment"would become the nec plus ultra for branding, memorization, awareness, conversion, etc.
    What does this mean for an advertiser? Instead of buying one media, one would buy two "simultaneous" media: a TV commercial AND a social network commercial, on Facebook or Twitter (both Facebook and Twitter provide the same possibilities: comments, check-in, picture, hashtag). Twitter suggests two-screen sponsorships. Facebook, whose reach is much wider, could, in addition, also figure out who is talking to whom (family, friends, unknown people, acquaintances, etc.). Double targeting?

    Remarks
    • Nielsen and Twitter suggest mixing TV audience and tweets in a new kind of advertising "bimetallism". Which is gold, which is silver? Could there be some kind of Gresham's law for programs? Which audience is monetized, by whom? Which media gets the best data from this "bullion"? The social network probably.
    • Twitter is trying to set a new advertising principle: "acceleration"- which alludes metaphorically to Newton's second law of motion - to illustrate the amplification of TV's GRPs by tweets. Force of advertising = Mass (TV reach) x Acceleration (number of tweets about a TV program or TV commercial). Could it not also become a formula for a law of distraction with regard to the TV program?
    • As for Nielsen, it sets a new Nielsen Twitter social TV rating, or, in their own words, a "Definitive Reach Metric for Social TV Audience Measurement and Analytics" (o.c.). It only takes reach and not frequency into account: so what about GRPs? 
    • Selon Trendrr, l'activité liée à la télévision est 4 à 5 fois plus importante sur Facebook que sur l'ensemble des autres médias sociaux
    • SimulTV claims the best social TV needs only one screen, merging a TV program with social network comments on the sides (cf. infra), like seen with Picture-in-Picture.

    Source: PR simultv, May 15, 2013

    dimanche 14 juillet 2013

    TV connectée. Oui, mais comment ?

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    La TV connectée est une espérance des constructeurs de téléviseurs à la recherche de valeur ajoutée pour vendre leurs appareils, de "plus-produits". Ainsi, régulièrement, depuis des décennies, les constructeurs essaient de trouver des améliorations, des extensions aux téléviseurs, des solutions marketing : interactivité, 3D, guide de programmes, intégration de décodeurs, d'enregistreurs, etc.
    La télévision connectée ne sera sans doute pas non plus la solution.
    C'est la conclusion d'une étude conduite auprès d'utilisateurs, de personnes qui ont acheté un téléviseur connecté et l'ont installé dans leur salon. Beaucoup sont déçues : de leur point de vue, les outils mobiles d'interaction, tablettes et smarphones, sont plus utiles et plus commodes.“Online Video Lead Adopters Bypass the Smart TV with Personal Devices”, le titre de l'étude de Tarin Tulay (Strategy Analytics) est sans appel. N.B. L'étude quali a été menée auprès de 8 personnes qui se sont équipées dès 2010, "early adopters".
    C'est également le discours tenu à leurs clients par des forces de vente de la grande distribution spécialisée en France : beaucoup de vendeurs évoquent, voire recommandent, Apple TV, solution simple - ergonomie toujours - et bon marché (en 2012, AppleTV représenterait 56% des outils OTT dans le monde, selon Frost & Sullivan, juillet 2013). L'arrivée de Chromecast (Google), similaire à AppleTV (moins cher, $35 au lieu de $99) pourrait accentuer cette tendance : est-ce la fin de GoogleTV ?
    Le smartphone s'avère beaucoup plus smart que la smart TV. Et, les taux d'équipement en appareils mobiles atteignent des seuils qui en feront bientôt des appareils très grand public...

    L'échantillon exploité par l'étude est faible pour que l'on aille plus loin dans l'interprétation de ses résultats ; néanmoins, cette étude longitudinale est originale et rare (mais très chère, 2 000 $ : je ne l'ai pas achetée). Elle nous livre une hypothèse explicative qu'il ne faudra pas négliger, notamment lorsqu'il sera question de publicité télévisée, de mesure des audiences et de promotion des programmes.
    Par leur simplicité, les services de VOD et de streaming vidéo comme Hulu, iTunes ou Netflix ont de facto dévalué le téléviseur connecté (à tel point que Samsung rachète Boxee). Les appareils mobiles s'installent chaque jour davantage dans le quotidien des foyers.
    Quant à l'interaction tellement célébrée, les réseaux sociaux s'y intéressent de près, court-circuitant la télévision connectée auprès des annonceurs.
    La télévision sera connectée, c'est probable, mais peut-être pas le téléviseur.
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    Les moteurs de recherche en Chine. Une indiscutable exception culturelle

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    Le moteur de recherche Baidu (百度) domine le marché chinois, le premier marché au monde pour le Web. Mais Baidu subit une attaque redoutable et a récemment vu sa part de marché s'éroder (66,4%) au profit de Qihoo 360 (360搜索) qui a dépassé 16% de part de marché (pages vues). Qihoo 360 est une entreprise d'abord spécialisée dans le logiciel (antivirus) ; elle n'est rentrée sur le marché des moteurs de recherche qu'en août 2012. Qihoo s'est allié à Alibaba (阿里巴巴), pour développer un moteur de recherche dédié au e-commerce, 360etao.com.
    La part de marché de Google (谷歌) était en juin 2013 de 2%, celle de Sogou (Sohu.com, 搜狗) proche de 9% (Sogou était à vendre : Baidu et Qihoo 360 auraient été candidats), celle de Soso (groupe Tencent) de 3%.  Source : CNZZ.com, juin 2013.
    Mise à jour 16 septembre 2012
    En septembre, Tencent a pris 36,5% de Sogou et fusionnerait Sogou et Soso.

