dimanche 31 mars 2013

La presse, média trop modeste

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La diffusion de la presse grand public est en baisse (OJD, DFP), dit-on ; son audience mesurée est en légère hausse. Pourquoi ? Par-delà l'évolution des pratiques d'information (que l'on ne sait guère observer ni, a fortiori, analyser), on peut évoquer deux causes certaines.
  • La détérioration de la distribution des titres payants (grêves répétées, fermetures de points de vente de proximité, etc.) qui affecte la diffusion payée en France.
  • L'amélioration sensible de la mesure de l'audience. Cette mesure a été indiscutablement étendue et approfondie avec l'étude ONE mise en place par Audipresse (Cf. Audipresse, Cumul janvier- décembre 2012, ainsi que l'audit du CESP). 
Pour autant, la presse mesurée ne donne pas une image complète de la pénétration de la presse dans la vie des Français. 
  • L'étude ONE mesure les principaux supports de publicité des principales régies publicitaires grand public, qui la financent. Le nombre de titres étudiés (646), impressionnant, est encore limité pour des raisons techniques et budgétaires, entre autres. 
  • Par construction, la longue traîne des titres papier (qui se comptent en milliers) est largement sous-estimée par les études de l'audience, qui omettent, entre autres, selon les cas :
    • la majorité des titres datant de peu, souvent éphémères certes, mais importants pendant cette durée ; ils traduisent le dynamisme de la presse, son côté constamment innovant, "start-up"
    • les très nombreux hors-série
    • la presse gratuite des divers types de collectivités locales
    • la presse professionnelle
    • la presse des enfants (moins de 15 ans)
  • Avec l'avénement de "l'ère du multireading", selon l'expression d'Audipresse, les occasions de lire sont fatalement  sous-estimées alors que se multiplient rapidement les lieux de lecture, les supports de lecture, les modes de lecture.
  • Enfin, comment les études peuvent-elles tenir compte de la place primordiale de la presse dans la fabrication globale de l'information ? La presse qui alimente - gracieusement - tant de sites Web mais aussi de radios, de télé, de réseaux sociaux... Présences émiettées, rebelles au comptage déclaratif et au droit d'auteur... 
La presse est l'un des seuls médias à ne pas sur-estimer l'ampleur et l'importance de son audience. Rare et curieuse modestie.
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vendredi 29 mars 2013

NBC étend son empire hispanophone. Télévision américaine (cas N°14)

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Le DMA de Philadelphie est un DMA important. Tout d'abord, parce que c'est le DMA n°4 (juste après New York, Los Angeles et Chicago), mais aussi parce que c'est là que se trouve le siège de Comcast, le premier opérateur du câble américain (MSO), qui a racheté récemment le network généraliste NBC.
Sous réserve d'approbation par la FCC, Comcasct NBC Universal rachète la station WWSI, affilée au network hispanophone Telemundo (qui a été racheté, en 2002, par NBC). Du coup, cette station affiliée change de statut et devient une station O&O de Telemundo. Elle continuera de diffuser les programmes de Telemundo mais modifiera sans doute la partie locale de sa programmation.
  • NBC accentue sa présence sur le marché des médias hispanophones. C'est un élément du contrat de reprise de NBC par Comcast. Mais c'est surtout une prise en compte de l'évolution socio-démographique des Etats-Unis.
  • Telemundo a gagné les droits de retransmission de la Coupe du monde football 2014 qui aura lieu au Brésil. (Cf. Le football change de chaîne). Telemundo doit donc renforcer sa présence dans les grands marchés télévisuels afin de tirer profit de ce contrat primordial pour les téléspectateurs hispanophones américains.
  • Dans le DMA de Philadelphie, les 6 plus grands networks sont désormais représentés par 6 stations O&O, dont un duopole (Comcast/ NBC avec WWSI et WCAU).
  • Le vendeur est le groupe ZGS Communications. Il avait acheté la station en 2008 pour 10 millions de dollars et la revend à NBC pour 19 millions en 2013.

mercredi 27 mars 2013

Les Métamorphoses du TV Guide

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"Je me souviens..." du TV Guide. Catalogue hebdomadaire de toute la télévision américaine, locale et nationale. Indispensable, référence unique, exhaustif partagée par tous dans tous les foyers TV américains. De l'ordre du coffee table book !
Devenu de moins en moins lisible compte tenu du nombre croissant de chaînes et de stations, le TV Guide a fini par rendre l'âme et laisser place à trois versions successives et partiellement simultanées : une version TV Guide Magazine (people) en papier (45 numéros par an / 30 cents le numéro, 2 millions d'exemplaires selon ABC), une version TV diffusée par les réseaux câblés (IPG, Interactive Program Guide : TV Guide Network) puis une version Web et une appli.

Maintenant, la version chaîne TV (IPG ou "Electronic Program Guide) va faire place à une chaîne de divertissement : CBS Corp. rachète 50% des actions de la chaîne pour entreprendre la métamorphose du titre de presse en chaîne de divertissement. Lyons Gate Entertainment ("Mad Men", etc.) garde les autres 50%. La nouvelle chaîne bénéficiera, selon un schéma classique de reprise de chaînes, (Cf. Fox Sports 1) de l'accès aux 80 millions de foyers abonnés du TV Guide Network (soit plus de trois quarts des foyers TV américains).
CBS Corporation ne contrôle encore que peu de chaînes diffusées par les réseaux câblés / satellite télécom (les chaînes de Showtime Networks, CBS Sports, The CWSmithsonian Channel) à la différence des groupes des networks concurrents (Comcast / NBC, Fox, Disney / ABC, Univision).
A terme, CBS espère sans doute augmenter la rémunération par abonné que versent à la chaîne les réseaux (câble, satellite, télécoms) au titre des retransmission fees. De plus, la chaîne pourra contribuer à la promotion des chaînes, des émissions (syndication) et des stations (29 O&O) du groupe.

Ainsi se déroule la phénoménologie des médias qui passe par de nombreuses figures. Faut-il y lire le
destin des magazines de télévision ? Faut-il tenter une généralisation du type : "plus un marché télévision est développé moins sa presse de magazines TV en papier est importante" ?
Qu'est-ce que cela dit des marchés TV européens ?

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jeudi 21 mars 2013

Des contacts aux GRP pluri-média ?

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Médiamétrie estime que le nombre quotidiens de contacts des Français avec des médias était de 42,5 pour 2012 (Media in Life).
Tous les médias mais pas le hors média. Donc ni l'affichage ni la communication extérieure ne sont pris en compte, ni les annuaires, ni la PLV, ni le marketing direct, etc. Donc le panorama n'est pas tout à fait "synoptique" ; il faudrait sans doute doubler ce nombre de contacts, au moins, pour l'élargir à la communication commerciale (publicité).
Peu importe ; le mode de calcul et l'ensemble mesuré étant constants, cette statistique donne à percevoir l'extension et l'expansion continue de l'univers médiatique dans lequel nous existons.