    Le premier marché du Web est donc tenu par des moteurs de recherche appartenant à des groupes que nous connaissons peu en Europe occidentale, marché dominé exclusivement par des entreprises américaines. En France, la part de marché de Google atteint 94% (Source : comScore, qSearch, décembre 2012).
    Le marché chinois des moteurs de recherche, moins concentré que le marché français, est presque exclusivement contrôlé par des entreprises chinoises.
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    jeudi 11 juillet 2013

    Médias de la culture japonnaise en France : séries TV, animes, mangas et jeux vidéo

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    Brigite Koyama-Richard, Mille ans de mangas, Paris, 2007
    247 p. Ed. Flammarion, Bibliogr., Glossaire, 39,9 € 
    L'annonce du lancement, en automne 2013, d'une chaîne dédiée à la culture japonaise (J-One) a confirmé et couronné une avancée de la culture japonaise en France commencée il y a plus d'une dizaine d'années.
    J-One sera reprise par les opérateurs Canalsat et Numéricable. Elle s'appellera J-One car elle diffusera certains de ses programmes une journée seulement après leur diffusion au Japon. Elle traitera de "cultures pop japonisantes" (sic), ce qui devrait inclure les mangas, le cinéma, les séries, les jeux vidéo, les animesetc.
    Dernière mise à jour 3/4/2018.
    Il existe déjà une chaîne de télévision spécialisée, Mangas (crée en 1998, Groupe AB), ainsi que Game One lancée également en 1998 dont une partie de la programmation concerne encore les animes et les jeux vidéo (en 2001, Canal Plus a revendu la chaîne à Infogrames qui l'a revendue à Viacom). Enfin en octobre sera distribuée Anime Digital Network (ADN) née de la fusion des plateformes vidéo rivales, Genzai.fr et KZplay.fr. La chaîne NoLife, en revanche, a déposé son bilan en avril 2018. Elle avait été lancée en 2007.

    La culture japonaise, exotisme, pour les Français, d'un "empire des signes" ? "Illusoire exotisme", dira Claude Lévi-Strauss. Sans doute... Le sabre, le chrisanthème, le go, le bonsaï, les estampes, le karaoké... "patterns of culture" ? On peut rappeler le japonisme des impressionistes, de Van Gogh, de Claude Debussy (une estampe de Hokusai trônait dans son salon). "La folie Japon", titrera L'Obs à la une (avril 2019), après Julie (novembre 2013).

    Depuis de nombreuses années, la culture japonaise est représentée dans les médias français par trois genres alliant "modernisme et tradition", comme le sous-titrait, à son lancement, le magazine Planète Japon (mars 2005).
    • les mangas, accueillis en France par une puissante culture de BD, 
    • les jeux vidéos : "Legend of Zelda", "Final Fantasy", "Pokemon"... 
    • les animes (version animée des mangas) qui ont conquis un large public, en commençant par le public des enfants et adolescents, notamment grâce à la télévision ("Goldorak", "Ken le survivant", "Dragon Ball", "Olive et Tom" !)
    Mentionnons, pour mémoire, le groupe japonais Rakuten (e-commerce de type amazon) ; il a acheté PriceMinister en 2010, lance en Europe un service de vente vidéo (Wuaki.tv). Ce groupe qui fut l'un des premiers investisseurs de Pinterest, qui investit dans le sport et le voyage, pourrait être amené à jouer un rôle sur le marché français de la culture.
    France NewsDigest
    juillet 2013
    Hors des médias, la cuisine japonaise s'est faite une large place dans la restauration rapide et la gastronomie raffinée. Les arts martiaux ont également provoqué l'intérêt pour la culture japonaise : le judo d'abord, le karaté, sports où rituel et tradition (respect de l'adversaire, politesse) occupent une grande place. En revanche, les arts classiques et traditionnels (cérémonie du thé, ikebana, haïku...) ou la littérature (invitée d'honneur du Salon du livre en 2012) n'ont guère débordé les cercles spécialisés (cf. Haruki Murakami, "Kafka sur le rivage", par exemple) et ont à peine affecté les médias. Seul le cinéma d'auteur, et encore, s'est approché du grand public : Kurosawa, Kobayashi, Mizoguchi, Imamura. L'exception vient des animes : Miyazaki, auteur fameux de mangas est devenu populaire avec des animes aux succès considérables : "Mon voisin Totoro" (1988), "Princesse Mononoké" (1997), "Voyage de Chihiro" (2001), etc.

    Dans la presse française, la culture japonaise a donné naissance à nombre de magazines et hors-séries. Pour les trente dernières années, on compte 120 nouveaux titres et hors séries consacrés, exclusivement ou principalement, à différentes formes de culture japonaise (source : Base MM) : arts martiaux, cinéma, séries, santé, animes, bonsaï (esprit Bonsaï), cuisine (Wasabi), estampes, gastronomie, jeux vidéos, tatouages, automobile, pêche, mode, érotisme, jardins, calligraphie, etc., quelques gratuits pour les Japonais en France, surtout à Paris (cf. Zoom Japon, France NewsDigest, etc.). Notons encore le mensuel Japon Infos : un regard différent sur l'archipel (2017), un trimestriel féminin pour enfants, publié depuis 2012 par les éditions Milan, Julie Kokeshi ("kokeshi" désigne des petites poupées traditionnelles en bois peint, cf. infra). En janvier 2017, paraît un nouveau trimestriel, ATOM, consacré à "la culture manga" (9,9 €) ; en septembre, Art of Japan (trimestriel, 14,9€, par Oracom). Signalons Koï qui vise plus largement les cultures asiatiques en France.
    Planète Japon
    Juillet 2013
    Finalement, de toutes les formes de culture japonaise, après la cuisine, c'est le manga qui l'emporte en France, indirectement au travers des animes, directement en volumes papier : "Akira", "Naruto", "Hikaru no go", "Death Note", "Fullmetal Alchemist", "One Piece", "Ranma 1/2"... 1 600 titres seraient publiés en France chaque année. Ce succès du manga ne cesse d'étonner les auteurs japonais...

    N.B.
    Pour ceux qui s'intéressent ou veulent s'intéresser au manga, signalons le bel ouvrage introductif de Brigite Koyama-Richard (cf. supra) remarquable défense et histoire illustrée de l'art du manga.
    Autres ouvrages évoqués :
    • Claude Levi-Strauss, L'autre face de la lune. Ecrits sur le Japon, Seuil, 2011
    • Ruth Benedict, The Chrysanthemum and the Sword. Patterns of Japanese Culture, Tuttle Publishing, 1954
    • Roland Barthes, L'empire des signes, Seuil, 1970

    lundi 1 juillet 2013

    Collectionneurs d'objets publicitaires. Magazine


    Quelle place occupait la publicité dans la culture "à l'époque de la reproductibilité technique" ?
    Question subsidiaire : quelle place occupent les pratiques de collection dans une culture numérique d'objets virtuels ? Qu'est-ce qu'une collection ?

    Le magazine Collectionneur & Chineur répond, en partie, à la première de ces question, en acte, avec un hors-série sur "La publicité d'hier" consacré à des objets publicitaires à collectionner (100 p, 4,9 €).
    Le magazine régulier est un bimensuel, lancé en septembre 2006, vendu 3,5 € au numéro. Il est édité par les Editions LVA spécialisées dans les titres traitant des collections (cf. Antiquités Brocante), de la moto et de l'automobile, et, par conséquant, des automobiles de collection (AutoRetro, Retroviseur, La Vie de de l'auto).

    Ce hors-série passe en revue des objets conçus et distribués par les marques comme outils commerciaux afin d'augmenter leur notoriété, leur score d'agrément, et de fidéliser surtout : "communication par l'objet publicitaire".
    Beaucoup d'objets publicitaire d'autrefois s'adressaient aux enfants qui devenaient prescripteurs de produits alimentaires ; du coup, beaucoup d'objets publicitaires ont pris la forme de jouets. Souvent aussi, l'objet publicitaire vise les distributeurs (cafés, garages, etc.) dont il anime et décore le point de vente tout en renforçant et répétant l'image de marque du produit, sans intrusion.
    • Rappel : d'après l'IREP qui analyse les dépenses de communication des annonceurs, la part de marché de la "publicité par l'objet" était, en 2012, de 4,4% (plus que la radio, plus que l'affichage, que la presse quotidienne, que la presse magazine, que la PLV...).
    La collection constitue un indicateur d'engagement d'une famille envers une marque et un produit. De plus, la collection engendre un réseau de collectionneurs et un marché (échanges, argus, bourses, etc.). Un cas classique est celui des images offertes dans les emballages de tablettes de chocolat (Meunier, Lanvin, Kohler, Nestlé, Poulain, etc.) collectionnées et collées dans un album. On trouve aussi dans ce hors-série beaucoup de voitures miniatures (Ricard, Nescafé, glaces Gervais, etc.), beaucoup de porte-clés, d'accessoires scolaires (protège-cahiers, porte-plume, buvards, double-décimètres, crayons). Les enfants aiment collectionner : les éditeurs de presse le savent bien (cartes Pokemon !). N.B. Poulain a relancé en 2013 sa collection d'images en ligne.

    Les objets publicitaires s'insèrent dans la vie quotidienne, ils ont souvent une utilité (valeur d'usage).
    Prenons des exemple dans le hors-série. Les objets publicitaires participent de l'animation des bistros et des cafés, lieux majeurs de socialisation et de rencontres, donc occasions sympathiques de multiplier des contacts avec la marque : cendriers, pichets (Berger, Ricard, bière La Meuse, Pernod), verres doseurs, becs verseurs, carafes, carnet pour compter les points aux cartes, boîte pour jeux de cartes (Suze, St Raphaël), ouvre-bouteilles, décapsuleurs, pendules, thermomètres, menus, lampes, briquets, calendriers perpétuels, étuis de jeux de dés, pistes de jeu de dés, etc.
    Le bistro du XXème siècle était un univers publicitaire et, à sa manière, un réseau social.
    De la même façon, les objets publicitaires s'insèrent dans l'équipement de la cuisine : boîtes de toutes formes, bols, livres de recettes, tire-bouchons, verres, tasses, etc.

    Ethnologie de la collection ?
    Pratiques culturelles des Français, o.c. questionnaire
    "Passion ordinaire", la collection (Christian Bromberger, Hachette, 1998) ? "Culture du pauvre" (expression de Richard Hoggart) ?
    Dans Les Pratiques culturelles des Français, édition 2008, la pratiques des collections faisait l'objet d'une question (cf. QA4, ci-joint).
    Pierre Bourdieu classe les collections parmi les pratiques culturelles témoignant d'une "bonne volonté culturelle"(cf. La distinction. Critiques sociale du jugement, Paris, Editions  de minuit, 1979, p. 404 sq) : il épingle le "petit-bourgeois" collectionneur de "petits objets de peu de prix (timbres, objets techniques en miniature, etc.) auxquels il consacre son temps et sa minutie classificatoire" (p. 379). Jugement de classe, psychologie condescendante ? La sociologie de Bourdieu frôle sa limite. Certains vont plus loin que le sociologue pour faire de la collectionnite une pathologie, une addiction !
    Retenons que toute collection, savante ou populaire, met en oeuvre des opérations communes de sélection, de classement (tag).

    La collection est une pratique omniprésente dont l'ethnologie semble peu développée. Peut-on la rapprocher de pratiques culturelles comme celle des supporters sportifs qui savent tout d'une équipe, d'un champion ("passion ordinaire") ? Peut-on la rapprocher de certaines formes de travail de spécialisation "intellectuelle" (sur un auteur, une époque, un thème, etc.) qui fait les sujets de thèses. Collection de savoirs ? Base de données ? Si tout objet est susceptible d'être collectionné, toutes les collections n'ont pas la même légitimité sur le marché culturel. Et la collection, en elle-même, semble peu légitime. A moins qu'il ne s'agisse de tableaux, de livres anciens...
    La collection doit pouvoir être montrée (du petit musée privé aux musées publics, valeur d'exposition sociale) et vendue. Ce magazine, comme d'autres sur le même sujet, contribuent à l'organisation de ce marché.
    Magazines spécialisés en vitrine. Librairie spécialisée. Paris 6ème
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    jeudi 27 juin 2013

    How new a media is Facebook

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  • 1 million advertisers / month (28 days) : very big and very small, SMBs and local
  • Increasingly a true worldwide media
  • Moving fast. Example, in a week or so, Facebook introduced: hashtags, new advertising formats, social gifting with Amazon, new metrics (PTAT), etc.
  • Mobile first: Facebook, and of course Instagram - now going video - are primarily mobile media. Facebook's Home, a tentative innovative User Interface, might look like a mistake for the time being but the next attempt might be the good one.
  • Next? A Facebook news reader? We'll see...

  • Of course, Facebook makes mistakes; of course there are failures, but there are also successes. By doing so much, Facebook is no doubt learning a lot.
    In comparison, think of traditional media, such slow media. There are more changes with Facebook in one week than in those media over an entire year.