Notons que l'on a subrepticement comptabilisé et totalisé des contacts provenant de médias divers, des pommes et des oranges, des choux et des carottes... Ce nombre moyen de contacts avec le nombre de personnes touchées pourrait-il conduire à des GRP ?
On a amalgamé des contacts. Tout plan média le fait, laissant l'appréciation de l'efficacité du plan global au moment final du bilan de campagne.
Faut-il en conclure que l'on pourrait compléter un plan TV avec des contacts radio, un plan presse avec des contacts PLV ? A condition de ne pas mélanger les GRP, dit la doxa publicitaire actuelle. Autrement dit GRP TV + GRP presse + GRP Web, ne font jamais k GRP pluri-média (% des personnes de la cible touchées par au moins 1 de ces médias X répétition moyenne). Soit.

Et si l'on appelait data ce milliard de contacts annuel ? Car, qu'est-ce que la data sinon une somme de contacts croisés avec des coordonnées choisies (ou non), temporelles ou spatiales ?
Bon gré, mal gré, il semble qu'une nouvelle comptabilité des contacts se mette en place, holistique (on prend tout en compte, chaque partie ne prenant son sens qu'en rapport avec la totalité)... Mathesis Universalis ? Et revoilà Leibniz, saint patron de l'optimisation et de l'optimisme, lui qui rappelait que le calcul n'était pas seulement pour les marchands d'huile et de sardines (cf. Turing's Cathdral: The Origin of the Digital Universe). Il faut cultiver sa data...


N.B. Méthodologie de Media in Life : journal d'activité, 9 500 panélistes interrogés (population âgée de 13 ans et plus).
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vendredi 15 mars 2013

Critique d'une ethnologie des médias. Questions de méthodologies

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La compréhension des usages privés des médias comporte des difficultés a priori insurmontables.

Que peut-on savoir ?
Les usages privés des médias relèvent d'habitudes, de gestes quotidiens, souvent inintentionnels, de micro-décisions ; comme les usagers n'y prêtent guère attention, ne sont pas conscients des éléments de leur activité, ces usages sont réfractaires aux déclarations, questionnaires ou entretiens. Les réponses obtenues par questionnement ("extorquées", disait Pierre Bourdieu) à propos de ces usages sont peu crédibles ("If you torture the data enough, nature will always confess", la maxime de R.H. Coase s'applique).
Les enquêtes classiques saisissent les tendances générales des comportements. Un modèle du genre, pour citer un cas récent, est l'enquête décennale "Emploi du temps" de l'INSEE qui met en oeuvre une méthodologie totale (face à face au domicile de l'enquêté, carnets journaliers et semainiers, collecte assistée, etc.). L'enquêteur doit faire confiance à l'auto-analyse effectuée par l'enquêté lorsqu'il remplit les documents : or l'enquêté est plus ou moins précisément "conscient" de ce qu'il fait. Il résulte de cette enquête une connaissance de l'évolution des modalités de consommation de la télévision au domicile au cours des trente dernières années (cf. "Plus souvent seul devant son écran").

Que peut-on espérer ? 
Observer des usages, c'est inévitablement observer un usager qui sait qu'on l'observe (nous le voyons nous voyant le voir) ; dès lors, le dispositif d'observation perturbe la scène observée (mesurée), et l'altère. Comment l'enquêteur peut-il se trouver en situation d'observation de la vie privée des usagers sans que cette intrusion perturbe cette vie privée ? Que pourrait décrire l'enquêteur de ce qu'il voit, alors que, "menant" un entretien (et mené par lui), il lui faut aussi prendre des notes, prendre des photos. Filmer l'entretien ? L'enquêté se sait filmé... Multiplier les capteurs ? L'enquête ethnographique se trouve toujours coincée entre une contrainte d'efficacité et un souci déontologique (respect de la vie privée, propriété inaliénable des données personnelles, etc).

Prenons un exemple : que peut-on savoir des usages privés des écrans et de l'éventuelle socialisation télévisée qui s'en suit (dite "social TV" ; cf. l'étude du CSA sur ce sujet) à l'aide des outils classiques ?
  • On sait ce qu'en révèlent les cookies qui permettent de suivre à la trace les actions, réactions et interactions des téléspectateurs internautes (ou internautes téléspectateurs). 
  • On en connaît éventuellement les énoncés (des signifiants) collectés sur les messageries, les moteurs de recherche, les réseaux sociaux, les sites visités, etc.
  • Grâce à l'audimétrie, on dispose des audiences (nombre de consommateurs, durée des consommations) et des noms de programmes reçus sur divers appareils (watermarking). On peut mettre en corrélations données audimétriques et données provenant de réseaux sociaux.
  • En revanche, on ne saura rien du sens des observations effectuées (gestes, interactions éventuelles), de tout ce qui relève du "perceptual computing". Rien des opérations mentales qui accompagnent, guident et justifient ces pratiques familières et intimes (l'intime ne se déclare pas). Pour cela, il faudrait une approche ethnométhodologique (cf. les travaux de Aaron V. Cicourel, Harold Garfinkel, etc.).
En période d'innovation technologique continue, les raisonnements média ("indigènes") sont peu lisibles car le "sens pratique" des utilisateurs (multiscreentasking) est encore en voie de routinisation et de réglage, d'autant que ces comportements, bien que privés, n'échappent certainement pas au regard et au jugement d'autrui (cf. les "arènes des habiletés techniques" que l'ethnologue étudie à l'usine). Quelle est, par exemple, l'articulation des appareils lors des "usages simultanés" ? Le second écran (tablette, smartphone) n'est-il utilisé, comme on le postule, que de manière ancillaire, au service de ce qui (se) passe sur l'écran du téléviseur (Erwin Goffmann parlerait de "side-involvement") ? Ou bien est-ce le téléviseur qui n'est qu'un média d'accompagnement des supports mobiles ? De plus, il n'y a sans doute pas toujours articulation entre les deux écrans mais seulement juxtaposition (corrélation) d'utilisations indépendantes.

Que peut-on faire ?
Certaines études mobilisent une ethnologie "armée" par des appareils. Par exemple :
Source : Poynter. EyTrack: Tablet Research
  • Time Warner met en oeuvre une recherche recourant au "suiveur de regard" (eye tracking) afin d'observer les comportements de socialisation numérique des téléspectateurs (N.B. Time Warner a investi dans GetGlue, une application de télévision socialisée, en 2012). Ball State University assure la recherche dans les laboratoires du Medialab de Time Warner à New York. 
  • The Poynter Institue for Media Studies étudie les modalités d'usage et de lecture sur tablettes (EyTrack: Tablet Research).
  • ACB (Actual Consumer Behavior) pratique la "vidéo-ethnographie" pour comprendre les comportements des téléspectateurs et l'utilisation de produits dans un "contexte naturel" ("Experienced ethnographers provide clients insight into use and experience of the product in the natural context") : l'observation a lieu au domicile et peut éventuellement être élargie à tous les membres du foyer.
Ces enquêtes mobilisent d'importants moyens techniques pour dépasser, avec des "armes" ethnographiques, les méthodologies traditionnelles ; toutefois, elles perturbent les actions observées.
La première ne se déroule pas dans le lieu "normal" de la pratique que l'on veut comprendre mais dans un domicile artificiel reconstitué en laboratoire (on retrouve ici des pratiques de recherche mises en oeuvre pour l'étude des comportements des consommateurs dans les points de vente).
La seconde demande aux enquêtés de porter des lunettes équipées de deux caméras.
La troisième recourt à la vidéo, tandis que l'ethnographe s'invite dans un foyer où il observe et code ses observations.
Dans tous les cas, sont perdues de vue les exigences d'une ethnographie non intrusive.