    What makes Facebook so different? What are traditional media missing?
    The pace of change, the daring to risk. The key, according to Mark Zuckerberg? "Move fast and break things","Done is better than perfect"...


    Some other posts concerning Facebook

    dimanche 23 juin 2013

    TV payante : désabonnements aux Etats-Unis

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    Un foyer américain sur cinq n'accède à la télévision que par la transmission terrestre : ni câble, ni satellite, ni télécom, une antenne en râteau sur le toit. De cette voie terrestre, dans certains marchés (New York, Boston, etc.), les émissions peuvent être transférées à bon marché sur supports mobiles (tablette, smartphone, etc.) avec Aereo ou Boxee Cloud DVR.
    Le taux de réception exclusivement terrestre est passé, en deux ans, de 14% (2010) à 19,3% (2012). Ce taux est de 41% pour les foyers appartenant à des "minorités", disposant généralement de revenus moindres, il est 28% pour les foyers de personnes de 18-34 ans, selon une récente étude de GfK Media & Entertainment, "The Home Technology Monitor". Notons encore qu'une étude de Harris Interactive pour CouponCabin.com en juin 2013 estime que 45% des Américains considèrent que s'abonner au câble relève du gaspillage ("waste of money").
    Les raisons de cette désaffection pour la réception payante sont multiples et se sur-déterminent pour aboutir à une décision de rupture. Question d'économie, d'âge et de génération, sans doute.
    Contestation d'un abonnement par forfait (bundle) qui fait payer certains contenus à des abonnés qui n'en veulent pas, et tout particulièrement des contenus sportifs, si onéreux que certains demandent qu'il fasse offre à part.
    Sous l'effet exaspérant de la crise économique et du sentiment de ne pas en avoir pour son argent, des foyers coupent l'abonnement : cord-cutting.

    D'une part, le passage de la télévision terrestre au numérique a augmenté l'offre de télévision terrestre, télévision  linéaire gratuite.
    D'autre part, les chaînes "thématiques" comprises dans le forfait de base, se trouvant de plus en plus encombrées de publicité, ne constituent plus une alternative satisfaisante à la télévision terrestre, elle aussi farcie de publicité (pour les éviter, un opérateur propose un hopper). Au-delà de la télévision terrestre gratuite, la concurrence de supports sans publicité, d'accès commode avec une offre riche est nombreuse : Netflix, Hulu+, iTunes, Amazon Prime, etc.

    Le luxe télévisuel n'est plus de disposer, avec le câble ou le satellite, de centaines de chaînes ; c'est plutôt, désormais, de disposer des émissions que l'on veut, quand on veut, où l'on veut, à la demande, à l'unité. Pas trop chère, sans intrusion publicitaire. Maximiser sans contraintes.
    Et voici les "cord-nevers" foyers TV qui ne s'abonnent pas et ne s'abonneront peut-être jamais... Sauf à la téléphonie. S'il ne reste qu'un abonnement, ce sera sans doute celui là. Les américains le disent, surtout les plus jeunes : on peut vivre aisément sans téléviseur mais pas sans smartphone.
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    dimanche 16 juin 2013

    La data mobile, avenir de l'e-mail ?

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    On avait prédit la fin inéluctable du mail, au profit du SMS, des messageries et des réseaux sociaux. Déjouant les prédictions, l'usage du courrier électronique (e-mail) continue de croître significativement (+11,6% au premier trimestre 2013). Manifestement, le mobile lui a donné un nouvel élan.
    Selon Experian Marketing Services, le mail est à son tour une activité majoritairement mobile, tout comme les réseaux sociaux. On consulte, on ouvre, on classe, on répond, on archive, on recherche depuis un support mobile, tablette ou smartphone. L'archivage total est essentiel avec son classement, son accessibilité et son outil de recherche.
    Le courrier est ainsi devenu l'écran le plus consulté (landing page, homescreen), le lieu où se mêlent courriers professionnels et personnels ; l'adresse mail est devenue un identifiant unique permettant de se connecter à un service. De plus, tout utilisateur de Facebook dispose désormais d'une adresse Facebook (du type cvbn@facebook.com). Selon une enquête de Toluna en Grande-Bretagne (1000 personnes, juin 2013), après la voix, l'activité (task) la plus fréquente sur un smartphone est le courrier, devant la photo et les réseaux sociaux, loin devant les jeux, la musique, l'information ou les achats...

    Mis à jour le 4 juillet 2013
    Les applis organisant la gestion du mail donnent lieu à des surenchères d'ergonomie. Mailbox (Orchestra) racheté en mars 2013 par Dropbox, en est la plus récente et la plus brillante illustration (cf. infra). L'enjeu est tel que Outlook (Microsoft), Gmail, Yahoo! Mail, Apple, chacun y va de sa réforme ergonomique. Yahoo! acquiert le gestionnaire de courrier et de contacts Xobni en juillet.
    Reste le lancinant problème du spam : plus de la moitié du courrier reçu est non désiré, encombre, gêne, exige une gestion énervante, coûteuse. Reste aussi les usagers et maldroits et fatigants  : avec l'appli, respecter un savoir-vivre élémentaire, une étiquette est encore plus nécessaire et sensible qu'avec l'ordinateur (cf. l'étude de Sendmail et Myers-Briggs).

    Mail payant ou gratuit avec publicité ? La gratuité triomphe, mais elle inquiète. Si le service est "gratuit", c'est parce que nombre de fournisseurs "lisent" les courriers afin de cibler les messages publicitaires qu'ils y affichent afin de collecter quantité de données privées. La demande de data accentue la pression en faveur de la gratuité. Certains rêveurs, toutefois, continuent d'imaginer un service public postal, universel et gratuit, lié à la boîte aux lettres (bal) traditionnelle et à son marketing (cf. le travail du GIE balmétrie : on peut certainement concevoir une mesure hybride du courrier publicitaire).

    L'annonce de la mort du courrier était très exagérée. Toujours cette "tentation du prophétisme" qui conduit à raisonner en fonction de ce que l'on croit qui doit être et non de ce qui est observé et que l'on sait. Piège dans lequel s'enferre parfois le journalisme des médias dont le lecteur professionnel attend les oracles ; le cas Meeker semble relever du même piège, tellement séduisant.