Peut-on combiner technique ethnographique et quantifications classiques afin d'intégrer ainsi micro- et macro-sociologies ? Rêverie de psycho-sociologues ? Ne faut-il pas renoncer à l'illusion réaliste et cesser de vouloir dire "le monde comme si je n'étais pas là pour le dire" (cf. Claude Simon, Discours de Stockholm, citant Baudelaire). L'épistémologie des sciences sociales recoupe la théorie du roman.
L'enjeu est d'importance théorique mais aussi managériale : seules des études de qualités peuvent garantir la qualité des emplacements publicitaires, et la qualité de l'engagement des usagers.


Références
  • Nicolas Dodier, "Les arènes des habiletés techniques", in "Les objets dans l'action. De la maison au laboratoire", Raisons Pratiques, N°4, 1993, pp. 115-139.
  • Pierre Bourdieu, Le sens pratique, Paris, les éditions de minuit, 477 p. Bibliogr, Index.
  • Erwin Goffman, Interaction ritual. Essays on face-to-face behavior, 1967, Pantheon Books, New York, 270 p.
  • Daniel Couturier, et al., La mort de la clinique ?, Paris, PUF, 2009, 153 p. CfMédia-Médecine. Enquêtes marketing et clinique).
  • K. Knorr-Cetina, A.C. Cicourel, et al., Advances in Social Theory and Methodology. Toward an Integration of Micro- and Macro-Sociologies, Boston, 1981, 325 p., Index.
  • Sandrine Medioni, "Désir d'interactivité des consommateurs : une application aux téléspectateurs", 2009. Thèse consultable à la bibliothèque de recherche de l'Université Paris Dauphine. Cf. "Marketing de l'innovation et discours d'accompagnement".
  • Florence Weber, Julien Ténébos, L'économie domestique. Ethnographie du quotidien, Paris, aux lieux d'être, 2006, 127 p., bibliogr..

mercredi 6 mars 2013

Fox Sports 1 : News Corp. contre Disney (ESPN)

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Fox (News Corp.) lancera FOX Sports 1 aux Etats-Unis, en août 2013, une chaîne grand public consacrée aux spectacles sportifs.
La chaîne s'installera à la place d'une chaîne consacrée aux sports mécaniques, Speed Channel (81 millions d'abonnés, lancée 1996) qui continuera d'assurer la couverture des sports mécaniques (NASCAR, notamment) pour FS1. D'emblée, grâce aux contrats existants avec les opérateurs (câble, satellite, télécoms), FS1 sera accessible à près de 90 millions de foyers TV (ESPN en compte 100 millions sur un nombre total de 114 millions de foyers TV, selon Nielsen).
FS2 s'installera à la place de Fuel TV (26 millions d'abonnés).
Une version mobile pour tablettes et smartphones sera proposée également : FOX Sports GO, accessible aux abonnés des opérateurs (sans doute, dans le cadre du dispositif TV Everywhere).
  • Les opérateurs devront payer environ 1 $ par abonné / par mois pour distribuer FS1 (ESPN leur coûte plus déjà plus de 5 $, Speed Network ne demandant actuellement que 0,5 $). Cette offre multi-sport supplémentaire risque, en provoquant une hausse du prix des abonnements, d'augmenter la pression des consommateurs sur les opérateurs (cord-cutting).
  • La vente d'espace publicitaire commencera dès le début de l'été (upfront market).
Ce lancement est à replacer dans le cadre d'une stratégie mondiale de Fox pour les programmes de spectacles sportifs : Fox est également présent en Europe (Sky Sports) et en Asie (Star Sports). Aux Etats-Unis, Fox dispose de 22 chaînes régionales consacrée dont FS1 pourra tirer parti.
Le spectacle sportif est l'un des programmes majeurs de la télévision, en termes d'audiences et de revenus publicitaires, dans tous les pays. Sa mondialisation est très avancée : ESPN et Fox en sont les deux acteurs majeurs. La télévision française est désormais absente de ce marché, TF1 revendant Eurosport au groupe américain Discovery.
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lundi 4 mars 2013

Les jours de moindre activité des quotidiens

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Que doivent faire les médias à modèle économique exclusivement publicitaire lorsque la majorité de leur lectorat est en vacances ? Le "quotidien gratuit d'information générale"(lundi-vendredi) 20 minutes qui suspend habituellement sa parution pour les vacances de Noël et d'été (mais avec une édition des Plages) cesse aussi sa parution pour deux jours au début des vacances les 4 et 5 mars. Metro sera absent toute la semaine du 3 au 9 mars.

La raison évoquée est publicitaire. L'audience de cette presse, du fait de son mode de distribution, est dépendante des déplacements pour activité professionnelle dans les grandes agglomérations. Les jours de vacances scolaires sont souvent des "jours de moindre activité" professionnelle pour les familles avec enfants à charge, donc des jours de moindre audience pour les cibles marketing des actifs urbains.

Qu'appelle-t-on "quotidien" ?
Voici quelques exemples de diffusion de "quotidiens" en 2012 (source : OJD) pour quatre catégories de journaux.
  • Presse gratuite nationale
    • Metro a paru 202 fois au cours des 12 derniers mois (février 2012-janvier 2013)
    • 20 minutes a paru 210 fois (février 2012-janvier 2013)
  • Presse nationale 
    • Pour Les Echos (lundi-vendredi), on compte 249 parutions en 2012
    • Pour Le Figaro (lundi-samedi), on en compte 310 
  • Presse départementale 
    • Pour Le Journal de la Haute-Marne (Champagne)on compte 360 parutions (308 pour l'édition du lundi-samedi et 52 pour celle du dimanche).
  • Presse régionale
    • Pour Sud-Ouest, quotidien régional, on compte 363 jours de parution en 2012 (310 + 53).
La notion de "quotidien" s'avère une notion quelque peu trompeuse : fondée sur la priodicité de la publication, elle désigne également des titres comptant de 202 à 363 jours de diffusion. D'où l'intérêt de se reporter à l'OJD pour préciser le rythme réel de parution derrière le rythme affiché.

Evidemment, l'édition numérique, qui n'a ni les mêmes structures de coûts ni les mêmes contraintes de distribution que la presse papier, peut s'accorder un rythme de parution flexible. Sur le Web, un numéro ne chasse pas l'autre, comme sur les points de vente ; ainsi a-t-on pu dire que le Web devenait un droit de chaque jour, "comme le pain" (come il pane).
On imagine aisément que ces différences ne vont pas sans conséquences tant pour l'évaluation des audiences mixtes (Web / papier / applis) que pour les outils et concepts de médiaplanning.
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jeudi 28 février 2013

Downton Abbey, série culte ?

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"Dowton Abbey" est une série diffusée sur le network de secteur public américain, PBS. Le dernier épisode de la troisième saison (90 mn) a été regardé par 8,2 millions de téléspectateurs (Live+7), le dimanche 17 février. Derrière CBS ("The Mentalist" et "Amazing Race" réunissaient 9 millions de téléspectateurs), derrière "The Walking Dead" qui rassembla 11,1 millions de téléspectateurs sur AMC, mais devant "Breaking Bad", "Homeland" et "Mad Men"...
Le taux d'audience a doublé de l'année 2 à l'anée 3. "Beaucoup de tweets également à propos de l'émission, y compris pendant le Super Bowl : "Dowton Abbey" serait en passe de devenir une "série culte", que l'on re-regarde, dont on parle, dont on connaît des répliques par coeur, que l'on cite...
Il s'agit d'une co-production de Masterpiece Classic (WGBH, DMA de Boston) et de Carnival (société de production britannique appartenant à NBC Universal / Comcast) ; la série est parrainée par Ralph Lauren et Viking River Cruises.


Sur le site PBS.org, la série compte 3 millions de téléchargements (avec une charge publicitaire inhabituelle : display, 1 pre-roll, 2 mid-rolls). Les épisodes des deux premières saisons sont distribués par Netflix, iTunes, Amazon (sans publicité) et en DVD. Amazon (Prime Instant Video) a acheté l'exclusivité de la saison 3 et pris une option pour la suite.

Mise à jour, 20 décembre 2013 :
Selon Comcast (XFinity On Demand Awards), en 2013, "Dowton Abbey" fut en tête des séries vendues en VOD.

La série met en scène la vie d'une famille de la noblesse anglaise et de ses serviteurs, au début du XXe siècle. Costumes et voitures d'époques, héritages, changement social (la mise en question du statut traditionnel des femmes, du mariage), changements technologiques (on voit arriver l'électricité, la machine à écrire, le téléphone, l'automobile, le tracteur, le grille-pain), résistances aux changements, etc. Une sorte de soap, un quasi-"huis clos" où l'enfer comme le paradis, "c'est les autres". Une ambiance parfois whartonienne... Une langue aristocratique avec une prononciation "distinguée" (upper-class British), très éloignée de l'américain contemporain, ajoute encore du charme à la série.

Plusieurs points remarquables quant au modèle économique. 
  • Le secteur public américain peut faire aussi bien et mieux que les grands networks commerciaux et servir de vecteur pour lancer des séries à portée internationale. On observera que la série est co-produite par une grande station du secteur public et la filiale d'un network commercial.
  • La série précipite la concurrence entre les nouveaux distributeurs de vidéo (OTT) mettant hors jeu les acteurs habituels.
  • D'emblée, la série vise un public mixte, américain (PBS) et anglais (ITV). Le casting s'adapte progressivement à cette ambition (arrivée de Shirley MacLaine en 3ème saison, recrutement en cours d'un acteur afro-américain). Distribution mondiale (en France, sur TMC seulement et en DVD).
  • L'histoire, toujours l'histoire... le Titanic, la grippe espagnole, l'indépendance de l'Irlande, la guerre mondiale 1914-18 et les tranchées... 

lundi 25 février 2013

Who needs a TV definition?

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While Nielsen people meters measure TV audience, they also define American commercial television: TV that advertisers can buy. Nielsen is going to expand this definition: will this also expand the TV advertising market?
  • A new meter will be installed in September 2013 in metered TV households (about 23,000 for the national sample, NTI), ready for the beginning of the next season. Afterwards, the so-called "TV definition" will include OTT where Apple TV, Roku, game consoles are connected to a home TV set. As a result, Netflix, Amazon Instant Video, Hulu, Vudu, etc. will be "measured", but only if they agree to encode their signals for Nielsen. The new definition will also include iPads, with other kinds of tablets to be added later.
All broadband sources, more or less, will finally be part of the new definition: it is about time. Why so late? Traditional TV measurement which defines TV, looks like a barrier to the entry of new operators, protecting the old ones from the Web. People meters, even the new generation, still reflect the nostalgia of a time when people watched a few networks, live on a TV set, while at home. Measuring was easy.
  • But there is still a long way to go before Nielsen follows TV viewers everywhere: TV out of home (campus, bars, hotels, airports, etc.) is not yet taken into account (with a few exceptions). What about Aereo? Sling? Smartphones? etc.  And why not include programs watched more than 7 days after their first on-air distribution (Live+7)? In the new TV world, audience cumulates during weeks, on different platforms. Sometimes people watch everything they get right away (binge viewing, cf. Netflix); sometimes they wait for weeks before watching (time-shifting). In the new TV world, viewers are free. 
  • Audience should not be calculated in the same way for programs as for commercials. Advertisers want the audience of a commercial when it is aired (published the day after). Studios want the audience of programs after a full cycle of watching (published weeks after).
Ratings are down? Maybe. But which part of the total audience are we talking about? The measured TV universe is a decreasing subset of real viewership. More than a new definition, TV needs another measurement. TV analytics are poor in comparison with Web analytics. Only the so-called connected TV will bring connected audiences together, along with Weblike analytics.
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samedi 23 février 2013

Visibilité à revoir

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Malgré tous les débats de cette dernière année sur l'évaluation de la visibilité, malgré les nombreux outils disponibles sur le marché pour la garantir (dont le sien), comScore évalue à 3 sur 10 la proportion de messages publicitaires display qui n'ont pas pu être vus par leur cible ("3 in 10 ads never actually seen by their target", p. 22 du document pdf, statistique pour le marché américain). Et pourtant, la norme établie par l'IAB pour la visibilité n'est pas exigeante (cf. "Avoir de la visibilité. Viewability for sale"). Ajoutons que cette visibilité, ou cette occasion de ne pas voir, n'est appréciable / calculable qu' a posteriori (cf. le schéma de Sticky.ad) et ne peut guère entrer dans les modèles prédictifs, réduisant fatalement les performances de toute automatisation des achats en temps réel (RTB).
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A propos, que sait-on de ce qu'il en est pour chacun des autres médias ? Quelle est la visibilité des messages publicitaires qui leur sont confiés par les annonceurs ? Comment cette occasion d'être vus est elle calculée ? Quel score global (cost per view) ? La confrontation avec les médias numériques pourrait être stimulante.
Connaître ce score et son évolution conduirait peut-être à renforcer de façon draconienne les pratiques de ciblage des médias traditionnels et le calcul de l'attribution. Et peut-être à investir davantage pour améliorer les études et les outils permettant le ciblage et son contrôle.
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mercredi 20 février 2013

Ciblage et résistance publicitaire : Hopper, No Hulu Ads

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De nombreux consommateurs évitent la publicité. Soit parce qu'elle les dérange, les retarde et les encombre soit parce qu'elle ne les concerne pas, soit parce qu'elle ne leur plait pas. La publicité que l'on accepte est pertinente : elle arrive au bon moment, on en a besoin, elle nous aide. La publicité que l'on accepte est celle qui informe (elle servira plus tard), celle qui plait (esthétique, humour). Ce diagnostic, que l'on peut affiner, résume les études sur l'attitude des consommateurs envers la publicité.