    L'appli Mailbox dans iTunes

    vendredi 14 juin 2013

    Météo : le temps des données

     Sommaire partiel : l'appli de WABC (NY)
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    Aux Etats-Unis, le temps qu'il fait, celui qu'il fera dans la région, est depuis longtemps une affaire de télévision locale. Avec le développement du câble et de chaînes spécialisées, puis de leur prolongement sur le Web, les stations locales et les networks perdaient un peu de leurs prérogatives.
    La première réaction fut celle de NBC qui racheta The Weather Channel (TWC) en 2008.
    Voici maintenant la réaction du groupe ABC (Disney) dans le droit fil de sa panoplie d'applis déjà lancées : le ABC Owned Television Stations Digital Group, qui réunit les O&O du groupe, publie des applis gratuites (iOS, android) dotées de fonctions d'alerte vocale et de suivi en cas de déplacement. ("Follow me anywhere" : l'utilisateur peut choisir trois régions, en plus de sa région d'origine (DMA) pour laquelle l'appli est personnalisée.
    Les 7 stations O&O de ABC couvrent 23% des foyers TV et sont présentes dans les plus grands agglomérations américaines (New York, Los Angeles, Philadephie, San Francisco, Houston, Raleigh-Durham et Fresno).
    L'appli a été développée par WDT (Weather Decision Technologies), éditeur de iMapMobile, qui associe la météo à une location géographique et de iMapTV. WDT a déjà pour clients de nombreuses chaînes et stations de télévision.
    Rien comme la météo et le temps qui ne cesse de changer n'est complice de la mobilité et de la continuité de la production de données.

    La météo est importante pour l'image locale des stations, pour leur insertion dans la vie la plus quotidienne et locale de leurs audiences, dans le rituel télévisuel ; elle est aussi essentielle pour la quantité de données qu'elle permet de collecter et d'exploiter. L'audience télévisuelle de la météo est large, diversifiée. Elle n'exclut aucune cible marketing, sauf peut-être celle des enfants, encore qu'ils soient souvent inclus dans l'audience familiale.
    Or la météo est de plus en plus consultée sur un smartphone et de moins en moins à la télévision sauf en cas de situation météorologique dramatique ou spectaculaire. Pour les stations qui tissent le réseau des networks, le lancement de ces applis est la confirmation de leur stratégie tout écran (multiscreen).
    Ensuite, il appartient aux stations affiliées de déployer une stratégie analogue, voire coordonnée avec le network, notamment pour disposer aussi d'une couverture nationale.
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    lundi 10 juin 2013

    Misinformation et tentation du prophétisme

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    Diva, gourou, prêtresse, prophétesse, "queen of the Net", etc. Les expressions laudatives ne manquent pas pour célébrer le discours escathologique annuel sur l'état du net et de son industrie (Internet Trend Report) que tient une associée de Kleiner Perkins Caufield & Byers.
    La demande sociale de discours sur l'avenir est élevée dans le secteur des médias. Au point que beaucoup d'études ne sont que discours d'accompagnement du marché et de ses espérances (avec action escomptée sur les comportements des consommateurs, les analyses des analystes financiers, etc.). Et la statistique devient spectacle.
    Jeff Elder, journaliste et "social media director" pour le San Francisco Chronicle (7 juin 2013), conteste une affirmation figurant dans le dernier Internet Trend Report à propos des usages du smartphone consulté en moyenne 150 fois par jour. Dans cette superbe affirmation, qui après l'enquête du journaliste, s'avère toutefois infondée ("That case was not made with facts"), Jeff Elder perçoit le symptôme d'une maladie intellectuelle endémique à laquelle le Web donne une dimension spectaculaire. Comment dire que l'on ne sait pas !

    Au-delà de l'anecdote, se rappelle à nous la logique de ce que Jeff Elder nomme joliment "misinformation" ; l'enchaînement des raisons en est connu : demande sociale, mise en scène d'une réponse simplifiée et rémunérée qui satisfait ces attentes, bataille entre médias impatients (et journalistes) qui ont besoin de scoops, et l'erreur se propage tandis que se confortent l'image et la réputation de la diva de la statistique du Web...

    La fausseté de ce type de raisonnements consiste à partir de ce que l'on pense qui doit être, faute de s'en tenir aux faits surtout, tentation d'autant plus lancinante s'il n'est pas de faits vérifiables, construits rigoureusement et faciles d'accès. Etablir les faits passe pour un investissement inutile, sans retour, alors que quelques opinions, moins coûteuses, et rapidement imaginées s'y substituent avantageusement. D'ailleurs, note le journaliste, la déclaration fautive de notre "reine du Net" a déjà été reprise plus d'un demi-million de fois au moins sur le Web (d'après les "résultats" de requêtes dans les moteurs de recherche). La rectification prudente par le San Francisco Chronicle n'aura pas cette notoriété : l'influence d'une affirmation erronnée mais spectaculaire et bien placée est internettement infaillible.
    Après Max Weber, les auteurs du Métier de sociologue (1968, p. 47) pointaient la "tentation du prophétisme" qui assiège les sociologues, les professeurs, les politologues, les essayistes, etc. En ce qui concerne les médias et la publicité, contre cette tentation, il n'est d'autre remède qu'une réhabilitation de la recherche qu'il conviendrait de distinguer des "études", presque toujours au service de la communication commerciale et du marketing. Mais tout ceci n'est-il pas en contradiction avec l'économie même de cette activité ? Journaliste et chercheurs, même combat ?
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    dimanche 2 juin 2013

    Watch ABC App, "Eveywhere" seulement

    Watch ABC App sur iPad mini (copie d'écran d'accueil)
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    La mutation de la télévision est progressive, elle s'accomplit par petites touches. Ainsi, le groupe ABC / Disney met-il en place une offre bientôt complète de ses programmes télévisés pour être regardée sur des supports mobiles (tablettes et smartphones notamment, via des applis).