Il s'en déduit que le ciblage est la condition sine qua non du succès d'un message publicitaire. Tout le ciblage (la "création" étant une dimension du ciblage) : la bonne personne, le bon endroit, le bon support, le bon moment, la bonne manière. Pour l'avoir souvent négligé, la publicité s'est fait une mauvaise réputation.
Certaines stratégies publicitaires élémentaires consistent à tromper le consommateur en lui imposant, en douce (subliminarité !) ou brutalement, la publicité qu'il ne veut pas (il y a des formats pour ça !). Qu'apportent de telles tactiques aux marques qui y recourent ? Le Superbowl rappelle pourtant aux annonceurs américains, chaque hiver, que la publicité peut être recherchée par les téléspectateurs, au point qu'il arrive qu'un annonceur doive recourir à une diffusion anticipée de son message.

La télécommande a engendré le zapping et la liberté du téléspectateur face à la publicité. Le zapping comme évitement de la publicité touche dans son principe tous les médias (détournement de l'attention, etc.) ; seuls la télévision et le Web en mesurent l'ampleur.
Faut-il bloquer les outils permettant de bloquer la publicité ? Voyons deux cas, l'un concerne la télévision traditionnelle, l'autre la vidéo via le Web (OTT).
  • Dish Network (opérateur satellite américain, 14 millions d'abonnés) propose Autohop (dit "Hopper") depuis le milieu de l'année 2012. C'est un enregistreur numérique (PVR) qui permet, entre autres, aux abonnés d'éviter des écrans publicitaires dans les programmes des grands networks en sautant par dessus ("hop, skip and jump"!). "They are basically trashing the ad model", s'emporte un cadre d'agence média ! Pour expliquer le Hopper et le faire valoir, Dish Network recourt à... un message publicitaire diffusé par YouTube (cf. infra) et au parrainage d'une voiture au NASCAR (avec un hashtag #AdFreeTV). CBS, network national financé exclusivement par la publicité réclame à Dish 5$ par abonné (en plus des "retransmission fees") pour compenser le manque à gagner publicitaire. Dish rétorque que sa technologie permettrait d'améliorer le ciblage et donc d'améliorer l'efficacité publicitaire globale tout en réduisant sensiblement la pression publicitaire (optimisation de la répétition, effective frequency). N.B. une nouvelle version de Autohop fonctionne avec Sling mais Fox a demandé au tribunal de bloquer la fonctionnalité dite "On the Go" qui permet aux abonnés de Dish de regarder en mobilité les programmes retransmis sur une tablette ou un smartphone.
  • Depuis qu'il augmente sensiblement la pression publicitaire sur son service (source : comScore), Hulu voit ses messages publicitaires bloqués par une application proposée sur Chrome (cf. infra). On parle de "révolte des utilisateurs"...
Blocage (son et image) des messages publicitaires par une appli Chrome (le son est rétabli dès la fin du message).

mardi 19 février 2013

Supermarchés en ligne

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Joindre le domestique au professionnel est une expérience épistémologique rare ; il faut en profiter ! Entre connaître pour disserter et connaître pour faire, "pour de vrai", la distance est importante.
Nous cherchons un site de courses en ligne satisfaisant : commande rapide et complête, flexibilité de livraison, etc. C'est le troisième site que nous essayons.
Deux précédentes expériences nous ont découragés : souvent, l'on découvrait à la fin de la commande, voire à la livraison, que certains produits commandés n'étaient pas disponibles (alors pourquoi les proposer à l'achat ?). Obstacle dirimant.
Troisième expérience donc. Voici nos observations, "en marche et en marge".
AnyList, copie d'écran d'iPhone. 
  • Page d'accueil. Illisible, encombrée d'objets publicitaires et promotionnels, du genre "arbre de Noël". On ne sait pas où l'on est ni où il faut aller. La mauvaise humeur s'installe d'emblée... On n'est pas là pour se faire empubliciter, on est venu pour acheter ! Quelle maladresse alors qu'un client conquis peut être fidèle pour des années (ce qu'a réussi jusqu'à présent le supermarché en dur du quartier). Accueil raté en ligne, c'est mal parti.
  • Inscription. Certaines demandes d'infos sont injustifiées (date de naissance, etc.) ; cela agace. Pour qui nous prend-t-on ? Alors on ment, consciencieusement.
  • Ergonomie. On n'économise pas les clics ! D'autant que l'on ne sait pas toujours où cliquer. On progresse par essais et erreurs, faute d'explication, de légende. Laborieux. Lisibilité médiocre, encore. Arborescence lente et peu intuitive (la taxonomie est du même tonneau). Moteur de recherche simpliste et fatigant. Le montant total des achats effectués ne s'affiche pas, pas plus que la liste des produits déjà commandés : on ne sait donc pas où l'on en est, on se demande si l'on a fait une erreur, combien d'exemplaires on a effectivement achetés de tel produit, etc. 
  • Evidemment, les produits maisons (marque distributeur, MDD) s'affichent les premiers.
  • Au bout du compte, on finit par se perdre dans les modalités de livraison (drive, etc.), par ne rien comprendre à la localisation fantaisiste (cartographie)... 
  • Manifestement, ce site de e-commerce n'a pas été testé. Il finit par être détesté.
On craque ! On n'ira pas plus loin. Une heure de perdue. La pire des trois expériences.
Retour à notre hyper bien réel de béton et de mortier ; il gagne, haut la main, après abandon en ligne, cette troisième bataille contre le virtuel. Nous effectuerons donc encore nos prochains achats hebdomadaires dans le magasin même, en poussant le caddie, avec livraison à domicile.

Reste la question de la liste des produits à acheter (ne rien oublier, optimiser pour bénéficier de la livraison gratuite). Il y a une appli pour cela. Notre cahier des charges pour une unité familiale de 4 personnes, plus ou moins décideuses, selon les produits : partage des listes sur mobile (chacun(e) doit pouvoir y inscrire un produit, chacun(e) l'a toujours sur soi), liste indépendante des enseignes, multiples listes selon les lieux (marché, vacances, etc.). Plus de liste affichée sur la porte du frigo, illisible, que l'on oublie, etc.
Pour l'instant, l'appli AnyList (anglophone, cf. ci-contre) satisfait ces exigences.

N.B. Si vous avez des recommandations, tant pour les courses en ligne que pour une appli de liste...
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dimanche 17 février 2013

Le présent de l'avenir du Web selon comScore

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U.S. Digital Future in Focus. 2013. Key Insights from 2012 and what they mean for the coming years, (février 2013). Qu'est-ce qui ressort de cette publication synthétique, qu'est-ce qu'elle infirme ou confirme ?
  • Le déclin de l'ordinateur comme mode d'accès au Web. Son domaine se cantonne de plus en plus au travail (c'est le monde du Pack Office) tandis que s'étendent les domaines des supports mobiles, extensions gagnées grâce aux performances, aux ergonomies mais aussi grâce à la progression du Wi-Fi. Un tiers du temps consacré au Web l'est sur des supports mobiles, la majorité passant par des applis. Le commerce électronique via mobiles (M-Commerce) représente déjà 11% du C.A. du e-commerce. Dans cette perspective, l'expression "multi-plateforme", transitoire, contribue à dissimuler (avantageusement) le changement en cours, le temps de l'adaptation.
  • Le début de l'érosion des modalités traditionnelles de recherche. Le nombre des recherches effectuées avec des moteurs de recherche tend à diminuer et, surtout, le nombre de recherches par internaute diminue. Un nombre croissant de recherches est réalisé sur des sites tels que Facebook, Amazon, eBay, leboncoin, annuaires, catalogues, etc. Le "Vertical search", recherches effectuées au sein d'un sous-ensemble du Web, sous-ensemble délimité voire fermé, comme un "new walled garden", serait en augmentation. Le Graph Search de Facebook est symptomatique. 
  • L'explication de ces changements se trouve peut-être tout simplement du côté du mobile et de ses innombrables applis qui parcellisent le Web et personnalisent chaque appareil. Les supports mobiles rendent chaque jour le moteur de recherche moins indispensable. L'explication tient aussi à la meilleure maîtrise du Web et de ses fonctionnalités développée par des internautes de plus en plus habiles à inventer des usages.
  • En somme, le data marketing, ce sera d'abord des données issues d'activités observées sur mobile avec ce qu'elles comportent d'information géographique, historique, commerciale, d'intentions, etc. Big data enrichie en continu.
Le rapport de comScore lézarde l'image d'un Internet établi, qui a maintenant une quinzaine d'années. Cet Internet dont le credo est inculqué et récité par le marché publicitaire connaît ses premières transformations. Dans une publications précédente, comScore parle de "post-PC paradigm" (Brave New Digital World, décembre 2012). Il s'agit plutôt, selon les termes fameux de Thomas S. Kuhn, d'un changement dans le cadre du paradigme numérique plutôt que d'une révolution accouchant d'un nouveau paradigme. Les techniques de monétisation programmées (programmatic buying) amplifieront le retentissement de ce changement jusqu'aux mutations inéluctables du marché de l'emploi.

lundi 11 février 2013

Socio-démo : la retraite et les retraités

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Pour les magazines qui s'adressent aux personnes de plus de cinquante ans, la retraite est un sujet essentiel (il gagne d'ailleurs progressivement toutes les générations : un relevé de situation est d'ailleurs adressé à tous, dès 35 ans, accessible en ligne). La retraite est un sujet de plus en plus sensible, relayé régulièrement par l'actualité politique (vote de la loi de finances, mouvements sociaux, débats syndicaux, etc.). Il s'agit désormais d'une question sociale et économique indéfiniment actuelle (anticipations, etc.).
Certains titres de presse y accordent une grande importance, et y consacrent des Hors Séries et des numéros spéciaux mettant à jours informations réglementaires, etc. Leur cible primordiale est celle des retraités et de ceux qui le seront bientôt. Deux mensuels se distinguent, Notre temps (Groupe Bayard) et Pleine Vie (Mondadori France) qui comptent respectivement 3,6 et 2,9 millions de lecteurs (Source : Audipresse One, résultats 2011/2012, LDP)
Pour la presse économique, celle de l'immobilier, celle des consommateurs (CapitalLe ParticulierImmo Neuf60 millions de consommateursLes Echos, etc.), il y a matière à expliquer et guider la préparation de la retraite. La presse accomplit alors le premier de ses métiers : informer pour conseiller, guider. Aussi, les magazines mettent-ils en avant leur aspect pratique avec des dossiers et des fiches mis à jour, concernant le montant, l'âge, les droits, la santé, etc.

Avec une espérance de vie qui progresse, le nombre des retraité(e)s s'accroît et cette catégorie devient très importante et de plus en plus hétérogène. On compte actuellement plus de 15 millions de retraités en France (presque un quart de la population française). Sources : DREES, INSEE).

Comment la retraite est-elle prise en compte dans les analyses socio-démographiques ? Plutôt difficilement. Il est vrai que la question est complexe.
Dans la classification de l'INSEE, dite PCS 2003, qui donne la "Liste des catégories socioprofessionnelles agrégées", les retraités ont classés au code 7 qui se décompose en 6 catégories "d'anciens" (cf. infra).

Liste des catégories socioprofessionnelles agrégées (INSEE), Niveau 3
On peut donc pertinemment classer les retraités dans la catégorie correspondant à leur dernière activité ("ancien...") puisque les situations des individus retraités varient significativement selon la/les professions dont ils sont retraités (niveaux de revenu, âges, générations, polypensionnés, etc.). Toutefois, le retraité n'est pas un actif, au sens professionnel du terme ; il dispose de beaucoup de temps libre et d'un emploi du temps flexible. Pour caractériser le retraité, on peut aussi prendre en compte sa situation familiale (grands-parents gardant des petits-enfants, etc.). Quand la santé n'est pas un handicap, cet inactif est souvent très actif (voyages, bricolage, loisirs créatifs et numériques, cours, sport, vie associative, etc.). La retraite n'est pas une profession ; c'est plutôt un statut.

L'INSEE a consacré de nombreux travaux à la situation des retraités en France. Retenons-en les principales conclusions ; elles affectent le marketing de presque tous les annonceurs.

- Le passage à la retraite provoque des changements dans la plupart des domaines de la consommation (habitation, transports, vacances, loisirs, santé, équipement domestique, etc.).
- Toutes les études montrent la forte disparité économique des situations de retraite. Les revenus dont disposent les femmes sont inférieurs ; cette inégalité reflète les écarts salariaux, elle renvoie aussi à la prise en compte de l'activité des mères (temps partiel). De plus, la retraite des femmes est fragilisée par l'évolution des unions conjugales (pensions de réversion, etc.). Cf. le numéro de Notre Temps consacré à la "retraite des femmes".
- Notons que la retraite a également une géographie : le Sud est favorisé (Alpes Maritimes, Var) tandis que la région Nord-Pas-de-Calais ne garde pas ses retraités : la retraite affecte l'aménagement du territoire (les lieux de vacances choisis pendant l'activité professionnelle jouent un grand rôle pour choisir un lieu où prendre sa retraite).

Pour le marketing, il est difficile d'isoler les effets de la retraite ; elle cumule des effets d'âge, de cycle de vie, de santé, de rémunération, de temps libre. En tout cas, elle constitue indiscutablement une donnée indispensable de ciblage et de segmentation de la population (quotas).

Autres posts socio-démos :
Bibliographie
Parmi les travaux de l'INSEE consacrés à la retraite, signalons trois études essentielles qui peuvent être consultées dans France, portrait social - Insee Références, Édition 2012.

dimanche 3 février 2013

I want my Netflix


Netflix compte 27,2 millions d'abonnés aux Etats-Unis (T4, 2012), plus que SiriusXMRadio, plus que DirecTV, que Time Warner Cable ou que Dish network : la télévision en streaming (OTT) est lancée. Seul parmi les distributeurs américains, Comcast compte davantage d'abonnés.

Désormais, Netflix doit franchir un cap décisif, celui de la production originale, production qui assure la réputation, l'indépendance et l'image de marque (tel HBO). Dans cette optique, commençait vendredi 1er février la diffusion de "House of Cards" (reprise d'un polard politique de la BBC, 1990, 4 épisodes de 50 mn, mini-series inspirée du roman de fiction politique de Michael Dobbs, 1998). Budget : 100 millions de $). Ce n'était pas la première production de Netflix, Lilyhammer (2012) l'avait précédé. A son service, Netflix dispose de données de consommation pour ses 27 millions d'abonnés (téléchargements par acteur, émission, genre de programmes, réalisateur, etc.) : Big Data !