    Watch ABC, une appli du network ABC a été lancée à la mi-mai lors de l'ouverture du marché upfront pour la saison 2013-2014. Proposée à New York (DMA N°1) puis à Philadelphie (DMA N°4). Bientôt, elle sera étendue aux 8 marchés où ABC possède une station (O&O) : Los Angeles, Chicago, San Francisco, Houston, Fresno, Raleigh-Durham. Ensuite, elle sera accessible dans les 13 marchés où le groupe Hearst possède des stations affiliées à ABC (Boston, Milwaukee, Kansas City, Pittsburgh, etc.).

    D'abord conçue pour les appareils Apple (iOS), l'appli vient d'être étendue aux tablettes Kindle Fire d'Amazon. L'appli donne accès aux programmes en linéaire et à des émissions à la demande, en prime time comme en day time.
    Toutefois, elle n'est accessible qu'aux abonnés au câble ou aux télécoms (U-Verse de AT&T) dès lors que leur abonnement a été vérifié ("authenticated") par le service Watch TV Everywhere.

    C'est la cinquième appli de ce type proposée par Disney pour ses chaînes Watch Disney Channel, Watch Disney XD et Watch Disney Junior. Il existe également une appli Watch ESPN (sport) et une appli ABC Family a été lancée en janvier 2014.
    C'est une politique constante du groupe que de mettre à disposition ses programmes via des applis (ABC News, Disney Junior Appisode, ABC Player, ABC Family Player, etc.) en recourant à la vérification par TV Everywhere. De cette façon, Disney ne court-circuite pas les opérateurs satellite, câble ou télécom : l'objectif de TV Everywhere, mis en place à l'origine (2009) par Comcast et Time Warner Cable, les deux premiers câblo-opérateurs, est de maintenir la nécessité de l'abonnement, freinant ainsi l'avénement de la télévision connectée et des offres OTT comme Netflix ou Hulu Plus. NB. L'offre mobile HBO GO n'est accessible qu'aux abonnés câble ou satellite, via TV Everywhere.

    Mais la partie n'est pas gagnée par les opérateurs car un nouveau service de Aereo compromet le système de protection de TV Everywhere en permettant la réception directe de toutes les stations locales (celles du DMA), donc des grands networks, pour une somme modique, et sans passer par les opérateurs locaux, aux abonnements très chers. Les jeunes générations, adeptes des supports mobiles et soucieuses de leur budget, sont particulièrement visées par Aereo.

    dimanche 26 mai 2013

    Cinéma upfront : un marché publicitaire à redessiner en numérique

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    Les écarts entre les modalités de commercialisation de l'espace publicitaire numérique selon les différents médias ne semblent pas encore près de se résorber. Aux Etats-Unis, les présentations précédant l'upfront market qui se déroulent début mai pour les deux grandes régies des salles de cinéma (NCM et Screenvision) sont une occasion de faire le point.
    Pour mémoire : Screenmedia compte 14 300 salles pour 2 300 multiplexes ; NCM, National CineMedia compte 19 000 salles.

    Screenvision, seconde régie de salles de cinéma aux Etats-Unis s'aligne d'emblée sur les modalités commerciales de la télévision américaine et, notamment, des networks ; la régie introduit comme eux des garanties GRP sur cible. A cette fin, Nielsen fournit des audiences pour certaines cibles avec les Cinema Audience Reports.

    Des éléments d'interactivité avec les messages publicitaires diffusés dans les salles sont prévus, recourant à Shazam (Shazam collabore déjà avec des chaînes de télévision américaines comme Fox).
    La régie assure aussi que les CGV seront mieux adaptées au calendrier : elle attaquera le marché de la télévision quand il est le plus vulnérable (l'été, notamment).

    NCM met l'accent sur le Digital Signage avec des murs d'écrans (Monster Walls de 8' X 10' composés de 9 écrans LCD de 46''), murs placés dans les entrées des multiplexes (lobbies), en collaboration avec Monster Media. L'interactivité est testée dans une dizaine de multiplexes (NFC, réalité augmentée, multi-touch et motion activation, etc.). NCM affirme que les spectateurs passent une dizaine de minutes dans le lobby avant de rentrer dans la salle où passe le film (une mesure crédible est indispensable : le DS manque d'analytics crédibles). NCM collabore avec Twitter pour une émission sur les best-sellers et les tendances nouvelles du cinéma commercial grand public. Enfin, NCM s'est associé avec le réseau social Foursquare pour proposer des produits publicitaires communs précisément localisés.

    Pour sa présentation commerciale aux agences et annonceurs, NCM compare son audience à celle de la télévision (cf. infra) et, essentiellement, à celle des grands networks nationaux (ABC, FOX, NBC, CBS) dont elle reste très éloignée ; en revanche, elle se situe au même niveau que les chaînes thématiques du câble et du satellite, du moins pour une cible publicitaire délimitée : 18-49 ans. Il s'agit de l'audience collectée pour les marchés locaux et non de l'audience nationale (vague de mesure - sweeps - de mai 2011). Selon ce montage statistique sur mesure, NCM serait en tête des audiences (reach) de prime time les vendredi et samedi soirs.
    Source : NCM
    De cette confrontation publicitaire que provoquent les ventes upfront entre des médias devenus numériques (cinéma, TV, Web, applis mobiles, Digital Signage), il ressort que l'obstacle à une rationalisation globale des actions publicitaires provient d'abord de l'hétérogénéité des mesures d'audiences, rendant problématique la notion de GRP commun. Mais cette notion unidimensionnelle constitue-t-elle un idéal ? Peut-être faut-il lui préférer un GRP "polyphonique" calculant un optimum mêlant des indices divers (KPI) voire divergents. L'intégration de l'interactivité dans le dispositif plaide pour une mesure pluri-dimensionnelle intégrée.