"House of Cards" introduit une révolution d'une ampleur qui pourrait faire changer de base la culture télévisuelle. Les 13 épisodes (60 minutes) de la série sont disponibles en même temps : toute la "saison" est publiée d'un seul coup (pour le lancement, le premier épisode est gratuit pendant un mois). Abolie, l'idée de rendez-vous télévisuel (appointment TV), abolie la standardisation du rythme standard de consommation (hebdomadaire notamment, épisode par épisode) imposées par le distributeur et sa grille, finie la notion de "saison télévisuelle" avec son rendez-vous annuel et ses rituels (upfront market, etc.). Consommation groupée (binge viewing) ou étalée : à chacun(e) de voir. La consommation des émissions de télévision devient une affaire personnelle, se rapprochant de la lecture des livres. En mai de cette année, les 14 épisodes de "Arrested Development" seront aussi publiés le même jour, confirmant cette nouvelle pratique de distribution délinéarisée.
Ainsi, notre culture de consommation télévisuelle se désagrège et se réorganise. Ce n'est déjà plus de la télévision, c'est Netflix. Et déjà l'on entend murmurer, en Europe, "I want my Netflix"...

N.B.


  • Les livres connurent autrefois une même mutation ; d'abord, ils ont été publiés en feuilleton dans la presse, à dose hebdomadaire ou quotidienne, avant d'être reliés en un seul livre. Au XIXe siècle, le public attendait la publication de son feuilleton (suspense). La "livraison périodique" rendait la lecture plus accessible aux foyers pauvres (ainsi, par exemple, fut justifiée la publication de la traduction en français du Capital de Marx ! ).
  • Le mode de publication, qui généralise la personnalisation du rythme de consommation, rend difficile voire délicat le partage "social" des réactions ("social TV"). Mais ce type de partage n'est-il pas surtout l'effet de la diffusion en épisodes : on en parle en attendant ? Si l'on n'attend plus, on en parle moins.
  • La promotion de la série exploite évidemment les données évidemment exclusives dont dispose la base de données Netflix. Plus tard la production les exploitera également. Marketing de la création...
  • La série de Netflix a été lancée par une diffusion dans une salle de cinéma new yorkaise prestigieuse (Lincoln Center) ; le principe en a été repris et étendu pour le lancement de la série "Rectify" en avril 2013 par Sundance Channel.

  • mercredi 30 janvier 2013

    Soap opera : le retour du refoulé

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    Les soap opera ont été écartés de la télévision traditionnelle américaine ; traditionnelle, c'est à dire, networks + linéarité + grand écran + mi-journée (daytime drama). A coûts de production constants, les audiences étaient trop faibles, les recettes publicitaires aussi. Mis à la porte après des années de loyale audience, voilà qu'ils reviennent par les fenêtres de iTunes, Hulu et Hulu Plus. Over The Top donc (OTT), ce qui signifie qu'ils seront regardés sur toutes sortes de supports numériques, à n'importe quelle heure, chacun à sa manière, n'importe où.

    Trois possibilités seront sans doute offertes : sur Hulu (téléchargement gratuit avec publicité), sur Hulu Plus (dans le cadre d'un abonnement mensuel de 8 $), sur iTunes (achat pour 1 $ l'épisode ou 30 $ la saison). L'opération de Prospekt Park fait l'objet d'un financement par ABRY Partners (private equity, fonds spécialisé dans les médias).

    Ainsi, "All My Children" (ABC / Disney 1970-2011) et "One Life to Live" (ABC / Disney1968-2012) seront de retour avec le printemps. Plus de grille mais un rythme, un rendez-vous. Format 30 mn (retour à la durée d'origine). Evidemment, l'humour des pseudo spécialistes - qui va rarement sans condescendance - s'en donne à coeur joie : les téléspectateurs des soaps ne savent se même pas se servir de Hulu ou de iTunes, etc. Médiocre sociologie, bien trop "spontanée" ! Les soaps, piliers de la culture populaire américaine, sont regardés à plusieurs degrés, les prétentieux insistant sur le second degré pour valider le premier. D'ailleurs, voyez House : le docteur misanthrope de la série (Fox) affiche sa passion pour les soaps. Excellente sociologie des stratégies de distinction ! Il faut de tout pour faire le public d'un soap, des médecins désespérés et des ménagères aussi (sur l'évolution récente des soap de la télévision américaine : lire "Soap opera : et la TV ne tournera plus tout à fait comme avant").
    En France, One "One Life to Live" a été diffusé par TF1, "All My Children" aussi ("La Force du destin") mais quelques épisodes seulement. Le groupe y reviendra-t-il aussi par d'autres voies ?

    Conclusions provisoires
    • Petit à petit se mettent en place les remplacements de la télévision traditionnelle et la connivence du grand public avec les plateforme numériques
    • Cette distribution est sans doute un test : des aménagements sont probables (modèle économique, format, rythme de mise à disposition, politiques des prix, etc.)
    • Ce sont les contenus qui comptent, pas les chaînes, pas les supports technologiques même si l'on continue de dire "broadcast-quality"
    • Une jurisprudence concernant les problèmes de distribution numérique s'élabore au travers d'accords avec les différentes "guildes"professionnelles : acteurs, réalisateurs et scénaristes, Directors Guild of America, Screen Actors Guild, Writers Guild of America)

    mercredi 23 janvier 2013

    HistoireS : "ça s'est passé près de chez vous"

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    Trimestriel, 5,95 €, éditions Bayard (avec le site d'histoire, herodote.net et les éditions Milan Nature et Territoires), 116 pages.

    L'histoire, l'histoire toujours recommencée... par plus de 700 titres qui lui sont consacrés depuis 5 années (2008-2012, nouveaux titres et hors-série. Source MM). L'histoire est une thématique qui attire bien plus de titres que la cuisine (400) et plus que le sport (450). Cette statistique n'est pas fortuite : comment expliquer ce goût en France pour l'histoire de France ?

    Le positionnement de ce titre est la région : "L'histoire ancrée dans son territoire", dit l'édito. Beaucoup de cartes, de photos (tourisme et histoire font bon ménage). Des adresses pour vivre l'histoire en voyage ("Strasbourg pratique", "Nantes pratique", ) : musées, restaurants, guides, circuits, monuments, etc. Beaucoup de dates, fresques, anniversaires pour repérer les événements dans ces "lieux d'histoire".
    Peu de publicité (régions, édition). Beaucoup d'auto-promotion pour les titres du groupe Bayard, dont La Croix).