    lundi 20 mai 2013

    Online GRP. Nielsen vs comScore

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    La bataille pour la mesure des audiences multi-support online se déroule aux Etats-Unis, qui sont encore, pour quelque temps, le premier théâtre des opérations publicitaires online. Deux petits événements, l'un publicitaire, l'autre média, colorent la situation actuelle.
    1. Les agences qui achètent aux Etats-Unis les médias Web pour les clients du Groupe Publicis ont choisi comScore plutôt que Nielsen. Procter & Gamble, l'annonceur qui dépense le plus en publicité dans le monde (grande consommation, FMCG, CPG), premier client de Publicis, avait déjà choisi comScore et son Validated Campaign Essentials (vCE).
    2. Le concurrent du vCE de comScore est un produit de Nielsen, Online Campaign Ratings (OCR) qui peut se targuer de clients éditeurs comme AOL, Disney (ABC, ESPN), Facebook. Récente victoire de Nielsen : OCR est étendu aux supports mobiles dans le cadre d'une collaboration (pilote) avec le groupe sportif multimédia ESPN (chaînes de télévision, magazine, Web, mobile, radio). OCR se met en place en Europe (Allemagne, Grande-Bretagne, Italie, France), en Australie et au Canada.
    vCE et OCR ont été partiellement audités et accrédités par le Media Rating Council ; certaines de leurs fonctionalités sont encore en cours d'audit (pour le détail des données accréditées, cf. infra). Les critères pris en compte et validés par le MRC sont de deux types :
    • les composantes de vérification : visibilité (viewability), sécurisation de la présence de la marque (brand safety), respect et contrôle du ciblage géographique des campagnes (in-country geographic delivery), exclusion des contacts provenant de robots (removal of non-human traffic) et engagement. Ces notions sont inégalement vérifiables, la plus confuse étant celle d'engagement.
    • les composantes de mesure d'audience : audience unique (cookie unique), couverture et répétition, GRP.
    Source : MRC, novembre 2012 (dernière information disponible).
    A la mesure publicitaire, Nielsen ajoute une mesure de l'audience en ligne des émissions avec Nielsen Digital Program Rating dont la méthodologie est calquée sur OCR. Ce pilote (mai-juillet 2013), auquel participent tous les grands networks, donnent les audiences veille, la couverture et le nombre de streams, le tout croisé avec une typologie d'émissions, l'âge et le sexe pour les programmes regardés en ligne.

    L'enjeu premier de l'affrontement Nielsen / comScore est le marché de la mesure de la publicité online. En fait, Nielsen et comScore s'accordent sur deux points : le principe du panel et la reconnaissance de l'arbitrage méthodologique du MRC.
    Au-delà de ce consensus, il s'agit pour Nielsen de pouvoir combiner les audiences de la télévision collectées par les audimètres (NTI, NSI), avec celles du Web et du mobile (OCR), afin de calculer un GRP multi-plateforme, dédupliquant les audiences entre divers appareils (les chaînes s'accordent pour estimer que l'audience des émissions sur le Web - audience non commercialisable actuellement - représenterait 12% de l'audience totale). L'adjectif pour décrire cette opération est "holistique" : qui constitue un tout, complet (du grec olosὅλος). C'est l'ambition de Nielsen avec son Cross Platform Campaign Ratings, XCR (en cours d'audit). Publicité inter-écrans (cross-screen et responsive design) et extension des campagnes TV avec la "social TV" (cf. Twitter, par exemple).
    Ainsi, Nielsen dispose d'un avantage compétitif important, pour plusieurs années. Au-delà, une fois la grande majorité des téléviseurs connectés au Web, vCE comme OCR seront à même de traiter la télévision connectée. Enfin, avec la fusion de Nielsen avec Arbitron, l'avantage de Nielsen s'accroît encore de la mesure de la radio off-line.

    Trois commentaires :
    • La comparaison Nielsen / comScore suggère le besoin pour comScore d'un panel permettant la mesure de la télévision off-line. D'où l'enjeu de la fusion Arbitron / Nielsen : en cas de refus par la FTC, comScore aurait pu être intéressé... (cf. Fusion en cours dans l'audience des médias).
    • Dans cette bataille, les armes de l'audit et de l'accréditation sont de plus en plus importantes.
      • Le MRC distingue trois niveaux : "en cours d'audit" (in process), "soumis pour accréditation" (submitted for accreditation consideration) et accréditation. Précisions qui évitent toute ambiguité de communication de la part des audités. 
      • Le champ de l'audit du MRC n'est pas précisément décrit. S'agit-il de la méthodologie seulement ou également des données ? 
      • Dans quelles limites les conclusions tirées d'observations américaines sont-elles transférables en Europe ? 
    • Third party data: l'ampleur de cette bataille renvoie au Big Data ; Facebook figure avec Experian parmi les premiers fournisseurs de données (third-party data suppliers). Quid de Twitter ou de YouTube ? Certains voient dans l'utilisation de Facebook par OCR un risque pour la vie privée.

    mercredi 15 mai 2013

    Publicité et marketing sur le Lieu de Vente (PLV, MPV) en France

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    L'organisme interprofessionnel POPAI (Point of Purchase Advertising Institute) publie une étude du marché de la PLV, étude réalisée à sa demande par Harris Interactive (Le marché de la PLV et du MPV en 2012, avril 2013). Une enquête par questionnaires auto-administrés a été conduite auprès des adhérents (entreprises) de POPAI en février 2013.
    Rappelons d'abord que, selon l'étude IREP / France Pub, la PLV représentait, en France, en 2012, 3,7% des dépenses de communication des annonceurs, ce qui est plus que la radio et le cinéma réunis (3,3%), plus que le display sur le Web (2%), plus que la presse quotidienne (2,8%), autant que la presse magazine (3,8%), etc. La PLV est donc un acteur majeur du marché publicitaire, même si l'on en parle peu. Importance qui s'accroît avec l'intégration du numérique (Digital Signage, DOOH) dans cette démarche publicitaire (écrans, interactivité, etc.). Pourquoi tant de discrétion ?

    Premiers résultats de l'enquête, déclarative :
    • les acteurs manifestent un optimisme prudent pour leur activité à venir au cours de l'année 2013, qu'il s'agisse de recrutement ou d'investissement.
    • la concurrence internationale perçue provient surtout de la Chine, de la Pologne et des pays du Maghreb. Cette concurrence, agressive quant aux prix, s'accompagne d'une crainte de détérioration du fonctionnement du marché (sérieux des appels d'offre, idées créatives non rémunérées, etc.).
    • la conviction, partagée par la majorité des acteurs, de l'importance sociale et économique du développement durable.
    Beaucoup de résultats publiés distinguent "avec" et "sans" numérique. Pourquoi ?
    Source : POPAI, Le marché de la PLV en 2012, mai 2013, p. 30
    Pour ce qui est du numérique dans la PLV (cf. tableau supra), le secteur qui investit le plus est celui des services (mais l'agrégat est trop hétérogène, mêlant banques et voyage, loisirs et assurances) pour que l'on puisse en tirer des conclusions certaines. Pourquoi ce flou ?
    En parts de marché du chiffre d'affaires, tous les secteurs sont en baisse sauf trois : celui des services, des boissons-alimentation, de l'édition et de la papéterie. 