    Voici la région qui entre dans l'édition historique, entre la nation et la ville. La région (regere) règne-t-elle sur le coeur des Français ? Ramener l'histoire à ce qui s'est passé près de chez nous, dit encore le sous-titre. Nos racines ? Au sommaire de ce premier numéro, deux régions et une ville : la Bretagne, la Bourgogne et Strasbourg. Strasbourg que l'on découvre ville d'une région d'Europe (Elsass-Lothringen / Alsace -Lorraine), ville capitale, ville carrefour (Strassen-Burg), ville rhénane ("Fille de l'Ill", dit-on, et du Vater Rhein ?). Cartes et plans relief (p. 92-95) illustrent clairement cette position ("le dessous des cartes"). Ville plurilingue aussi où cohabitent l'allemand et le français, l'alsacien et le yiddish mais le thème des langues n'est pas abordé tout comme manque la culture juive alsacienne seulemement évoquée à propos du massacre des Juifs de 1349 : "la plupart sont rassemblés dans leurs cimetières et brûlés vifs" (par qui ?). Rien sur l'incendie de la synagogue en 1940 (par qui ?)...
    Comment raconter ensemble l'histoire et ses histoireS (noter le pluriel en majuscule et en rouge dans le titre) ? Pour juxtaposer ces deux approches, Annales et anecdotes, temps long et événement, le magazine multiplie les modalités narratives et les angles de vues : plans, archives, références bibliographiques, interview imaginé (Turgot, ministre des finances de Louis XIV, terriblement actuel), beaucoup de belles images, un récit illustré de l'épopée d'Anne de Bretagne. La Bourgogne et ses vins, photos de paysages et d'objets anciens. Au milieu de tout cela, un peu d'histoire récente semble loin du sujet : l'actualité de l'année 1962, en noir et blanc,"cette année là" (sans Claude François !).

    Magazine total qui veut saisir et unir deux tendances pour former son lectorat, le sens du terroir et des territoires, d'une part, le goût de l'explication historique, d'autre part. Ceux qui aiment l'histoire y trouveront leur bonheur et, peut-être, l'envie d'aller approfondir dans des ouvrages plus longs et plus savants. Beau travail éditorial.
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    dimanche 20 janvier 2013

    It's complicated ? C'est la faute au smartphone!

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    Le New York Times de dimanche dernier titre sa section "SundayStyles" d'un constat nostalgique : "The End Of Courtship", on ne fait plus la cour. Le dating, c'est (c'était ?) une sorte de rendez-vous difficile à mettre en place, il y avait de la romance dans l'air, un dîner, un cinéma, etc. Il y avait de la lenteur, de la timidité, de la patience aussi. Rituel aboli.
    Aujourd'hui, estime le journaliste, on ne fait plus la cour, même un brin. La Carte de Tendre est réduite à quelques étapes, vite franchies, raccourcis difficiles à interpréter et dont on cherche même à optimiser l'investissement (ROI !).

    L'explication avancée dans l'article pour un tel changement social n'est pas inattendue : ce sont les médias numériques immédiats, le smartphone et les textos, Facebook aussi, bien sûr, qui l'ont provoqué et propagé. Sur l'illustration, tous les échangent s'effectuent par textos, en peu de mots ; aucun face à face.
    Cette évolution des modes de socialisation s'apparente à un refus des engagements dans les relations (commitment-free) ; elle surdétermine des évolutions démographiques déjà observables : âge du mariage retardé, parents plus âgés à la naissance du premier enfant, etc. L'article évoque à peine la question économique ; pourtant, on pourrait peut-être rapprocher ce changement culturel de la situation socio-économique des étudiant(e)s américain(e)s endetté(e)s pour longtemps à la fin de leurs études, confronté(e)s à un marché de l'emploi féroce, et redoutant une entrée dans la vie socio-professionnelle sans sécurité ?
    "C'est compliqué !", dit-on sur Facebook pour désigner des situations qui n'épousent plus les catégories traditionnelles, normées, des relations amoureuses (que ne semblent pas encore savoir prendre en compte les questionnaires d'enquête). Cette complication concerne surtout une période intermédiaire qui dure de plus en plus longtemps, sorte d'adolescence prolongée ("20-something"). C'est "le vague des passions" à l'ère numérique (le texte de Chateaubriand est étonnamment moderne).

     Le vocabulaire de ces relations n'est pas stabilisé. On parle de "Hookup culture" (to hookup with someone) et de "main hang" (moins que boy/girl friend ; autrefois, on disait "main squeeze" !), etc. C'est compliqué ! "Girls" sur HBO (en France, sur OCS max) est la série qui correspond à ces situations (la deuxième saison vient de commencer et elle est renouvelée pour une troisième). Car la télévision s'est emparée du thème et le met en scène et en répliques (""Girls" lingo") à travers les aventures à New York de quatre jeunes femmes sorties récemment de l'université. On pense naturellement à "Sex and the City" (HBO déjà).
    L'article du New York Times ne pose pas la question de la validité de toutes ces affirmations. Comment pourrait-on savoir ? Est-ce si nouveau ? Est-ce une situation universelle ? Quelles enquêtes permettraient de répondre à ces questions ? Des analyses des données Facebook ?

    The New York Times, January 13, 2013. Article de Alex Williams, illustration de Peter Arkle.

    lundi 14 janvier 2013

    Le marché américain de l'audience française

    Copie d'écran de la Lettre de Stratégies du 14 janvier 2013
    Trois sociétés américaines dominent le marché français de l'audience Internet telle que l'évalue le panel Nielsen NetRatings avec Médiamétrie : Google (avec YouTube), Facebook et Apple (iTunes). Cf. supra.
    • Comment apprécier la concentration de ce marché ? Concentration qui conduit à celle du marché publicitaire où l'on valorise d'abord la puissance (couverture x fréquence des contacts). 
    • Quel serait le classement des sites actifs sur le marché français effectué selon le volume des contributions fiscales ? Quel serait également le classement établi selon l'utilisation gratuite des infrastructures (réseaux, etc.). Où peut-on se procurer de telles données ?
    Nous manquons d'outils techniques et de concepts pour penser et gérer "l'internationalisation" et la "mondialisation" de l'économie de la culture. Nous disposons surtout de dénonciations.
    Il s'agit d'énoncer des problèmes généraux de recherche en science politique et en économie de la culture. Ce qui renvoie à la lancinante question de la souveraineté nationale et des pouvoirs régaliens en matière de gestion de l'Internet.
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    samedi 12 janvier 2013

    What's in a cable television name?

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    Shakespearian question: "What's in a name?" (Hamlet). A name is a brand (a brandname, a trademark). For an association it is also the definition of its field of activity, its area of business.
    So, when an organization such as the American National Cable & Telecommunications Association (NCTA) needs to change its name, something important is happening. Or, something has changed: "one form of life has become old" (as Hegel puts it, Grundlinien der Philosophie des Rechts, 1820, "dann ist eine Gestalt des Lebens alt geworden"). Cable has become old.

    The NCTA, a lobbying group in Washington DC, might become "The Internet and Television Association" (according to an application with the U.S. Patent and Trademark Office); it is getting rid of the word "cable".


    In the beginning, 1952, it was the National Cable Television Association, a pure TV business. Then, in 2001, Telecommunications was added. Now, cable companies (MSOs) bring telephone, television and the Web as well to their subscribers (triple play bundle).
    Internet services (broadband) now represent a major part of MSO activity. MSOs might lose TV subscribers (churn) but they are adding Internet customers and increase their Internet business.

    History of the NCTA and of main cable laws