    Cette étude descriptive est importante pour l'analyse du marché de la communication et de la publicité ; elle doit gagner en précision pour mieux rendre compte du basculement de ce secteur de la communication dans le numérique. Comment sont classés les investissements effectués dans les transports (aéroports, gares, métro), dans les centres commerciaux ? Affichage ou PLV ? Quant au besoin de comparaisons internationales, il est flagrant. En période de mutation numérique, le marché de la communication et de la publicité a besoin d'outils économiques fiables (donc audités) et de catégories de description rigoureuses.
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    vendredi 10 mai 2013

    Mercenaires du Big Data : algorithmes et analytics aux enchères

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    Le marché de la recherche prend une tournure nouvelle avec le Big Data. Ceci est possible parce que les problèmes de traitement des données (CRM, data mining, visualisation, etc.) et leurs solutions mathématiques sont indépendants du domaine sur lesquels portent les données et présentent de nombreux caractères communs.
    • 品友互动 (IPinYou Hu Dong) est une entreprise chinoise (DSPDemand Side Platform) entrée sur le marché en 2008. En avril 2013, elle lance un appel d'offre sous forme de compétition mondiale ; l'enjeu est le développement d'algorithmes d'enchères pour le RTB ("global DSP bidding algorithm competition") améliorant l'exploitation publicitaire du big data ("Where Computational Advertising Meets Big Data"). Résultats en septembre.
    • IPinYou reprend une idée de Netflix qui organisa en 2006 une compétition dotée d'un prix de un million de dollars ; l'enjeu était la prédiction de la cote (rating) des films diffusés, prédiction basée sur les préférences précédentes des utilisateurs (training set). N.B. L'algorithme vainqueur n'a jamais été implémenté (cf. techdirt) car, entre temps, Netflix avait changé de modèle économique ; de plus, la compétition n'a pas été relancée par craintes de poursuites concernant l'exploitation de données privées. Mais Netflix reste fidèle à son principe : en mars 2013, l'entreprise a relancé une compétition concernant son exploitation du cloud computing : "the Netflix Cloud Prize" est doté de 10 prix de 10 000 dollars.
    La multiplication de ce type d'opérations suscite logiquement à la formation d'une entreprise comme kaggle qui s'est spécialisée depuis 2010 dans ce secteur :  appels d'offres / compétitions, gestion des transactions (organisation, anonymisation des données traitées (training sets). Sa devise est tout un programme : "Go from Big Data to Big Analytics". kaggle déclare pouvoir compter sur une communauté scientifique de près de 100 000 chercheurs spécialisés dans le traitement des données pour résoudre les problèmes qui lui sont soumis par ses clients : ces problèmes, s'ils mobilisent des types de traitement homologues, sont hétéroclites, allant de prédictions concernant des problèmes médicaux (Heritage Health Prize), à la conduite automobile (Ford), aux classements sportifs (Elo rating), à la sélection de photos de voyage (Jetpac), etc. kaggle recrute les chercheurs idoines et met également des outils informatiques à la disposition des chercheurs participants (Workbench). De son côté, DataXu a réalisé une place de marché pour ses algorithmes.
    MàJ, mars 2017, Google acquiert Kaggle.
    Pour aller au bout de la logique économique, un fond de capital risque spécialisé dans le financement de startups travaillant dans le Big Data a été développé en 2011 : Data Collective. Un écosystème Big Data / Analytics se boucle ainsi, traduisant l'importance extraordinaire que prend la culture de la data dans l'économie numérique.
    En même temps, le marché du travail se modernise : ainsi, Greenplum (EMC) étend le principe de la place de marché (qu'amazon mobilise pour son Mechanikal Turk : "marketplace for work") aux chercheurs devenus journaliers, mercenaires de la data... Crowdsourcing ?
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    dimanche 5 mai 2013

    "sometimes, journalists get stats wrong"

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    L'un de mes profs lorsqu'il évoquait une affirmation mal vérifiée, ajoutait souvent, d'un air malicieux, "dans une certaine mesure, qu'il faudrait d'ailleurs mesurer...".
    Un quotidien britannique rapporte que le site de Facebook a perdu 10 millions de visiteurs aux Etats-Unis et 2 millions en Grande-Bretagne.
    • La statistique semble ignorer la connexion via l'appli de Facebook, or, comme le notent les auteurs de l'article, les internautes sont nombreux à abandonner leur connection Web pour se connecter à Facebook avec l'appli. Notons encore que l'appli Facebook est la plus téléchargée de l'Apple Store ; Instagram, qui appartient à Facebook, est la troisième (Source : Apple, cf. iTunes).
    • La statistique est issue d'un panel dont la représentativité est difficile à estimer, notamment, par exemple, pour les générations les plus concernées par Facebook, pour les étudiant(e)s américain(e)s (ni "home" ni "work"). Il faudrait pour être plus précis se référer à un audit neutre de la méthodologie du panel.
    • Pour tout clarifier, le quotidien évoque une étude de l'entreprise socialbakers sur l'érosion de l'audience de Facebook. Or cette conclusion est démentie par les auteurs de l'étude qui laissent entendre que les journalistes concernés n'ont peut-être pas tout compris : "sometimes, journalists get stats wrong", ironise Jan Rezab, P-DG de socialbakers, in "Clarification to Guardian’s Wrong Article, Again...".
    Conclusion. On ne sait rien. Comme dit Jan Rezab, "The bottom line here is that there is no story". Facebook ne commente pas. Pourquoi le ferait-il ? Cette non-histoire pose le problème de la reprise par les journalistes de statistiques qu'ils ne peuvent vérifier. Info ou intox ?

    Mise à jour, 14 juin 2013 : à propos de l'affaire NSA PRISM et du journalisme : Ed Bott "How did mainstream media get the NSA PRISM story so hopelessly wrong?"
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